Les Sutras du TigreJMDJL pour les intimes. Derrière ce motto délicieusement cartésien se cache un impératif pour tout lecteur efficace et soucieux de faire son petit quota de lecture hebdomadaire. Hélas, mille fois hélas, n’est pas « reading walking » qui veut, un entraînement draconien associé à une grande motivation sont de mise.

Marche et littérature ?

Je marche donc je lis. Un mot d’ordre. Quelque part, un ordre. Ce post fera de vous un guerrier littéraire, un être de lumière capable de synthétiser activité sportive et montée en puissance intellectuelle.

Avant d’attaquer le pourquoi. Le Tigre se sent obligé de reprendre, à son compte, une partie de la théorie « les nanas viennent de Vénus, les mecs de Mars ». A en croire certains anthropologues, les femmes auraient une vision plus périphérique que celle des hommes, cette dernière étant en tunnel. Ce n’est pas pour rien que les assurances auto font plus raquer les hommes.

Alors qu’est-ce que ça impliquerait ? Qu’un garçon, imperturbable, serait plus concentré sur son ouvrage quitte à se prendre un poteau tous les dix mètres ? Ça ne fait pas vraiment mal, depuis que Nicolas S. est passé à l’Élysée l’intégralité des poteaux de France et de Navarre a été abaissée de 20 cm. Votre entrejambe ne risque rien, l’amour propre un peu plus.

En suivant le raisonnement, une jeune femme pourrait alors lâcher plus facilement son chapitre en passant devant un magasin digne d’intérêt ? Visibilité basse pendant l’hiver, soldes impitoyables, smartphone qui vibre à cause des nombreux sms, mails et autres notifications, y’a de quoi vite remiser son bouquin au fond du sac.

Le Tigre, noble animal, n’entre heureusement dans aucune de ces catégories.

Pourquoi lire en marchant ?

Je ne vais pas vous rappeler l’intérêt de lire partout où c’est possible, je l’ai déjà fait concernant les transports en commun ici. Sur ce post, le lecteur tout terrain augmentera le niveau, jusqu’à pouvoir lire tout en effectuant de grandes foulées dignes de Bip bip. J’ai appris progressivement, la première fois à cause d’un ticket de bus que je n’avais pas : l’avarice a fini le travail.

Pourquoi sera-t-il possible, pour toi cher internaute, de te taper un bouquin tout en parcourant le vaste monde (du moins jusqu’à ta boulangerie) ? Tout est dans l’attitude, le maintien, bref l’image que vous donnerez de vous-même sur le macadam. Il ne faut guère compter sur les lecteurs pleinement immergés dans leur livre, comptez plutôt sur les autres qui n’ont à foutre que de surveiller devant eux.

Je m’explique : le chien le plus bête de l’Ouest est au milieu d’une route en dormant. Normal. Dès qu’il se lève, tous autour de lui sont surpris et les accidents pleuvent. Vous êtes l’anti Rantanplan, l’objet en mouvement que vos congénères, inconsciemment, auront calculé. Pour cela, mettez-vous en mode « mâle alpha » (même les filles, sorry). Buste relevé, enjambées régulières et déterminées, soyez inratable.

Bref, votre nombril doit être la délicate cicatrice laissée par la pointe du compas céleste. Tout tourne autour de toi, lecteur fanatique. Il te faut donner à n’importe quel péquenaud, à pied ou à vélo, le statut du banal pigeon : la bête craintive aux aguets qui vous contourne respectueusement, et qui ferme sa gueule. Si elle l’ouvre, pas de soucis, vous avez vos écouteurs !

Comment avoir un livre sur le macadam ?

A l’image de la poule de luxe (désolé, première comparaison qui a daigné traverser mon esprit fécond) qui ne va pas s’offrir DSK comme premier client, il convient de commencer petit à petit. Donc laissez Guerre et paix tranquille dans son armoire. Journaux gratuits, magazines, bandes dessinées, un petit Musso, dès que vous maîtriserez la lecture de ces artefacts, vous pourrez ensuite passer à la littérature.

De même, ne faites pas péter votre premier livre à Calcutta ou Hong-Kong, ce serait fâcheux question densité de population. Sans compter que vous serez plus facilement pick-pocketable. Primo, un mignon sentier en pleine Corrèze une journée d’été ; secondo, le tour des rayons dans un hypermarché ; tertio, un centre ville piéton la veille de Noël. Pour les plus valeureux, le tour de pâté du Vélodrome un soir de match.

Le bouquin entre les quenottes, vous marcherez comme je vous l’ai expliqué précédemment. De la maîtrise, de la confiance en soi, ayez la démarche du con prétentieux (pire, BHL gambadant dans Tripoli en ruines) qui est au-dessus de certaines triviales préoccupations humaines telles que se mouvoir prudemment ou faire attention aux autres passants. Vous n’avez aucun compte à rendre si ce n’est au chapitre que vous parcourez. Point barre.

Je marche donc je lis sous la pluie, enfin ! Là on tape à des hauteurs insoupçonnées, peut-être plus haut que son derrière d’ailleurs. Si vous n’avez pas de parapluie, slalomer entre les protections offertes par les vitrines ou marcher tel un Quasimodo de carnaval (consciencieusement courbé sur son livre) est hors de question. Non, non, non, la protection du précieux ouvrage ne serait pas assez optimale.

