Marc Dugain - Heureux comme Dieu en FrancePremière découverte du sieur Dugain, Le Tigre a bu du petit lait avec cette histoire de résistants loin de l’image héroïque tant légitime pourtant. Infiniment humain et empathique, ce roman se dévore à une vitesse déconcertante grâce au scénario bien construit et à l’écriture efficace de l’auteur. Court et bon, c’est possible.

Il était une fois…

Mère cheminote, père aux généreuses idées de gauche, le héros se voit « liquider » (sans qu’il puisse vraiment donner son accord à cette mise en scène) par son daron pour mieux servir dans la Résistance. Cela commence par de menus casses pour financer les activités du réseau souterrain, puis on monte crescendo jusqu’au meurtre prémédité pour répondre aux exactions de l’occupant. En gravissant, sans réellement le vouloir, les échelons, le résistant « malgré lui » commence à attirer l’attention. Pourra-t-il éviter de se faire prendre, arrivera-t-il à répondre, après la guerre, à quelques questions qui le taraudent ?

Critique d’Heureux comme Dieu en France

Superbe, Tigre a été conquis. Un des premiers ouvrages lus de Dugain (acheté le doigt mouillé levé), et cela m’a correctement donné envie de continuer dans cette voie. Et il faut concéder à cet auteur une impressionnante maîtrise des évènements et périodes qu’il restitue de manière claire tout en nous arrachant une petite larme ou un sourire. Pour la petite histoire, heureux comme Dieu en France est une expression allemande faisant la part belle à l’art de vivre (utilisé tel quel dans la langue de Goethe) français.

L’histoire fort simple et banale au début d’un jeune homme (dont j’ai déjà zappé le petit nom) enrôlé dans la Résistance, puis qui presque à ses dépens monte vite en grade dans l’organisation. Ensuite, l’écrivain complexifie l’intrigue en mêlant un peu de romance et un passage par la case gestapiste. Quant au dernier tiers de l’œuvre, celui-ci se situe après la guerre (jusqu’au début des années 50) avec le narrateur en recherche de réponses (notamment sur le destin de son supérieur dont il était tombé amoureux).

Sur le style, c’est un presque sans fautes. Clair, immersif, chapitres bien découpés, 250 pages qui se parcourent plutôt vite. Il en ressort un titre terriblement humain, avec Marc D. qui livre des points de vue qui semblent juste (cf. infra), en particulier sur l’occupant allemand  à l’image du sort des pauvres sous-mariniers de la Kriegsmarine.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les actes de la Résistance. Dugain propose une vision du mouvement, loin des images d’héroïsme largement véhiculées par la France gaulliste d’après-guerre. Le héros, résistant à l’insu de son plein gré déjà, ensuite la bêtise générale de l’occupé français sont traités avec un certain réalisme. En outre, le lecteur aura de corrects comptes-rendus des précautions à prendre, entre cloisonnement par cellules et vigilance de tous les instants. Enfin se pose rapidement la question de savoir quelle marche suivre face aux Nazis. Il apparaît que, par rapport aux exactions de ces derniers, la voie du « terrorisme » est la seule qui vaille, avec des limites sans cesse repoussées.

L’homme qui se dépasse. Le héros dont la vie sera intégralement déroulée fait presque de ce titre un roman d’apprentissage. Enrôlement forcé dans les forces de l’ombre, premiers actes de délinquance jusqu’à la prise du maquis, c’est un homme pris dans un engrenage de violences et forcé de se demander jusqu’où peut aller son engagement dont il est question. Ce commitment est profond, et il faut aller jusqu’aux années 60 pour que le protagoniste principal solde les comptes de ce conflit.

…à rapprocher de :

– De Dugain, Le Tigre a lu (et aimé, n’ayons pas peur des mots) La malédiction d’Edgar (même si je n’ai pas appris énormément) et Une exécution ordinaire. Quant à Avenue des Géants, moins bon à mon humble avis.

– La Résistance et les collabos, c’est aussi Le corps noir de Manotti. Réaliste et sombre.

– J’ai souvent pensé à Effroyables jardins (le livre comme le film) en lisant Heureux comme Dieu en France. Les images me venant à l’esprit sont les mêmes.

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Yasunari Kawabata - La Danseuse d'IzuVO : Izu no odoriko. Quelques légères nouvelles d’un immense auteur japonais, Le Tigre qui ne fait que les choses à moitié (et encore…) va ici se concentrer sur celle à l’origine du titre. Petite pépite d’aventure et de mélancolie, on a du mal à imaginer que ce texte a été écrit dans l’entre deux-guerres.

Il était une fois…

Je propose de ne faire le pitch que de la première nouvelle, seule qui a laissé une empreinte dans l’esprit du Tigre : le narrateur, la vingtaine, nous raconte un pittoresque voyage aux alentours d’Izu. Il fait la connaissance d’une troupe avec qui il décide de partager ses pas. Comme le dit un de ses membres, de telles rencontres créent de fortes amitiés. Or, parmi le petit groupe il y a une magnifique jeune femme, la fameuse danseuse. D’auberges où ils passent la nuit aux sentiers parcourus pendant des heures, notre jeune homme va tenter d’apprivoiser la belle, avec ce que cela comporte en frustrations.

Critique de La Danseuse d’Izu

Cette œuvre est un recueil comportant cinq nouvelles made in Japan : La danseuse d’Izu, Élégie, Bestiaire, Retrouvailles et La lune dans l’eau. J’ai essayé à de nombreuses reprises de me concentrer sur les quatre qui suivent, toutefois mon attention s’est immanquablement effritée après le délice des presque quarante premières pages de lecture.

Pour faire rapide, lorsque Élégie semble parler du traitement fait aux morts, Bestiaire s’intéresse à la vie des animaux tandis que La lune dans l’eau parle d’un homme alité à qui la femme laisse un petit miroir afin que celui-ci, de sa chambre, puisse la voir jardiner. Quant à Retrouvailles, je ne suis pas allé au-delà de la troisième page. Pas bien du tout.

Heureusement, la première nouvelle justifie amplement d’acquérir l’ouvrage. Divisée en moins d’une dizaine de chapitres, Le Tigre a retrouvé le style de Kawabata qui lui plaisait tant : simple, empreint d’une certaine tristesse auréolée d’un vocabulaire intimiste mais précis, dialogues furtifs et narration à la première personne. Ça se lit comme une mini friandise et malgré l’écart des décennies (et la traduction tardive) les images prennent rapidement vie dans l’esprit du lecteur occidental.

Un bon moyen pour découvrir Yasunari K., en plus d’avoir une autre raison de l’octroi du prix Nobel à cet écrivain.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amour impossible. Même si la danseuse d’Izu est loin d’être une petite allumeuse, elle produit un effet bœuf sur le narrateur. Le voyage avec elle est l’occasion de menus rapprochements, entre parties de go et randonnées (avec la fille qui reste obstinément deux mètres du héros) en pleine nature. Les discussions semblent parfaitement calibrées et courtoises, et le lecteur attentif pourra y déceler le jeu de la séduction d’une rare finesse.

