Batya Gour - Meurtre à l'universitéVO : לינה משותפת (des caractères hébraïques sur mon blog, joie !). Sous-titre : une enquête du commissaire Michaël Ohayon. Premier polar israélien travaillé par les bons soins du Tigre, c’est un genre particulier et plaisant. Quelques longueurs certes, mais le tout est profondément philosophique en plus d’être empreint d’une savante tragédie.

Il était une fois…

L’université de Jérusalem est en proie à un certain désarroi. Durant le même week-end, Ido Doudaï (étudiant chargé de cours) est mort asphyxié lors d’une séance de plongée, tandis que le grand poète Shaül Tirosh (adulé par Doudaï au passage) est salement assassiné (disons qu’il est méconnaissable). Le commissaire Ohayon, qui a longtemps étudié la littérature hébraïque, saura-t-il démêlé le nœud de l’intrigue et découvrir, outre le(s) meurtrier(s), les mobiles de ces actes ?

Critique de Meurtre à l’université

J’ai été agréablement surpris par ce roman policier qui m’a transporté dans un pays relativement méconnu avec des gens cultivés balançant leurs références comme des confettis. Le commissaire qui mène son enquête est également un érudit (il navigue en eaux connues si je puis dire), et à partir de deux crimes il va détricoter la vie des victimes, de leurs proches, jusqu’à une vérité qui n’arrange personne.

Ce qui est plus qu’instructif avec ce roman, c’est la manière dont Gour nous immerge dans un décor que Le Tigre ne connaissait pas : l’aspect sociétal de ce petit pays, entre les différentes mouvances politiques et son histoire labyrinthique. En outre, la société israélienne est globalement représentée, par exemple un tel qui vient d’Europe orientale, le héros du Maghreb, ou d’autres nés sur place. Le narrateur, fin observateur, permettra au lecteur d’en apprendre plus sur ce complexe endroit.

Hélas, le lecteur impatient qui s’attendait à dévorer un thriller pourra trouver le temps long, ces grosses 400 pages contiennent une proportion non négligeables de descriptions et dialogues savants. Pour ma part, si cela affirme encore plus le réalisme de l’œuvre, j’avoue avoir parfois montré quelques inquiétants signes de lassitude. Rien de bien méchant, si vous souhaitez être dépaysé n’hésitez pas à découvrir cet auteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

J’ai choisi de me concentrer sur deux aspects qui renvoient à la traduction anglaise du titre que je trouve plus pertinente. En effet, la version anglo-saxonne est Literary murder, plus précis qu’un simple meurtre à l’université considérant les métiers de la plupart des protagonistes. De l’université, nous verrons notamment comment une sommité dans son domaine (la poésie) parvient à être la star du campus et avoir sa jolie cohorte de fans.

L’auteur fait ainsi la part belle à la littérature, en particulier la poésie dans un univers universitaire. Quoi de plus normal, Batya Gour ayant étudié dans l’université de Jérusalem, à l’instar du héros commissaire. Ce dernier est un cas à part dans la police puisqu’il a une connaissance extensive tant en matière littéraire que philosophique (à propos de quoi ses collègues n’hésitent pas à le charrier). Du coup, certains interrogatoires menés par Ohayon prennent des tournures de discussions philosophiques autour de sujets divers (la mémoire, le bien et le mal, le meurtre). Et le commissaire arrive à tenir la dragée haute aux intellectuels, ce qui en fait un interlocuteur de qualité (tant pour les interrogés que les lecteurs).

Rien d’étonnant donc à ce que le dénouement de l’intrigue ait une forte saveur littéraire. [Attention SPOIL] C’est là que c’est marrant, parce qu’en tentant de me souvenir de ce livre la fin m’est apparue comme par magie. Il s’avère qu’une des victime s’est honteusement approprié (pire que du plagiait) des textes de poésie d’un juif tué par les nazis. Et lorsqu’un individu découvre l’énorme pot aux roses, des têtes doivent tomber. La tromperie ultime, celle qui en sus insulte la mémoire d’une victime de la Shoah, si ce n’est pas de la tragédie… [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– Batya Gour est spécialiste du polar dans un environnement particulier israélien, jugez plutôt avec d’autres titres de cette écrivaine : Meurtre au kibboutz ou Meurtre au philharmonique.

– En parlant de dialogues savants au Proche-Orient, mais cette fois-ci avec l’antagonisme « juif intégriste / islamiste forcené », je vous conseille de jetez un œil au titre Les enfants d’Abraham, de Littell (le père, pas le fiston).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

Snyder & Capullo - Batman : la cour des hiboux 2VO : Night of the Owls. Après un premier tome qui finit en apothéose, Le Tigre s’attendait à quelque chose qui devait déplacer des montagnes. Hélas ce dernier tome est une légère déception : déjà l’histoire principale n’occupe que la moitié du comics, ensuite ce qui reste n’a pas la même finesse au niveau du trait. J’ai connu pire.

Il était une fois

Ça y est, la Cour des Hiboux se révèle progressivement et promet à Gotham une nuit de violence comme celle-ci n’en a jamais connu. Les Ergots (les individus morts-vivants aux costumes bizarres) s’envolent de partout pour assassiner les personnalités de Gotham dont le candidat au poste de maire (Lincoln March)…et Bruce Wayne. Batman résistera-t-il à l’envahisseur ? Qui dirige cette mystérieuse Cour ? Dans quelle mesure la famille Wayne est-elle responsable de ce foutoir ?

Critique du second tome de Batman : La Cour Des Hiboux

La fin du premier tome avait rendu Le Tigre furieux : le père Snyder m’avait laissé avec un suspense indécent qui m’avait fait regretter la lecture, et entre les deux tomes des mois étaient à prévoir. Je n’ai donc pas attendu longtemps avant de l’acheter, j’avoue même l’avoir commencé dans la librairie directement.

Hélas la suite se poursuit sur à peine 100 pages, le reste étant quelques scénarios ayant un lien plus ou moins direct avec l’histoire principale. Si le trait de Greg Capullo est plutôt bon (voire meilleur que dans le premier opus), l’illustrateur n’a pas daigné apposer sa patte sur la seconde partie du bouquin. Et cela se ressent : tantôt cela fait moins « net » mais le résultat reste joli, tantôt on jurerait lire un manga en couleur (dessin de Becky).

