Yasunari Kawabata - Le LacVO : Mizuumi. Pas si court roman de l’illustre écrivain japonais, voilà deux protagonistes qui partent d’un même point avant de chacun mener leur petit bout de chemin. Une femme qui est mariée à un homme assez âgé, un jeune homme à qui peu de choses réussissent : souvent triste, parfois beau, mais sans plus. Dommage.

Il était une fois…

Il est arrivé à Gimpei Momoï une bien curieuse aventure : croisant une inconnue (Miyako de son chouette nom), celle-ci lui a balancé à la gueule son sac à main. Puis a filé à l’anglaise. Dans ledit sac, une somme plus que rondelette. Pour notre héros sans attaches et vivant dans le souvenir de celles qu’il a aimées, c’est une autre preuve de ce qu’il pense de lui en tant que repoussoir (notamment à cause de ses pieds difformes). Suivant tour à tour la jeune dépossédée ou Gimpei, Kawabata nous convie dans les méandres de l’amour contrarié.

Critique du Lac

Pas évident du tout, faire une critique sur un livre dont on ne se souvient guère, et qu’une rapide relecture n’aide pas vraiment. Déjà, en lisant le quatrième de couverture ou quelques commentaires, Le Tigre a eu l’impression de rechercher sur internet quelle maladie il pourrait avoir d’après ses symptômes. Le truc à ne pas faire, parce que ma vision de ce court titre n’est pas allée aussi loin ou aussi haute.

D’une part, le titre. Le lac. Et bah faut attendre qu’une copieuse moitié du roman passe avant de lire un rapide sous-entendu sur le fameux lac. Parce que si le narrateur, Gimpei, préfère ses eaux calmes à la puissante houle de la mer qui l’effraie (allégorie sur les femmes ?), on n’entend parler de ce foutu plan d’eau bien plus tard. Alors certes ces passages se laissent largement lire, mais ce n’est pas vraiment ce que l’éditeur nous vend.

D’autre part, le style. Pour être (relativement bien sûr) familier de l’écrivain nobellisé, Le Tigre a été incontestablement déçu par un scénario qui, en plus de s’étirer et être morne, reste passablement confus. Le problème, et je n’y peux rien, est le jeu de saute-moutons de Yasunari entre la femme et son environnement (qui m’a plus d’une fois échappé) et les pérégrinations du héros, avec quelques flashbacks savamment déposés. Si on ajoute les noms, complexes car orientaux, des individus croisés, bah la concentration du Tigre est éprouvée à des niveaux rarement atteints.

Au final, il faut reconnaître à l’auteur (servi par une traduction sans défauts il me semble) d’avoir produit quelque chose de plaisant et simple, tout en faisant preuve d’une touchante puissance rencontrée dans certains paragraphes. Sauf que la mayonnaise n’a globalement pas pris dans mon esprit étriqué. Shit happens.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Un thème, en fait : l’amour presque impossible. La jeune femme, avec son compagnon bien plus vieux, constituent un couple à côté de la plaque. Quant à Gimpei, objet réel du roman, le pauvre hère n’a pas eu de relations stables et heureuses. Que ce soit avec sa cousine (souvenirs d’enfance autour du lac avec un chien chasseur de souris) ou une de ses anciennes élève, on comprend rapidement que ça va tourner en eau de boudin. La fin n’aide pas notre héros : si on passe le lâcher de libellules (ai rien compris), la rencontre avec une quarantenaire dans le bar m’a bien marqué, disons que c’est le genre de pages qui laisse un tout dernier sentiment assez bon.

Hélas, Le Tigre n’a pas plus que cela été abasourdi par l’omniprésence de la mort, si ce n’est sur quelques soucis de la part du héros avec d’anciennes petites amies qui prenaient une vilaine tournure indéniablement morbide.

…à rapprocher de :

– De Kawabata, dans les courts textes, Le Tigre a beaucoup mangé : La Danseuse d’Izu (je conseille), Tristesse et Beauté, Le maître ou le tournoi de go (très bon celui-là),…

– Mais le must du must reste Les belles endormies. Point barre.

– A considérer, comme la préface tend à le signaler, que ce titre est une sorte de testament avant le suicide (qui vient quand même deux décennies plus tard) de l’auteur, alors du côté de Mishima, son essai Le soleil et l’acier est bien plus parlant. Dérangeant et sombre.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Boucq - Le manifeste du mâle dominantSous-titre : Les Aventures de Jérôme Moucherot, tome 5. Tant de tigres sur une couverture, comprenez que je ne pouvais laisser passer la chose. Documentaire humoristique sur Moucherot, courtier en assurances dans une jungle pas seulement urbaine, ça fourmille d’ingénieuses idées. Destiné à ceux prêts à supporter le troisième degré. Au moins.

Il était une fois…

Cette BD présente au lecteur le très puissant Jérôme Moucherot, tigre du bengale aussi à l’aise dans la dure vie moderne qu’un poiscaille dans la flotte. Jéjé, c’est le mâle dominant au sommet de la chaîne alimentaire, seul étant capable de marier férocité et fine intelligence au service d’un métier complexe (ou pas). Cet album, documentaire édifiant sur le personnage, est un manuel (il n’est pas d’autres mots) de savoir vivre sur un individu qui par son aura naturelle a fait de la jungle sa chose.

Critique du manifeste du mâle dominant

Conseillé par une vague connaissance de blogueur qui a attiré l’attention du Tigre sur cet illustré spécimen, je n’ai pas attendu longtemps avant de dévorer ces quelques pages. Et il faut avouer que ce n’est pas si mal, même si de logique ou de scénario savamment construit il n’est point. Une sorte de Pascal Brutal du quarantenaire (voire plus).

Rien que le quatrième de couv’ annonce la couleur autodérisoire : on entre dans l’univers d’un personnage qui est incarné par les attributs du tigre (bengale cette fois-ci), mais « ne venez pas vous plaindre après ». Ce qui est bon avec cet auteur, c’est la façon dont il a été capable de sortir des sentiers battus pour offrir une histoire originale et un tantinet déplacée. Car de la manière dont Moucherot a revêtu le costume du tigre à la gestion de sa famille, ça part un peu de toutes parts.

Quant aux illustrations, la couverture annonce un style plutôt eighties, dans la lignée de certaines planches tirées des Échos des savanes. François Boucq maîtrise bien son sujet, entre animaux, individus et surtout architecture, que ce soit la jungle ou l’empreinte humaine (la tanière du tigre, un bel immeuble haussmannien). Sur le vocabulaire employé, le scientisme mâtiné de belles considérations à la Achille Talon (mais en moins compliqué) passent plutôt bien et m’a fait plus d’une fois bêtement pouffer (cf. infra).

Pour conclure, un ouvrage fort sympathique autour d’un exercice de style  sur un thème (le mâle dominant qu’est le félin), le tout étant plutôt réussi. Critique forcément biaisée par l’attirance que je porte à cet animal, on pourra reprocher le prix (près de 15 euros) pour pas grand chose, même si cet opus vieillira correctement.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le majestueux félin qu’est le tigre. Je suis à deux doigts d’envoyer un courrier digne d’un fan boutonneux à Boucq pour avoir aussi bien saisi la psyché de mon avatar. Certaines phrases utilisées, accompagnées de savoureuses illustrations, méritent amplement d’être reproduites :

Voilà un félin comme on n’en fait plus ! L’aristocrate des félidés, une autorité qui impose le respect à tout son écosystème.

