John Farris - FurieSeuls romans de Farris lus par Le Tigre, cette trilogie m’avait ravi à l’époque. Pouvoirs surnaturels, agences et flics qui se tirent dans les pattes, politique du pire, tout ça à cause de quelques clampins possédant de terribles qualités (Pouvoir, Furie, Terreur,…). Trois opus conséquents mais relativement rapides à lire, trois polars qui cependant ne font pas vraiment frisonner.

Il était une fois…

Résumé de Furie

Le jeune Robin Sandza possède d’étranges pouvoirs, notamment celui de télékinésie. Retenu dans un institut spécialisé (un labo quoi) d’une inquiétante agence gouvernementale, il est porté disparu. Son père, Peter, n’y croit pas une seule seconde et va tout tenter pour récupérer son fiston. Et pour cela, on va chercher à le tuer. Aidé de Gillian Bellaver, jeune fille qui possède aussi certains dons (notamment la Furie), le père aux abois va faire des dégâts…

Résumé de Terreur

John Farris - TerreurEden Waring a des pouvoirs surpuissants, d’ailleurs pendant une remise de diplômes son intuition paranormale va en sauver plus d’un. A partir de là, le MORG (l’agence citée plus haut), qui a les mains libres et semble ne rendre de comptes à personne, va tout faire pour la récupérer. Le FBI se mêlant de l’histoire, seul Tom Sherard (son beau-père) pourra faire quelque chose pour elle. La guerre est totale, les grands moyens sont déployés.

Résumé de Pouvoir

John Farris - PouvoirEden Waring a foutu un fabuleux daroi et tente de couleur une paisible retraite au Kenya. Toutefois son pouvoir (qui a quand même empêché un horrible attentat) est trop important pour qu’on puisse la laisser simplement tranquille… Un terrible ennemi est en effet dans le coin, la faisant souffrir, s’en prenant à son entourage,… Le combat est inévitable, et fera plus d’une étincelle.

Critique du Cycle des pouvoirs

Le jeune Tigre a été captivé par cette saga qui, je le pensais à l’époque, envoyait du très lourd. Notamment le premier opus (très novateur) qui a eu lors de sa publication (milieu années 70) un certain succès.

Fort de ce succès, John Farris a décidé, bien plus tard, de pondre deux autres titres reprenant là on avait fini, avec quelques protagonistes supplémentaires à « forts potentiels ». Il en ressort ainsi un triptyque relativement cohérent, même si le lecteur apercevra la différence de style et d’intrigues entre les titres : disons que l’auteur a progressivement sorti l’artillerie, comme désinhibé par les mœurs qui ont évolué et la littérature de ses contemporains depuis les eighties.

Les scénarios (ou scénarii, je sais plus quoi choisir) tournent constamment autour de ces humains pas comme les autres qui attirent des ambitieuses et peu scrupuleuses organisations. Attentats de partout, héros chassés (alors qu’ils ne demandent qu’à vivre en paix avec leur famille), combats titanesques, John se situe entre le techno-thriller, le roman fantastique et le vieux polar à l’américaine. Avec une psychologie assez poussée.

Bref, bonne base littéraire pour l’adolescent qui n’ose pas encore s’attaquer à un Stephen King ou à Dan Simmons. Parce qu’à part être pris par le suspense des titres, Le Tigre n’a jamais vu ses poils se hérisser en lisant le cycle des pouvoirs. Pour plus de 1.500 pages, bien que ça se lise plutôt vite (aération générale des ouvrages bienvenue), il y a mieux dans le genre.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le paranormal. Les individus rencontrés (le petit Robin, Gilian, Eden, Tom,…) ont quelques atouts fort sympathiques. Détruire le cerveau de quelqu’un à distance, faire graviter des objets, ultra voyance, ces manifestations sont plutôt bien décrites par le père John. Le Tigre a particulièrement apprécié le don d’ubiquité, en l’espèce Eden qui peut invoquer son doppelganger (un double) quand elle le souhaite. On a envie d’y croire parce que c’est teinté d’un certain réalisme (par exemple, puiser une source d’énergie comme la musique à fond les ballons).

Avec tous ces jolis gus, pas étonnant que ça cogite dans les grandes largeurs du côté des pouvoirs publics. Ceux-ci peuvent pas rester indifférents. Et leurs exécuteurs de basses œuvres y vont franco. Résultat de la peur inspirée par nos personnages principaux, ça complote pire que sous la 5ème République et ça défouraille à tout-va : escouades surentraînées, hélicos furtifs, armes nucléaires même. Hélas, si l’écrivain donne plus d’envergure à l’intrigue, j’ai été moyennement dans l’ambiance.

…à rapprocher de :

– Le premier tome, Furie, a été adapté par Brian de Palma au ciné dans les années 80.

– Dans la terreur, le diptyque de Simmons, L’échiquier du mal, me paraît plus dense et mieux écrit.

– Une catégorie d’humains dotés de pouvoirs psychiques, c’est la série Harbinger (premier tome, L’Éveil de l’Oméga, en lien).

– Des jeunes qui ont des pouvoirs qui font rêver, les méchants qui leur veulent du mal (notamment les agences secrètes), c’est la saga Max Overide de James Patterson. Pas terrible.

– Sur la proximité entre les gens « normaux » et ceux dotés de pouvoirs, on pense de suite aux X-men. BD, films, name it.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette saga en ligne: Furie, Terreur et Pouvoir.

Les Sutras du TigreLa couverture et l’affiche, voilà qui est bien mystérieux. Digne du titre d’un Houellebecq même ! En fait Le Tigre s’intéresse ici à une inquiétante (pathétique même, tant qu’à désigner un des responsables par cet adjectif) tendance : celle de poutrer la couv’ d’un bouquin avec l’affiche d’un blockbuster dont il a été tiré. Pourquoi est-ce mal, et surtout comment l’éviter ?

Quoi ?

Ce coup de gueule m’est venu après avoir tenté d’offrir L’histoire de Pi à un proche. Je me baladais dans une librairie de masse aussi discrètement que Chirac au salon de l’agriculture. Traduisez : j’importunais tous les clients que je croisais avec mes douteux conseils littéraires (un peu comme cet inculte de Vizinczey) et faisait chier les vendeurs avec mes improbables demandes (juste pour tester leurs connaissances).

Et là ce fut le drame. Que vois-je (la deuxième édition, nouvelle, du titre par Folio), qu’entends-je (« elle est jolie l’affiche non ? » me dit une vieille dame empestant le chien mouillé), suis-je éveillé (le film n’était pourtant pas encore sorti dans les salles) ou dors-je (je rêve souvent être dans une librairie où les prix sont les mêmes, mais en Francs CFA) ?

En effet, la mignonne couverture (cf. infra) du livre a disparu au profit d’une photo certes onirique, mais qui ne laisse plus de place au doute : L’histoire de Pi, c’est L’odyssée de Pi, le truc qu’on a vu un peu partout affiché pendant un certain temps.

Si seulement c’était un cas isolé. Que nenni ! Le Tigre aime Paris, supporte les matchs de foot, et de temps à autre mélange allègrement les deux en reprenant Paris-Match et son choc des photos. Place au choc donc, avec ces quatre romans, version « avant film » puis « après navet ».