Une fin satisfaisante avec quelques belles révélations qui relancent le mythe du personnage (cf. thème spoilant), toutefois quelque chose reste au travers de la gorge du Tigre : La Cour des hiboux aurait du sortir en un gros tome de 250-300 pages, puis présenter un autre album « spin-off » avec le reste pour meubler. Marketing oblige, quelle plaie parfois.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La solitude du Batman. A part Alfred (et dans une moindre mesure Nightwing et Robin), j’ai senti notre héros terriblement seul dans cette quête dans ce que Gotham peut abriter de plus sombre. Dans un épisode qui suit, on a un bel exemple des raisons du retrait du Bat lorsqu’une jeune électricienne talentueuse découvre certaines choses dans les sous-sols de la ville. Pensant aider son héros, elle se fait gentiment rembarrer par le Bat. Enfin, dans la dernière histoire, on est également confronté à l’extrême solitude d’un homme, le docteur Fries, en plus de ses lubies (illégitimes si vous allez jusqu’à la fin de ces planches). Ce dernier est bien sûr le futur super vilain Freeze.

Les secrets de famille. Je vous avais déjà, dans Pièges et Trapèzes avec Nightwing, expliqué les cachoteries du cirque Haly (dont est issu Drake) concernant les Ergots. Dans La chute de la maison Wayne (comics qui tourne autour de La nuit des hiboux), le lecteur aura le plaisir d’en savoir plus sur Alfred et notamment son père qui a déjà eu à faire avec ces inattendus vilains. De même, Le Tigre a découvert la jeunesse de Mister Freeze, faite de drames et petits meurtres en famille assez choquants.

La dualité. [Attention thème SPOIL]. Le fin mot du cycle de La Cour des hiboux est surprenant et lance une nouvelle interprétation de la famille Wayne relativement glauque : Madame Wayne est enceinte du futur Thomas Jr, qui devait être le frère de Bruce, mais à la suite d’un accident de voiture elle pond un être à peine viable. Or, le chef de la Cour (qu’il a bernée au passage) déclare être le frangin du Batman, que sa mort a été mise en scène et qu’il a été déposé dans un misérable institut (autrefois financé par les Wayne) afin que la famille échappe au scandale. Batman vs. Owlman, le frère démoniaque, on retrouve souvent cette configuration, par exemple chez Deaver avec son héros, Aloysus Pendergast, qui lutte contre Diogène, du même nom. [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– Il faut commencer par le premier tome. Et oui. Quant au troisième, c’est dispensable. Le quatrième tome intitulé L’An Zéro (1ère partie) qui reprend les débuts de Wayne est sympathique mais sans plus – même topo avec le deuxième tome de L’An Zéro.

– Si vous aimez Snyder, Le Tigre l’a (entre autre hein) rencontré avec la série Swamp Thing (tome 1 et tome 2 sur QLTL, alléluia).

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Jacques Sirgent - Le livre des vampiresLong et parfois âpre, c’est presque une thèse que Tigre a eu l’occasion de lire. Car Jacques Sirgent, fondateur du Musée des vampires, est le spécialiste du vampirisme du monde francophone (sinon plus, il a vécu aux EUA). Globalement sympa même si plus d’une fois je me suis demandé où l’essayiste voulait en venir, au moins on se couche largement moins bête.

De quoi parle Le livre des vampires, et comment ?

Jacques Sirgent a passé des années à compulser diverses informations et données sur tout ce qui tourne autour du vampirisme. Contrairement à la couverture (ou aux mots soulignés en rouge au dos du bouquin) très aguicheuse, c’est un texte impressionnant de références que le lecteur tient entre les mains.

Il appert qu’une grosse partie de cet essai de près de 300 pages (presque lues en diagonale) est un document à charge contre les pratiques de l’Église pendant le Moyen-âge. Cette institution (même si l’antiquité a préparé le chemin intellectuel) semé les graines de l’émergence, dans les esprits, de la notion du vampire. Démonologie, étude de la rhétorique et de la doctrine religieuses, nombreux témoignages (clercs, papes, juges, etc.), le rapport avec les vampires est certes présent, mais le lien est parfois très ténu.

Ensuite, nous saurons tout (mais vraiment tout) de la façon dont Stocker a écrit Dracula. Puis un court passage sur le vampirisme d’aujourd’hui, avant de passer une bibliographie cinématographique édifiante, avec près de 80 films (sur les 700 que le musée des vampires possède). De cette structure narrative j’ai eu l’impression d’un déséquilibre profond, disons que j’en attendais plus sur l’aspect contemporain. L’auteur y décrit ses expériences (celle des Croates pendant le conflit des Balkans est troublante et poétique quelque part) et il y a sûrement de quoi en faire un unique livre.

Au final, un beau livre un peu fourre-tout qui sera l’occasion de visiter l’Histoire sous un prisme inattendu. Si l’éditeur Camion Blanc (ou mieux, Jacques S. en personne), Tigre soumet à votre examen la page 79 où il est écrit : « […] le pape Benoît XVI écrivait en 1756 à […] ». Je pense qu’il s’agit plutôt du numéro 14. Pour d’éventuels remerciements, vous savez comment me contacter.

Ce que Le Tigre a retenu

La création du vampire. Comme je le disais, l’auteur présente l’Église catholique et romaine sous son jour le plus sombre. A l’instar du diable ou autres créatures peu recommandables, le vampire est un énième bouc émissaire qui représente l’autre, celui capable d’avaler des litrons de sang frais alors que le corps ne peut n’en digérer qu’une petite quantité. Et pour « ferrer » une population qui, craintive, est plus docile, rien de mieux qu’insister lourdement sur le retour contre-nature à la vie et sur l’aspect du sang (plutôt que le vampire psychique à la Dan Simmons dans L’échiquier du mal).

Boire le sang des victimes a de multiples significations et renvoie à des pratiques couramment utilisées au Moyen-âge. En effet, l’eau était si dégueulasse et porteuse de germes (se laver n’était pas vraiment de mise) que le sang était souvent utilisé en tant que boisson potable saine. Lorsque celui des animaux tendait à faire défaut, on n’hésitait pas à boire celui de ses semblables (le Christ l’a proposé, après tout). Cela coûtait cher évidemment, et la vision des riches pompant le sang des masses laborieuses s’est donc naturellement mise en place. La métaphore sera amplifiée en prenant l’exemple des banquiers, usuriers et autres puissants qui assèchent le bon peuple.

Sirgent passe un temps presque indécent à parler des conditions de création du roman Dracula, de Bram Stocker. Le choix de Vlad alors que ce dernier n’avait, pour l’époque, pas grand chose à se reprocher (son histoire n’est pas exagérée mais réinventée) ; le fait que Jack l’éventreur sévissait dans les quartiers sordides de Londres à la même époque ; les nombreuses recherches de l’auteur. Les possibles provenances du nom sont intéressantes, que ce soit le gaélique dhroch fohla (mauvais sang) ou la plante carnivore drakunkulus (qui empeste au passage). Quant au « a » final, celui-ci peut être une référence à la féminité, à l’époque considérée comme avatar du malin.