Ce statut de mâle dominant, il le doit à une merveille d’équilibre entre une intelligence vive et une animalité féroce qu’il a su domestiquer et intérioriser…

Notre héros est monogame…c’est à dire qu’il ne peut faire ses gammes que sur un seul instrument…

La jungle urbaine. L’air de rien, l’auteur nous livre une pertinente (il faut certes voir loin) analyse de la condition de l’homme moderne dans notre époque. Rapports de force omniprésents (la scène avec le gorille dans le bar réveillera un écho chez chaque lecteur) ; socialiser tant avec ses collègues de bureau qu’avec des individus rarement croisés (l’échangisme inuit particulièrement) ; la femelle du tigre qui s’en sort honorablement lorsqu’elle fait les courses dans un supermarché junglesque ; tentations sexuelles de partout (le tigre est plus que fidèle malgré les appels d’autre animaux en pâmoison), bref ce n’est pas évident pour notre homme heureux en ménage.

Enfin, sur le logement de notre héros, j’y ai cru déceler un léger clin d’oeil non pas à Léonard de Vinci ou à différentes époques (chaque étage correspondant à une strate temporelle), mais aux Monades urbaines d’un Robert Silverberg : plus le pater familias est évolué et digne, plus l’étage où il se trouve est élevé. Naturellement, notre second tigre préféré (le premier étant sur ce blog) est à l’avant-dernier, juste au-dessous Léo Da Vinci qui de temps à autre vient régler quelques soucis.

…à rapprocher de :

– Ce mâle dominant plaît particulièrement au Tigre, qui vous propose d’expliquer pourquoi ce blog est axé autour du noble bestiau.

– Dans ce genre de délires savamment décrits, il y a la Rubrique-à-brac de Gotlib, autant d’émus souvenirs du jeune Tigre.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce court titre sur Amazon ici.

Uli Oesterle - Hector UmbraVO : idem. Oh la belle découverte faite par Le Tigre ! BD aux idées déroutantes et éminemment underground, le lecteur va enquêter aux côtés d’un héros attachant luttant contre de mystérieux être. Histoire bien développée, dessin adéquat : bienvenue à Berlin, où tout n’est que noir, mort et musique. Es lebe Deutschland.

Il était une fois…

Dans le Munich des années 2000 (ou avant ?), Osaka Best est sur le point de devenir la référence des disc jockeys de la ville. En plein live, le jeune d’origine japonaise disparaît en un claquement de doigts. Un de ses amis, Hector Umbra, ne croit pas à une lubie digne d’une insupportable diva. Aussi va-t-il se lancer à sa recherche, enquête troublante qui va le mener aux confins de la mort et de la folie. Clochards dépressifs ; religieux extravagants ; concert géant dans une église ; bar d’un autre monde où il retrouve Joseph, ami d’enfance ; ex petite amie qui revient dans ses bras, Hector s’embarque dans quelque chose d’un peu trop maousse pour lui.

Critique de Hector Umbra

Le premier mot en refermant ce roman graphique (c’est bien plus qu’une BD) est « waow ». En effet, Uli Oesterle est un Allemand très perché, et tour à tour le lecteur rira, aura peur, se posera de belles questions métaphysiques ou encore clignera furieusement des yeux. Car ça ne s’arrête pas, on croit avoir touché le fond et non, l’auteur sort une autre pelle et creuse un peu plus dans les méandres de l’imaginaire.

Le scénario, simple au premier abord (un DJ de génie se fait enlever par des trucs venus d’on ne sait où), se complexifie à mesure que d’autres intrigues se mettent progressivement en place pour un final réjouissant. Le héros, Hector Umbra, est aussi taciturne qu’attachant. Pour ce qui prend dans la gueule au cours du récit, sa forme psychologique reste aussi impressionnante qu’improbable.

Sur le style, il faut noter que malgré 200 pages l’ouvrage est assez dense et ne se lit pas, le popotin sur le trône, en une vingtaine de minutes. Il faut prendre son temps et savourer notamment des illustrations de qualité : ligne claire un peu brouillonne, couleurs sombres et donc à propos mais surtout de belles planches, par exemple  : l’intérieur de logements, bars ou d’un église, les visages des méchants comme des protagonistes (railleurs, malins, paniqués, tout y passe), même la nudité féminine laisse rêveur.

Un titre que Le Tigre recommande chaudement (proportionnellement à l’inverse du froid qui se dégage de l’univers de l’illustrateur/auteur), et vous laissera un légère impression de malaise mâtinée du sentiment d’avoir lu quelque chose de peu commun.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La folie, la mort. Déjà, l’œuvre commence par une femme un poil désaxée qui récite toutes les nuances de noir qu’elle peut connaître. Ambiance… Ensuite, le « plan général » des antagonistes est de rendre dingue toute une génération par le biais du son. Mais comment créer de telles sonorités ? Enfin, et sans spoiler, il faut concéder à Uli une séduisante analyse de ce qui peut rendre quelqu’un fou à lier avec des idées fixes allant jusqu’à la morbidité. Le père du petit Rémy, notamment, offre un exemple dur et touchant de ce qui peut arriver de pire à un esprit humain aux prises avec des démons peu ragoutants.

Les faux-semblants. Quelques protagonistes ont le chic pour bien cacher leur petit jeu. Osaka, grand fornicateur devant l’éternel. Un autre ami d’Hector, qui se tape la grosse concierge incognito. La femme qu’on prend au début pour folle s’avère en fait être la pierre angulaire de la résistance contre ce qui mine la ville bavaroise, en plus de présenter des liens (que le lecteur ne peut soupçonner) intimes avec d’autres individus. Quant aux hommes et femmes d’église à la violence éprouvée, l’objet de leur adoration est plus que surprenant. En sus, un DJ black se révèle être…stop, Le Tigre n’en dira pas plus.

…à rapprocher de :

– En aussi noir et déjanté, j’avais bien aimé Baron samedi de Dog Baker. Plus violent, plus court, plus bête.

– La théorie de la folie qui ressort de ce titre trouverait une fascinante application dans l’édifiant essai de Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau.

– La folie en BD, c’est aussi Lovecraft adapté par Culbard dans At the mountains of madness.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré sur Amazon ici.

William Lashner - Vice de formeVO : Fatal Flaw. Premier titre de Lashner lu par Le Tigre, c’est presque le genre de littérature qui m’a rendu accroc à la lecture. Sombre et mystérieux, style efficace qui vous tient à la gorge et intrigues avec quelques tiroirs savamment placés, on n’est pas loin d’une claque dans le domaine du roman noir.