Pourquoi mettre un film sur la couverture d’un livre ?

Vous aussi, vos yeux vous piquent furieusement ? Audrey T., Vin D. (avec Kassowitz mentionné, nom de Zeus), Keanu Reeves, que de fins littéraires ! La réponse au pourquoi saute littéralement aux yeux.

Mais ce n’est pas pour des raisons essentiellement esthétiques qu’il faut sortir le bazooka contre les gondoles de supermarchés vendant des poches honteusement réédités. En plus ça ne sert à rien de canarder à tout va ces romans comme une vieille postillonne à son confesseur apostolique et romain : vos dégâts seront comptabilisés en tant que démarque du magasin, au même titre que les lames de rasoir piquées et autres bouteilles de Ricard entamées sur place.

Certes changer la couverture « historique » par une affiche (ou une capture-écran, bien plus économique) mérite une mention dans la section 1 du premier chapitre du Titre II du deuxième livre du code pénal. Mais c’est pour d’autres raisons. Le Tigre a tenté d’en dégager trois, qui sont autant de circonstances aggravantes :

Premièrement, c’est se foutre de la gueule du lecteur. Me présenter un livre ainsi nouvellement édité, c’est considéré que je vais acheter la chose parce que Jackson en a fait une saga aussi longue qu’un dimanche en Angleterre ou parce que la glorieuse plastique d’une quelconque radasse occupe 83% de la couverture. Pour ma part, c’est plutôt une arme de dissuasion massive d’achat, cette nouvelle édition. Serai prêt à payer l’ancienne le double d’occasion !

On me rétorquera qu’il est de nos jours difficile de faire acheter un livre, qu’il faut rassurer l’acheteur potentiel en lui assénant que c’est une valeur sûre, d’ailleurs un éminent producteur taïwanais (forcément inconnu au bataillon) s’est personnellement impliqué dans la sortie du film. Mais ça ne veut pas dire qu’il faille y mettre la bouille de Tom Cruise ! Et encore moins changer le titre d’un polar pour que ce dernier corresponde au film bien connu !

Deuxièmement, justement, ça émet une sorte de classification injuste entre deux arts. Foutre une référence au film me dérangerait moins si c’était réciproque. Quand vous avez vu Fight Club, l’affiche mentionnait que Chuck Palahniuk l’avait écrit ? Même question pour Transpotting, Entretien avec un vampire, Starship Troopers, etc. Et bah non, l’auteur on s’en bat les roubignolles. C’est plus important de savoir qui va jouer le rôle principal plutôt que de savoir l’idée du film (forcément original et génial) préalablement pensée par un individu, seul devant sa copie, il y a fort longtemps.

Bien sûr il y a les malins, comme John Grisham ou James Patterson, dont les romans semblent dire « hé ho, viens acheter mes droits, tu n’as même pas besoin de me scénariser, suffit juste d’aller chercher Morgan Freeman et lui faire lire les dialogues ! ». Là au moins ça joue franc jeu, et la référence à l’auteur est souvent plus visible. Peut-être aussi parce que ce dernier (qui est vieux et a le temps) est collé au plateau de réalisation et qu’un siège porte son nom.

Classification donc, mais pas sur des critères artistiques, sauf à considérer que quinze chiffres d’un compte en banque dépassent n’importe quel Picasso. En outre, je ne sais pas pour vous, mais j’estime que la littérature surpasse le cinéma dans la mesure où je peux ranger mon appart, repasser, bloguer, manger, démanger, baiser en regardant un film. Mais pas en lisant (enfin presque).

Troisièmement, ça créé une classification juste (mais infamante) entre deux types de lecteurs. Regardons ensemble ce match de boxe truqué par les bons soins du Tigre : côté bleu, may I introduce to you « Harry the mighty », lecteur averti qui a lu un excellent roman avant qu’un réalisateur « risk averse » ne l’adapte sur grand écran. Harry est heureux de posséder un livre de poche avec une couverture sobre, un quatrième de couverture (parfois) honnête et ne compte pas voir le film, de peur d’être déçu.

Côté rouge, here we have « Bob ze beauf », qui a pleuré d’émotions devant le film de dimanche dernier sur TF1. En achetant ses bières sans alcool (vantées dans la pub d’avant film bien sûr) chez Auchan, Bob a vu un livre avec la même affiche dudit film. Allez hop, la magie du neuro marketing a encore fait mouche, dans le caddie ! Mais Bobby n’est pas allé au-delà du quart du roman. Vous le supputez autant que moi, le côté rouge ne va pas tenir deux rounds.

Comment éviter les affiches de films ?

Comment ne pas passer pour un lecteur au rabais qui lit en fonction des critiques Allociné (ou Rotten Tomatoes, c’est mieux) aperçues sur son mobile ? Comment, en effet, montrer que vous avez la sagacité d’un découvreur de talents autrement qu’en se procurant sur Amazon l’édition précédente ?

Côté lecteur, ce n’est pas évident, pour ne pas dire impossible. Vous aurez beau être au taquet, rien ne vous préservera d’une précédente adaptation d’un titre que vous auriez aimé lire, et se procurer le roman vierge de toute mention dudit nanard relève du chemin de croix. Game over.

Sinon, vous pouvez compter sur la réactivité, assez proche d’un éléphanteau à peine né, des maisons d’édition : dès que vous apprenez qu’un film va prochainement sortir, checkez si celui-ci provient d’un roman, puis que ce roman est susceptible de vous plaire, et achetez-le vite avant que les commerciaux de chez Hachette ne commettent l’irréparable. Lecteur aux aguets, lecteur au taquet, lecteur point au rabais !

Côté éditeur, la solution est plus triviale : arrêter de faire de la merde. Le Tigre s’en cogne du film, je veux juste lire quelque chose de plaisant sans avoir l’impression de tenir une publicité éhontée pour une séance de ciné qui va en sus me coûter plus cher. A la rigueur si vous espérez vendre plus, installez une bannière amovible qui encadre le bouquin et annonce fièrement que les romans de Fleming avec 007 ont été de temps à autre adaptés à l’écran.

Au pire du pire, si ça vous démange tant que ça ou que votre boss vous pointe un Desert Eagle sur la tempe pour changer la couv’, choisissez en une pas trop dégueulasse (évitez donc de montrer un acteur). N’ajoutez ni en gros caractère le nom de film ni celui du réalisateur. Et demandez l’avis de l’auteur, peut-être que vous aurez quelques surprises.

Conclusion rageuse

Vous l’aurez compris, en invitant Le Tigre à prendre un verre chez vous, cachez (ou mettez dans vos WC) tout livre portant la jaquette d’un film, au risque de m’entendre sournoisement ricaner. Pour vous, éditeurs, ne vous accrochez pas au succès d’un film comme une moule à son rocher.

Conclusion de la conclusion. Pourquoi le Sutra #38 ? Parce que Le Tigre a souvent vu un film tiré d’un livre, puis transcrit en BD, enfin le roman est réédité avec le titre du film (ou de la BD), si bien que je me demandais quand tout ça allait finir…et je me suis souvenu du mythe d’Amphitryon, qui a eu son lot d’interprétations théâtrales.