…à rapprocher de :

– Sirgent évoque un joli paquet de livres et films sur le thème vampirique, pour ma part je ne peux juste que vous recommander les ouvrages d’Anne Rice. Ou 30 days of night (roman graphique).

– En manga, c’est aussi assez fourni, cependant Tigre ne vous renverra que vers Hellsing. Fun sur les premiers épisodes. Vous noterez que ce mot est un clin d’oeil à Abraham Van Helsing, le chasseur de vampires de Bram Stocker.

– Puisque j’en parlais rapidement, il y a le très correct Échiquier du mal, de Dan Simmons.

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Michelinie & Layton & Romita - Iron Man : Le diable en bouteilleVO : Demon in a Bottle. Publié dans Iron Man #120 à #128. On m’avait conseillé ce court comics à la base de l’homme de fer, et en effet c’est très complet. De bonnes idées pour l’époque qui ont fortement inspiré les films de ce héros héros des années 2000. Bon, on sent le poids des années concernant le scénar’ mais le dessin tient encore sur ses pattes.

Il était une fois

Le quatrième de couv’, c’est ça : « Action à Atlantic City, désordre à Monaco… Tony Stark est un homme qui a le don de s’attirer des ennuis ! Attaqué sur deux fronts, dans le privé et sous son armure d’Iron Man, le héros va-t-il sombrer dans l’alcool ? »

Pas terrible, franchement. Autant ne rien mettre dans ce cas pour une BD qui recouvre un obèse paquet de petites histoires allant d’obscurs trafic d’armes aux agissements en sous main du S.H.I.E.L.D., tout en passant par le dérèglement généralisé de l’armure d’Iron Man. Ce dernier n’est pas à la fête, et ses excès en tout genre (surconfiance, alcool) vont mettre en danger tant le superhéros que Tony Stark et son entreprise.

Critique de Iron Man : Le diable en bouteille

Très correct pour un truc pondu à la fin des années 70 (six mois de publication). Disons que je m’attendais à une horreur sans nom, surtout de la part de Marvel dont je ne suis pas friand des héros. Et là, j’ai franchi le pas en me procurant un de leurs vieux comics. Et ce fut loin d’être catastrophique, une impression vivace de saisir ce qu’était l’âge de bronze des comics (qui s’arrête vers le milieu des eighties).

Toutefois, deux trucs relatifs à l’honorable âge de ce comics m’ont relativement déçu : d’une part, comme le tout sortait au compte goutte, chaque nouveau chapitre est l’occasion de rappeler le contexte initial et souvent l’état de délabrement avancé de Stark. Et à la longue, pffff c’est d’un chiant. D’autre part, les intrigues et petits travers d’Iron Man font, de nos jours, doucement sourire. Tous ces vilains qui, en plus d’être aussi bavards que dix classes de CM2, ne ressemblent à rien (une chenille, un porc-épic, un savant fou, etc.), ce n’est plus vraiment in.

Bon point à épingler sur le tableau, le dessin de Romita Jr (junior hein, parce que son daron a bossé dans le même domaine) m’a paru à la limite de l’indémodable, une ligne claire qui sait parfois jouer avec les effets visuels (explosions, aura du héros par exemple). Les couleurs ne sont pas agressives (entendez, excessivement chatoyantes), seul le texte mériterait d’être de temps à autre purgé. Rien que pour cela, et bien évidemment la taille du comics (couverture souple) avec en bonus finaux les couvertures originales, ce serait dommage de s’en priver.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’alcoolisme, puisque le quatrième de couverture insiste lourdement dessus. Intelligent de la part de Michelinie et Layton de présenter un héros un peu bancal sur les bords, obligé de s’enfiler whiskies et martinis pour continuer à bosser correctement. Et comme il ne contrôle rien en définitive, ça déconne à grande échelle. Et qui peut sauver, temporairement, le beau Stark, si ce n’est l’amour d’une femme (et la gueulante de son majordome) ?

Tigre, qui en tant que pseudo geek refoulé a vu les films avec Robert D. Jr, a remarqué dans ces oeuvres cinématographiques tout un tas de reprises des bonnes idées du comics de 1979. Il y a les bases, comme la pépée presque rousse, l’ami militaire black ou le domestique (une I.A. dans la version contemporaine) qui se nomme Jarvis.

Mais d’autres petits clins d’oeil ont été relevés, comme Iron Man bourré qui défouraille à tout-va, le gigantesque bateau-ville d’un méchant qui à un moment donné s’élève (modestement) dans les airs (cf. Avengers avec le porte-avions du S.H.I.E.L.D.), ou encore l’acte fondateur de la naissance du héros luttant contre les communistes avec un éclat d’obus près du cœur (on remplace par des terroristes islamistes). Je ne les cite pas tous, parce que c’est le but d’un film d’y aller franco dans ce domaine.

…à rapprocher de :

– Avec ce héros, je n’ai lu que Au commencement était le Mandarin (de Casey & Canete, pas mal aussi) et Season one (Chaykin & Parel, je ne vous le conseille pas sauf pour le dessin).

– Pour me dédouaner, allez donc voir dans ce billet (match DC Vs.Marvel) pourquoi je me concentre sur DC Comics.

– Car Je préfère Batman, et Urban Comics a ressorti pour l’occasion Knightfall (je ne fais le lien que vers le premier tome). Fort sympathique quand on connaît ce héros.

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Ursula Le Guin - TerremerVO : Earthsea. QLTL est ainsi fait de paradoxes : si Le Tigre a énormément de mal avec la fantasy, voici l’exception qui confirme la règle déjà mise à mal par Neil Gaiman. Pas si long que cela, prenant, bien amené, un sorcier plus crédible que cette lopette de Potter, ça donnerait presque envie de lire l’intégralité du cycle de cette écrivaine.

Il était une fois…

Les contes de Terremer (que j’ai nommés Terremer parce que je n’ai que les trois premiers opus) regroupent en fait trois romans qu’il est bienvenu de lire dans l’ordre.