Le spectre de la guerre. Dans une grosse partie des textes lus, les protagonistes y font référence : Tokyo en flammes, hommes revenant du front, corps portant les stigmates du conflit,… Et c’est à ce moment précis que Le Tigre est emmerdé aux entournures, car ne connaissant pas la date de publication de quelques nouvelles je n’ai aucun moyen de savoir ce dont nos protagonistes parlent. Alors de quels conflits il s’agit ? Deuxième guerre mondiale (peu probable) ; première guerre (le Japon n’y a pas vraiment participé) ; guerre russo-japonaise ; nombreux affrontements contre la Chine ? Toute aide est la bienvenue.

…à rapprocher de :

– De Kawaba, Le Lac m’avait laissé perplexe tandis que Les belles endormies est un petit chef d’œuvre.

– Sur les amours impossibles, j’ai souvent pensé aux Amants du Spoutnik, du très grand Haruki Murakami.

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Les Sutras du TigreAprès la publication d’une rédaction de qualité sur les attributs des livres de poche et des grands formats, Le Tigre va tirer à boulets rougeoyants (et proposer une solution) contre l’odieuse clique des éditeurs ne proposant leurs nouveaux romans qu’en grand format. Plus qu’une clique, un cartel littéraire présentant un modèle économique à bout de souffle.

Quoi ?

Petit coup de gueule qui m’est venu en classant ma bibliothèque physique, lorsqu’au bout de deux heures un pavé de Maurice G. Dantec m’est tombé sur la patte droite. Casus belli tigris, jamais son homologue poche n’aurait osé me faire autant de mal sur le gros orteil. Toutefois, je me sens obligé de préciser deux termes, histoire de partir ensemble sur des bases claires et saines.

Le sujet porte sur les romans. Une belle bande dessinée (Rork d’Andreas par exemple), un essai de beaux-arts sur l’architecture coréenne du 12ème siècle, la liste des James Bond girls en train de sucer avidement le Walter PPK de 007, des illustrations représentant quelques statuettes du royaume de Dahomey, tout cela n’entre pas dans la catégorie romanesque. Un écrivain, un scénario, un titre avec que des suites de lettres (voire de chiffres), voilà un roman. De menues exceptions existent où des dessins ici et assurent une expérience littéraire novatrice, toutefois les chapitres écrits occupent une place prépondérante. Même les essais (sans image) sortent de cette définition, puisqu’il faut bien les voir à la télévision, en arrière-plan lors de chaque interview de tout politicien qui se respecte.

Comment reconnaître un gros format ? Question délicate, puisque entre le paperback et le pavé qui entre à peine dans le sac à main de la mère de Fontenay il y a quelques formats bâtards qui se baladent dans la nature. Largeur et hauteur différentes, il y a de quoi être profondément perplexe sur la taxinomie à adopter. C’est pourquoi Le Tigre, arbitrairement, propose (non, impose) la limite suivante : si vous avez quelque chose de plus de 22 cm de long entre les mains, c’est que vous ne tenez ni un format poche ni l’outil de travail de feu John C. Holmes.

Pourquoi le roman grand format doit être abandonné ?

Nous y voilà. Pourquoi le grand format, ce n’est pas bien ? Démonstration éminemment personnelle en trois points :

Premièrement, ça ne sert presque à rien. Après moultes interviews avec quelques éditeurs, le prix de revient entre les deux formats (par rapport au volume des ventes) reste similaire. C’est comme se décider à vendre quelques Royces avant de proposer une triviale Dacia. Écologiquement parlant, je vous laisse imaginer le désastre. Certes le confort de lecture supplémentaire (gros caractères, aération donnant l’impression de lire à une vitesse légendaire), mais à ce prix là autant tout de suite investir dans une loupe ou des verres grossissants.

Deuxièmement, le prix et la place. Entre 20 et 30 euros le grand format, il y a de quoi préférer attendre quelques années que le livre tant désiré soit disponible dans votre miteuse bibliothèque municipale. Attirer le bon peuple avec des nouveautés à un tel prix, tout en lui promettant dans quelques mois la même chose, en plus pratique, pour trois fois moins cher, je ne comprends pas pourquoi une révolution de lecteurs n’a pas encore éclaté. C’est politiquement clivant comme stratégie de vente, les plus modestes doivent attendre avant de se faire une idée. Et si le grand format n’a pas l’heur de plaire aux critiques, bah bonne chance pour la sortie poche.

Quant à la place, Tigre vous offre cette pétillante expérience de pensée : début 2013, j’avais environ 3.500 livres (je ne compte ni les magazines ni les doublons) disséminés dans une demi-douzaine de bibliothèques de facture nordique. Environ 15% de ces titres sont au grand format, ce qui m’oblige à espacer davantage les étagères comme renoncer (j’en pleure encore) à les mettre sur deux rangées. Si un génie un peu con sur les bords se méprend sur mon vœu (rendre mes livres encore plus beaux) et décide de transformer les poches en grand format, le volume de mes fiertés (on reste sur les livres hein) augmenterait de grosso merdo 144%. Dans le but de leur offrir un toit décent, je serai alors obligé de me séparer de mon lit, ma collection de muselets de bouteilles de champagne, mon chat et ma garde robe à cravates. Impensable (surtout les muselets).

Troisièmement, il y a un effet kiss cool qui n’était pas forcément au programme. Paradoxalement, l’acheteur potentiel sera tenté de se reporter vers l’œuvre originale. Peter F. Hamilton, Will Self, Chuck Palahniuk, Martin Amis, et tant d’autres, je n’achète plus rien en français. Pour un bon roman de SF (prenons Alastair Reynolds) de l’éditeur Gollanz par exemple, il est déjà publié dans un quasi format poche. Nous sommes alors mi 2012. Puis un éditeur franchouillard se décide enfin à le traduire. Publié sous la forme d’un indigeste pavé vers mi 2013. Quant à son homologue de poche, rien ne presse ! Presque trois ans de décalage : si on arrive à maîtriser la langue de Shakespeare, faire partie de la caste des early adopters est incompatible avec le modèle de publication actuel.

Comment y remédier ?

Une solution. Un concept. Un motto. Un seul mot même. Une idée. Celle à l’origine des plus sympathiques révolutions. Trois syllabes ornant le fronton des mairies même les plus malfamées du Centre. J’ai nommé la liberté. Liberté chérie appliquée à tout lecteur qui ne peut continuer à être plumé de la sorte.

La réponse tigresque, donc, est de publier en grand format ET en poche tout nouveau roman. Plus de choix dans la date de parution, tout sort en même temps [attention, vilaine contrepèterie]. L’acheteur choisira ce qui lui convient le mieux, entre le petit objet qui se lit partout au gros machin à offrir à belle-maman lorsqu’on manque furieusement d’imagination. Je sais qu’une sortie en poche apporte un second souffle à l’œuvre, on pourra se contenter d’une réédition dont la couverture sera différente de la première. Et en profiter pour corriger les fautes d’orthographe.