Il était une fois…

Hailey était une magnifique jeune femme aux très envoûtants charmes. Était, car elle vient d’être assassinée d’une balle dans la tête. Et le suspect idéal n’est rien d’autre que l’homme qui a fait d’Hailey sa maîtresse, quitte à quitter femme et enfants (et carrière dorée) pour elle. Guy Forrest, de son nom, fait alors appel à l’avocat Victor Carl, qui est de surcroît un de ses amis. Il se trouve que ce dernier connaissait également la victime dont le passé semble plus que trouble. Obligé de défendre un client qu’il pense coupable, Victor va dérouler le fil de la vie d’Hailey, jusqu’à une terrible vérité que peu de gens sont prêts à écouter.

Critique de Vice de forme

Polar très bien mené et relativement troublant, Le Tigre a bu du petit lait avec Lashner. 10 ans après, je me souviens de tout. Comment et surtout l’ami de l’avocat fait appel à notre héros (qui n’est pas vraiment neutre dans l’affaire) ; les flashbacks de nos protagonistes quant à la personnalité trouble de Hailey ; la longue enquête sur cette personne qui fait autant froid dans le dos qu’elle est à plaindre ; et le retournement final dans le tribunal qui était assez agréable.

Sur le style, l’écrivain maîtrise les codes de l’univers glauque et sombre des replis de l’âme humaine, entre Hailey femme fatale (cf. infra) et douleur de Victor et Guy pour leur perte. C’est surtout l’aspect « procédure pénale » qui m’a marqué : les instants du procès se lient magnifiquement avec l’enquête principale et offrent des exemples édifiants de contre interrogatoires et autres tactiques oratoires (contre le procureur).

Pour conclure, il faut mieux commencer par cet opus, qui démarre fort et permet de se familiariser avec le héros (cf. second thème). Car Victor Carl est somme toute attachant, la narration à la première personne aidant.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La femme fatale, puisque le titre original y fait référence. Hailey, c’est la petite bombasse que tout mâle normalement constitué se félicite de « posséder » mais source d’intenses frustrations. Indeed, la belle, séductrice en diable, ne se livre jamais. Plus d’un homme a succombé à ses charmes, et la maline en joue. Que peut-elle cacher pour paraître aussi détachée ? Comment un si joli petit lot peut finir une balle dans la tête ? Son portrait sera progressivement dévoilé au fil des chapitres, donnant à la miss le statut de double victime.

Le héros efficace et presque cynique. Mister Carl est un avocat talentueux non dépourvu d’humour. Désabusé par les horreurs qu’il peut rencontrer, notre protagoniste principal sait aussi être maladroit (notamment le choix de ses clients). Jusqu’à commettre quelques erreurs qu’il arrive tout juste à correctement rattraper. La petite dose d’humour de la part du baveux rend l’ouvrage encore plus facile à lire, en effet il est plutôt rare que Le Tigre gobe plus de 600 pages sans broncher.

…à rapprocher de :

– De Lashner, Le Tigre a dévoré toute la petite famille. Dans le désordre le plus complet : Dette de sang, Rage de dentsL’homme marqué, Le baiser du tueur.

– Sheldon Siegel fait encore plus la part belle au déroulement du procès, que ce soit dans Circonstances aggravantes ou Preuves accablantes.

– En plus violent et moins « juridique », vous pourrez prendre un main plaisir à lire les aventures de Joe Kurtz, par Dan Simmons.

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Norman Spinrad - Rêve de ferVO : Iron Dream. Titre original, roman dans le roman, voici ce qu’aurait pu écrire le bon Adolf s’il avait eu la bonne idée d’émigrer aux États-Unis plutôt que faire n’importe quoi en Allemagne. Histoire onirique à l’arrière-goût fasciste, le travail d’imitation de Spinrad est plutôt bon. L’uchronie doublement littéraire, c’est rare.

Il était une fois…

Définitivement dégouté par la défaite de l’Allemagne lors de la Grande Guerre, Hitler émigre aux Etats-Unis après une courte carrière de peintre. Une fois sur place, le monsieur se découvre une vocation d’écrivaillon. En fait de littérature, c’est Le Seigneur du Svastika (son troisième roman), titre de science-fiction qui reçoit un énorme succès. C’est du moins l’uchronie imaginée par Spinrad qui nous propose avant tout la lecture de ce roman écrit par un individu séparé de sa patrie d’origine.

Critique de Rêve de fer

Attention, lecteur plus ou moins ignorant, ce n’est pas un roman comme les autres. Il faut garder à l’esprit que Rêve de fer est un délire assez bien foutu d’un grand auteur de SF qui a pris plaisir à imaginer ce qu’un esprit torturé comme celui du Führer pourrait bien créer dans le domaine littéraire. Pour cela, Spinrad nous présente la courte uchronie d’Hitler et de son environnement (où les Soviétiques ont mainmise sur une grande partie de l’Europe), émigré en Amérique et qui par ses publications a reçu un joli paquet de récompenses dans le monde de la science-fiction.

Quant à l’histoire, nous suivrons un héros bien burné qui répond au doux nom de Féric Jaguar et évoluant dans un monde dégueulasse (retombées de guerre nucléaire obligent) peuplé de mutants. Note héros a quitté son pays envahie par les Doms (dominateurs, forcément le vilain juif) qui asservissent les mutants, et se fait un nom dans sa patrie de cœur, où seuls les purs de race peuvent vivre. Le jeune homme prend du galon, prend la tête du pays, envahit les autres, devient maître du monde, bref c’est le grand délire.

Sur le style, Le Tigre s’est demandé à plusieurs reprises si l’aspect oldschool du texte est plus dû à la date de parution (écrit au début des années 70) qu’à l’exercice de style de l’écrivain qui s’est lâché en vue de rendre compte des lubies du premier des nazis. A mon humble avis, la deuxième solution est à retenir tellement l’œuvre est excessive et caricaturale, tout en offrant au lecteur de quoi se creuser le ciboulot.

Au final, un bon moment de passé avec une histoire principale plutôt courte (300 pages) et qui se lit vite, si on veut bien pardonner les longues scènes de batailles qui reprennent les plus grandes heures de toute propagande militaire. Bouquin à lire au second degré, il n’est pas impossible que ce soit, pour les plus émotifs, un peu écœurant à la longue : les répétitions de thématiques racistes y sont en effet légion.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La mise en abyme. Déjà, Spinrad prend la place d’un éditeur qui nous présente un illustre écrivain, Adolf Hitler, qui a produit ce que la SF ferait de mieux. Biographie de l’auteur, quelques indices sur la géopolitique uchronique de l’univers (les conditions en fait) dans lequel Hitler a écrit, c’est relativement immersif. En outre, si le livre semble avoir tant de succès dans ce monde particulier, c’est également par le sort funeste réservé aux mutants contrôlés par les Dominateurs qui représentent un État qui n’est pas sans rappeler l’URSS. Bref, ce qui plairait à l’Américain des années 70.