Dans Le Sorcier de Terremer (A Wizard of Earthsea), nous faisons la connaissance du jeune Ged et comment, à force de travail, il devient un grand magicien. Avec tous les risques que cela comprend. En continuant avec Les Tombes d’Atuan (The Tombs of Atuan), le lecteur se voit conter sa quête d’un anneau magique jalousement gardé par une femme aux étranges pouvoirs. Enfin, L’Ultime Rivage (The Farthest Shore) a lieu bien plus tard, lorsque notre talentueux héros (il est Archimage, excusez du peu) est confronté à une ultime (en tout cas je l’ai vécu de la sorte) mission contre le mal absolu (l’immortalité)

Critique des Contes de Terremer

Première saga de fantasy (n’ayons pas peur des mots) que je lis, et c’est globalement positif ! Oui, oui, Le Tigre a même parfois adoré des chapitres entiers de cette œuvre qui me semble d’autant plus un classique que celle-ci fut écrite, à l’instar de La Tour Sombre de King, en plusieurs décennies.

Ce roman d’apprentissage s’articule en trois parties que je vais brièvement résumer. Notons d’abord la qualité de la narration, où les combats sont rares et l’accent largement mis sur l’aspect humain. J’ai trouvé le premier acte certes classique, mais avec des idées de la part de Le Guin qui sont très finement adaptées (les rites de passage, la dangerosité de la magie, le héros est loin d’être parfait,…). Du coup il passe ce premier opus à rattraper une belle connerie faite au cours de sa scolarité, à savoir du genre à invoquer un sort qui, pour se la péter, a de terribles répercussions.

Le deuxième acte est particulier, car on se met à la place d’une prêtresse intégriste dans une secte fermée qui survit et garde son trésor depuis longtemps. Intéressant donc car l’arrivée de Ged est vue de l’extérieur, et la conversion progressive de la femme par le protagoniste principal est très subtile. Quant au dernier acte, c’est un peu l’apothéose : un mal étrange frappe les contrées du monde, où tout n’est que lassitude, perte de vie. Même les dragons se mettent à flipper, seul Ged flanqué d’un jeune prince peut trouver l’auteur de ce déséquilibre mondial et y remédier.

Le style est leste pour ce genre de littérature, avec des chapitres de tailles correctes et un héros que tout lecteur s’appropriera très rapidement. Il y a trop de choses à dire sur ce titre (je me suis limité à deux thèmes dans la partie suivante), aussi je conclurai en deux points : 1/ Si vous êtes fan de « féérie », ce n’est pas normal si vous ne l’avez pas encore lu. 2/ Si, comme Le Tigre, la fantasy vous gave, essayez au moins celui-là. Vous pouvez même arrêter les frais dès la première partie achevée. Mais ce n’arrivera sûrement pas.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’apprentissage. Thème qui revient souvent dans ce blog, cependant cette fois c’est la majeure partie de la vie d’un homme que nous suivons. De la découverte de ses talents (par une vieille tante sorcière sur les bords) à la sérénité de façade d’un être infiniment respecté de ses pairs. Bien sûr Ged provoque quelques pétillantes catastrophes, et dès Le Sorcier de Terremer cette andouille libère par incompétence son soi négatif qu’il devra poursuivre, puis tuer. Lu et relu, mais sous la plume de Le Guin c’est beau.

Le verbalisme. S’il y a un aspect qui m’a particulièrement plu, c’est bien le principe de langue ancienne (forcément connue des dragons) qui régit le monde. Ce dialecte est intimement lié aux lois de l’univers du cycle et prononcer de savants mots clés peut entraîner de fabuleuses (ou fâcheuses, c’est selon) choses. Le héros apprend lentement (toutefois pas sûrement), et plus d’une fois Le Tigre a eu envie qu’il en soit de même dans la réalité. On retrouve donc la notion du verbe créateur, celle qui a fait qu’un certain Dieu a conçu en une petite semaine notre belle planète avec nous dessus.

…à rapprocher de :

– La fin du troisième ouvrage n’est pas sans rappeler celle du Seigneur des anneaux, de cet infâme Tolkien.

– Attention, Ursula K. Le Guin a écrit énormément autour de ce cycle, je n’ai résumé que le « core book ».

– Avant que vous vous lâchez sur les commentaires sur le fait que je n’arrive pas à m’intéresser à la fantasy, lisez ce billet.

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Thierry Jonquet - Mémoire en cagePremier roman de Jonquet, et la patte de l’auteur se déjà sentir. Une histoire forcément glauque sur les bords, un rebondissement final évidemment ahurissant, une lecture qui prendra moins d’une paire d’heures, bref du dérangeant à souhait. Bienvenue dans une institution d’handicapés où une jeune femme va admirablement se venger.

Il était une fois…

Pour un ouvrage de cette qualité, reconnaissons que le quatrième de couv’ est plutôt correct et mérite d’être recopié in extenso :

« Qui ? Pourquoi ? Comment ? Telles sont les trois questions que se pose le commissaire Gabelou face à ses trois cadavres. Car il y a forcément un lien entre les corps carbonisés retrouvés dans l’appentis du jardinier de l’hôpital. Mais Gabelou nage dans le brouillard. Qui a tué le docteur Morier, responsable du service des infirmes moteurs et cérébraux ? Cynthia, la jeune handicapée en fauteuil électrique ? Et le père de Cynthia ? Et si l’un des trois avait tué les autres et s’était suicidé ensuite ? Mais lequel ?… Ce n’est pas Cynthia qui parlera. C’est bien dommage car, si Gabelou pouvait entendre sa confession, il verrait qu’il ne faut pas se fier aux apparences… »

Critique de Mémoire en cage

Pour un bouquin écrit en 1982 (Tigre n’était même pas dans les c*** à papa), il faut rendre à César ce qui est à Julius : c’est très très bon, faire aussi bien en moins de 200 pages reste fort rare. Le style, l’intrigue et la parfaite construction du récit rendent ce livre presque incontournable pour tout amateur de polar noir (mais le père Jonquet à fait tellement mieux après).

L’histoire n’est pas si originale de prime abord, mais les développements rendent compte de la sombre imagination de l’auteur : Cynthia Sartan, à la suite d’une opération qui a foiré dans de très confortables largeurs, se retrouve dans un fauteuil roulant dans un pensionnaire plutôt oldschool. Elle est l’objet de choses sexuelles (explicitement contées, attention c’est dur) de la part d’un des infirmiers. Mais la jeune femme n’est pas tout à fait la débile que les autres croient, et sait bien la nature des terribles sévices qui lui tombent dessus régulièrement.

Jonquet créé un roman qui revisite par ordre antéchronologique ce qui a bien pu se passer après un terrible meurtre. Nous y découvrirons les grosses cachotteries de chacun, et ce jusqu’à un dénouement qui, bien que semblant juste, n’en laisse pas moins un goût amer. Au final, encore un exemple de ce que le monde des noirs polars à la française peut produire, presque une référence eu égard le vénérable âge de l’ouvrage.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le handicap. La mémoire dans une cage, c’est un peu l’impression qu’a l’héroïne après son traitement royalement raté. Encore plus difficile à accepter, quand un comportement normal de la part d’un médecin aurait pu lui éviter un tel sort. Et Thierry J. appuie là où ça fait mal en montrant l’état d’impuissance insupportable de la part de Cynthia. Le handicap réduisant au silence, mais derrière cela il y a l’espoir, la volonté de s’en sortir et faire des étincelles là où aucune lueur ne semblait permise.