Mais quid de l’intendance et des vendeurs qui vont avoir deux fois plus de références ? Tssss… Les libraires seront également ravis, puisqu’ils pourront utiliser le gros truc pour le mettre en tête de gondole. Les apparences sont sauves : les petits vieux peuvent continuer à faire du lèche-vitrines sans devoir coller leurs tarins sur la vitre ; nul besoin d’investir dans des vitres grossissantes, tout le monde il est content ! Même les plus pingres ne sauront plus se dédouaner, tel Le Tigre, en répétant au collant vendeur « ça a l’air super votre daube que vous ne parvenez même pas à refourguer à mamie Bettencourt, prévenez-moi quand le poche sortira ».

Le fin du fin serait bien sûr de proposer le « magic package », à savoir les deux formats vendus ensemble : un pour soi, l’autre à offrir. A un prix correct, il y a fort à parier que ce sera Noël un jour sur deux dans le monde des livres. J’en connais même qui garderont les deux chez eux, juste pour se faire mousser et remplir artificiellement leurs bibliothèques. Je paraderai même fièrement en tête du cortège de cette race d’acheteurs impulsifs à l’ego mal distribué.

Conclusion tout en modestie

Encore une fois, Le Tigre a volé, tel un hyperman de supermarché, au secours du monde de l’édition qui accuse un contexte plutôt morose. Les clés de la réussite se feront par de fines innovations telles que proposées dans ce sutra. Plus que de l’innovation, on n’est pas loin ici d’un bouleversement de paradigme capable de faire augmenter les ventes à un rythme de croissance d’obédience chinoise.

Sutra #37 car suite logique du précédent, étude sociologique digne d’un thésard sur les caractéristiques des deux formats. Et si vous multipliez par cent, on atteint le nombre de tous les objets papiers qui se lisent et que Le Tigre garde jalousement.

Morrison & Quitely - All-Star SupermanVO : idem. Passage obligé pour le connaisseur du super-héros, c’est toute la « cosmologie » de Superman qui est repensée par les bons soins de Morrison. Le Tigre, touriste en la matière, a pris un plaisir non feint grâce à un scénario complet servi par un dessin résolument moderne et contemplatif. Un très bel objet à posséder.

Il était une fois…

Le résumé proposé par PlanetBD (et repris par wikipedia en sus) est un condensé parfait. Tigre n’aurait pu mieux faire, et propose de vous le retranscrire :

« Une équipe de scientifiques effectue un voyage spatial en direction du soleil pour mener des études. La mission est sabotée par Lex Luthor. Superman sauve l’équipage de justesse, mais la proximité du soleil altère sa physiologie. Le super héros commence à acquérir de nouvelles capacités mais cela raccourcit son espérance de vie, il ne lui reste plus qu’un an à vivre. Superman décide de révéler sa véritable identité à Loïs Lane. Pendant l’année qu’il lui reste, il essaye d’assurer la protection de l’humanité avant sa propre fin. »

Critique de All-Star Superman

Pas mal du tout ce one-shot sur le sieur Kent. De ce dernier, Le Tigre ne connaît que peu de choses à part les errements cinématographiques des années 2000. Et là j’ai été ravi du résultat, en refermant les pages il n’est pas impossible que le lecteur se sente plus léger, voire apaisé.

Sur le scénario, si on peut penser que ça part en quenouille aux quatre coins de la rose des vents, en fait je me suis progressivement aperçu que le tout gardait, sur 300 pages, une cohérence inattendue. Chaque chapitre offre à Superman, tel un Hercule des temps postmodernes, un des 12 travaux à faire, que ce soit sauver des planètes ou créer une descendance. Combats titanesques, faiblesses du héros mises à jour, histoire d’amour avec la belle Lois (qui se fait draguer par les potes de l’homme d’acier), Morrison alterne allègrement entre science-fiction et fantasmagorie digne des meilleurs comics.

C’est principalement sur le dessin que je me suis régalé. Frank Quitely a effectué un boulot remarquable, avec des planches magnifiques : grandes cases, paysages et architecture de pure beauté, avec un ration dialogues/planches faible qui fait la part belle à l’introspection. Les couleurs, un peu fadasses sur les bords, s’inscrivent parfaitement dans la description d’un Superman qui a des airs d’un Bouddha rassurant le bon peuple.

Original tant sur l’histoire que l’illustration, Le Tigre reconnaît à All-Star Superman une délicate bouffée d’air dans le monde des comics. On en sort comme plus zen grâce aux illustrations non agressives pour un sou et au comportement du héros qui, se sachant mourant, tâche tranquillement de préparer la relève. Le petit bijou, publié chez Panini, mériterait d’être réédité.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce n’est pas vraiment un reboot du héros, plutôt un nouvel univers créé pour l’occasion. Grant Morrison est un auteur à part. Capable de reprendre (presque) de zéro l’univers complexe de Clark Kent, Grant a sorti quelque chose d’éthéré et non dénué d’humour. Hélas, comme tout super-héros (Le Tigre pense à Bruce Wayne), les références aux fondamentaux du personnage sont plus que nombreuses et certaines me sont simplement passées au-dessus de la crinière. Je pense notamment aux Bizarros ou aux Supermen du futur. Leurs apparitions sont certes réussies et bien mises au gout du jour, mais question clins d’oeil appuyés à l’univers DC Le Tigre a raté le gros.

La responsabilité d’un tel héros. Un des travaux de l’homme d’acier est d’assurer la relève, étant donné qu’il appert être sur le point de mourir. Pas étonnant, donc, qu’à l’immortalité mise à mal de Kent soit préférée une descendance digne de ce nom (et pas que des robots supermen). Car l’arrivée du héros (les premières planches de Smallville sont impeccables) a notoirement apporté son lot d’activités paranormales, un peu comme Batman attire des individus de la trempe du Joker. Lex Luthor, le grand méchant à l’impressionnante intelligence, reproche d’ailleurs à l’homme en rouge et bleu d’avoir changé à jamais la donne et mis en danger l’Humanité.

…à rapprocher de :

– L’histoire de Superman qui m’avait correctement laissé sur le cul est celle de Mark Millar, Red Son.

– Sinon, Superman : Les Origines de Waid & Yu est passable. Sans plus.

– Seagle & Kristiansen ont fait un boulot sublime sur ce héros, avec leur C’est un oiseau…

– Le Tigre connaît Morrison surtout par sa vision du Batman. Pas mal de tomes en magasin, jugez plutôt : L’héritage maudit, Batman R.I.P., Nouveaux masques, Le dossier noir.

– De ces deux auteurs, vous pourrez lire L’autre Terre avec la Justice League d’Amérique.

Enfin, vu que ce titre ne semble plus réédité (et coûte une blinde), vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Robert McLiam Wilson - Ripley BogleVO : idem. Excellente surprise (sur conseil d’un ami) livresque faite par Tigre, je ne m’attendais pas à une telle qualité d’écriture. Ripley, vagabond irlandais dans les rues de Londres, prend à partie le lecteur et lui raconte son existence, éminemment tragique mais livrée sur un ton comique. Un grand roman.