Giraudoux, pour déconner, a du coup appelé sa pièce comique Amphitryon 38. Espérons ne pas en arriver au tiers de la moitié du 38 avec un Douglas Kennedy…

Douglas Coupland - jPodExcellent livre d’anticipation sociale signé Douglas Coupland, l’auteur du bien connu Génération X. En suivant une bande de geeks chargé de créer un jeu vidéo et ce sous la responsabilité d’un service marketing incompétent, l’auteur en profite pour se faire plaisir (et nous aussi) par le non respect des formats d’écriture. Jusqu’à l’absurde, ça se lit comme du petit lait.

Il était une fois…

jPod, c’est l’histoire d’une bande de Geek trentenaire qui travaille dans une boite de conception de jeux vidéo. Le narrateur, Ethan, se retrouve dans une équipe chargée de travailler sur un nouveau concept de jeu vidéo. Les cinq membres vont se révéler tous avoir un côté dérangé voir autiste, pratique lorsque l’on passe 14 plombes par jour au boulot…

Critique de jPod

Vous prenez ce titre, le parcourez rapidement, et là quelque chose doit vous sauter aux yeux : changements de caractères et de police dans le texte sont fréquents, on peut tomber sur 23 pages contentant les cent mille premières décimales de PI (car notre héros doit trouver la décimale incorrecte glissée par un de ces collègues) ou des marques bien connues qui occupent des pages entières. Ne soyez ainsi pas effrayé par les 550 pages, un petit  tiers n’est pas du « vrai » texte.

Quant à la narration, celle-ci n’a ni queue ni tête, alternant les longs passages (bien écrits au demeurant) ou des lettres ouvertes des protagonistes. Nous suivrons les 5 membres de la team, 5 individus dont le nom de famille commence pour chacun par la lettre « J » et ce à cause d’une erreur informatique dans l’affectation du personnel de l’entreprise. Ces protagonistes doivent concevoir un jeu de Skateboard dans lequel le personnage principal devra être une tortue, car le fils du directeur marketing de l’agence adore ces bêtes et « si son fils adore les tortues alors tout le monde aimes les tortues ».

Le scénario du bouquin est en réalité multiple, constitué de plusieurs sous-intrigues plus abracadabrantes les unes que les autres, ce qui fait que le scénario « de base » part rapidement en vrille. Mais ce n’est pas pour autant que le Tigre a décroché, le style de l’auteur aidant largement : humour omniprésent, démonstrations par l’absurde délirantes, en sus on s’attache énormément aux personnages et l’envie de découvrir le fin mot de l’histoire est très présente.

Rien que le début du roman annonce le ton, avec le héros (Ethan) portant assistance à sa mère afin de se débarrasser du corps d’un client un peu trop insistant qui s’est « accidentellement » électrocuté (la maman cultivant une certaine plante dans son jardin). Ensuite, difficile de décrocher.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Après la Génération X, bienvenue à la génération Google au travers d’un groupe ayant grandi avec les jeux vidéos et internet. Références propres à ceux nés dans les années 80, Coupland confronte notre groupe (et ses idées) aux directives marketing venant de la direction. Ces directives, à côté de la plaque, font régulièrement sourire par leur absurdité. Il en ressort alors un « generation gap »  : Ethan et sa bande sont d’une créativité quasi sans bornes, connaissent bien leurs outils de travail mais leur boulot est formaté par le cahier des charges de la direction.

Les bienfaits et méfaits des nouveaux outils Internet sur notre société : vie de bureau (open space), relations sociales et amoureuses,…. Grâce à toutes les sous-histoires dans lesquelles le héros est embarqué, l’écrivain tâche de montrer l’influence des nouveaux outils numériques sur les comportements de cette génération. Le tout bien évidemment caricaturé à l’excès, jusqu’à des situations improbables mais réjouissantes. Doug maîtrise un certain comique de situation résolument moderne.

Pour ceux qui considéreraient que ce n’est pas de la grande littérature, voici une fine défausse de la part de l’auteur. [Thème SPOIL] Coupland himself fait une courte apparition dans l’histoire : ayant des intérêts dans l’entreprise, il portera une attention particulière à Ethan et il exigera de lui qu’il lui cède son ordinateur. Avec toutes ses données dedans, et ce afin d’écrire son prochain livre. Pris à la gorge par les éditeurs, Douglas doit écrire un bouquin et « c’est plus facile de voler la vie de quelqu’un d’autre que d’inventer quelque chose ». Mise en abîme assez sympathique, voilà la cerise sur le gâteau [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– A signaler une série U.S. tirée de ce bouquin. Jamais vu.

 – De Coupland, il y a l’incontournable Génération X et Toutes les familles sont psychotiques.

– Dans les romans qui prennent certaines libertés sur la forme, Le Tigre se souvient de Survivant, made by Palahniuk (ça commence par la dernière page…).

– A un moment il est question de construire une machine à câlin, ça me fait penser à l’appareil à applaudir du Zubial, d’Alexandre Jardin.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

Daniel Pennac - Des chrétiens et des mauresTrès court ouvrage du sieur Pennac, voici une bonne petite histoire sans prétention et qui se laisse lire. Légèreté, humour, Malaussène est contraint de raconter au Petit l’histoire du père de celui-ci. Le Tigre a passé un moment certes oubliable (au point de ne pas se souvenir du fin mot de l’histoire) mais réjouissant. Un titre parfait pour découvrir cet onirique auteur.

Il était une fois…

Le Petit refuse de manger tant qu’il n’a pas son pôpa. Grève de la fin tant qu’on l’aura pas retrouvé. Hélas ledit papa est introuvable et ce depuis longtemps. Benjamin doit réagir, et ce sera par une création de l’esprit afin de faire avaler quelque chose au mioche.

Critique des chrétiens et des Maures

Le Tigre vous prévient de go : Pennac, c’est un peu sur ses romans que je me suis fait les griffes. J’étais fort jeune, je lisais compulsivement des Weber, des Schmitt,…et bien sûr du Pennac. Notamment la fameuse saga des Malaussène, famille improbable dont les aventures se lisent avec un certain plaisir. Ne m’en voulez donc pas, ma mémoire sur le pourquoi du comment des intrigues n’est plus ce qu’elle était.

L’histoire est savoureuse, et comme toujours chez Pennac, délirante à souhait. Le Petit, dernier né de la famille de Benjamin (le grand frère), émet le pressant désir de rencontrer son daron. A ce moment, l’auteur nous pond un scénario, celui du père manquant. Avec quelques clins d’oeil à destination du lecteur…

Il est alors question d’un homme venu outre atlantique et recueilli par la famille. Gravement blessé par des brigands, l’individu n’avait qu’une phrase à prononcer, évidemment celle du titre. Brèves péripéties, style sec (de la part de cet écrivain, c’est assez novateur) mais toujours empreint de l’univers agité et excessif dans lequel il nous plonge à chaque fois.