La vengeance. Attention, on touche presque au spoil, même si la quatrième de couv’ annonce plus ou moins la couleur. La Cynthia fait plus que bien cacher son petit jeu. Par exemple, ses séances autour de l’arbre dans le jardin de l’institution ne révèlent être d’une utilité déconcertante. Et ce qui se trame contre ses bourreaux est quasiment diabolique, du moins à la mesure des saloperies qu’on lui a faite.

…à rapprocher de :

– Dans le même genre par le même auteur (court et glauque), il y a Les orpailleurs et Mygale.

– Sinon, de Jonquet, Tigre a lu énormément : La vie de ma mère ! (génial), Comedia (moyen), Mon vieux, Moloch, Le Manoir des immortelles, Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte.

– Les abus subis par l’héroïne sont relativement similaires à ceux infligés à Uma T. dans Kill Bill (Volume 1).

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Grégory Mion - Avec l’assentiment du reptileTigre lit de tout, on le sait, mais également sur tout format. Voilà un e-book surprenant de la part d’un illustre inconnu qui l’a écrit sous des conditions particulières (cf. infra). L’histoire d’un psychopathe qui, le temps d’une nuit, fout le daroi, n’est pas si importante par rapport à la prose de Mion, extrêmement riche. Trop sans doute.

Il était une fois…

Tout commence dans un avion, où nous rencontrerons les trois principaux protagonistes de ce thriller qui n’en est pas vraiment un. Un prof de littérature récemment veuf, une hôtesse de l’air à la croupe féconde et un tueur en série. Le reptile du titre, est-ce ce dernier ou le caïman sur un parcours de golf qui va se faire un petit déjeuner improvisé ?

Critique d’Avec l’assentiment du reptile

Encore un ouvrage que le service presse des Forges a eu la bonté de m’envoyer, ici en format numérique, à savoir sur une clé usb (format carte bancaire) avec quatre titres dedans. A noter surtout que cet ouvrage a été écrit en utilisant un logiciel destiné à lutter contre la page blanche – ce programme en ligne gratuit, imaginé par le responsable de la maison d’édition, consiste à avoir des symboles qui surgissent dans son champ de vision, libérant le processus d’écriture.

Le scénario est simple, seulement Grégory M. s’amuse à le complexifier et ce dès le début. En effet, le chapitre premier (moins de quarante en tout, dont certains très courts) est la présentation, au lecteur, de ce qui va suivre et certaines conséquences des péripéties qu’on s’apprête à lire. Ensuite, l’auteur prend son temps pour nous présenter les personnages qui prennent rapidement vie dans notre esprit. Ce premier tiers passé, nous entrerons dans le vif du sujet (cf. premier thème abordé).

Le gros plus de ce roman est le vocabulaire complet (et souvent complexe) que l’écrivain utilise. Tigre a appris (ou réappris dans le contexte) des mots, ça fait toujours très bizarre comme sensation : « scutigère » pour parler d’un insecte, « psittacisme », ou tout le champ lexical relatif au golf.  D’autres termes ne semblent (au premier abord) rien avoir à faire dans une phrase, comme un artefact que Grégory utilise dans la mauvaise configuration. Par exemple, pour faire comprendre que Calbert (le prof) voudrait bien se retaper Carrie (l’hôtesse), il nous parle du mâle « comme animé d’un irrédentisme du vagin ». Si c’est finement trouvé, j’ai bien mis 6 secondes à comprendre la saveur de l’expression.

Heureusement que Avec l’assentiment du reptile est relativement court, car tout lecteur peut se sentir comme gavé par le riche phrasé de Mion, à coup de mots savants et avec une concentration d’adjectifs et d’adverbes comme j’en ai rarement vue. En sus, quelques phrases m’ont paru tout bonnement imbitables, j’ai cru remarquer de savants verbiages uniquement présents pour la beauté du geste. Jugez de vous même avec cet exemple :

Certains télescopages désunissent d’emblée et le militaire, acclimaté au commerce des bombes, comprenait que son rôle devait se réduire à une intermittence qui survivrait mieux dans la réminiscence que dans la pérennisation d’une fréquentation.

Au final, une très belle expérience littéraire qui, en plus de s’apparenter à un exercice de style réussi, offre une histoire avec un dénouement plutôt triste mais qui laisserait entrevoir une suite. Miam.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les rencontres sous toutes leurs formes. Calbert a perdu sa femme qui a « rencontré un platane » en voiture. Dans l’avion, notre héros fait la connaissance (à sens unique certes) de Carrie, employée de la compagnie aérienne qui ne le laisse pas indifférent. Ce premier forcera le destin en réservant dans le même motel que la belle tout en faisant croire à une coïncidence. Les rencontres ne sont pas souvent heureuses avec Grégory Mion, et ce en la personne de Bannerman qui va marquer à vie les occupants d’un sordide Motel à Phoenix. Le psychopathe, sans spoiler, ne sera pas en reste question rendez-vous foireux.

Le psychopathe dans toute sa splendeur. L’auteur nous présente un Zachary Bannerman plus vrai que nature, un être froid et passe-partout qui a ses petits moments, tel Dexter, de folie meurtrière. Et la façon dont il prépare ses exactions est plutôt bien rendue. Dans l’avion déjà, on remarque une sorte de requin (un piranha) impitoyable en train de lire son journal économique. Les choses immondes que fait faire Zachary à certaines de ses victimes m’ont rapidement fait faire le rapprochement avec l’anti héros de Bret Easton Ellis, Patrick Bateman (lui aussi bossant à Wall Street). D’ailleurs, Bannerman, Bateman, ces noms semblent trop proches à l’oreille du Tigre pour être un hasard.

…à rapprocher de :

– Gregory Mion a troué le cul du Tigre avec La littérature nazie en France, qui est une sensationnelle pépite. Pour un exemple de nouvelle, il y a Bastien Gadenne (1971-1999) disponible sur le blog.

L’Amérique cinquante et des Poussières, du même écrivain, reste évidemment meilleur que ce qu’on trouve dans les têtes de gondole des librairies. Idem pour L’arracheur des petites âmes.

American Psycho, pour le personnage principal. Livre et film (qui est de de bonne facture).