Il était une fois…

Ripley Bogle, Irlandais de son état (Ulster en particulier, pour justifier la catégorie d’un roman britannique), est clochard dans les rues londoniennes. Entre la faim qui le tiraille et les quelques clopes qu’il fume régulièrement, notre triste héros se souvient de sa naissance, sa tendre jeunesse, puis le gâchis qui l’a amené à une certaine déchéance.

Critique de Ripley Bogle

Dès les premières phrases, Le Tigre a été conquis. Raconter avec une telle drôlerie l’accouchement du protagoniste principal, ça commence très fort. Et le reste est dans la même veine, j’ai eu du mal à décrocher de l’oeuvre.

MacLiam Wilson a le vocabulaire riche (première fois par exemple que je lis le terme « ensuquer »), le phrasé agréable et la plupart de ses expressions font mouche. C’est dense avec des chapitres longs et organisés en parties désignées par un jour de la semaine, toutefois les longueurs se comptent sur les doigts d’une main. Dans la peau d’un vagabond dont les péripéties de la vie sont nombreuses et parfois improbables, on bascule du rire à la tristesse aussi facilement que Bogle perd son dernier appartement.

La structure du texte est une narration (au présent) de la misérable existence de Ripley, entrecoupée de flashbacks de quelques aventures ayant amené notre héros à son actuelle et peu reluisante situation. Le style est limpide, percutant et s’imaginer les scènes décrites n’est point difficile. Sauf peut-être celle dans le bar où le narrateur présente ses propres fantômes. Là Le Tigre n’est pas certain d’avoir bien saisi la portée du chapitre.

Vous l’avez compris, un quasi chef d’œuvre qui envoie du très lourd. Quant à l’image de couverture, je cherche encore le rapport à présenter une jambe tatouée en état de marche. A part le but du vagabond qui est de parcourir les rues, la nuit, pour ne pas être transi de froid ou cueilli par la police, Le Tigre sèche.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le vagabondage. L’extrême pauvreté de Ripley Bogle est saisissante, et les descriptions de son dénuement le sont encore plus : la faim impitoyable avec les différents états de la famine superbement rendus ; recherche de menus plaisirs (cigarettes, café,…) ; mais surtout le froid, omniprésent, lorsque ce n’est pas la suffocante chaleur. Quant aux problèmes de santé et odeurs désagréables, l’auteur sort le grand art. Vagabond, mais pas mendiant : notre héros se refuse à pratiquer l’aumône, certains de ses compagnons alors oublient un petit bifeton ou quelques cigarettes autour de lui, petites attentions ravissant le narrateur.

Les amours contrariées. Bogle n’a point de chance non plus en amour. Deirdre, Laura (pour ne citer qu’elles), que des personnes qui ont su monopoliser son esprit avant qu’il ne sombre définitivement dans la rue. Entre Cambridge (et oui) et les jobs dans les bars, la gent féminine s’incruste rapidement dans les pensées du jeune homme (il a 22 ans lorsqu’il conte ses mésaventures) qui ne sait pas forcément comment se comporter. Deirdre qui veut être sautée à tout prix, Laura l’intouchable déjà engagée et issue d’une famille bourgeoise, il est arrivé au Tigre de glousser plus d’une fois entre deux phrases.

Le mensonge. Le quatrième de couverture évoque le mensonge du héros, et en quoi il a pu berner le lecteur. Pour cela, les dernières pages du roman amèneront de savoureuses révélations, on aurait presque envie d’aller repêcher ici et là quelques chapitres précédemment lus. Finalement, peut-on blâmer ainsi le héros de maquiller de temps à autre la réalité ? Eu égard son comportement sur près de 700 pages on ne s’en étonnera guère.

…à rapprocher de :

– On m’a dit beaucoup de bien d’Eureka Street, du même auteur. Pas mal du tout, même si moins bon que le présent. Quant à La douleur de Manfred, ça m’a nettement moins plu hélas.

Le seigneur des porcheries, d’Egolf, c’est également l’histoire d’un individu hors du commun. Mais en mieux.

– L’Irlande mystérieuse, hélas avec une narration foireuse, c’est Tromper la mort de Maryse Rivière.

– Sur la faim qui sublime, y’a Biographie de la faim de Nothomb qui se laisse parcourir.

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Will Self - The Sweet Smell of PsychosisGrosse nouvelle d’un auteur déjanté et passablement , voici une presque biographie des pérégrinations hallucinées d’un Beigbeder londonien. De très bons morceaux de littérature servis par un vocabulaire riche, hélas Le Tigre n’est guère habitué au style, pas évident à saisir en anglais.

Il était une fois…

Le jeune Richard Hermes (ses copains utilisent l’adjectif « young ») est un journaliste plutôt cheap qui écume les bars de Londres (surtout un en fait) en buvant et sniffant à toute berzingue. Où qu’il aille, la star des médias, monsieur Bell, est présente et lui rappelle tout ce qu’il n’est pas pas. En outre, comment exister aux yeux de la divine Ursula Bently, et tenter son coup lorsqu’on est une pharmacie sur pattes ?

Critique de The Sweet Smell of Psychosis

Concernant certains écrivains, dont Will Self, Le Tigre n’attend point la traduction. Surtout que cette nouvelle, écrite à la fin des années 90, ne semble pas vouloir passer la Manche et atterrir dans une couverture rédigée dans la langue de Molière.

Et c’est fort dommage, parce qu’en anglais j’ai bien peur de n’avoir pas pu saisir l’intégralité du talent de l’auteur. Alors certes j’ai tout suivi, peu de mots m’ont échappé (Self fait la part belle aux termes français d’ailleurs), mais j’ai été bien loin de la claque littéraire tant vantée par les critiques dithyrambiques du quatrième de couverture.

En suivant un héros sous narcotiques dans le Londres underground avec ses petits amis, il y avait pourtant de quoi se marrer, entre visites de Pablo (terme à la mode pour la cocaïne dans cet ouvrage), verres dans des bars glauques surbondés ou descriptions acides de protagonistes hauts en couleurs. En sus, Self nous agrémente d’une légère histoire de cœur, avec le bon Richard qui en pince gravement pour Ursula. Sa façon d’être, son parfum, ce qu’elle dégage, les rencontres à répétition, tout est délivré avec un vocable séduisant et les images viennent rapidement à l’esprit.

En outre (et en parlant d’images), le petit plus de ce titre est la dizaine d’illustrations de Martin Rowson. Ce dernier, qui doit bien connaître l’auteur, a su dresser quelques tableaux en phase avec le phrasé de Sefl : noir et blanc, caricatural à l’excès (les personnages comme l’architecture), détails qui fourmillent avec un encrage que je qualifierais volontiers de « victorien » (gothico-glauque).