La fin est toute bien pensée, vous imaginez qui peut être ce mystérieux blessé et la relation avec la maman de Benjamin..Pour la culture G, le titre renvoie aux Cristianos y moros, assiette de riz avec ses haricots noirs. Pas mauvais du tout (le livre autant que le plat).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les histoires pour enfant. Difficile de répondre à un gosse qui demande, jeune, où est passé son père lorsque celui-ci a de grande chance d’avoir clamsé depuis longtemps. Le travail de narration de Benjamin, qui fait écho à celui de l’auteur, respire la gentillesse et la fantaisie. Le Petit, entièrement séduit par le conte, a soudain faim et bien sûr réclame une assiette de Cristianos y Mauros.

Les familles particulières. Pour info, la famille Malaussène, ce sont des personnages hauts en couleur qui ont chacun plus ou moins voie au chapitre. A l’origine de ces caractères bien jetés, une mère pas vraiment présente qui n’a certes pas cadré « émotionnellement » sa progéniture. Benjamin en bouc émissaire de métier, la voyante mystique, l’infirmière aux relations compliquées, Pennac dresse un portrait poétique et tout ce qu’il y a de pas crédible.

…à rapprocher de :

– La saga Malaussène, c’est Au bonheur des ogres, La fée carabine, La petite marchande de prose , Monsieur Malaussène et Aux fruits de la passion. Dans l’ordre il me semble.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez ici trouver ce roman via Amazon.

Guibert & Lefèvre & Lemercier - Le photographeSous-titre : Édition intégrale (Le Tigre fait rarement les choses à moitié). Offert de bon cœur, lu avec passion, cette BD ne pourra laisser personne indifférent. Récit dessiné d’un photographe qui suit une équipe de MSF en Afghanistan en 1986, le tout entrecoupé de clichés saisissants. Magnifique et parfois choquant.

De quoi parle Le photographe, et comment ?

Didier Lefèvre, photographe à l’AFP, a passé plus de trois mois en Afghanistan, en plein conflit soviétique, avec une équipe de médecins français. A partir de ses photographies et souvenirs du séjour, aidé sur le scénario et le dessin par Emmanuel Guibert, Frédéric Lemercier s’occupant des couleurs (et de la mise en page, pas évident dans une telle œuvre), Le photographe retranscrit cette expérience sur plus de 250 pages.

Avant de dire à quel point Le Tigre s’est régalé de cette intégrale composée de trois tomes, première question de taxinomie : où classer ce monument littéraire ? J’ai opté pour la catégorie « essai », à l’image d’un Saison brune de Squarzoni : cette catégorie est peu remplie, et ce serait légèrement chier dans les bottes des auteurs que d’appeler Le photographe une BD, voire un roman graphique. Essai artistique, politique ou biographique ? Biographie plutôt, car la politique est rarement abordée et au-delà des images il y a surtout le ressenti du narrateur.

L’histoire est simple : l’AFP dépêche le photographe Lefèvre qui va se joindre à un groupe de French doctors pour en faire d’éventuels reportages. Atterrissage au Pakistan, présentation de l’équipe, passage (clandestinement) via plusieurs cols en Afghanistan, mise en place d’une maison / hôpital, quelques ballades, enfin retour (provoqué par l’auteur parce qu’il souhaitait rentrer sans faire de détours) jusqu’à Peshawar.

Le lecteur aura l’occasion de partager le quotidien de la team (à sa tête, une femme admirable, quelques docteurs) mais surtout des Afghans dont certains luttent contre la présence de l’URSS. Le travail de médecins sans frontières est alors délicat, et nous sommes parfois en présence d’images très dures (un gamin dont le bas du visage est arraché, un homme qui perd un œil, un bébé sur le point de mourir, etc.).

Les images, parlons-en ! C’est ce qui fait de cette BD un ouvrage original et beau à posséder : des dizaines de photographies ponctuent le récit (et les dessins) ici et là, provoquant une immersion comme Le Tigre en a rarement vécu. Le dessin est plutôt classique, à savoir lignes claires (mais assez larges). Du Hergé plus « grossièrement » dessiné, d’ailleurs les références à Tintin au Tibet sont nombreuses et pertinentes. Le cliché du gus qui cours sur une pente enneigée soulèvera plus d’un ricanement.

Les toutes dernières pages évoquent ce que sont devenus les protagonistes, et c’est avec stupeur que Le Tigre a appris que le photographe, éprouvé par son séjour, a perdu pas moins de 14 ratiches ! En conclusion, historie envoûtante qui donne envie d’aller préparer vite fait son backpack et filer à l’anglaise vers une direction inconnue. Quel dommage que certaines photos ne soient pas en couleurs, toutefois ça a son petit charme en teintes de gris.

Ce que Le Tigre a retenu

On en apprend bien sûr énormément sur l’Afghanistan des années 80 et la culture de ce pays en général : la curieuse façon de négocier (en se serrant la main et tapotant ses doigts comme un franc-maçon vous dirait bonjour), les formules de politesse, les enfants jouant avec des armes,… Chose étonnante, le voile porté par les femmes a dans ces contrées signification de liberté : la femme dans son village où tous la connaissent ne portent pas cet habit, la plupart du temps elle ne sort pas de sa maison (et constitue un « bloc » moral pour les hommes). En revanche, dans une ville, ledit voile est source de liberté puisque grâce à celui-ci la femme peut se déplacer, à sa guise, dans les rues.

Il faut évidemment (pour ne pas passer pour un sagouin) évoquer l’engagement humanitaire des personnes rencontrées dans cet essai (et les autres). Abnégation, travail sans relâche, mais la gratification (modeste en apparence, mais immense) de la population fait qu’on y retourne. La déontologie médicale n’est pas un vain mot, par exemple les contacts entre médecins français sur place et leurs homologues russes sont nombreux (envois de radios de patients, etc.). D’ailleurs, un French doctor explique que s’il lui arrivait d’être gravement malade, il a donné comme consignes d’être envoyé chez les soviétiques.

Le défaut (en est-ce vraiment un d’ailleurs ?) du récit concerne le retour de Lefèvre, sans le staff de MSF, qui laisse un goût amer : accompagné par des guides incompétents, d’autres étant de purs escrocs (lui demandant toujours plus à chaque passage d’un col), notre reporter est à deux doigts de passer de vie à trépas. En ajoutant le policier pakistanais corrompu, le souvenir final du lecteur sera mitigé. Pas celui de l’auteur, qui se rappellera avant tout des fabuleux mois qui précèdent.

Conclusion plus personnelle enfin : cet étourdi de Didier a perdu son carnet de voyage lors d’un déménagement (des années plus tard), le récit aurait pu être plus intense. Si vous voyagez dans des contrées exotiques, munissez d’un appareil photo (attention si numérique, l’électricité n’est pas forcément au rendez-vous) et d’un carnet. Ne perdez ni photos ni journal, quitte à faire des copies un peu partout : vous n’en ferez sans doute pas une BD, néanmoins en 2100 vos descendants vont bien se marrer.

…à rapprocher de :

– Dans la catégorie BD / Essai / Photos à l’appui, il y a l’excellent Demain, demain, de Maffre. Loin du Nuristan, misère également, bienvenu dans le bidonville de Nanterre.

– Guibert et B. David (scénario) ont produit l’étonnant Capitaine écarlate, que je ne peux que vous conseiller.

– Emmanuel Guibert, seul, a produit L’enfance d’Alan et La guerre d’Alan. Pas mal du tout.