Avec le Regenshirm, c’est déjà mieux. Tenez le pébroque dans la main qui n’est pas votre côté fort (gauche pour droitiers, et vice-versa), puis calez-le sur l’épaule adéquate. Ensuite, l’autre main tiendra, et pourra même tourner les pages du bouquin. La partie délicate, c’est votre mémoire qui la résoudra  : un petit coup d’oeil au loin, mémorisation intense de la topologie du terrain (rues, passants, circulation, déjections canines camouflées, témoins de Jéhovah), et priez pour que ça passe. Opération à effectuer tous les 30 mètres. A 6 km/h, vous aurez moins de 20 secondes devant vous, soit une demi-page. Deux coups d’oeil par page, le ratio est simple non ?

Conclusion à pied (contrepèterie…)

Bon, Le Tigre reconnaît que tout les enseignements de ce sutra sont un peu bancals sur les bords. Voire carrément dangereux (ça fera office de disclaimer). Toutefois, imaginez le meilleurs des mondes, à savoir la majorité des piétons adeptes du JMDJL : à part les klaxons, seul le doux bruit des pages qui se tournent se mêlerait aux croassements des oiseaux (la pollution les touche également). Le rêve de tout voleur à l’arrachée aussi.

Et c’est là que la technologie intervient. D’ici peu de temps, il y a fort à parier que les lunettes de « réalité augmentée », en plus d’indiquer des informations sur l’environnement, afficheront le roman que vous souhaitez lire. Bonheur suprême. Des passants-lecteurs, avec des binocles de taille conséquente (souvenez-vous celles des hommes politiques des années 70), en train de loucher, voire présenter des mouvements oculaires désordonnés tel un épileptique sous LSD. Il aura l’air beau et intelligent, le jeune branché. Déjà que le geek prend cher question look… La drague dans la rue saura se réinventer pour l’occasion.

Sinon, vous pouvez toujours écouter un livre audio. Ou apprendre le braille et tâter le roman dans sa poche. Que des solutions rendant ce post inutile. Et celles-ci sont à l’encontre de la philosophie du Tigre, très « matérialiste » concernant l’objet littéraire. Pas le genre de la maison.

Finissons par l’ennemi intime du passant : les voitures. A part déconner en beauté sur les passages piétons devant lesquels vous êtes censés attendre, s’il vous arrive quelque chose vous n’aurez pas le temps de souffrir. Et si c’est le cas, c’est que vous êtes vivant, et à vous les pépètes. En plus d’un fauteuil roulant sans doute.

Le fauteuil, devant un feu avec un verre de genepy à la main, peut-être le meilleur endroit pour lire tranquillement au final.

Douglas Kennedy - Au pays de DieuVO : In God’s Country : Travels in the Bible Belt, USA. Douglas Kennedy quitte ses habits de romancier pour enfiler (hum) ceux de journaliste. Voyage édifiant au sud des États-Unis, dans la fameuse « Bible belt », le lecteur rencontrera les acteurs du néo évangélisme américain dans ce qu’il est de plus excessif. Ennuyeux parfois, mais toujours instructif.

De quoi parle Au pays de Dieu, et comment ?

Doug, écrivain pour mamans par excellence, ne semble avoir écrit que des trucs douteux (du moins aux titres passables) que je n’ai jamais réussi à lire. C’est certes méchant, mais ce n’est vraiment pas ma came. Sauf Cul-de-sac bien sûr.

Et ce documentaire également. Exit le romancier à succès, bienvenu au voyageur journaliste qui visite, pour nous, le cœur de l’Amérique qu’on nomme facilement « profonde » (c’est pas le Midwest non plus). La Bible belt, ou ceinture de la Bible (en référence à la Corn Belt ou encore Sun Belt, si vous vous souvenez correctement de vos cours de géographie), décrite son sans susciter un certain amusement chez le lecteur (bon public) qui découvrira des personnages hauts en couleur et gravement dévots.

Hélas le style de l’auteur ne déplace pas des montagnes. 340 pages avec peu d’humour, juste quelques situations cocasses. Rien à voir avec Le festival de la couille de Palahniuk, plutôt un récit de voyage parfois morne. Si vous achetez ce truc parce que c’est Kennedy, le désenchantement ne sera jamais loin. Pour ma part je l’ai lu en quatrième vitesse, sinon j’aurai vite abandonné.

Kennedy a été brièvement un journaleux, et ça a été pondu en 1989 ce truc. Donc gardez à l’esprit que de l’eau est passée sous les ponts depuis. Un océan ai-je envie de dire, le jeunot à l’époque faisait ses armes. Toutefois les individus rencontrés restent assez contemporains et le style plutôt fluide. Et il vaut mieux un Américain pour raconter son pays, pas de caricatures comme un très amidonné BHL les produirait en série.

En conclusion, pas exceptionnel comme docu, mais Le Tigre tient à saluer l’exercice de l’auteur (avait-il son tiers payant à régler pour se lancer dans cette aventure ?). Faire un tel ouvrage rapprocha Doug du Tigre, peu enclin à lire ses romans « habituels ».

Ce que Le Tigre a retenu

Vous aurez compris que la prose de l’auteur fait qu’on oublie vite ce qui a été lu. Si on rajoute le fait qu’il traîne depuis longtemps dans la bibliothèque du Tigre, alors je ne m’étalerai pas longtemps.