Pour conclure, voilà un bel exemple de sous culture urbaine qui ravira les fans du genre. Il m’est pourtant arrivé d’avoir été largué sur quelques passages. 90 pages qui se lisent en autant de minutes, cependant proposer un tel format pour 8 £ (soit plus de 10 euros) a brièvement transformé le fier félin en un inoffensif pigeon. Moins bonne note également pour un auteur avec lequel je suis éminemment exigeant.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La drogue. Self est connu pour ses frasques dans ce domaine. Par exemple, il a été viré du journal où il exerçait après avoir été balancé par un concurrent pour avoir pris de l’héroïne dans l’avion du Premier ministre (John Major si je ne m’abuse). Alcool, coco, pipes à opium, le Richard carbure un peu trop et les lendemains dans son bureau de journaliste sont difficiles (lorsqu’il daigne s’y rendre).  Le doux goût de la psychose, dans les dernières phrases, est celui amer de la cocaïne après une expérience sexuelle plus que déroutante.

Le monde des « hack reporters ». Le titre prend une saveur encore plus autobiographique avec le métier du héros, celui de Self dans les années 90. Le journaliste « hack », c’est celui qui alimente les rubriques des chiens écrasés ou autres articles à sensations au style facile. Journaleux médiocre qui privilégie la quantité à la qualité, la productivité est intimement liée à la prise de stupéfiants dans cette nouvelle. L’auteur en profite pour nous présenter un parfait hack, qui fait montre du don d’ubiquité (lorsque ce n’est pas se dédoubler à plusieurs reprises) et parvient à être présent dans tous les médias. Cet individu n’est rien d’autre que Bell, antagoniste de Richard et objet d’une inquiétante fixation par ce dernier.

…à rapprocher de :

– De Self, Le Tigre a particulièrement apprécié les deux nouvelles dans Vice-versa. Mon idée du plaisir (un presque must) ; Les Grands Singes ; Dr Mukti ; No smoking (décevant) ; Umbrella (arf, pas fini) ; Ainsi vivent les morts (plussss que correct) ; La théorie quantitative de la démence (deux nouvelles OK, le reste bof).

– Autre Britannique, Richard Millward a ravi Le Tigre avec son très déconnant Block Party, où drogues et arts sont les ingrédients d’un détonnant mélange.

– En version U.S. (sans l’anticipation sociale), Augusten Burroughs et son Déboire vaut le coup d’être lu.

– En français, et en moins bien, il y a toujours les Nouvelles sous ecstasy de Beigbeder. Ou Vacances dans le coma, carrément chiant.

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Patrick Rambaud - Chronique du règne de Nicolas 1erRegardez comme il est fier notre Nicolas sur la couverture. Celle-ci annonce clairement le tempo, entre gentil foutage de gueule et acide documentaire sur les premiers faits d’armes du personnage. Toutefois ce premier opus (cinq quand même) a touché une oreille du Tigre sans faire bouger l’autre, sans doute à cause d’une lecture un peu tardive.

Il était une fois…

Allez, copions-collons sans vergogne le quatrième de couv’ de ce vieux titre qui, de toute façon, ne sera sûrement au programme des terminales littéraires en 2027 :

« Même parvenu. Notre Précieux Souverain ne trouva point la paix en lui-même, tant il restait secoué en continu par des nervosités. Il ne bougeait que par ressorts. Si vous le retardiez dans sa course, vous démontiez la machine. Il marchait des épaules avec une façon personnelle de se dévisser le cou, remuant par courtes saccades. Cette chronique raconte les premiers mois de notre nouveau souverain et de sa Cour, avec, pour respecter la tradition d’insolence de notre pays, un ton que j’ai voulu moqueur et distant. »

Critique de Chronique du règne de Nicolas 1er

« Moqueur et distant », tout est dit. Moqueur. Style pamphlétaire et non dénué de malice, il faut avouer à Patrick Rambaud (son réel nom ?) d’avoir pondu quelque chose de presque original. Qui interpelle du moins. Mais sur ces premiers mois de notre gracieuse majesté Sarko Premier, Le Tigre n’a que trop rarement souri. Humour certes omniprésent servi de termes savoureux, hélas rien d’assez subtil pour me faire ricaner de feulements.

Sur la distance, permettez que je toussote courtoisement. Si tout est abordé avec un certain vocable du spectateur ironique mais omniprésent, l’orientation politique de Rambo n’est pas si dure à déceler. Nulle raison pour que cela pose un quelconque problème, toutefois les traits (grossis mais qui fait mouche) sous lesquels sont dépeints l’omniprésidence de Naboléon (dixit Le Canard) m’ont donné plus d’une fois l’impression que Patrick R. tirait allègrement sur l’ambulance.

Quant à l’histoire, tous la connaissent bien. Et là l’auteur a effectué un double travail de qualité : la documentation, avec les péripéties de Nicolas S. au jour le jour, entre petites polémiques et grandes postures. Au risque d’ennuyer par sa linéarité. Ensuite, la présentation de tous les individus gravitant autour de sa Majesté comme autant de groupies autour du chanteur d’un groupe de rock (cf. second thème).

Sur le style, je vous invite à lire le prochain paragraphe. Tout bien pesé, il appert cependant que le gros défaut d’un tel titre, c’est qu’il doit se lire dans le feu de l’action. Et pas au milieu du quinquennat du Président de la France forte, parce que les anecdotes de la période décrite, éphémères dans l’esprit du Tigre, n’ont plus le même goût ainsi refroidies.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le pastiche version 19ème siècle. J’ai souvenir que mister Rambaud a une plume agréable à parcourir en puisant dans les canons littéraires de la Belle Époque. Ce qui est à la fois bienvenu et dommage puisqu’il ne tente pas de sortir de ce style. Toutes ces personnes impliquées dans la grande aventure ont des noms, parfois changés, qui fleurent bon le sang bleu vieillissant : qui un duc, une marquise, un dauphin (pas dur à deviner celui-là), presque un bestiaire où Rastignac en personne se serait senti à l’aise. L’erreur est sans doute de lire ce roman d’une traite, le risque d’être gavé étant conséquent.

La critique sous-jacente du pouvoir en place. Rien qu’en se plaçant dans le registre de la noblesse, l’auteur sous-entend une clique de ce coquins tendant vers la consanguinité dans leurs relations politiques, d’affaires ou artistiques. Le portrait du « héros », qu’on ne peut renier et qui peut faire travailler les zygomatiques, est plaisamment corrosif avec certes quelques attaques gratuites (complexe d’infériorité, taille, etc.). Mais que serait ce genre de pamphlet sans quelques grincements de dents fort légitimes ?

…à rapprocher de :

– Le monsieur a continué ses chroniques, que Le Tigre n’a point juger bon de se procurer (si l’éditeur veut y remédier, je suis preneur).

– Sur des chroniques bien plus hilarantes, en BD, il y a celles du Quai d’Orsay, de Blain et Lanzac. Tome 1 et tome 2, un vrai plaisir.

– Ou alors cette vieille bande dessinée, qui s’attaque au mitterrandisme des premières heures.