Le paradigme nazi, notamment la pureté raciale. Le héros du livre, Herr Jaguar, a tout du parfait soldat aryen : grand, fort, intelligent, bagarreur, exempt de tout vice physique, le beau gosse en quelque sorte. Quant à son évolution, entre prise de pouvoir par la force et élimination des premiers alliés, c’est presque calqué sur la montée du NSDAP. Spinrad va plus loin en imaginant jusqu’où irait l’idée de race parfaite, puisque dans Le Seigneur du Svatiska (titre imaginé par Hitler), des dernières explosions nucléaires de l’ennemi détruisent définitivement la santé de l’Humanité. Pour y remédier, stérilisation générale (les camps ne suffisent plus) puis création de clones envoyés dans l’espace avec de grandes fusées, allégorie à peine cachée de la mâle éjaculation vers d’autres planètes/ovaires.

…à rapprocher de :

– Sur le même thème (uchronie), avec encore Spinrad, vous pourrez vous reporter sur Le Printemps russe (volume 1 et volume 2 en liens). Les soviétiques au pouvoir, décidément… Sinon, Jack Baron et l’éternité était également choquant.

– Encore dans l’uchronie, il y a bien sûr Le Maître du Haut Château, de K. Dick, ou encore La Séparation de Priest.

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Nicci French - Aide-moi...VO : Catch me when I fall (y’a de la vilaine récupération dans l’air). Le Tigre tente encore de se souvenir pourquoi il a acheté ce truc. Le « French » qui annonçait de la qualité ? L’image de couverture qui a éveillé un légitime désir en moi ? Quoiqu’il en soit, ce n’est ni à relire ni à recommander. Une femme qui glisse vers la folie, maladie ou complot ? On s’en fout.

Il était une fois…

Holly est plutôt jeune, belle, intelligente avec un beau métier. Charlie, son mari, une petite crème. Des amis sympas, un avenir professionnel radieux, bref c’est la fête dans sa chaumière…Si ce n’est quelques menus incidents, qui hélas tendent à se multiplier : accès de violence, de jolies merdes au boulot, une ou deux coucheries de femme fatale, Holly étonne ses amis qui se demandent si la demoiselle ne serait pas en train de sérieusement péter une durite. Charlie parle d’internement, mais Meg, sa meilleure amie (à Holly hein), va plus ou moins mener l’enquête.

Critique d’Aide-moi…

Nicci French ? Ce n’est pas une unique personne. Juste un couple d’anglais (journalistes et écrivains) qui n’ont rien d’autre à foutre que d’écrire ensemble des polars pour les rombières anglaises. Et de temps à autre, leurs choses sont publiées dans le Royaume de France. Le Tigre, dont la curiosité le perdra, a voulu tester.

Alors soit ces deux Anglais sont mauvais, soit je suis tombé sur l’ouvrage dont ils ont encore un peu honte. Mais ça m’a calmé question Nicci French. Le scénario est relativement surprenant par la manière dont il est développé : le lecteur va d’abord suivre une Londonienne qui perd tranquillement la boule et se retrouve dans des situations pas possibles. La miss Holly en est presque à nous transmettre sa paranoïa et l’angoisse qui est la sienne. Ensuite, sa meilleure amie (Meg, ça devient lourd ces prénoms sortis d’un comics des années 40) prend rapidement le relai narratif et tâche de savoir ce qu’il en est.

Sur le style, et bah ce n’est pas vraiment glorieux. Assez lourd parfois, descriptions qui n’ont guère parlé au Tigre (qui pourtant sait à quoi ressemble Londres ou sa bourgeoisie). Quant aux protagonistes, c’est fade et à peine vivant. Les liens entre personnages et l’approche psychologique de l’intrigue sont trop faibles pour garder un souvenir de ce roman.

Y’a que le suspense qui incite à terminer le livre. De suspense, je dirai plutôt savoir si les auteurs vont se rattraper sur la fin. Sans spoiler, ce n’est point le cas. Le pire, c’est qu’on atteint presque 350 pages. Alors s’il faut lire Aide-moi…, c’est en étant prêt à déployer le mode « Lecture Rapide » qui est largement bienvenu.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La folie. Ce doit bien être le seul thème que je parviens à retrouver, parce qu’à part un complot un peu léger il n’y a pas grand chose à se mettre sous les canines. La mignonne Holly est saine en apparence. Sauf que ses pertes de mémoire à court terme, des black-outs inquiétants ou une hypersensibilité l’assaillent. En outre, on se demande parfois si y’a pas un double maléfique qui rôde dans la City. Assez flippant puisque ces écarts ne sont pas dénuées de réalisme, et là tout lecteur normalement constitué se demande comment il réagirait de son côté.

…à rapprocher de :

– Pfffiuuu, de Nicci French, à part les nouvelles du recueil Les Morsures du doute, Le Tigre s’est vite arrêté là. Period.

– Les longueurs pour un thriller mettant en scène une femme diabolique, c’est aussi Les Apparences, de Flynn.

– La personne piégée de toute part m’a (rapidement, hein) fait penser au film Switch, de Frédéric Schœndœrffer. Sympathique, sans plus. Je crains bien que Grangé soit derrière le scénario, ce qui expliquerait le rapprochement.

– Pour des romans un peu plus touffus , il reste Carlene Thompson. Par exemple, Ne ferme pas les yeux.

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Les Sutras du TigreNe vous jetez pas sur les commentaires pour pointer du doigt quelques vilaines erreurs de topographie, car c’est justement le sujet de ce révolutionnaire sutra. Révolution, pas moins, car je compte bien faire adopter mon idée dans ma tanière avant de l’étendre dans l’Union européenne.  Après le casual friday, voici venir le casual grammar & orthography day. Ou la JO.

La journée de l’orthographe ?

Moi président de la République, je laisserai le citoyen souiller la langue française ; moi président de la République, j’obligerai la populace à cracher sur la grammaire la plus élémentaire ; moi président de la République, je punirai avec célérité et sévérité toute publication exempte de fautes ; moi président de la République, je pointerai de mon gros doigt tous les acteurs, bons ou mauvais, de notre langue ; moi président de la République, je ferai de l’hexagone, une fois par an, un bordel sans autre nom que le mien. Pour le bien de la langue française. Votez pour moi.

Comment saper l’orthographe ?

Comment faire en sorte qu’en l’espace d’une journée les francophones puissent se lâcher et agir à l’encontre d’années d’enseignements drastiques ? Le Français est paradoxal hélas, lorsqu’on lui interdit quelque chose il prend un malin plaisir à transgresser la règle (surtout si légitime). Mais si on lui permet de faire ce qui était jadis prohibé, et bah il n’a aucune envie de s’y mettre. Un peu comme un fieffé chat qui adore sauter sur la table bouffer du saumon fumé mais qui fait la gueule quand je découpe le truc hors de prix dans sa gamelle en porcelaine de Sèvres.

Le but de cette journée n’est cependant pas de faire comme bon nous semble. Ce serait trop facile. Juste écrire, publier, mettre en ligne, diffuser le quotidien en ne laissant aucun nom commun, verbe ou structure grammaticale intacts. Il ne s’agit pas de rendre le tout illisible, seulement assez de quoi légèrement piquer les yeux sans pour autant devoir lire à voix haute pour comprendre les phrases. De la finesse dans l’incorrection, un semblant d’innocence dans l’inculture orthographique, exit donc langages sms et autres dégueulasseries lolcats.