Ce dont je me souviens spécialement, c’est l’immense énergie déployée par tous ces dévots. Mince, on rencontre de tout, et quelle pêche ! Le prêcheur télévisuel survolté, les meetings religieux avec des milliers de personnes sous le charme (sans qu’on sache d’où elles viennent), les campagnes de publicité dignes d’un fabriquant de jouet en plein mois de décembre, etc. Et oui, tout ce petit monde fait montre d’un prosélytisme ahurissant. Entre un islamiste intransigeant et certaines personnes croisées, pas vraiment de différence.

Par rapport à tout ce délire, c’est le comportement de Kennedy qui est irréprochable (en tant que journaliste). L’écrivain livre ce qu’il voit et entend, sans aucun jugement de sa part. Par conséquent, les faits bruts sont donnés sans le petit plus marrant qu’on pourrait lire, quitte à rendre l’essai un peu chiant sur les bords. Ni recueil d’articles tirés d’un tabloïd sur le déclin, ni Pullitzer non plus.

…à rapprocher de :

– De Douglas Kennedy, Le Tigre a aussi lu Cul-de-sac, qui n’est pas mal du tout.

– L’Amérique inconnue, parfois profonde, toujours surprenante, c’est Le festival de la couille de Palahniuk. Period.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.

Neil Gaiman - NeverwhereVO : idem. Neverwhere occupe une place particulière dans la biblio de Neil. Film imaginé par l’auteur, tiré ensuite en livre par Gaiman lui-même, on est loin de la fantasy hilarante et délirante à laquelle on peut être habitué. Bien plus glauque, cette visite dans les bas fonds de Londres laissera le sombre souvenir d’un monde certes onirique, mais dur. Pas le préféré du Tigre.

Il était une fois…

Richard est un londonien tout ce qu’il y a de plus banal. Jusqu’à un soir où il tente de secourir une jeune femme ensanglantée. Le lendemain, tout part en quenouille : sa petite amie le quitte, il est viré de son boulot et devient comme invisible. En fait Richard va rejoindre la « ville d’En Bas », monde souterrain et surprenant où les dangers sont légion.

Critique de Neverwhere

J’ai lu Neverwhere vers 2008, soit une dizaine d’années après sa traduction en français. Les souvenirs que j’ai gardés de cet ouvrage sont certes peu nombreux, mais suffisants pour pondre une critique un tant soit peu subjective.

Le Tigre a donc souvenir d’un ouvrage relativement court, aux chapitres un peu longs et parfois paradoxaux : quelques passages d’une rare beauté (la poésie étant quasiment chez Gaiman une marque de fabrique), d’autres à la limite de l’ennuyeux. Je tiens à signaler que le fantastique n’est pas ma tasse de thé, et Neverwhere nous y plonge jusqu’au cou.

Sous couvert d’une rencontre hasardeuse avec un membre d’un monde inconnu, Gaiman va envoyer son héros dans un univers qualifié d’ « urban fantasy ». Cet endroit onirique délirant permet à l’auteur de peindre un environnement très spécial : fortement hiérarchisé, à la limite du féodal (avec à la tête des rats…) puisqu’en plus les endroits (souvent sales) et l’architecture sont d’ordre gothiques.

Bref, c’est un retour au Londres du 19ème siècle, violent à souhait avec des individus improbables (la femme qui aspire l’élan vital en embrassant est bien trouvée) et un héros au bon cœur qui n’a hélas pas grand chose à y faire, si ce n’est subir les différentes péripéties avant de sauver tout le monde.

Pas vraiment le genre du Tigre (d’où la sévère notation), qui à ce genre de thèmes préfère la SF. Toutefois Gaiman vaut bien quelques entorses à mes lectures habituelles.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le conte moderne. Urban fantasy, histoire fantastique plutôt courte, Neverwhere est un titre très original. Voyage au pays des Morlocks d’aujourd’hui, avec des pouvoirs surnaturels dignes d’un Grimm, Gaiman a réussi le pari de l’enchantement adulte, même si avoir moins de 30 ans semble conseillé pour apprécier ce roman.

De temps à autre, le conte ne paraît pas tant moderne que ça en fait : il y a parfois une impression de « déjà lu » qui s’invite au cours de la lecture, avec des protagonistes bien imaginés mais répondant à certains standards culturels (voire tirés d’histoires anciennes). Par exemple avec les deux tueurs aux dialogues savoureux qui m’ont fait penser aux vilains du film Les diamants sont éternels, un 007 avec Sean Connery. On a les références qu’on mérite.

Le monde d’En Bas. Gaiman propose de visiter un monde « underground » inquiétant, mais c’est la manière dont notre monde et celui-ci ne communiquent pas qui m’a frappé. En effet Richard, sur le point de basculer dans l’autre Londres, disparaît progressivement des radars de ses contemporains. Notamment lors d’une soirée au cours de laquelle tous semblent l’ignorer, et il doit provoquer un esclandre pour qu’on daigne le remarquer. Ce qui a comme résultat un rejet encore plus grand, comme un sans abris qui serait laissé sur le côté du monde des « vivants ».

…à rapprocher de :

– De Gaiman, avec la poésie qui sied, Le Tigre a préféré toutes les BD de Sandman : ici, , ou encore par là, bref partout sur ce blog !

– En roman, du même auteur, il y a les incontournables Anansi Boys ou American Gods.

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Alastair Reynolds - Pushing IceVF : Janus. Après le grandiose Cycle des Inhibiteurs, voici un petit (600 pages quand même) one-shot de Reynolds. Et c’est magnifique : un roman d’une profondeur abyssale sur la notion de temps qui passe où règne une atmosphère de solitude sans nom. Avec en prime l’amitié et la relativité en général (des cultures, du temps). Miam.