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Neal Stephenson - Cryptonomicon, tome 1VO : idem. Sous-titre : le code Enigma. Acheté il y a fort longtemps, Le Tigre féru de mathématiques et de barbouzeries pensait trouver dans ce roman un formidable défouloir. Il n’en fut rien, je n’ai hélas pas du tout accroché à la chose, trop longue et au scénario sans queue ni tête. Dommage.

Il était une fois…

L.P. Waterhouse, génial mathématicien qui est parvenu à décrypter les codes des puissances de l’Axe pendant la WWII, travaille main dans la main avec Bobby Shaftoe, marine U.S. en poste dans le Pacifique. Bien plus tard, Randy, petit-fils de Waterhouse, s’attelle à créer un paradis virtuel (informatique) dans la zone asiatique. Ces trois individus, que l’on pourrait penser aussi éloignés aussi bien dans le temps que dans le style, vont pourtant être confrontés à un mystérieux trésor de guerre qui aurait été englouti dans le Pacifique.

Critique du premier tome de Cryptonomicon

Encore un échec littéraire du Tigre qui n’a pu aller au-delà de la 400ème page. De la SF, de la cryptologie, Stephenson, mince je pensais ne pas être bien loin d’une agréable lune de miel le temps d’une lecture. En fait non, et quant à se procurer les deux tomes qui suivent (Le Réseau Kinakuta et Golgotha), ce n’est pas pour demain.

Alors, qu’est-ce qui a foiré ? Le style reste correct, entre descriptions complètes du noble art de la guerre cryptologique, protagonistes plutôt vivants et petites touches d’humour ici et là. Toutefois, pour un livre écrit à la fin des années 90, Le Tigre a cru tenir entre les mains quelque chose de plus vieux, un aspect assez oldschool (pour ne pas dire désuet) qui m’a surpris.

Le scénario, entre essai militaro-historique pendant la guerre du Pacifique et lubies cyberpunk (je l’ai vécu de la sorte) d’un Randy qui veut créer un paradis numérique, ne m’a pas vraiment emballé. Surtout que les liens entre tous ces individus se laissent désirer, et on croit vite comprendre que la fin tant attendue n’adviendra qu’à la fin du troisième opus, soit après plus de 1.000 pages. Le Tigre a alors manqué de courage.

Pour conclure, les débuts m’avaient paru tout à fait sympathiques, disons que le matheux qui sommeille dans tout lecteur adorera certains passages, pas plus.  Et c’est bien trop long eu égard l’intérêt général de l’intrigue. D’où l’abandon à 150 pages du terme.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La cryptologie. Au moins je me suis régalé dans ce domaine, d’ailleurs le titre en est une référence appuyée. Comment protéger un message, en décoder un ? Basique et bien traité. Mais aussi, une fois qu’on a « cassé » un code, comment faire en sorte que l’ennemi n’en sache rien ? A contrer ses actions militaires toujours au bon moment, le risque est que le code change car considéré comme cracké. Pour cela, notre mathématicien en chef met en place un savant ballet pseudo-aléatoire de reconnaissance aérienne, afin de faire croire aux Japonais que les interceptions ne sont que le fruit du hasard.

La presque uchronie. Une autre raison de la note attribuée à ce petit pavé est que Neal a sournoisement pris certaines libertés avec la réalité historique et géopolitique. On sent bien que la guerre du Pacifique ne s’est pas déroulée de la sorte, pas de soucis. Mais pour la trame plus récente avec Randy, des menues différences (particulièrement des noms de pays) apparaissent sans crier gare. En fait, on n’est pas dans le même univers. Travail d’imagination supplémentaire pour le lecteur qui ne s’y attends pas forcément (contrairement à un 1Q84 de Murakami).

…à rapprocher de :

– Si vous aimez, comme Le Tigre, la crypto, il y a le très complet Histoire des codes secrets, de Simon Singh.

– De Neal Stephenson, Le Tigre a lu très peu. Zodiac s’en tire honorablement.

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Sibylline - Premières foisUne dizaine de récits érotiques sortis de l’imaginaire de Sibylline, illustrés par divers artistes aux indéniables talents. Tour à tour coquin, libertin, touchant, surprenant, les qualificatifs louangeurs me manquent. Beau, généreux, intelligent, Le Tigre a été ému. Dans le bon sens du terme.

Il était une fois…

Dix courtes histoires que Le Tigre va rapidement résumer en autant de phrases, pour donner une idée de l’éclectisme ambiant. Avec les mots en italique qui sont les titres. Une femme raconte à son petit ami du moment sa première fois. Une autre achète un sex-toy. La troisième réalise son fantasme de se faire prendre par un serveur. Rencontre de deux amies qui va se terminer dans le lit, seules, en mode 1+1. Une jeune femme se rend chez un couple pour un plan 2+1. Une poupée gonflable qui officie chez un homme et devient à terme nulle. Deux amis dans un club échangiste. L’antépénultième entretient une relation de soumission avec son amant. La première sodomie chez un couple aimant. La dernière femme surprend son mari qui regarde, dans la nuit, un film X-rated.

Critique de Premières fois

Dix récits érotiques réservés aux adultes, dix manières de vivre sa sexualité, dix petits bijoux à mettre entre toutes les mains, hommes comme femmes. Avec en prime une préface par Emmanuel Pierrat en personne, avocat dans le monde de l’édition et écrivain à ses heures. Presque comme Le Tigre qui ne lui arrive pas encore au petit orteil. Si je parle de la préface de maître Pierrat, c’est qu’en plus d’être courte (à peine deux pages) celle-ci résume parfaitement ce qu’on s’apprête à lire. C’est pourquoi il vaut mieux l’aborder après avoir lu la BD.

Sur les scénarios, je n’ai pas vraiment de préféré puisque tous touchent une corde sensible de la sensualité humaine. Il y a de tout comme vous avez pu remarquer, du couple plan-plan à une sexualité plus sagement « débridée ». Mais toutes ces planches ont pour point commun d’être contées d’un point de vue féminin, ici plus fin et empathique et par rapport à ce que j’ai pu lire dans ce domaine. Même la poupée gonflable a voix au chapitre – bel exercice de style au passage.

Du dessin se dégage curieusement une certaine homogénéité en dépit d’autant d’illustrateurs que de synopsis pensés par l’ingénieuse Sibylline. La ligne est plus ou moins claire (sauf peut-être X-rated, qui propose des images finement floutées d’un film pornographique), en noir et blanc, avec un degré d’ancrage qui toujours fait mouche. Comme n’importe quelle BD trivialement porno, tout est montré (parfois de manière soudaine) mais la profondeur des personnages préalablement développée (mono ou dialogues) ne laisse aucune place au scabreux.

Bref, enfin de l’érotisme que les dames autant que les messieurs savoureront. Cela est suffisamment rare pour donner la meilleure note à cet ouvrage (et le conseiller), si la quinzaine d’euros (pour moins de 100 pages) ne vous rebute pas. Toutefois c’est l’apanage d’un « livre d’art » proposé en dur (sans jeu de mots) et à la couverture réussie.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amour. Vision féminine, donc l’amour dans le sexe ? Que nenni, tout individu normalement constitué trouvera dans chaque scénario une vibrante démonstration d’amour. Protéiforme. Car que ce soit l’homme qui s’occupe de sa poupée gonflable, la maîtresse soumise, la femme qui désire être la prochaine au centre de l’attention d’un parterre d’hommes libertins, ou encore celle faisant intimement connaissance avec un godemiché, c’est bien le sentiment amoureux qui se dégage puissamment de ces planches.