– Le vocabulaire qui interpelle mais qui fait mouche, sur plus de 700 pages c’est Le seigneur des porcheries, de feu Egolf. Un chef d’œuvre.

– En plus drôle, je vous conseillerai de lire (version papier bien sûr) les ouvrages d’Arnaud le Guilcher, les jaillissements métaphoriques sont les mêmes que ceux de Greg. En moins bien, puis Pas mieux en sont les titres.

– Dans la même clé usb, il y a Silhouette minuscule d’Anna Streese & François Szabowski, Une larme de porto contre les pensées tristes (Szabowski toujours) et Le Spectateur de Monti (excellent).

Winick & March - Catwoman 2 : La maison de poupéesVO : Dollhouse. La belle Selena revient sur ce blog avec un deuxième opus encore tout en mouvement. Amour, trahison, meurtres dégueulasses, c’est loin d’être déplaisant certes. Hélas le scénar part dans tous les sens et le dessin ne s’est point amélioré. Gageons que le tome qui suit sera meilleur.

Il était une fois…

Lola est morte dans le premier opus, mais cela n’empêche pas Selina Kyle de continuer ses activités de talentueuse voleuse. Seulement une nouvelle menace plane, en l’espèce un criminel passablement malsain qui kidnappe des prostituées avant d’en faire quelque chose bien glauque (je ne spoilerai qu’à la fin). Si on ajoute les facéties du pingouin, l’apparition d’un bellâtre qui va aider notre héroïne et un mystérieux tueur revenu d’entre les morts, peut-être que Catwoman aura besoin du Batman pour s’en sortir.

Critique de Catwoman : La maison de poupées

Le problème avec les comics, c’est que lorsque Tigre achète un truc qui s’avère être le tome 1, bah sauf gros accident de casting je me laisse embobiner et finis avec un bon demi mètre de BD en plus. C’est pourquoi j’évite de taper au-delà de Batman, et avec Catwoman je ne suis pas vraiment loin.

Si le premier opus ne m’avait pas plus impressionné que cela, La maison de poupées n’a hélas pas vraiment rattrapé le coup. La femme chat se fait toujours plaisir à voler somptueuses voitures et onéreuses parures, sauf que son quotidien sera vite chamboulé. Une paire d’histoires qui se suivent, et comme souvent de la part d’auteurs de tels comics, le dernier chapitre introduit un nouveau sujet (le passé de Selena) et laisse finalement le lecteur frustré par tant de nouvelles questions.

En outre, l’intervention de l’Ergot, inquiétant vilain qu’on retrouve dans deux comics de Batman, m’a paru plus être un clin d’oeil que quelque chose faisant réellement avancer l’intrigue. Sur le dessin, je vous renvoie à la critique du tome 1 : une Selina Kyle « bombasse » et immensément érotique, des couleurs chatoyantes mais les expressions faciales de la miss sont décevantes (toujours la même chose il semble, soit aguicheuse soit étonnée), en particulier sur les plus petites cases où l’illustrateur ne semble pas y avoir passé la nuit.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La confiance. A la place de Batman, la jolie féline fait équipe avec un voleur aux pouvoirs électrisants. « Volt » de son petit nom, forcément. Et bien évidemment le gus est plutôt bien bâti et ne laisse pas Kyle indifférente. L’adrénaline et la violence ensemble, le petit bisou qui arrive rapidement, quelques non dits, mais est-ce que l’héroïne peut se fier à un tel homme ? En conclusion, si rien ne remplace le Chevalier noir, Catwoman montre que dans l’ensemble ses choix de partenaires sont pour le moins hasardeux.

[Thème SPOIL Attention] Le titre parle d’une baraque de de poupées. Il s’agit en fait du repaire de l’Empailleuse (Matilda qu’elle s’appelle) que la protagoniste principale tente d’arrêter. Et Matilda, en plus de capturer les péripatéticiennes (des hommes également), les garde de nombreux jours pour les rendre « clean » afin de prélever leurs organes assainis. Puis les empaille en vue de les figer, dans son appartement, dans des statures de la vie de tous les jours. Pas si horrible comme vilain au final. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

– Faut mieux commencer par le premier tome, intitulé La règle du jeu (que j’ai légèrement préféré). Le troisième opus, une catastrophe (Indomptable, ici).

– Ed Brubaker s’est aussi attaqué à l’héroïne, et c’est relativement correct. Par exemple le tome 3 puis L’Équipée sauvage (tome 4). Quant à Dans les bas-fonds, tome 2, sans plus hélas.

– L’Ergot que tente de combattre Catwoman fait bien sûr référence à La Cour des hiboux, (le (tome 1 puis le second, La nuit des hiboux) de Snyder et Capullo. Les tomes de Nightwing, Pièges et Trapèzes, suivi de La république de demain, tournent également autour de cet épisode de Batman.

– L’art de la taxidermie, enfin, m’a fait penser à Béatrice et Virgile, de Yann Martel. Attention, c’est dérangeant comme histoire.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

Les Sutras du TigreVous avez appris à lire à toute vitesse, en tout lieu, même en marchant, bref vous êtes un lecteur de combat que rien ne viendra contrarier. Mais vous ne lisez qu’un livre à la fois. Grossière erreur, ça ne va pas du tout. Le libertarianisme appliqué à la littérature est d’autant plus possible que recommandé.

Quoi ?

Les Grecs anciens, comme les Romains, ont correctement envahi le champ lexical scientifique de notre belle langue. Aussi les joyeux barbarismes du Tigre se doivent de taper dans une de ces langues, et c’est par le terme « poly » que je vais attaquer ce Sutra. Du grec polloí, qui signifie « plusieurs », bien des mots ont été créés. Polyvalence, polymère (rien à voir avec le mariage homosexuel, attention), polytechnique (X suffit souvent), voire Polynésie (si quelqu’un veut bien me dire d’où cela vient).

Mais concernant la « polylecture », que dalle ! J’ai fait un rapide viron à l’Académie de France et un immortel (ou la dame de l’accueil, je ne sais plus trop) m’a confirmé que ce terme n’existe point. Donc Tigre se jette sur le mot et en revendique la paternité par ce billet autant édifiant qu’exhaustif. Avec ma propre définition : la Polylecture est le fait de lire plusieurs livres (ou BDs, ou essais) simultanément. C’est-à-dire que vous avez plus d’un bouquin en cours et passez volontiers de l’un à l’autre. Avec l’aisance et la décontraction qui siéent à l’homme (ou la femme) moderne.

Pourquoi lire plusieurs livres à la fois ?