Il était une fois…

Janus, c’est une des lunes de Saturne qui se met à gravement dévisser de son orbite. Nous sommes en 2057, et le seul vaisseau à proximité est le Rockhopper, chargé d’exploiter la glace des comètes proches de la Terre (d’où le titre en anglais). Ledit vaisseau accepte et se dirige vers le satellite, qui prend de la vitesse et tend à se barrer du système solaire. Bella Lind, capitaine du vaisseau, décide de s’accrocher au satellite, qui s’avère être un artefact extra-terrestre. L’aventure commence.

Critique de Pushing Ice

La langue française se meurt-elle ? Sorti en 2005 (petit format), Le Tigre n’a pas attendu 2012 pour la version française de poche. « 7 ans putain ! », comme dirait Chirac. C’est de la SF, mais assez facile à comprendre et on est très vite immergé dans le roman.

Le scénario est le suivant : en 2057 l’aventure spatiale n’est qu’à ses prémisses. Voilà qu’un satellite se fait la malle, le Rockhopper s’y accroche et l’équipage (en plus d’un Chinois qui passait par là) se retrouve très très loin. D’abord nos protagonistes vont tenter de survivre sur Janus qui est en fait une sorte d’hameçon, ensuite ils arriveront à une énorme structure où ils rencontreront différentes espèces E.T. (notamment une qui sera d’une grande aide), enfin tout va partir en quenouille.

Parallèlement, et ce dès le début du roman, l’humanité dans un futur lointain décide de rendre hommage à Lind, grâce à qui la technologie a fait un superbe bon en avant. En effet, en suivant Janus, y’a eu des retours d’informations qui ont bouleversé la physique telle que pratiquée par les Hommes. L’hommage est bien pensé (cf. infra). Comme toujours avec Alastair, les deux histoires vont s’unir au moment opportun.

Ce qui rend ce titre sublime, c’est le terrible huis clos de l’équipage en mauvaise posture sur Janus, scientifiquement et techniquement on y croit. Avec les luttes internes inévitables. Et l’histoire prend progressivement de l’ampleur une fois le satellite arrivé à bon port, avec des E.T. (certains caricaturaux, comme les Musk Dogs) qui entraînent nos protagonistes dans leurs différentes luttes. C’est grand, c’est beau, c’est généreux, bref Le Tigre a été transporté.

Certes les titres (anglais comme français) font montre d’une fainéantise à toute épreuve, mais le lecteur ne chipotera pas face à un tel roman. Chapitres longs, il ne faut pas avoir peur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié contrariée. Bella Lind & Svetlana sont amies, la première restant le capitaine du vaisseau, donc le chef. Déjà pas d’accord sur la marche à suivre quant à Janus qui dévie de son orbite, leurs relations vont se détériorer. Svetlana, dès qu’elle le peut, provoque une mutinerie et banni (sans la tuer) du vaisseau Bella. Cette dernière parvient à revenir en force, pardonne son ancienne amie, qui le vit plutôt mal. Et c’est loin d’être réglé. Avec Reynolds (et son idée de rajeunissement artificiel des protagonistes), l’histoire des deux femmes prend des proportions dignes d’une tragédie grecque.

Les paradoxes temporels. Dans un très lointain futur, un puissant congrès cherche à honorer Bella. Pour cela, ils envoient des millions de blocs noirs dans l’espace (tiens, ça fait penser aux Inhibiteurs) destinés à être activés en présence du capitaine. N’importe lequel de ces blocs, avec la relativité due au voyage de Janus, peut atteindre Bella qui est censée être encore vivante. N’ai pas tout saisi, car Reynolds est d’un pointilleux extrême (ce qui rend ces romans très réalistes).

[SPOIL attention] Le zoo galactique. Il semble que l’objectif de Janus est d’amener de nouvelles espèces dans une structure de la taille d’une planète. Cet immense objet comporte de multiples cellules cloisonnées, sûrement afin d’éviter que les civilisations se foutent trop rapidement sur la gueule. Bien sûr notre colonie humaine sera vite en difficulté, et devra prendre la poudre d’escampette. Reynolds, dans la fin de l’œuvre, nous laisse même l’espoir d’une suite grâce à une résurrection et la présence d’une autre colonie dans la superstructure. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

— Rien que pour le plaisir, je vous refais reparle du meilleur de Reynolds : le cycle des Inhibiteurs : L’espace de la révélation, La Cité du Gouffre, L’Arche de la rédemption et enfin Le Gouffre de l’Absolution. Faut reconnaître qu’il sait choisir des titres qui en envoient. Essayez The Prefect, qui est un stand-alone de belle facture. Voire les nouvelles du cycle, comme Galactic North ou Diamond dogs, Turquoise Days.

House of Suns, encore le même auteur, est un petit bijou qui maltraite encore plus les échelles temporelles.

– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.

Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici (en VF).

Robert Littell - Les Enfants d'AbrahamVO : The Children of Abraham. Robert Littell, journaliste et écrivain émérite, a de la suite dans les idées. Malgré la collection de l’éditeur, cette œuvre ressemble plus à un cours de philosophie (et d’histoire) qu’à un polar. Sous couvert d’un enlèvement en pleine Palestine, victime et ravisseur vont avoir une conversation des plus intéressantes sur le sens de leurs combats et ce qui les différencient.