La surprise. Pour quelques trames narratives, la chute est plus que mignonne, invitant le lecteur à sourire après le désir. Le Tigre est plutôt ennuyé : ayant furieusement envie de lâcher des exemples comme des confettis à un carnaval, le respect du noble art du spoil (enfin son contraire) tendrait à l’emporter. Pas d’alerte spoil donc, inappropriée pour ce type d’œuvres. Seulement remarquer que ces menues surprises font la part belle à l’homme, compagnon (pas toujours nécessaire il est vrai) érotique des belles. Car elles le sont toutes, indubitablement.

…à rapprocher de :

– C’est bien plus abordable que Manara, sans doute eu égard le principe des courts scénarios. Quand Le Tigre lit Manara, je pense au Déclic ou au Parfum de l’invisible. Les intégrales bien sûr.

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Higgins & Barrows - Nightwing Tome 1 : Pièges et TrapèzesVO : Traps and Trapezes. Tiré du comic strips Nightwing #1-7. Parce que dans une aventure du Bat le petit Grayson faisait une entrée remarquée, Le Tigre s’est senti obligé d’acquérir le premier tome des aventures de « l’aile de la nuit ». Dessin OK mais scénario confus et au dénouement expéditif, j’aurais du m’abstenir.

Il était une fois…

Dick Grayson, premier Robin, est de retour sous l’uniforme de Nightwing. Enfant de la balle dont les parents trapézistes ont été tués alors qu’il était jeune, Dick reçoit de la part du gérant (qui est à l’agonie) l’acte de propriété du cirque de son enfance. Hélas, un mystérieux assassin connaissant l’identité réelle de Nightwing semble lui chercher des noises, en plus de faire référence de manière plutôt lourde au passé de Grayson. Saïko, de son petit blaze, suit notre héros qui de ville en ville tente de nettoyer les rues gangrénées par la criminalité.

Critique de Pièges et Trapèzes

Le Tigre en principe ne s’occupe que du Chevalier noir. Mais parfois il m’arrive d’aller chiner chez quelques significant other de la grosse Gotham. Notamment Robin, incarné par une pétée de beaux gosses (Grayson, en brun ténébreux à la musculature pour une fois crédible, est assez sexe). Hélas il y en a beaucoup, et entre tous ces jeunes premiers je m’emmêle plus d’une fois les pinceaux.

Ici, c’est le premier Robin, celui qui pendant un certain temps a revêtu le masque de Batman avant de devenir Nightwing, truc noir et rouge qui saute de toit en toit comme un yamakasi. Mais en mieux. Notre héros retourne à ses fondamentaux et renoue avec le cirque Haly (celui qui a vu mourir ses parents) dont il reprend le flambeau. Sauf qu’un vilain encagoulé et plutôt talentueux en a fait son ennemi personnel. A ce titre, la révélation sur l’identité du méchant m’a laissé pantois, Le Tigre était censé dire « waoowww » face à un individu dont j’ignorais tout ?

Et oui, y’a du bon et du moins bon : la partie positive, c’est le personnage principal qui est bien construit. Monologues prenants (encadrés en bleu clair), pedigree correctement expliqué avec quelques flashbacks. Le moins bon, ce sont certains chapitres qui partent en quenouille (par exemple le démon ou avec la belle Batgirl) et lesquels, en plus d’être too much, ne font décidément pas avancer le schmilblic.

Quant au dessin, si Barrows a fait le gros du boulot, il faut signaler homogénéité générale avec Pansica, Borges ou encore Trevor McCarthy. Le tout est plaisant, résolument moderne (les détails comme les visages sont corrects) mais sans le petit plus d’un Lee Bermejo ou Brian Bolland. Pour conclure, un tome dont l’aficionado de Batman peut se passer, même s’il est toujours agréable de voir une scène (à la fin du tome) depuis deux points de vue différents dans deux comics.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les gros secrets de famille. Comme on peut le découvrir dans La cour des hiboux, il appert au fil des pages que le cirque Haly n’est pas vraiment celui que l’on croit. Entre Bruce Wayne qui se démène avec sa fameuse cour et en parallèle Grayson qui découvre une étrange liste sur un cahier, il y a de quoi rendre (refaire en fait) Gotham en une monstrueuse entité qui avale ses jeunes prodiges.

L’identité d’un super-héros à cacher. J’ai dénoté une confortable légèreté de la part du héros à tenter de protéger son anonymat. A la limite de la faute professionnelle même. Déjà, le gus laisse traîner son costume en vrac, le rangement, ce n’est notoirement pas sa marotte. Ensuite, il jongle entre deux nanas dont une (la petite Gordon) est une héroïne à ses heures perdues (Batgirl, qui n’a rien à voir avec Batwoman). Mélange des genres hasardeux. Enfin, faut le voir taper sur les méchants dans chaque ville que le cirque traverse. Avec son wagon en queue de train (pour aller et venir en « toute discrétion »), les escapades nocturnes de Nightwing suivent irrémédiablement le parcours du chapiteau. Mouais.

…à rapprocher de :

– Le second tome, La république de demain, ne sert à rien. Quant au troisième, Hécatombe, ce n’est pas encore ça…

– Puisque Le Tigre en parle, il y a La cour des hiboux (tome 1 et tome 2), petite claque qui a repensé Gotham sous un nouveau jour.

– On retrouve Nightwing chez Grant Morrison, notamment Batman R.I.P. (il se fout sur la gueule avec Damian Wayne) ou même dans un tome de Knightfall (cette fois-ci, avec Valley).

– Il est même dans Victoire amère, de Loeb et Sale !

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

William Lashner - Dette de sangVO : Past Due. On prend les mêmes et on recommence ! William Lashner nous régale avec son avocat enquêteur malgré lui, avec un imbroglio fort bien développé. Plus dense, aussi bon, hélas je n’en garde presque aucun souvenir. Mieux vaut attaquer directement le troisième opus.

Il était une fois…

Victor Carl, avocat un poil borderline, aurait certainement préféré ne jamais entendre l’histoire de son dernier client en date, vieille connaissance se nommant Joey Cheaps. Surtout si ce dernier lui avoue un crime commis il y a une vingtaine d’années avant de se faire trancher la gorge assez salement. Ça sent d’autant plus le roussi lorsque notre héros se retrouve avec une valise comportant de la tune mais surtout de très mignonnes photographies présentant une dame mariée en train de tutoyer (Le Tigre reste poli) un juge de la Cour Suprême (ou pressenti pour y siéger, je ne sais plus trop). Tant de secrets plus ou moins bien cachés, Victor se jette encore une fois dans les flammes.