– Sur l’Afghanistan d’après la période soviétique et avant la guerre contre les Talibans, n’hésitez pas à pleurer en lisant Dans la mer il y des crocodiles, de Geda.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver en ligne ici.

Manara - Le déclic : L'intégraleVO : Il gioco. Enfin l’intégrale des quatre tomes du Déclic, de l’immense Milo Manara. Une idée ma foi originale, exploitée à fond pour quelques histoires coquines et savoureuses. A l’attention des plus de 16 ans au moins, les dessins sont explicites tout en laissant place à la suggestion. Un must.

Il était une fois…

Claudia Christini est une magnifique femme mariée à un riche bourgeois. Un peu coincée sur les bords, notre jeune épouse repousse les avances plus pressantes du mystérieux docteur Fez. Ce dernier, pour se venger, va lui implanter dans le cerveau une puce commandée à distance. Résultat, en actionnant la télécommande, Claudia verra sa libido augmentée à des niveaux hors normes. Le déclic circulera de mains en mains, offrant au lecteur les pérégrinations de notre pauvre héroïne.

Critique du déclic

Les premiers émois sexuels du Tigre. Pas moins. J’avais gardé un souvenir très ému de Manara, tombant jeune par hasard sur quelques planches de cet auteur. Attendant énormément de toute la série, j’ai été toutefois relativement déçu en achetant cette intégrale par l’ensemble de la bande-dessinée.

En effet, si l’histoire est au début très plaisante, j’ai eu l’impression qu’à partir du milieu du tome 2 (à partir de la fameuse scène avec l’oncle sénateur) ça tournait un peu en rond. Claudia en éternelle victime dont les hommes (toujours sans scrupules) se servent comme d’un jouet, vendant à des individus (le gourou, même une avocate) l’unique télécommande capable de transformer une BCBG en chaudasse à l’appétit insatiable.

Le scénario, on s’en tape un peu à la longue, ça part vite dans tous les sens et on peut se surprendre à attendre plus la prochaine scène de débauche que la révélation finale de telle ou telle péripétie.

Heureusement que le dessin est superbe. Du noir et blanc à qui rien ne manque, une ligne claire, dépourvue de fioritures et réaliste, on n’est pas loin du storyboard de dessin animé. Érotisme et non pornographique, les attributs masculins sont inexistants des planches. Seules comptent les femmes (surtout Miss Christini en fin de compte), dans des postures lascives, le visage exprimant un délicieux contentement (la langue sur les lèvres notamment), dans des tableaux aussi divers que variés.

Un classique de la BD érotique donc, pour lecteurs avertis bien sûr, bien que je suppute que la jeunesse trouve pire en ce moment pour bander. C’est pourquoi Le déclic relève de l’art avant toute chose, même si un thème gêne Le Tigre aux entournures (cf. infra).

Thèmes abordés (du moins Le Tigre)

Le sexe débridé. Claudia qui se fait fouetter par son oncle, Claudia se baladant cul-nu en vélo, Claudia à la merci de solides gaillards dans une grange, Claudia perdant la tête avec un inconnu dans un ciné (son mari étant présent), Claudia orgasmant dans les WC d’un restaurant,…L’héroïne est dessinée dans un joli paquet de configurations qui exacerberont l’imaginaire de tout lecteur.

Le machisme. La protagoniste principale, autant que d’autres femmes croisées dans la BD, ne me semblent pas réellement lutter contre ce qu’on leur inflige. Loin de moi l’envie de faire de procès d’intention à l’auteur italien (dont certains compatriotes ne s’illustrent guère, y’a qu’à voire le vilain Silvio B.), toutefois la gente féminine paraît faire de la figuration pour que les hommes se repaissent de leurs corps. Pour en avoir parlé à quelques copines, Le Tigre vous assure que la gente féminine trouvera la saga sexy en diable. Peut être donc offert à sa petite amie, et que ça saute (sans jeux de mots) !

…à rapprocher de :

– De Manara, il y a Le Parfum de l’invisible, également disponible en intégrale.

– En plus hard, Le Tigre peut vous renvoyer à Chambre 121, d’Igor. Classé X, attention.

Enfin, si votre librairie est fermée ou n’a pas de rayon X [jeu de mots attention], vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.

André Franquin - Idées noiresL’intégrale ! Et oui, a p’u. Grand classique de l’humour noir francophone, ces quelques planches raviront le lecteur habitué aux gentils Spirou et Lagaffe. La couverture, avec l’avatar de l’auteur broyant du noir, est sans appel : poétiquement sombre, parfois dérangeant, faisant mouche plus que de raison, toujours drôle, bref incontournable.

Il était une fois…

Franquin n’est pas que le créateur de Lagaffe, le Marsupilami ou Spirou et Fantasio. Il lui est arrivé d’avoir de lourds moments de dépression (dès les années 60) et l’impression de tourner en rond. André F., abandonnant la ligne claire et une grosse partie de ce qui définit la BD franco-belge, a sorti en quelques années plus d’une soixantaine de planches organisées autour de l’humour noir.

Critique de Idées noires

Tout petit déjà, Le Tigre tombait par hasard (dans un album de Fluide Glacial) sur une idée noire de dédé. Doux moment, c’était comme trouver un praliné enrobé de crème dans la boîte de chocolats noirs de grand-maman. Lorsque j’ai vu cette intégrale, je me suis dit « tant qu’à lire quelque chose dans les WC, autant que ça me fasse l’effet d’une madeleine proustienne ». Dont acte.

Les Idées noires, ce sont près de 70 pages qui se lisent (et se regardent) plutôt vite. Blagues désopilantes, sur des sujets variés, mais toujours une constante : la chute, qui pour au moins un protagoniste est synonyme de catastrophe (si ce n’est la mort).

Si Franquin aborde la « face sombre » de l’Humanité en montrant quelques travers qui sautent aux yeux, la façon dont il traite ces sujets est extrêmement réjouissante : jusqu’au-boutiste des errements de ses contemporains, l’auteur / dessinateur exagère (pas tant que ça hélas) le trait des hommes sans verser dans la caricature facile.

Sur le style, ça reste très novateur : la couleur dominante reste le noir, les ombres sont omniprésentes et le rendu des protagonistes (et l’architecture) est paradoxalement très fine et indécise (le noir aidant). Le tout fait « souillon » en fait, comme un mauvais cauchemar couché sur papier, où la justesse des traits de ce qui compte fait la nique à d’autres décors.

BD qui arrachera de nombreux sourires des jeunes (mais pas trop hein) et moins jeunes, on pourrait reprocher à l’auteur de n’avoir pas continué dans cette voie : 60 planches, ce n’est pas grand chose, néanmoins le rapport quantité / prix est, dans les grandes largeurs, dépassé par celui qualité / prix.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’humour noir, bien sûr, ne prend son envol ici que grâce à la bêtise humaine. Si Le Tigre n’a pas donné d’exemples précis dans la partie précédente, c’est que Franquin a ses têtes de Turc en la matière.

Les militaires et chasseurs sont les plus visés : conséquences de l’arme atomique (et même de l’atome), nouveaux fusils à l’intention des chasseurs (voir ce que ça fait d’être un lapin), marchands d’armes et politiciens véreux de ce commerce, Franquin n’épargne personne. De l’antimilitarisme par l’humour, voilà qui est intelligent.