Pour cela, la puissance étatique pourra largement entrer dans le jeu et même, financièrement, y trouver son compte. 10 euros de prélèvement par mot correctement publié par les journaux lors de la JO, 1 euro pour les publications sur le net à but lucratif (dont ce blog ne fait point partie), le tout agrémenté d’un coefficient prenant en compte l’audimat et le passif du papelard. Ne pas demander au Dauphiné libéré (le Canard l’épingle souvent) la même implication qu’à la NRF me paraît juste.

Même topo pour la télévision, il y a de quoi récupérer 1.000 journées de redevance en 24h. Le Tigre veut entendre des absurdités linguistiques sur chaque chaîne. Lolo Ferrari qui accorde son subjonctif à l’imparfait, Stéphane Bern qui sort encore un mot improbable mais néanmoins strictement correct, à l’amende ! Proportionnellement à leurs illégitimes rémunérations, pour faire bonne figure. Quant aux films et séries de la soirée, chercher les sous-titres dans les forums de la jeunesse devrait suffire.

En outre, au-delà des médias, ce sont les figures notoires de l’orthographe qui devront être célébrées ou honnies. Applaudissements nourris de l’élève ayant les plus mauvaises notes en dictée, ses camarades devant aussi lui offrir des cadeaux. Nulle discrimination ou foutage de gueule, uniquement offrir un inédit instant de grâce à l’individu irrémédiablement fâché avec le français. A contrario, il conviendra de mettre à l’index d’illustres personnages sévissant dans l’univers très fermé de la langue française : fermeture temporaire de l’Académie Française, assignation de Bernard Pivot à résidence ou encore walk of shame des professeurs de français. On à qu’à leur dire que c’est une manifestation, le dépaysement sera moindre (gratuit, je m’en excuse).

Les symboles, vous le remarquez, sont d’une importance vitale. Aussi il conviendrait de contraindre tous les autres supports à rejoindre les rangs : les panneaux sur les autoroutes pourront avoir un côté face, avec le nom des villes écorché à un point à peine atteint par la secrétaire de votre dentiste lorsqu’elle épelle votre nom. Les publicités, en plus d’être irrémédiablement débiles, devront faire montre de crétinerie supplémentaire vis-à-vis de l’orthographe. Idem pour toute correspondance personnelle. A ce titre, Le Tigre paiera de sa poche quelques hackers pour modifier, le temps d’une journée, la correction automatique de vos mobiles et ordinateurs…

Pourquoi obliger les gens à mal écrire ?

Il est temps d’être un peu plus sérieux. Pourquoi tant de haine en effet, et que retirer de concret de cette JO qui déboussolera le bon peuple ? Le Tigre trilogue avec aisance, voici donc mes trois raisons :

Tout d’abord, ce jour d’intenses débauches littéraires sera une excuse supplémentaire pour violemment châtier tout individu ou organisation qui s’égarera vis-à-vis de notre belle mais complexe langue. Il y a fort à parier, en sus, qu’après 24h de mots et expressions torturés, le citoyen prenne la mesure de la légitimité de la protection de l’orthographe. Et oui, s’il vous arrive d’avoir mal à la tête après avoir déchiffré la carte de vacances du vague dernier neveu qui a appris à gribouiller, imaginez le désastre après la JO.

Transformer un parterre de bons concitoyens en un groupe terroriste orthographique, voilà qui peut motiver les individus à s’appliquer un peu plus. Grâce à cette proposition, la concentration du Français moyen qui écrit chaque jour sera mille fois plus élevée que le plus stakhanoviste soudeur japonais sur un chantier de Shikoku. De même, la JO contribuera à créer, de manière fort keynésienne, tout un tas d’emplois à l’utilité éprouvée (correcteurs, reliseurs, contrôleurs orthographiques d’un jour,…).

Ensuite, la Journée de l’Orthographe (je l’écris bien pour les moteurs de recherche) sera l’opportunité de se livrer à la créativité la plus effrénée sur le français. A se creuser les méninges à inventer des solutions pour déchiqueter chaque mot, et ce à l’encontre de réflexes les plus ancrés dans votre inconscient, je ne vois rien de mieux comme illustration du modèle « thinking out the box ». Or le boulot doit rester intelligible, comme je l’ai déjà expliqué, aussi il convient d’avoir une puissance de création d’un croiseur sans sombrer dans le n’importe quoi à l’instar du Titanic. Voilà qui est éminemment délicat.

A titre de métaphore, prenons le gus un peu niais confronté au casual friday. Il porte un costard tous les jours, les choix sont plutôt simples : costume noir ou bleu marine ? Chemise claire ou sombre ? Cravate à pois ou à rayures ? chaussettes noires ou noires ? Mais dès qu’il a l’obligation sociétale de ne plus le mettre dans le cadre très particulier du travail, notre pauvre ami va rester planter devant son armoire aussi longtemps qu’une midinette avant son premier rancard amoureux. A force, il saura se vêtir de façon classieuse mais simple.

Enfin, il ne sera pas impossible qu’au cours de cette bordélique journée de nouvelles règles émergent, l’air de rien. Et oui, à force de mal écrire un mot ou deux, peut-être les lecteurs s’apercevront que l’orthographe correcte n’est pas si logique que cela et qu’il serait souhaitable de la changer au profit d’une « invention » de nos contemporains. Les accents placés au petit bonheur la chance (, évènement, télescope) ou les lettres planquées comme autant de snipers (abscons, annihiler, les pluriels en x ou pas,…), on a parfois envie de prononcer le mot de Cambronne et écrire comme ça se parle.

Comme la langue est un procédé vivant, donc évolutif, si à partir d’un certain point la majorité préfère coucher sur papier/ordinateur un mot comme bon lui semble, alors la JO est le moyen le plus sûr pour le faire savoir. Au milieu de toutes ses fautes, quelque chose qui au premier abord n’en semble pas une est signe d’acceptation, par la société, de cette nouvelle orthographe. Par « société », Le Tigre ne parle pas des quarante immortels qui ont un pied dans la tombe et écrivent avec l’autre. A chaque décade, un point pourra alors être fait et de nouvelles règles admises.

Konclhuzion

Voilà, j’espère fort que ce Sutra rencontrera un léger écho parmi les plus hautes instances intellectuelles de la planète, voire servira de base à un renflouement massif du budget de l’État. Certes des défauts existent, mais pour moins de 1.500 mots j’ai décidé de laisser les briseurs de rêves de côté.

Conformément au numéro du Sutra (#14), Le Tigre va jusqu’à proposer une date à la JO : le 14 septembre. Pourquoi ? Déjà c’est l’anniversaire du noble animal. Surtout, c’est la fête de la Sainte-Croix, la même que celle qui est inscrite en bordure de pages lorsque vous écriviez une énième connerie dans votre dictée. Je ne laisse rien au hasard.

Collectif - Batman : Knightfall Tome 3Sous-titre : La croisade. VO : Knightquest : The Crusade. Tiré des comics strips Batman #501-504, Detective Comics #667-673, Batman: Shadow of the Bat #19-23 et Catwoman #6-7. Je crois que c’est tout. Troisième opus qui prend des airs de pot-pourri, heureusement que les dernières planches rattrapent l’ensemble.