Il était une fois…

Isaac Apfulbaum a été enlevé. Mais pourquoi ? Serait-il, en plus d’être un rabin influent et virulent, le cerveau d’un groupe de terroristes israéliens ? La question sera posée par l’homme responsable de son kidnapping, Abu Bakr, qui est également assez connu niveau intégrisme religieux. Lors de la captivité du rabin, celui-ci et l’islamiste transformeront les intérogatoires d’usage en discussions passionnées. Sera-t-il libéré à temps ?

Critique des Enfants d’Abraham

Petit mot sur la famille Littell. Robert L., c’est bien le daron de Jonathan, vous savez, celui qui a écrit Les Bienveillantes… Déjà que le fiston a fait fort niveau culture (et indigestion pour certains), Le Tigre n’a pas vraiment été étonné par la qualité du titre de Robert. Une famille d’intellectuels comme on en fait rarement.

Un rabbin est gardé en otage par des islamistes. Il s’ensuit, presque naturellement, un dialogue de haut niveau entre Isaac et son ravisseur, Abu. Parallèlement, le Mossad, aidé par un journaliste (qui en fait partie), tente de libérer le rabbin qui est retenu en plein territoire palestinien.

Les enfants d’Abraham est un roman ambitieux, et ça a plutôt bien fonctionné pour l’auteur. L’histoire sur la façon dont les services secrets tentent de retrouver l’otage n’a que peu d’importance par rapport au face-à-face tendu entre les deux ennemis, avec de puissants dialogues entre eux. L’évolution de leur relation, subtile mais nette, est instructive (car parsemée de nombreuses référence) jusqu’à ce que le vieux rabbin et le théologien islamique parviennent, dans les dernières pages, à se faire la bise en s’appelant mutuellement « mon frère ».

En spoilant légèrement, Isaac et Abu vont se découvrir plus de points communs que de divergences, et ensemble finiront par accepter de mourir ensemble (main dans la main je rajouterais) pour leurs idées. Les chapitres sont plutôt bien découpés, et les 300 et quelques pages pourront être raccourcies si vous ne vous concentrez que sur les dialogues entre les deux fanatiques.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Judaïsme et Islam. Le fascinant dialogue est une élégante manière de revisiter l’histoire de ces deux religions, et ce qu’elles ont en commun. Le dieu unique, celui de l’ancien testament ; la faute des Juifs qui n’auraient, à deux reprises au moins, aucunement reconnu des illustres prophètes ; les considérations de chaque religion concernant la terre d’Israël,…. On pourrait certes déplorer que l’aspect politique (et les manipulations des groupuscules) ne soient quasiment pas traités, mais à ce niveau de littérature, chipoter serait pécher.

Les fanatismes. Il appert, au cours des discussions, que la notion de sacrifice est ce qui lie les deux protagonistes. A un tel point qu’ils sont plus proches que leurs compatriotes respectifs. La folie et le respect sans condition de leur dieu contribuera à une estime mutuelle qui peut surprendre. Au final, les extrêmes se rencontrent. On apprend même, au cours du roman, que l’autorité palestinienne (la police en tout cas) et le Mossad ont comme commun intérêt de voir ces deux fous furieux disparaître de la surface – malgré le statut de martyrs qu’ils pourraient revêtir.

Sur la prise d’otage, les thèmes sont bien traités par Littell, si ce n’est le fameux syndrome de Stockholm dont je n’ai pas souvenir dans ce roman. Car la question demeure : si Isaac, après quelques jours de captivité, n’aurait tout simplement pas épousé l’idéologie de son ravisseur, ce dernier voyant naturellement « un être miroir » dans le rabbin ? Robert L. a du penser que la volonté, les idées bien arrêtées du personnage seraient de nature à empêcher un tel syndrome.

…à rapprocher de :

– Même auteur, services secrets soviétiques vs. CIA dans les années 90, avec une touche d’autochtones amérindiens, c’est Le fil rouge. Peu regretteraient cette lecture.

– Sur l’antagonisme israélo-palestinien, il y a Les matins de Jénine (qu’hélas Le Tigre n’a pu finir) roman de Susan Abulhawa. Voire Le jugement final, thriller qui se laisse lire – sans plus.

– Un polar ne se déroulant qu’en Israël, je m’étais plutôt régalé avec Meurtre à l’université, de Batya Gour.

– Sur les prises d’otages, y’a Otages de la peur de Robert Crais qui mérite d’être lu.

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Richard Matheson - La maison des damnésVO : Hell House. Richard Matheson est connu pour son Je suis une légende, c’est pourquoi Le Tigre a préféré lire un autre de ses ouvrages. Également porté sur les écrans, La maison des damnés a dû, lors des années 70, en faire frissonner plus d’un. Suspense, terreur, ce n’est pas du Stephen King mais l’idée est là. Heureusement que la fin est excellente.

Il était une fois…

Un riche excentrique met en place une petite équipe afin de séjourner à la maison Belasco, demeure qui serait hantée. 4 personnes, deux médiums, un scientifique et son épouse vont visiter ladite maison qui leur réserve bien des surprises.

Critique de La maison des damnés

Comme je l’ai dit, ce roman fleure bon les années 70. Un peu trop sans doute, mais il reste de cette œuvre un final tellement grandiose que l’on peut vite oublier ses petits défauts.

Le scénario, basique en apparence : une petite visite d’une maison hantée, et qui l’est plutôt bien au demeurant. Le lecteur pourra se surprendre à ressentir le même sentiment d’oppression que nos héros, parmi lesquels un savant qui souhaite absolument essayer sa machine contre les vilains fantômes. Pendant ce temps, la baraque détruit tout en son sein.