Les sciences et la médecine sont aussi à l’honneur, avec quelques sadiques soigneusement sélectionnés tels que « l’éleveur » de bonzaïs ou le terrible système pénitentiaire sur une planète-labyrinthe (qui fait penser à un livre de SF à résumer d’ailleurs). L’espèce humaine avance vers le progrès mais de manière totalement désordonnée, comme dans la planche où des convives sautent de blocs en blocs jusqu’à être empalés dans un espace toujours plus restreint.

…à rapprocher de :

– Quelques gags (notamment sur l’antimilitarisme) exercent un écho particulier sur certaines facéties de Gaston Lagaffe, du même auteur. Voire Dǎs KämpF, de Vaughn Bodé.

– Si vous voulez un humour encore plus noir, avec des dessins enfantins, vous pouvez prendre claque sur claque avec Et ça vous fait rire ?, de Dagsson.

– Dans la catégorie « très vilain et méchant », Le Tigre a bêtement ricané en lisant Paf et Hencule. French Doctors. suivi de Deux hommes en colère.

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Wajdi Mouawad - AnimaVO : idem. Superbe. Presque un chef-d’œuvre. Livre original et traitant de sujets difficiles, voilà de quoi passer un excellent moment. Un homme à travers le Canada et les États-Unis à la recherche de la vérité, avec des révélations toujours plus troublantes. Poignant et humaniste comme on en lit rarement.

Il était une fois…

Waach, la trentaine, mène une vie paisible avec Léonie, sa femme. Jusqu’au jour où elle est assassinée dans d’effroyables conditions (le lien avec la copulation des termites est atroce). Le héros se lance alors sur les traces du meurtrier, un Indien mohawk, des réserves indiennes jusqu’au far west américain. Cette poursuite s’accompagne de questionnements supplémentaires sur l’enfance de Waach, témoin très jeune du massacre de Sabra et Chaila, au Liban.

Critique d’Anima

Il arrive au Tigre de résumer un titre grand format, souvent c’est parce qu’un ami le lui a prêté (question de place). Et là, Anima a été dévoré en moins de deux jours. Quelle maestria, quel exercice de style, quelle culture !

L’aspect « magique » de ce roman, ce qui fait qu’on ne tient pas un ouvrage lambda, c’est la narration multiple selon les animaux présents dans le lieu de l’action. Qui un chat, une coccinelle, un oiseau, un chimpanzé, une araignée, un lapin, un boa,…chaque chapitre de la première partie (deux bons tiers du roman) est raconté par un protagoniste animalier. Ses impressions (le poisson rouge dans un bocal qui croit son territoire infini et grandiose), ses croyances, ses paradigmes, tous ont un style qui leur est propre même si la poésie est partout présente.

Premier défaut : si c’est délicieux de découvrir le point de vue d’un animal, les titres de chaque chapitre (certains de plus de dix pages, certains qui tiennent en une phrase) correspondent au nom scientifique de l’observateur. Or un danaus plexippus (à vos souhaits), une lasionycteris (rapport avec la nuit ?) noctivagans (et oui), ou un larus ridibundus (merde, on croirait un sort tiré d’un livre d’Harry Potter), aucune idée concrète de ce que c’est. Le Tigre est cultivé, et a apprécié le challenge de deviner le bestiau par rapport à ce que celui-ci détecte, hélas je ne suis pas sûr que tous aimeront. Une note de bas de page qu’on peut décider de ne pas lire (comme en regardant QPUC), voilà ce qui manque.

Sur le scénario, ce qui appert être l’accident d’un psychopathe présent au mauvais endroit au mauvais moment se révèle une aventure (du style « roman d’apprentissage ») pour un individu aux racines incertaines. En recherchant le tueur comme pour se persuader qu’il n’a pas tué sa femme, le héros va mettre le doigt dans un engrenage impitoyable où se mêlent les intérêts de tribus indiennes (survivre et espérer garder une dignité disparue avec les anciens), des polices du Canada (qui ne semblent pas pressées d’attraper le vilain) et d’individus (plus ou moins recommandables) rencontrés sur le bord de la route.

L’écriture m’a emporté, un peu moins sur la dernière partie racontée par un « homo sapiens sapiens ». D’ailleurs il y a un « sapiens » de trop selon la terminologie actuelle, est-ce une erreur ou parce que le narrateur, un coroner d’une sagesse exemplaire, le mérite ? Quoiqu’il en soit, à mettre entre toutes les mains. Toutes ? Pas vraiment, des passages (je pense à la guerre au Liban, cf. infra) sont à la limite de l’insoutenable et l’adolescent risque d’être passablement choqué.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’humain et l’animal. Ce qui ressort d’Anima, c’est que l’Homme n’a jamais aussi été plus proche en littérature de l’animal. Les protagonistes ont tous leur « totem », leurs instincts primaires qui sont compris, explicités, défendus ou abhorrés par les espèces qui les observent. Le chimpanzé qui étudie la posture de « mâle alpha » de son maître, le chat qui pressent quels secrets se cachent au plus profond d’un homme, c’est magnifique à lire.

Corollaire du précédent thème, la seconde partie est contée par Mason-Dixon Line, chien monstrueux qui a fait de Waach son maître. L’amour et la fidélité du clébard pour son « humain référent » est correctement rendue (un chat n’a pas de telles pensées), si bien même que le héros n’en devient que plus humain à nos yeux.

La guerre au Liban. Voici un thème qui s’invite progressivement dans la partie, comme pour nous rappeler les origines de l’auteur. Le Tigre ne spoile pas, et dira juste que l’ultime quête du héros est terrible en plus de nombreux symboles renvoyant au meurtre de sa femme. Violent, glauque, infiniment triste et dérangeant, nous touchons au crime de guerre (et contre l’Humanité) dans sa pire définition.

…à rapprocher de :

– Sur le massacre perpétré par les phalangistes chrétiens contre les Palestiniens, il y a le film (et la BD) Valse avec Bachir. Beau et triste à la fois.

– Une pièce de Mouawad a été superbement adaptée au cinéma. C’est Incendies. J’ai versé mes petites larmes à la fin, c’est dire…

– Dans le comportement des animaux, sans aller à l’excellence de ce titre, on pense tout de suite à L’histoire de Pi, de Yann Martel, avec l’éthologie de l’animal « pantera tigris ».

– Quant à la déshérence des Indiens d’Amérique, il y a le polar de Kem Nunn, Le sabot du diable, qui explique (à sa manière) les difficultés rencontrées par certaines tribus californiennes. A ne pas manquer.

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Pascal Bruckner - La tyrannie de la pénitenceSous-titre : Essai sur le masochisme occidental. Les enseignements de cet essai perdurent encore bien que lu il y a déjà quelque temps. L’Occident (la France notamment) qui s’auto-flagelle jusqu’à oublier l’essence même de ce qui a fait son succès, texte clair et captivant malgré quelques raccourcis sur la fin.

De quoi parle La tyrannie de la pénitence, et comment ?