Il était une fois…

Bruce Wayne a toujours mal au dos (entendez, il peut pas faire plus de trois pas sans souffrir malgré sa canne) tandis que le Batman/Valley inquiète par ses méthodes expéditives. C’est le moment où Catwoman, mais surtout le Joker, entendent se faire plaisir et foutre un joyeux bordel dans Gotham. Parallèlement, Bruce va séjourner avec Alfred à Londres pour sauver la belle Dr Kinsolving et le malheureux Jack Drake, fils de Robin qui est refusé en tant que partenaire du Bat V2.

Critique du troisième tome de Knightfall

Le Tigre a depuis longtemps renoncé à parler des auteurs, ayant parfois l’impression de lire le bottin mondain. Toutefois, il faut sans doute noter la Mary Jo Duffy qui est créditée dans la couverture. Sinon, le dessin comme le suivi du scénario sont relativement homogènes, aucune discordance ne saute réellement aux yeux.

Dans ce troisième pavé (450 pages quand même), le lecteur aura le plaisir de voir Jean-Paul Valley faire de la merde dans les grandes largeurs et Bruce, diminué, mener sa petite enquête dans son coin. Le parallèle sous-jacent entre les méthodes des deux hommes est un point intéressant, car au niveau des péripéties du nouveau chevalier (très) noir ça part décidément dans tous les sens.

En effet, je n’ai jamais autant vu de petites intrigues : ça commence par un vilain truc qui m’a paru être un mélange un poil cheap entre le Joker et l’épouvantail ; quelques cowboys à la gâchette facile ; Mister Freeze qui passe dire coucou ; Catwoman qui reste perplexe face au Bat ; un Robin des bois moderne en plein cottage anglais ; mais surtout le Joker qui décide de tourner un film dans lequel l’homme chauve-souris est censé mourir. Ésotérisme enfin, avec le docteur en otage qui possède un don bien sympathique. Et j’en oublie !

C’est plutôt sympa à suivre, cependant certains lecteurs pourront trouver le tout un peu longuet et rébarbatif. Surtout que le dessin général ne brille pas par sa « modernité », les standards du Tigre se rapprochant plus de l’illustration assistée par ordinateur. Toutefois, les visages des protagonistes sont, dans les gros plans, d’une qualité remarquable. Et le final se termine en un presque insupportable cliffhanger.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le cas Jean-Paul Valley. De pire en pire l’archange de Saint-Dumas. Armure surperformante, batmobile sur rails, vive la technologie triomphante. Par réaction, un ennemi à vaincre sera une sorte de tueur comme celui dans Star-Wars. Se prenant pour le maître de Gotham et envahi par les visions de St Dudu en personne (d’où le titre), Jipé est à deux griffes de tuer. Et ça commence à sérieusement emmerder la police. Les différences d’avec Batman V1 deviennent si flagrante que Batwoman (il n’est pas du tout insensible à ses charmes) ou le Joker devinent que l’homme n’est plus le même.

Bruce Wayne sans le costume. C’est là que Le Tigre s’est régalé, avec des planches sur la quête d’un homme blessé qui fait avec les moyens du bord. Aidé de son majordome et d’un justicier providentiel, j’ai bien aimé voir Brucie échafauder plans et déguisements, se battre comme un gentleman avec une canne de vieillard tout en laissant ses sentiments vis-à-vis du docteur pleinement s’exprimer. Le bon air de la campagne, par rapport à Gotham où un fou furieux sévit.

Pour finir, Le Tigre vient de faire une avancée significative dans la lecture de Knightfall : on peut zapper des pages entières ! Si on s’en tient à la publication originale des States, il appert que des scénarios sont globalement indépendants les uns des autres, les références aux affaires passées du héros et ses alliés (Gordon, Montoya,…) sont relativement faibles. Le plus important est de suivre l’évolution de Wayne, et, dans une moindre mesure, de son ersatz qui devient aussi blindé que RoboCop.

…à rapprocher de :

– Accrochez-vous, la saga fait mal au porte-monnaie : d’abord La Chute, ensuite Le Défi, puis le présent opus, suivi de La Quête pour se terminer avec La Fin (logique).

– Catwoman déçue par Batman, pas étonnant quand on voit les cochonneries qu’ils ont pu faire dans le premier tome de Catwoman : la règle du jeu.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Pierre Bordage - Porteurs d'âmesIl n’y a pas que les Anglo-saxons dans l’anticipation sociale dans la vie, de temps à autre un Français sort du joli lot. Et quelle leçon de lecture ! A partir d’une idée plutôt écoulée mais finement abordée, Bordage nous fait plaisir avec trois histoires en apparence indépendantes. Bon sans être renversant, à lire pour les curieux.

Il était une fois…

Léonie, jeune libérienne débarquée sur le territoire français, fait office d’esclave (séquestration, prostitution) et parvient à s’enfuir la vingtaine venue. Sans papiers et dans le dénouement le plus total, elle répondra à une annonce d’un institut médical pour tester un mystérieux produit, moyennant finances… Le fringuant Cyrian, qui vient d’intégrer une célèbre école de commerce, voit se proposer une expérience tout à fait inédite : tranférer son âme dans un autre corps… Quant à Edmé, flic de la brigade criminelle, son équipe dégotte un terrible charnier dans la banlieue parisienne… Quels rapports auront nos trois héros par rapport au principe du « portage d’âmes » ?

Critique de Porteurs d’âmes

Bon petit roman de SF à la française, voilà ce qui viendrait à l’esprit si on demande au Tigre. Sauf que de science-fiction il n’est point, à part la possibilité scientifique d’occuper pendant un certain temps le corps d’une tierce personne. Le reste, c’est plutôt une fable sombre qui se déroule dans un monde sans pitié.

Les trois scénarios qui se déroulent en parallèle sont relativement prenants et les rapports entre les protagonistes apparaissent peu à peu, jusqu’à une unité narrative et une fin fort décevante (pas de scandaleuse surprise) hélas. Sur ces histoires, Le Tigre a préféré celle de Cyrian, jeune de la haute un tantinet désabusé et à la recherche du grand frisson. Si les pérégrinations de Léonie sont vivantes et parfois dures, la partie avec le policier ne m’a pas paru si pertinente (et intéressante) que cela.

Sur le style, bah c’est du Bordage : le monsieur prend le temps de nous présenter tous ses petits héros, leur environnement et leurs pensées afin qu’on puisse suivre leur évolution au fil des épreuves. Chapitres pas excessivement longs heureusement, Le Tigre avoue avoir lu en un temps très correct ces presque 450 pages. Bon signe donc.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Je ne vais point parler de la façon dont on « porte une âme », l’angle sous lequel Pierre B. a traité ce sujet porte sur les changements de point de vue de certaines personnes qui vont forcément gagner en empathie.