On est pas vraiment dans de la SF, en sus les dialogues, les appareils de nos scientifiques sont un peu old school pour le lecteur du 21ème siècle. Certains passages méritent l’adjectif « glauque », du moins pour un écrivain de la trempe de Matheson.

Sur le style, à part une partie du vocabulaire qui n’a rien à faire dans notre siècle, Le Tigre a déploré beaucoup de longueurs, toutefois faciles à repérer donc aisément lues en diagonales. Attention, les 100 dernières pages (le dernier petit tiers) méritent d’être lues attentivement, car à la clé il y a quelques retournements finaux qui, en plus de tenir la route, laisseront une excellente impression finale.

Pour conclure, ça peut se lire très vite, et l’excipit ne vous fera pas regretter d’avoir acheté ce roman.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Sciences et croyances. Dans la bicoque, il y a deux groupes qui s’affrontent (en paroles hein) sur la nature de ce qui se passe. Les médiums, d’une part, qui tentent de prendre contact avec les esprits qui foutent le bordel ; les deux scientifiques, d’autre part, dont l’un a apporté une machine assez complexe pour neutraliser les spectres. Chacun y va de sa théorie, les dialogues tournent un peu dans le vide, la maison les départagera à la fin ne vous inquiétez pas.

Le huis clos. Pas facile, pour un écrivain, de créer une sombre ambiance où une poignée d’individus luttent pour leur survie. De surcroît, Fisher, un des personnages, est déjà allé dans cette maison (et est le seul survivant), inutile de vous dire que les autres vont rapidement être tendus. Matheson gère plutôt bien l’exercice, avec des protagonistes aux caractéristiques bienvenues dans ce genre de suspense : le mari scientifique et sa femme, la médium à fleur de peau (forcément plus sensible que les autres aux forces maléfiques), et bien sûr le rescapé qui sait plus ou moins à quoi s’attendre. Ça défouraille vite question apparitions paranormales, hélas les temps morts entretiennent peu l’atmosphère du huis clos.

…à rapprocher de :

– Après la maison des damnés, vous pouvez aller regarder Le village des damnés, film qui a offert au Tigre jeune certains de ses plus beaux cauchemars.

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Kota Hirano - HellsingVO : Herushingu. Manga très connu (et aussi grâce à l’anime qui est sortie) que Le Tigre se félicite de posséder, j’ai passé des moments réjouissants grâce tant au scénario délirant qu’à un style de dessin bien propre à l’auteur. A destination des adolescents (voire jeunes adultes, mais pas plus), mâles de préférence, Hellsing mérite d’être lu et relu.

Il était une fois…

La fondation Hellsing est une puissante organisation britannique chargée de lutter contre les vampires, morts-vivants et autres méchants pas très catholiques. Dirigée d’une main ferme par Integra Hellsing, l’organisation compte notamment dans ses rangs le très violent vampire Alucard (attachée par un lien du sang à Integra), et aussi Victoria, ancienne flic transformée en vampire par Alucard. Ensemble, ils devront à de multiples reprises sauver le monde de menaces toutes plus délirantes les unes que les autres.

Critique de Hellsing

Bon, Le Tigre les a lus entre 2006 et 2008 (avec le dernier rapidement parcouru en 2009), et depuis le temps que la dizaine de tomes traîné dans ma bibliothèque à mangas, il fallait faire quelque chose. Dont acte. Remercions d’abord l’auteur, qui s’est cantonné à 10 tomes et nous évite d’acheter une série fleuve qui serait sur la fin forcément décevante.

Autant le dire de suite, Hellsing se lit relativement vite et le lecteur, comme tout manga de ce genre, ne se souviendra pas de toutes les péripéties offertes par Hirano. Vampires, guerres entre puissantes confréries, violence exacerbée et morts qui s’empilent, il y a certes quelques bonnes idées mais c’est avant tout le rendu des combats qui va plaire.

Sous couvert d’un style particulièrement « british », l’auteur s’est fait plaisir dans les grandes largeurs : le scénario, d’abord, part dans tous les sens au risque de nous perdre si on attend quelques mois entre deux opus. Au fil des tomes, la lutte entre Hellsing et les vilains prend de l’ampleur, sans compter d’autres organisations qui s’invitent à la partie.

Le dessin, ensuite. Tout en mouvement, avec des signes katakanas esseulés au beau milieu de l’action. Les personnages, plutôt bien tracés (et racés), transpirent la fureur (et la folie pour certains d’entre eux). L’auteur, dessinateur de surcroît, joue plutôt bien sur l’ambiguïté sexuelle de certains protagonistes (Le Major par exemple), surtout lorsque les personnages paraissent changeants d’un tome à l’autre.

En guise de conclusion, Le Tigre suppute qu’il y a tout un tas de références qui me sont passablement passées au-dessus du ciboulot. Les éditos ne sont pas faciles à saisir, ça fait un peu délire perso de l’auteur. En outre, les noms de certains chapitres semblent faire référence à des jeux vidéos auxquels je n’ai pas forcément joué.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les personnages tournant autour du vampirisme. Y’en a pour tous les goûts : le gentil vampire qui a de temps à autre du mal à se contrôler, Alucard ; la jeune flic douée transformée en vampire et gérant tant bien que mal son nouveau statut (Victoria) ; Le Major qui créé des vampires artificiels ; les loups garous (Hans) ; l’humain aux pouvoirs surnaturels sur le point de devenir un monstre (Alexander Anderson),…Bref joli mélange des genres.