Les critiques sur cet essai sont nombreuses, il n’est jamais facile de passer derrière Le Figaro qui par exemple en a fait un billet long comme mes griffes (si ça peut donner un indice sur l’orientation politique de Bruckner).

Pour faire court, La tyrannie de la pénitence, c’est la propension de l’Occident (l’Europe, l’Hexagone surtout, doux pays avec ses 63 millions de déprimés) à se poser comme le « coupable universel » des crimes les plus abjects. Auto-flagellation signe d’une immense vanité à vouloir supporter le poids de la face sombre de l’Histoire, comme si nous n’étions que les seuls à pouvoir assumer l’esclavagisme, les génocides, les guerres, etc.

Or ces travers dont l’Occident est parvenu à se défaire existent chez d’autres « civilisations ». L’Afrique a fourni les esclaves, la Corée du Nord affame son peuple, le génocide au Rwanda, l’Occident n’accorde en aucun cas le même statut de « société digne de la repentance » à ces pays. Ces peuples, privés d’inventaires sur leurs propres fautes, sont alors déresponsabilisés (« infantilisés » écrit l’auteur).

Il ressort de l’essai une excellente analyse de la schizophrénie de l’Europe et de la France, contrées qui se pensent un destin universel tout en se complaisant à énumérer les crimes (le colonialisme revient souvent chez Pascal) et sa déchéance (Nicolas Baverez et sa France qui tombe) comme autant de titres de gloire pour avoir l’esprit tranquille. De là, l’essai part dans plusieurs directions (la société des loisirs, la politique d’Outre-mer) pour illustrer ce « mal français ».

Le style est simple, à portée de tous et la rhétorique emporte facilement l’adhésion du lecteur. Néanmoins on pourra reprocher à Pascal quelques facilités dans ses considérations géopolitiques (la guerre en Irak spécialement). C’est d’autant plus dommage que cet essai peut se permettre d’être général (pour ne pas dire un classique du genre), et alors éviter de s’inscrire dans une actualité restreinte et dont les remarques au sujet de celle-ci peuvent se révéler hasardeuses sur le long terme.

Ce que Le Tigre a retenu

Souvent le cerveau du Tigre ne retient uniquement qu’incipits et exipits. Pas ici, je sortirai deux exemples seulement, il y a tant à dire et la première partie du post s’en charge convenablement (du moins j’ai la faiblesse de le croire).

Ainsi, Pascal nous relate l’année 2005 en France, pays qui participe volontiers aux commémorations de la bataille de Trafalgar (jusqu’à y envoyer son unique porte-avions) mais incapable de célébrer celle d’Austerlitz. Étonnant si on se souvient qu’à l’époque, c’était le flamboyant Galouzeau de Villepin qui était aux commandes. Grand admirateur devant l’Éternel de Napoléon, on aurait pu espérer de grands bicentenaires de l’aventure du Premier Empire français. Il n’en fut rien.

Je me souviens surtout de la fin de l’essai, qui ouvre l’horizon du continent européen. Selon l’essayiste, l’Europe est en passe de sortir de l’Histoire si elle ne se redresse pas sur pas mal d’aspects, namely : assumer son passé qui est complexe mais grandiose ; être fier d’elle et de ses réalisations (la paix depuis un demi-siècle, les libertés, le dépassement progressif de l’État-nation) ; ne pas éviter les conflits à tout prix et assister les EUA dans le maintien de la paix dans le monde ; avoir une armée crédible afin de se faire respecter comme acteur de premier rang, etc. Le Tigre y a cru lire un puissant plaidoyer pour une fédéralisation du continent.

…à rapprocher de :

– De Buckner, Le Tigre a lu La tentation de l’innocence. Même structure de titre, même plaisir.

– Dans la catégorie « auteurs européens qui se rebiffent », il y a le grand Hans Magnus Enzesberger et son Perdant radical.

– En plus mesuré, De chez nous de Christian Authier reprend, à une sauce plus gaulliste, quelques idées de Bruckner.

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Sébastien Michaud - Depeche Mode : Éthique synthétiqueUn groupe mythique, de sublimes mélodies, Sébastien Michaud s’est attaqué à un gros poisson. Depeche Mode, ce sont les sons de plusieurs générations, et le biographe a réussi à faire court et agréable. Pas de grandes révélations, un essai au final assez objectif tout en étant passionnant. A lire autant qu’à écouter.

De quoi parle Depeche Mode : Éthique synthétique, et comment ?

Le Tigre adore la new-wave et ne pouvait passer à côté de la biographie du groupe représentant le mieux cette tendance. Depeche Mode (DM, les Modes,..), c’est la fin des années 70 jusqu’aux années 2000, des ordinateurs synthétiques avec boîtes à rythmes jusqu’aux impressionnants concerts où les quarantenaires côtoient les plus jeunes. C’est aussi une légère odeur de souffre, avec ses membres qui ont eu leur lot d’excès.

Sébastien Michaud (SM par la suite, parce que ça fait marrer Le Tigre), a pondu en moins de 300 pages un livre relativement complet (jusqu’aux années 2000 du moins) et ce sans rencontrer l’objet de son essai ! Beaucoup de témoignages recueillis ici et là par l’auteur, mais surtout pas mal d’impressions pertinentes des fans de la première heure.

Style fluide ; chapitrage court et agrémenté, à chaque début de partie, d’un bon mot des intéressés ; omniprésentes interventions desdits membres de DM qui complètent voire illustrent le tableau général, ça se dévore. Il faut également saluer Seb Michaud de ne pas avoir exagéré les mauvaises passes du groupe. Ni descriptions sordides, ni voyeurisme de magazine people, que les moments clés.

Référence ultime de DM selon moi, Éthique synthétique (le titre est bien trouvé) sera d’autant plus plaisant à lire si vous avez une compilation du groupe sous le bras. Il est des signes qui ne trompent pas, la page wiki du groupe a comme référence principale le présent essai. Qui d’ailleurs a été réédité en 2007, hélas je n’ai que l’ancienne version.

Ce que Le Tigre a retenu

Les petites anecdotes sont légion, et régaleront le lecteur (le spécialiste des Modes devant toutes les connaître hélas). Comment ils ont trouvé le nom de leur groupe d’après une revue de mode française (le nom sonnait bien il paraît) ; les aléas de tournées mémorables aux quatre coins du monde ; les chambres d’hôtel prêtes à se transformer en tombeaux,…

Ce qui m’a marqué, c’est le destin de ces trois (quatre à un moment) jeunes : à peine la vingtaine, ça produit déjà un titre comme Photographic, et vite ils deviennent la chose du « monstre » DM. Un Dave Gahan « bad boy » qui n’a pas son pareil pour se mettre dans des situations périlleuses (le « red rum », quelle horrible trouvaille) ; Martin Gore grand créateur influencé par l’électro allemande ; Andrew Fletcher pas vraiment musicien mais manageur hors pair,… Amitié, coups bas, coups de gueule, abandons, drogues, vie familiale, leurs existences sont dignes de trois saisons de Dallas réunies.