Critique de Dette de sang

Lashner n’est pas loin de la valeur sûre, du moins avec les cinq (en 2012) romans que j’ai lus de lui jamais au grand jamais Le Tigre a été tenté d’ouvrir sa fenêtre et crier au scandale à 3h du matin. Étant du style à faire un « jeu des sept familles littéraires » avec un unique écrivain, j’ai bâfré ses titres en un petit mois. Et celui-ci a laissé le moins de traces.

Sur le scénario, je ne me souviens en effet de quasiment rien, si ce n’est qu’à partir d’un assassinat correctement sanglant le protagoniste principal va dérouler plusieurs fils qui vont l’entraîner dans un monde d’individus d’une belle duplicité. Sur le style, c’est assez rapide à dévorer, la narration à la première personne rendant le héros très vite attachant. Quelques longueurs certes, mais qui passent si aisément lorsqu’il y a plus de 70 chapitres.

A mon sens, pour plus 630 pages avec ration temps/plaisir relativement faible, il n’est pas inutile de laisser de côté ce pavé et attaquer directement Rage de dent. Et si vous accrochez vraiment au style de l’écrivain, lâchez-vous car Dette de sang est loin d’être mauvais.

Dernière chose : la couverture. Une femme à la plastique irréprochable qui comprime sa poitrine en une posture aguicheuse et frivole, il est vrai que le travail artistique attire le chaland mais le rapport m’a semblé plutôt faible. C’est un roman noir avec peu de cul qu’on achète, pas le dernier San-Antonio ou SAS.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le passé qui ressurgit. Ce roman est l’occasion pour le lecteur d’en apprendre un peu plus sur l’avocat d’une part : quelques flashbacks savamment distillés nous font revivre quelques éléments de sa jeunesse, quelques unes de ses affaires avec Joey et ses relations avec la criminalité locale. D’autre part, l’écrivain a un indéniable don à faire vivre tous les protagonistes, par leurs comportements mais aussi grâce à la minutie du héros qui va en apprendre un peu plus sur eux. Faiblesse de l’Homme en général, à savoir argent, sexe et mensonges, le noir tableau est crédible sous la plume efficace de Lashner.

L’humour doux-amer d’un homme qui en a vu des vertes et des pas mûres. On se plaît à aimer Victor Carl, baveux au phrasé agréable qui ne se laisse pas conter. Dialogues intelligents, réparties cinglantes mi-cyniques mi-ironiques de la part d’un homme ingénu mais aussi doté de petites faiblesses (avec les femmes, comme on le voit notamment dans le premier opus qu’est Vice de forme). L’environnement de Carl est sombre, sans illusions ni pitié, un bain bourbeux dont il patauge non sans une certaine aisance.

…à rapprocher de :

– De Lashner, Le Tigre a dévoré toute la petite famille. Ça démarre par Vice de forme, puis Rage de dents, L’homme marqué (un des meilleurs) ou encore Le baiser du tueur.

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Eric Powell - ChimichangaVO : idem. Petite sucrerie conseillée par un ami, ça se lit non sans un certain plaisir et on en vient vite à regretter que ce soit si vite terminé (surtout eu égard au prix de la chose). Cirque ambulant avec une fille à barbe pêchue, monstre sympathique mais inquiétant qui fait office de garde corps, vilaines firmes à la recherche du profit, simple mais efficace.

Il était une fois…

Lula, fillette à barbe du cirque ambulant Wrinkle prend (par mégarde) sous son aile un œuf qui se transforme en Chimichanga, énorme bête pas facile à apprivoiser. Le gros truc fait un peu de raffut au sein de la nouvelle troupe, disons que peu voient en lui la gentillesse dont il sait pourtant faire montre. Et lorsque Lula est kidnappée par des individus appâtés par le gain, seul le « Chimi » semble être apte à la sauver.

Critique de Chimichanga

Eric Powell, c’est le faiseur de petits contes de fées, la rising star de son milieu, le mec qui sort des trucs bien foutus et agréablement décalés. Avec Chimichanga, Le Tigre a été confronté à trop courte histoire d’une surprenante beauté. Celle d’une jeune fille un peu rondelette et affublée d’une pigmentation tigresque, à savoir une barbe qui possède une curieuse propriété qui va attiser de bien triviales convoitises.

Le scénario m’a ravi, mister Powell amenant tranquillou les menues intrigues dignes d’un dessin animé de chez Dreamworks. L’héroïne, accompagnée d’un gros vilain pas si méchant que cela (mais les adultes ne sont pas de cet avis, forcément), va faire la rencontre d’une quasi sorcière qui veut juste un peu de sa barbe. A partir de là, un médicament semble créé (celui qui empêche d’avoir des gaz) et une grosse firme entre en jeu.

Sur le dessin, si ce n’est pas tout à fait ma came j’avoue avoir été relativement séduit : l’auteur, également illustrateur, a produit des planches que je qualifierai de « gourmandes » : personnages dont le trait est grossi, couleurs douçâtres que ce soit dans le clair ou le glauque, trait assez épais et arrondi, c’est enfantin et efficace. Si l’architecture est peu présente, l’ambiance reste superbement rendue. Le Tigre, qui préfère les fines lignes avec des perspectives renversantes, n’a pas détesté. Très bon signe.

Chimitrucmuche, c’est un titre qui peut se lire de 7 à 77 ans, un mélange assez fin qui fait que le plus jeune adorera, comme les plus « intellos » qui retrouveront quelques critiques bien senties du monde contemporain tendant à écraser les rêves des petites gens. Les bonus des dernières pages, comme souvent, sont l’occasion d’admirer quelques croquis de certains protagonistes, en sus de deux courtes histoires afférentes. A offrir, indubitablement.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié. Lula et son gros pote, c’est l’amitié naissante avec des liens qui se tissent à une vitesse que seul un conte de fées permet. Deux protagonistes différents, entre une fille pas comme les autres (bien que dans un environnement tolérant avec des compagnons haut en couleur) et une bête d’une rare puissance. Amitié car caractères compatibles, Lula faisant preuve d’un fort caractère face à un Chimitruc à la psyché proche d’un gentil clébard. Et comme le premier être qu’il voit est la petite, laissez juste faire la nature…

La patte de la « world company ». Apprenant que la fillette est une matière première indispensable à un médoc tout ce qu’il y a de plus parfait (entendez : qui soigne un mal bien commun et  rend accroc), le laboratoire présente tous les travers d’une grosse boîte arrogante : nuée d’avocats qui se jettent sur chaque obstacle comme la vérole sur le bas clergé ; corruptions hilarantes ; réification du corps humain, voire de l’individu, bref tout ce qui se dresse face à cette entreprise est impitoyablement écrasé.

…à rapprocher de :

– De Powell, il paraît qu’il faut absolument lire la saga The Goon. Vais devoir m’y mettre alors…

– Si vous voulez le même style, avec un dessin un poil plus « classique » et en plus long, il y a Château l’Attente (tome 1 ici) de Linda Medley. Pas si girly que cela.

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