Ce qui est redondant chez cet écrivain est la description violente, voire déprimante de la société du futur proche. Domination et rapports de force, voilà le monde de demain. Le pouvoir semble être tenu par une minorité (les 1% ?) aux ressources et possibilités presque infinies. Au sein des plus modestes, la dure loi de la rue, entre forces de l’ordre et petits escrocs, m’a fait penser à certains passages de la Saga des ombres, de Scott Card. Chez les plus riches, c’est également la fête : l’intégration dans la société secrète, par exemple, n’est effective qu’après avoir accompli un acte ignoble (laisser sa petite amie se faire sauter, violer en fait, par d’autres).

Face à ces glauques descriptions, le message de Bordage (comme dans la saga Wang) s’illustre encore plus par son humanisme et sa générosité (loin de la naïveté). Tout cela grâce à deux personnages qui vont se connaître intimement. Et je ne parle pas de galipettes en apesanteur. Juste un jeune garçon qui va, grâce à ses entrées dans le beau monde, connaître paradoxalement l’envers du décor. Ce qui s’annonce comme un jeu, une expérimentation va se transformer en thriller haletant à l’issue duquel nos héros ne seront plus jamais les mêmes.

…à rapprocher de :

– De Bordage, Le Tigre a adoré Wang ou Abzalon.

– Sur le principe de prendre possession, la SF regorge d’exemples : la série des Carbone de Richard Morgan ou encore la technologie de quelques factions chez Alastair Reynolds, notamment L’espace de la révélation.

– Sur le thème de l’immigration, quelques histoires présentes dans Tea-Bag de Mankell sont aussi sombres que celle de l’héroïne du présent billet.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Philippe Claudel - La petite fille de Monsieur LinhConseillé par un représentant de la gent féminine, Le Tigre savait plus ou moins à quoi s’attendre d’après le quatrième de couv’. D’une rare simplicité et susceptible d’arracher un larmichette chez les plus émotifs lecteurs, ce livre sans prétention se laisse lire mais n’a pas laissé de marque indélébile dans mon esprit.

Il était une fois…

Monsieur Linh est un vieil homme qui débarque en France. Avec pour seuls bagages une petite valise et un nouveau-né. Ayant fui un pays où il a vu trop de gents passer de vie à trépas, Monsieur Linh arrive dans un pays dont il ne connaît pas la langue, et passe de nombreuses heures sur un banc, portant sa petite fille. Un homme qui lui ressemble par certains aspects tentera d’amorcer un dialogue, créant une amitié naissante plutôt émouvante.

Critique de La petite fille de Monsieur Linh

Le Tigre est (encore une fois) un peu emmerdé sur les bords, parce qu’en refermant ce petit livre j’étais loin d’avoir le même avis que mes proches. Le tout est certes mignon, bien écrit et d’une belle tristesse, mais l’adjectif premier qui m’était venu à l’esprit est « ennuyeux ».

L’ennui, en effet, de lire presque 200 pages (chapitres plutôt longs en fait) avec le même style précis, fait de petites phrases et de menues répétitions. La frustration de saisir que l’écrivain travaille pas mal de cordes sensibles sans jamais franchir la limite du mélodramatique d’un roman de gare. Déception par rapport à l’évolution des protagonistes qui prend un certain temps, même si la fin a réveillé (pour ne pas dire soufflé) Le Tigre.

Le scénario reste original, avec deux réfugiés (dont le héros, le fameux Linh) aux cœurs brisés qui, sans parler la même langue, vont réussir à s’entendre et créer des liens d’une force inouïe. Philippe Claudel est un bon, car il a réussi à pondre une histoire que j’estime universelle par la simplicité de son texte : atemporel, aucune référence à des lieux ou à des pays (le Cambodge ou le Viet-Nam restent tentant), décors minimalistes, bref tout se passe dans la tête.

En conclusion, un roman émouvant, pas punchy pour un sou mais qui éveillera l’imagination du lecteur qui complétera le flou artistique. Quant au dernier chapitre, il faut avouer une chute qui apporte sa dose de surprise et de pessimisme (du moins à mon sens).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le déracinement et la folie. Les souvenirs de Monsieur Linh sont plus que douloureux et correspondent à des horreurs que la génération du Tigre peine à imaginer. Vieil homme sans attaches et obnubilé (à juste titre) par la petite fille qu’il serre contre son sein, le héros est confronté à la solitude et aux menues difficultés d’intégration que son état tend à empirer. Sans doute est-ce trop pour un seul individu qui malgré son calme apparent est bien plus complexe qu’on ne peut le supposer.

L’amitié. Là où Le Tigre a cru voir un léger suspense me donnant envie d’avaler les chapitres (sans mâcher hélas), c’est dans la relation entre Linh et monsieur Bark, sorte d’alter-ego (mais aussi d’antinomie parfois) du premier. Bark est aussi un « sac à traumas », et en dépit de la barrière de la langue une connivence certaine s’installe entre les deux hommes. Et il faut concéder à l’écrivain d’avoir géré cet aspect de façon plus que touchante. « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », pour paraphraser le bon Montaigne.

…à rapprocher de :

– De Claudel, L’Enquête est encore plus abscons : noms communs à la place des individus, histoire glauque et peu aisée à saisir, etc.

– Dans le style court et émouvant, Le Tigre s’est déjà fait piéger par Oscar et la Dame rose de Schmitt par exemple.

– Ach, la guerre, terrible chose, notamment les traumatismes du soldat. Joe R. Lansdale en parle bien dans Vierge de cuir. Attention, c’est un polar.

– Pays indéterminé, anonymisation des personnages et des villes, histoire dure et belle sur le déracinement, Le Tigre se souvient aussi de La trilogie des jumeaux de Kristof.

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Nick Tosches - TrinitésVO : Trinities. Ouvrage exigent et à qui il ne semble rien manquer, voilà de quoi s’instruire tout en s’amusant. Le monde underground américain comme on le découvre rarement, il y a de l’action et de la grosse description. Hélas Le Tigre n’a pu terminer ce long polar malgré ses fourmillantes qualités.

Il était une fois…

De la fin des années 80 au début des nineties, le crime organisé aux États-Unis connaît quelques bouleversements. D’un côté, la mafia sicilienne implantée depuis de nombreuses années au pays de l’Oncle Sam, avec sa nouvelle génération de jeunes tout fougueux. De l’autre, les triades asiatiques maîtresses du trafic d’héroïne dans ce bas monde, et désireuses d’exercer plus d’influences de l’autre côté du Pacifique. Mais entre les deux organisations, l’heure n’est pas aux accolades. Si en plus les luttes entre familles d’un même camp font rage…

Critique de Trinités

Trinités, j’ai cru saisir une délicate référence aux Triades, qui sont un peu à la Chine ce que la mafia est à la Sicile. Nick n’est pas un écrivain comme les autres, toutefois sur ce titre qui dépasse les 600 pages je me suis lâchement arrêté vers la moitié. Pensant avoir fait le tour de la question à ce moment, le reste me semblait moins intéressant (je supputais en outre une fin décevante, peut-être je me trompe).

Très long comme titre, mais pour 300 pages je caresse l’espoir d’être capable de pondre une critique pas trop scandaleuse (qui aide ou fait rire, j’entends). Sur le scénario, l’intrigue générale est l’envie de la mafia italo-américaine d’élargir son champ d’action et se mettre franchement à vendre de l’héro. Pour cela, des accords avec des fournisseurs asiatiques semblent nécessaires, la confiance n’étant pas de mise. En outre, les crises internes de nos bouffeurs de pizza complexifient passablement le tableau général.