Outre la manière dont sont créés les morceaux qui allaient devenir hymnes d’une génération (au moins), SM nous offre quelques clés de compréhension fort intéressantes. A titre d’exemple, Le Tigre n’écoute plus de la même façon Never Let Me Down Again, dont les paroles commencent par « I’m taking a ride with my best friend / I hope he never lets me down again« . Single sur l’amitié, mais connaissant Grahan, son « ami » avec qui il s’envoie si haut dans les cieux ressemble plus à un gros bonhomme de « neige » qu’à n’importe lequel de ses potes.

En conclusion, il devient réellement génial d’écouter les grands titres de DM par ordre chronologique, tout en connaissant leurs conditions « d’accouchement » : des mélodies simples et à la production passablement bâclée de Can’t Get Enough ou A Question of Time jusqu’aux sons plus complexes de l’album Exiter, en passant par les magnifiques Everything Counts ou Enjoy The Silence, y’a de quoi (re)passer une bonne soirée.

…à rapprocher de :

– L’éditeur Camion Blanc est connu pour ses impressionnantes biographies de groupes bien connus, Le Tigre va s’attaquer à d’autres de ces essais.

– SM s’est également « occupé » d’Indochine (mot d’accroche : insolence rock).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici. Ou via le site de l’éditeur.

Roberto Bolano - Les détectives sauvagesBolano est un auteur sud-américain incontournable, toutefois je n’ai pu aller au-delà du tiers de ce titre. Le Tigre, encore une fois, a été trop gourmand. Grand, généreux, émouvant, parfois drôle, les qualités du roman sont indéniables, hélas insuffisamment pour rendre compte d’une époque que je ne maîtrise que trop mal.

Il était une fois…

Voici la présentation du quatrième de couverture : « Le jeune Juan García Madero abandonne ses études de droit pour déambuler dans les bas-fonds de Mexico. Avant de partir, moderne Don Quichotte, en compagnie de la prostituée Lupe, en quête de Cesàrea Tinajero, poétesse mythique dont la trace se perd dans le désert… La littérature et la vie sont-elles deux choses différentes ? ».

Plus trivialement, Les détectives sauvages est une presque biographie de Bolano s’articulant autour de trois parties : Mexicains perdus à Mexico, avec les premières expériences du jeune narrateur, suivi d’une partie (la plus longue) dont le nom est celui du titre, enfin Les déserts de Sonora, mais Le Tigre n’a pu aller jusque là.

Critique des Détectives sauvages

Pourquoi ai-je acheté ce bouquin déjà ? 600 pages, un auteur que je n’avais jamais lu, tout risque a été pourtant balayé par ces menues considérations au sujet de l’auteur et de son pavé : « ce roman polyphonique, d’une richesse et d’une drôlerie rares, marque le début d’une nouvelle ère dans la littérature latino-américaine » et autres « La critique internationale l’a comparé aux grandes œuvres de Cortázar, de Borges et de Kerouac ».

Borges, Kerouac, rien que ça ! Autant vous dire que j’en attendais beaucoup, c’était parti pour être quelque chose lu en une semaine montre en main. Toutefois…300ème page lue, encore 600 qui attendaient leur tour, et bah celles-ci attendent encore. Et Le Tigre s’en veut, honnêtement, de n’avoir su continué ce titre ! Car il faut reconnaître à Roberto B. un certain talent de conteur, sans compter la poésie qui transpire de son ouvrage.

Le scénario est imposant, et nous commençons par la vie d’un jeune Mexicain, Juan Garcia Madero, qui fera la rencontre d’un groupuscule de poète dirigé par le grand Arturo Belano, objet en fait des témoignages recueillis à la suite de ce roman. A partir de ces histoires racontées par différents protagonistes, se dresse l’ébauche d’un portrait, mais avant tout d’une génération.

Pour le peu que j’ai lu, c’était il est vrai fort bien écrit. Un pavé de qualité, avec un début réjouissant sur les pérégrinations d’un jeune homme (quelques scènes de cul ont particulièrement ému Le Tigre) parti à l’aventure. Plus sérieusement, après trois bonnes heures de lecture, la vie de poètes mexicains des années 70 m’a lentement mais sûrement ennuyé.

En effet, autant que sur le plan de la culture, la philosophiquement que sur l’apport historique des Détectives sauvages, le rapport « données intéressantes / nombre de pages » m’a semblé bien trop faible. Bolano est certes un grand écrivain, mais le lecteur curieux risque d’être déçu en le découvrant par ce lourd roman.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La narration multiple. Le petit plus de ce roman, c’est que nous abordons la biographie de quelques personnages principaux au travers de témoignages de proches. On ne sait à quoi ni à qui ceux-ci sont destinés d’ailleurs. L’écriture reste fluide et paradoxalement plutôt homogène (jusqu’à la 300ème page bien sûr), c’est un travail correct fourni par l’auteur. However, en étant soumis à autant de points de vue, j’ai été plus d’une fois largué à partir de la deuxième partie, raison supplémentaire pour agrandir mon Mur des Renonciations…

Les poètes et autres rêveurs sud-américains des seventies. Ça discourt des heures, jusqu’au bout de la nuit, ça se met dans d’improbables situations (la querelle avec le mac m’a arraché plus d’un sourire), l’insouciance et l’exigence intellectuelle exacerbée, c’est tout un monde qu’on suit de très près. Bolano a très bien rendu compte des petits travers d’une jeunesse qui se pense poète et révolutionnaire, miroir déformé de sa jeunesse dans des mouvements similaires.

…à rapprocher de :

– Le Tigre promets de lire un autre Bolano, ça arrivera un jour ou l’autre sur QLTL.

– Dans la catégorie « littérature latino-américaine », j’ai préféré Vargas Llosa (Tours et détours de la vilaine fille, ou Éloge de la marâtre en cherchant plus court).

Enfin, si votre librairie est fermée et que vous voulez aller au-delà de la moitié de ce roman, vous pouvez le trouver via Amazon ici.

L'iconographie de Tigre-san - Fifty Shades of GreyN’espérez pas que Le Tigre lise Fifty Shades of Grey et vous le résume, les quelques retours reçus m’incitent à refuser à cette œuvre le titre de roman. Donc n’entrant dans aucune de mes catégories. Bien sûr, à l’instar de la Fontaine, dire « FSoG, je ne lirai pas de ta prose » est dangereux, et il y a fort à parier que si la chose traîne autour de mes pattes, je ne résisterai pas à la curiosité de le parcourir.

Je ressens déjà comme un frémissement : maman-tigre caresse l’idée de se le procurer. Je sens que je vais le lui piquer aussi discrètement que lorsque je tapais ses Kools mentholées…

A défaut de critique, Tigre-san vous offre ce dessin modestement nommé « Fifty Shades of Tiger ». Le SM a la cote, et je suppute que les niaiseries racontées dans le roman ne sont rien à côté des délicieuses souffrances que Le Tigre s’apprête à faire subir au lecteur lambda de la présente icône.

En effet, si besoin est de le rappeler, Les Bienveillantes de Littell, c’est : 35h de lecture, plus de 1.000 pages, trois chapitres, des sauts de paragraphes aussi rares qu’un taxi parisien à Roissy, des phrases interminables malgré quelques passages dérangeants ici et là. En conclusion, en lisant ce titre à quelqu’un, le fouet n’est plus vraiment nécessaire.