Les organisations secrètes. Le Tigre ne pense pas qu’à Hellsing, parce que les cachotiers ne manquent pas dans le manga. Déjà, digne d’un bon complot anticatholique, il y a la section 13 Iscariote, groupe papal qui fait la même chose que nos héros, mais avec moins de finesse. Dans les vilains, le groupe Millenium, un peu too much : armée de zombies aux relents nazis, toujours en train de foutre un bordel pas permis, si possible en chipant un porte-avions ici et là. A cela il existe également quelques mercenaires, tueurs indépendants, etc.

…à rapprocher de :

– L’anime est moins sympa. Sans doute parce que ce n’est pas tout à fait dans la culture du Tigre.

– Pour les bons mangas qui ne dépassent pas 12 tomes, vous pouvez vous faire plaisir avec Death Note ou Sanctuary. Monster, c’est plutôt 18.

Alastair Reynolds - Le Gouffre de l'AbsolutionVO : Absolution Gap. Dernier opus de la sublime tétralogie des Inhibiteurs, Reynolds a fini comme il avait commencé avec L’espace de la révélation : en beauté. Près de 1.200 pages, on aurait pu en avoir un peu moins certes, mais ça ne semble pas être le genre de l’auteur. En fermant ces pages, Le Tigre a eu l’impression de déracinement depuis un univers si familier et prometteur.

Il était une fois…

Le Spleen de l’infini (le gros vaisseau où sont parqués les derniers survivants de l’humanité) s’est posé sur Ararat, planète paradisiaque si ce n’est que les Inhibiteurs vont débarquer d’un moment à l’autre. Tout espoir n’est cependant pas perdu, et ce grâce à Aura, enfant prodige dotée de pouvoirs transmis par des entités E.T. Cette jeune fille va les conduire à Hela, planète glacière où vivent des gens particuliers : constructeurs de cathédrales mobiles, ils sont organisés en église et gardent les yeux fixés sur une géante gazeuse en orbite, qui parfois disparaît pendant une fraction de seconde sans qu’on puisse l’expliquer.

Critique du Gouffre de l’Absolution

Mais quel final ! Enfin se clôt le cycle des Inhibiteurs, en tout Le Tigre s’est bouffé plus de 4.000 pages sur cette saga. Et ça a largement valu le coup, même si la fin de cet ouvrage peut en laisser plus d’un pantois. Je ne me souviens pas de tout exactement, mais sans spoiler y’a du monde parallèle et une armure de samuraï qui parle, c’est dire.

En plus des gros méchants (les « machines » qui continuent leur travail d’extermination), l’auteur nous offre un scénario parallèle tout ce qu’il y a de plus fascinant : please meet Rashmika, jeune femme qui débarque sur Hela, monde sur lequel sévit de solides fous fanatiques qui sont à la poursuite d’un miracle bien spécial. Ledit miracle, évidemment, n’étant que le symptôme de quelque chose de plus grand,de plus inquiétant même.

Comme Reynolds le fait si bien (Le Tigre pense à La Cité du gouffre), ces deux histoires ne font qu’une au moment opportun. Le suspense est correctement géré, mais c’est dans les descriptions d’une société futuriste que notre Britannique s’illustre.

Bref, c’est génial, et si vous voulez vraiment un défaut, en voilà même deux : quelques longueurs, mais à peine le temps de s’en rendre compte. Et la fin, que certains diront bâclées ou difficile à comprendre, c’est un peu la marque de l’auteur. Je pense particulièrement à L’espace de la révélation, très confus sur les dernières pages.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Je m’étais posé une question et ai découvert que je n’étais pas le seul. Cette question, c’est au sujet des titres de ce cycle. Absolution, révélation, arche de rédemption, y aurait-t-il un message biblique de la part de Reynolds ? Apparemment non, ce serait un pur hasard. Mais pour le lecteur lambda, ces titres jouissent d’une puissance religieuse qui intrigue fortement. Et sur ce dernier opus, la religion fait une entrée fracassante.

La religion, le fanatisme plutôt. Sur Hela, notre héroïne fait la découverte d’individus organisés en églises qui vivent dans des cathédrales mobiles (qui roulent le long de l’équateur de la planète) afin de garder le contact visuel avec un satellite objet de leur culte. Le but dudit culte, c’est assister à la très brève disparition du satellite. Pour cela, nos religieux, surdrogués pour ne pas s’endormir, vont jusqu’à sectionner leurs paupières pour ne rien rater du miracle tant attendu. Et il n’y a pas que ça… Édifiant.

…à rapprocher de :

– Si vous tombez sur cet article avant les précédents du cycle de Reynolds, commencez donc par L’espace de la révélation puis L’Arche de la rédemption. La Cité du gouffre, c’est plus un « one-shot » qu’un opus pleinement intégré dans cette fabuleuse saga.

– Pour en savoir un peu plus sur cet imposant arc narratif, les recueils de nouvelles Galactic North et Diamond Dogs, Turquoise Days sont tout indiqués.

– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.

Janus, du même auteur, est dans la même veine : ébouriffant et long. Le Tigre a lu ce titre en anglais, qui répond au doux titre de Pushing Ice.

Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Alastair Reynolds - L'Arche de la rédemptionVO : Redemption Ark. Troisième et avant-dernier roman du Cycle des Inhibiteurs, enfin quelques réponses aux nombreuses questions qui nous taraudent. Pas le meilleur opus de Reynolds, mais à ce niveau on reste sur du très bon, sans compter que cet ouvrage est incontournable pour apprécier la suite. D’excellentes idées, réaliste à souhait, Le Tigre prend claque sur claque avec cet auteur.

Il était une fois…

27ème siècle. Après avoir libéré de leur carcan une terrible menace, l’humanité continue de se déchirer entre deux clans, Démarchistes vs. Conjoineurs (que les autres factions appellent les « Araignées »). Parmi ceux de cette dernière race, Calvain, vieux de la vieille qui trahit les siens et se décide (avec quelques autres) à secourir les humains « normaux » rencontrés face aux destructeurs de civilisation. Courses poursuites à travers la galaxie, découverte des motivations des Inhibiteurs, l’avenir de l’humanité ne tient qu’à peu de choses.

Critique de L’Arche de la rédemption

Délicat de résumer (et critiquer) du Reynolds à ce stade, surtout que j’ai pris le choix de résumer chaque livre du cycle individuellement (contrairement aux sagas de Peter F. Hamilton). Je vais tâcher d’éviter les redondances tout en soulignant les nouveaux apports de cet ouvrage.

Après l’Espace de la révélation, qui introduit savamment l’intrigue principale, et La Cité du gouffre, qui est un peu à part, nous retrouvons nos héros (Dan Sylvestre, quelques membres d’équipage du vaisseau Spleen de l’infini) en plus d’autres personnages : Calvain et Skade, Conjoineurs qui vont vite se foutre sur la gueule, un Porcko (groupe modifié génétiquement), et d’autres.

L’histoire est toujours aussi renversante, et avec l’univers imaginé par l’auteur ça prend une tournure encore plus dramatique : le mouvement des individus (et des informations) est toujours aussi long, l’immensité de l’espace, les armes de « classe infernale » et la froideur des protagonistes (pourtant face à un souci de taille) apportent une touche cyberpunk assez sympathique. Les humains semblent rares dans ces contrées, et le poids des responsabilités est tout bonnement énorme.

Dans cet opus, les méchants s’éparpillent un peu partout, et parce que ceux-ci ont pu capturer un vaisseau humain ils savent où et comment taper pour faire tomber l’humanité. Celle-ci, engluée dans une vieille lutte entre deux factions, ne semble pas vraiment prendre la mesure de ce qui va lui tomber dessus. Conjoineurs et Inhibiteurs, le lecteur va découvrir énormément sur ces deux groupes qui sont les plus avancés technologiquement.

Le style, un peu mieux que les deux précédents opus. C’est certes plus long mais les révélations sont proportionnelles à la taille du pavé. Chapitrage correct, police assez grosse, bref ça peut se lire en une semaine.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le Tigre va être clair : je vais parler de sujets qui m’ont marqué dans cet opus, donc il y a un peu de spoil. Lisez tout si vous ne comptez pas vous faire l’intégralité de la saga, sinon arrêtez au bon moment (milieu deuxième thème).

Les Conjoineurs. J’ai déjà parlé du transhumanisme, mais dans L’arche de la rédemption on est pour la première fois au cœur même de la faction. Et bah ils font rêver : technologie plus qu’avancée ; profondes modifications de leurs corps (télépathie, crêtes sur le crâne où passe le sang qui est refroidit tellement leurs cerveaux est en surchauffe,…) ; système « politique » fait de nids et de cercles où chacun communique par la pensée selon son niveau d’accréditation (je vous laisse imaginer la surprise d’un individu déjà haut placé lorsqu’il reçoit une comm’ d’un groupe encore plus puissant) ; vaisseaux de plusieurs kilomètres de long,…. Bref, sky is the limit avec eux.

Sur la technologie, il faut parler des prototypes d’armes que les Araignées ont mis en place et veulent récupérer. Ces objets de classe infernale portent bien leur nom, et mettent en œuvre des technologies (réalistes car superbement expliquées par Alastair R.) qui ne sont pas toujours maîtrisables. Si vous rajoutez des systèmes de propulsion supraluminiques pas vraiment au point, y’a de quoi halluciner : imaginez, le vaisseau se téléporte par petits bonds, mais à chaque fois potentiellement ouvre une brèche parallèle. Du coup, les ingénieurs moteurs évoquent des personnes qui n’ont jamais existé, ou sont coincés dans de petites failles spatio temporelles.

Ces armes sont destinées à combattre les Inhibiteurs, rapidement rencontrés dans le premier opus. Ici, le lecteur sera introduit au mode de pensée des Loups (les Conjoineurs les nomment ainsi) : I.A. très élevée, leur but est de détruire toute civilisation spatiale afin d’éviter d’autres guerres comme celle qui a ravagé le monde de leurs créateurs. Hélas leurs logiciels avec le temps s’émoussent légèrement, ce qui fait que les moyens de destruction sont moins « fins » à chaque utilisation. Les bugs apparaissent, mais rien de bien méchant, les Loups sont encore capables d’imaginer dévier la puissance d’un soleil vers une planète à détruire. Grandiose.

…à rapprocher de :

– Le cycle des Inhibiteurs, s’il faut le rappeler, c’est d’abord L’espace de la révélation, puis La Cité du gouffre, le présent livre, et enfin Le Gouffre de l’Absolution.

– Pour en savoir un peu plus sur cet imposant arc narratif, les recueils de nouvelles Galactic North et Diamond Dogs, Turquoise Days sont tout indiqués.

– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.

Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.