Le Tigre va doucement démarrer par le laïus habituel : il faut lire le plus possible, et se contenter d’une seule œuvre à la fois représente un risque insupportable. Imaginez que vous butiniez comme un vulgaire inculte un ouvrage un peu âpre. Comme tout lecteur normalement constitué a des scrupules à lâchement abandonner l’objet de ses lectures, vous risquez de prendre un retard dommageable sur l’abattage de votre pile à lire. Très fâcheux, votre procrastination contribuera à la crise du monde de l’édition.

Si Le Tigre est parvenu, pendant ce que j’appelle l’âge d’or de mes lectures, à méticuleusement descendre sept titres par semaine pendant une année, c’est grâce à une organisation sans faille prenant en compte la noble obligation de la Polylecture. Je me mettais une pression à côté de laquelle des officiels nord-coréens passaient un moment d’inestimable détente avec leur grand leader. Si toi lecteur souhaite te rapprocher de ce pétillant idéal, il te faut avoir plusieurs ouvrages sous le bras. L’intérêt que je décerne à cet intelligent comportement est double :

D’une part, la potentialité de changer à tout moment d’œuvre littéraire relève d’un vieil adage que mon arrière-grand-père ne cessait de me répéter lors des longues agapes du dimanche midi. Ses mots fleuris étaient globalement les suivants : « petit con, je te l’ai toujours dit, changement d’herbage réjouit le veau. Alors arrête de traîner avec la même putasse et va déposer tes petites graines dans tout ce qui porte jupon et lunettes. Le nom du Tigre se doit de prospérer, aussi fait un petit effort avant que je botte le derrière à coup de savates cloutées par le maréchal-ferrant du coin ». Je n’ai, de cette leçon, et outre une douleur vivace sur la croupe, retenu que son penchant littéraire. En effet, avoir plusieurs titres en cours de lecture semble bien plus jouissif qu’avoir une belle dans chaque port.

D’autre part, votre cerveau ne peut se contenter d’une telle monotonie. C’est un peu comme si vous écoutez un soliste (disons le violon) égrener stupidement ses notes sans rien autour. Ça va bien dix minutes, pas plus. Dévorer un Kafka, basculer sur un manga érotique puis jeter un œil sur le dernier Musso est l’équivalent d’un concert où différents instruments vous offrent une explosion de sons qui parfois parviennent à créer une harmonie intellectuelle de bon aloi. Avec certes l’obèse cantatrice qui chante faux en ce qui concerne ce dernier auteur.

Toutefois, en vue de jouir d’un concert littéraire qui vous prend aux tripes, il ne faut pas s’y prendre comme un vulgaire paysan du Danube. Finesse et organisation seront vos maîtres mots pour atteindre un nirvana d’éclectisme en instantané qui ravira vos sens.

Comment dévorer des romans en même temps ?

Comment être donc un polylecteur efficace et pas trop dépassé par l’ampleur de la tâche ? J’ai tenté, dès ma plus tendre enfance, de m’occuper personnellement d’au moins quatre livres en simultané. Et ce fut laborieux. Bon, je le reconnais, je me suis longtemps fait dessus, et dans de trop confortables largeurs. Mais au fil des années quelques superbes réflexes se sont tout naturellement plantés dans mon esprit. Je vais vous les livrer, et ce au travers deux axes à travailler : le style et l’environnement.

Le style. Le piège dans lequel tombe tout débutant du dimanche est de vouloir claquer quelques romans de qualité d’un coup. Sortir de sa poussiéreuse bibliothèque un triste Zola en même temps que Tolstoï, vous invitez votre cerveau à faire un bel AVC dans la semaine qui s’annonce. Inversement, effectuer des vas-et-vient entre Amélie Nothomb et Nanard Werber fera de vous un individu fin prêt pour une lobotomisation sévèrement accompagnée d’un syndrome de Peter Pan.

Inutile de se pavaner dans de subtiles métaphores, il faut lire varié en vue de ne point s’emmêler les pinceaux en opérant tel un homme politique qui butine à tout-va. Le Tigre vous enjoint donc à mixer les genres : mangas, longs romans, classiques, pièces de théâtres, BD pornographiques, essais de BHL (pour la détente), polar, pavé de SF ou fantasy, il convient qu’en passant d’un titre à l’autre le dépaysement soit le plus complet possible.

Enfin, et presque trivialement, je reprendrai à mon compte un test qui avait été fait aux pilotes d’avion de ligne : avec plus de six paramètres à surveiller (assiettes, altitude, cul de l’hôtesse, vitesse,…), une des informations passe forcément à la trappe. Même chose pour la chose livresque, il est contre-productif de vouloir bouffer dans en même temps plus de cinq-six bouquins.

L’environnement. Le plus important mais le plus personnel, donc je vous autorise à allègrement faire fi de ce conseil. En ce qui concerne Le Tigre, ma productivité lecturesque est d’autant plus élevée qu’à chaque style de livres un contexte y est associé. Avoir en chaque lieu son petit réflexe littéraire permet de se préparer inconsciemment à bien aborder un ouvrage. A partir de là, Pavlov fait le gros du boulot.

Soyons explicite, concret : les belles BD qui font un demi-mètre de hauteur, c’est avant de faire dodo. Dans le lit, confortablement installé (même si quelques accidents peuvent survenir). Les gros romans en format poche, c’est dans la salle d’attente de n’importe quel praticien libéral (avocat, dentiste, proctologue). Les polars anglo-saxons et les nouvelles de SF sont réservées pour les transports en commun. La réalité du métro s’efface alors face au scénario lu. Quant aux essais un tantinet complexes, le TGV est mon ami. Si vous me demandez où j’ai pu lire mes mangas (Hellsing par exemple) ou quelques courtes bandes dessinées, je vous répondrai les toilettes. Trois jours de diarrhée = les six tomes d’Akira terminés. Enfin, je réserve mes lectures humides (entendez, dans le bain) à Nothomb ou Coehlo.

Polyconclusion

La polylecture est un art, ne vous y méprenez pas. Lire de nombreux ouvrages à la fois sans les lâcher ensemble dans un terrible fatras de frustration n’est pas aisé, aussi commencez progressivement en prenant votre temps. Dès que dans vos rêves des éléments de tel ou tel scénario lu font d’inquiétants cross-over, arrêtez les frais pour une semaine.