Sur le style, ne vous attendez à ni un rythme sec ni à de l’humour (voire cynisme) à tous les coins. Parce que Tosches est avant tout un érudit qui s’est documenté comme un boutonneux thésard. En sus, les dialogues, immersifs, renforcent les descriptions de l’environnement de nos anti héros. Si l’impression générale du roman est celle d’un quasi essai, le nombre de protagonistes et leurs discussions (stratégie générale, tactique, diplomatie à l’occasion) peuvent en rebuter plus d’un.

Pour conclure, un livre que je gagnerai sûrement à relire en son entier. Un jour peut-être. Demain n’est pas un jour pour l’instant.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les guerres entre les grands groupes criminels. Si la mafia s’acoquine ainsi avec les Asiatiques, c’est que la « French connection » a piteusement coulé. L’approvisionnement entre Palerme et New-York étant plus que délicat, faire appel aux Triades relève plus de principes économiques rationnels que de liens d’affinités. Or l’émotionnel prend souvent le dessus, l’ignorance (et une pointe de racisme) aidant. La guerre vue des deux côtés est saisissante (pour le peu que j’ai lu), bien que le lecteur ne pataugera pas tout de suite dans le jus d’humains

Les « anciens » et les « nouveaux ». Au début du pavé nous découvrons toute une foultitude d’individus d’âges différents. Si les plus vieux ont une attache particulière à la Sicile, les bambinos semblent pleinement intégrés dans le moule américain. Pour ces derniers, les questions d’honneur ou d’utilisation de la violence m’ont paru se poser différemment, jusqu’à provoquer des actes que les autorités qualifient volontiers de « terroristes ». Même si ces différences ne sont pas vraiment à l’origine des conflits internes, le paradigme considéré pour assoir son pouvoir est nettement plus violent qu’auparavant.

…à rapprocher de :

– Si Nick Tosches a tant marqué Le Tigre, c’est qu’il fait une courte apparition dans une « docu-BD » de très bonne facture contant l’histoire du pool antimafia de Palerme. Superbe, par Giffone, Longo et Parodi. Trois hommes courageux.

– Sur les mafias qui font des leurs, il y a quelques Lansdale comme Vanilla Ride ou L’hiver de Frankie Machine de Winslow. Surtout ce dernier.

– Le thème de l’alliance entre ces groupes criminels se retrouve rapidement dans Permis de tuer, énième James Bond avec le très bon (et trop rare) Timothy Dalton. Et un méchant qui fait peur, en plus du jeune (à l’époque) Benicio del Toro.

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Bruce Morgan - L'institutriceSous-titre : Les instincts pervers, tome 1. Band(ant)e dessinée plutôt longue et au dessin relativement correct, pour une fois l’image de couverture donne envie de poursuivre dans ce stupre littéraire. Une jeune prof’ qui se découvre une nymphomanie qu’à peine quelques douloureuses expériences ne réduira, Le Tigre y a quand même vu de l’art.

Il était une fois…

Valérie est une jeune institutrice (petite vingtaine, petits seins, miam) qui prend son nouveau poste dans un petit village dans les Pyrénées. Elle tombe sur Alain Gérard, acteur célèbre (qui n’a rien à voir avec un certain Russe) dont elle tombe amoureuse. Le monsieur est pervers sur les bords et l’entraîne vers de nouvelles expériences auxquelles elle prend progressivement plaisir. Jusqu’où va aller notre belle amie ?

Critique de L’institutrice

Brucie, c’est un auteur français dont Le Tigre sait très peu de choses au final. Seulement qu’il lui arrive de se faire plaisir en publiant ici et là, notamment une série dont voici le premier opus.

Sur le fond, l’histoire est correctement dense, avec ce qu’il faut de rebondissements pour passer un bon moment. Car si Valérie commence par de menues séances de sexe d’un classicisme tout relatif (sodomie, saphisme, un petit plan à trois), la suite la met en scène avec une pétée de mâles rutilants qui n’attendent que de la sauter. Morgan réussit à faire monter la pression tranquillement, et les étapes vers le septième ciel (ou l’enfer, c’est selon) viennent de manière logique.

Quant à la forme, le terme qui vient à l’esprit du Tigre est « moyen ». Pas dégueulasse, non. Mais pas transcendant non plus. La ligne y est plus claire et léchée qu’un Ardem, hélas on n’atteint pas la qualité d’un Boccère. Toutefois, l’illustrateur fait dans l’original en présentant une nudité « normale », à savoir des poils pubiens plus que présents et une poitrine qui n’a rien à voir avec celles d’actrices du X.

Pour les dialogues, l’idée d’imaginer une correspondance entre la protagoniste principal et l’éditeur qui reçoit ses confidences est un fin clin d’oeil aux courriers des lectrices de certains magazines. En conclusion, un ouvrage assez bien foutu qui donnerait presque envie de se procurer la suite. Un jour, peut-être…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La jeune ingénue qui multiplie les partenaires. Valérie, avec ses rondes lunettes et son corps menu, n’envoie pas plus de rêve que cela même si Le Tigre a trouvé son regard envoûtant. Follement (pour ne pas dire connement) amoureuse d’un célèbre artiste, celui-ci va provoquer une sorte de déclic sensuel en elle. Même après s’être cassée de sa misérable bourgade (l’ambiance y était quelque peu délétère), ses envies la rattrape rapidement et Val se met dans des situations inconfortables. Sur la fin, après un gang-bang sordide qui se termine mal, notre héroïne s’apprête à rejoindre un maître sadique en pleine campagne. A suivre donc…

Le machisme ordinaire. A part quelques exceptions (le jeune premier niais sur les bords, les pompiers respectueux de la femme), Bruce Morgan nous décrit des hommes souvent abjects et à la moralité douteuse. Adeptes de la « femme-objet », le respect envers Valérie laisse profondément à désirer. Un des protagonistes, l’acteur, avec le maire au passage, sont loin d’être réglo. Ce sont surtout les derniers individus rencontrés qui tiennent une sévère couche, notamment le leader de la sauterie qui vole les affaires de la jeune femme en lui disant quelques chose du genre : j’ai une fille de 21 ans. Si elle faisait le dixième de ce que tu nous as fait, je la tuerai de mes propres mains. Cruel paradoxe du « toutes des salopes sauf ma mère, ma femme et ma fille ».

…à rapprocher de :

– Ardem et ses Vidéos privées (suivi de Tournage amateur) est nettement moins bien.

– La domination qui vire à avilissement, c’est Degenerate Housewives, de Rebecca (plus axé lesbos…)

– Si le porno vous rebute, il reste Manara : Le parfum de l’invisible ou le très connu Déclic.

– Si vous voulez d’autres confessions mais en moins hard, y’a Parris Quinn qui pourrait faire l’affaire (Ombre et lumière, tome 6 sur le blog).

Enfin, si votre librairie est fermée ou que ce truc porno n’est pas le genre de la maison, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.