Conclusion finale, pourquoi le sutra #60 ? Vous aurez sûrement remarqué, en visitant ce fabuleux site, Le Tigre parle de ces petits livres avec un certain amour. Je protège mes précieux avec la même férocité que l’animal, comme mes draconiennes conditions de prêts le prouvent. De la Polylecture au polyamour il n’y a qu’un pas, or ce dernier terme semble avoir fait une entrée dans le dictionnaire en 1960. Et grâce au Tigre, la Polylecture. aura (je l’espère vivement) le même sort. La majuscule disparaîtra alors.

qltl-star-wars-vs-fantasy« Oh mon Dieu quelle exemple de mauvais goût… » C’est avec raison que votre première réaction peut ressembler peu ou prou à cela. En tout cas ce fut la mienne. Néanmoins ce dessin me fut envoyé par une connaissance à qui j’avais vaguement promis de mettre son gribouillage sur mon blog. Voici ce qu’elle a pondu pendant un cours où elle s’ennuyait plus que d’habitude. En une petite heure, il faut reconnaître une productivité certaine (en matière de fantasy, c’est hélas souvent le cas).

J’ai donc nommé cette chose Star Wars versus Fantasy. Star Wars déjà, avec le gros truc en plein milieu du dessin qui prend une place indécente. Certes le centre ressemble à un noyau atomique, mais les deux plaques sur les côtés rappellent furieusement les terribles chasseurs TIE de l’Empire. Ce n’était sûrement pas le but de l’illustratrice, Tigre s’en moque au demeurant. Fantasy car ces petits animaux avec des ailes qui gambadent gaiment dans un paysage d’un insupportable onirisme ne méritent pas d’autre nom. Cette illustration a le don de regrouper tout ce qui porte sur les nerfs du Tigre, pourtant d’une zénitude à toute épreuve :

Premièrement, ça part dans tous les sens. Malgré ses ailes, le tigre en bas à gauche est la seule chose qui m’a paru logique au premier abord. Sauf qu’en y regardant de plus près, et bah de logique il n’est point. Rien à en tirer. Nada. Nichts. Six animaux ailés qui gravitent autour d’une monstruosité à partir de laquelle Dark Vador pourrait jaillir comme un vilain diable, des étoiles en veux-tu en voilà, une perspective hasardeuse où on se demande si à gauche y’a du vide, bref entre écouter son professeur parler ou s’appliquer sur le thème du dessin il faut faire un choix.

Deuxièmement, les bestioles et le paysage ont une sinistre saveur que je qualifie de « fantaisiste ». Or la fantasy, c’est un peu, avec Musso et Lévy, ma bête noire. Je n’y arrive pas, impossible d’accrocher. Sans doute un trauma infantile, notamment lorsqu’une vieille tante m’a un jour offert La communauté de l’anneau. Oh que ce fut long, j’ai cru ne jamais pouvoir en arriver à bout, puis toutes ces créatures ça ne rimait à rien. Comme un idiot j’ai menti en disant que cela m’avait plu, imaginez la tête que j’ai faite lorsqu’elle m’a offert les deux suites. Je savais, au fond de moi, que je n’allais pas m’en tirer aussi facilement.

Troisièmement et dernièrement, le format. Dans « iconographie du Tigre », il y a le terme icône. Dans mon esprit étriqué, une telle image (d’obédience orthodoxe très souvent) se doit d’être carrée. Et depuis le temps que je radote à l’illustratrice que je n’accepterai qu’un tel format, Tigre pensait avoir mis les choses au point. Que nenni, je reçois un joli scan d’une feuille A4. Du coup j’ai coupé comme j’ai pu, mais ai remodelé le tout en carré. C’est pourquoi le tigre de la présente iconographie semble relativement obèse.

Pour conclure, sur la fantasy, ne me jetez pas de suite la pierre, Ursula Le Guin m’a procuré beaucoup de plaisir avec son Terremer. Sinon, si vous m’envoyez un dessin, vous prenez le risque que je ponde un billet de la sorte. Pas contre votre art, non. Mais je n’hésiterai certes pas à égratigner vos choix de représentation, mais sur le dessin même je ne dirai rien : Tigre gribouille comme il chante. Et à l’église ils ont pas mis longtemps à voir ce qui clochait dans la chorale. 200 enfants braillant, une harmonie musicale foutue en l’air, une personne responsable, Tigre vite dégagé.

Will Self - Mon idée du plaisirVO : My Idea of Fun. Un des textes préférés du Tigre concernant le sieur Self. Si l’humour est moins présent que d’habitude, la presque biographie d’un jeune homme doté d’une mémoire spectaculaire sera l’occasion pour l’auteur londonien d’aller très très loin dans le délire. Vocabulaire riche à foison, c’est dense et exceptionnel.

Il était une fois…

Ian Wharton a un don particulier, à savoir il a une mémoire eidétique. Il va nous conter l’histoire de ce don et comment, depuis sa plus tendre enfance, cette aptitude a plus tendance à l’emmerder qu’à le servir. Surtout lorsqu’on vient d’une famille dont les hommes sont, pour la plupart, considérés comme des moins que rien. Sauf que Ian va faire une étrange rencontre qui va irrémédiablement changer le cours de sa vie…

Critique de Mon idée du plaisir

Je crois bien que c’est un de mes premiers contacts (j’ai l’impression de dire cela à chaque billet) avec Will Self, et pour le coup ce n’est pas forcément une bonne chose. Car à la différence d’un Chuck Palahniuk qui sait faire drôle et court, Mon idée du plaisir paraît long et fait moins ricaner que d’autres titres de l’auteur anglais.

Le lecteur sera rapidement mis en relation avec Wharton, la trentaine, qui bosse dans une obscure boîte en tant que marketeur. Le récit se décompose en deux parties, avec Ian W. qui nous conte ses souvenirs de gosses relatifs à son don de mémoire. Ensuite, on quitte la narration à la première personne pour être plongé dans une sorte de reportage (il ne faut pas oublier que Self est avant tout journaliste) sur les pérégrinations de notre héros.

Là où le texte devient franchement dérangeant est lorsque le protagoniste, délaissant temporairement la caravane miteuse où il vit avec sa mère, s’acoquine avec « l’Obèse Contrôleur », individu fantasmagorique qui le guide dans la ville et commet des actes qui franchissent allègrement la ligne de la légalité (l’exemple du meurtre avec la canne m’a scié). Il en ressort un roman immensément bizarre, parfois glauque et potentiellement dérangeant.

Quant au style, Will Self fait montre d’une richesse de vocabulaire incroyable. Entre les digressions (souvent longues) et nombreuses métaphores, c’est presque de la musique pour les yeux et rien que pour cela cette œuvre mérite d’être lue.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les hallucinations. Tout au long des chapitres, il est difficile de faire la part des choses entre ce qui est réel et ce qui l’est moins. Car notre jeune ami, de par sa mémoire instantanée, se mélange souvent les pinceaux. Les individus totalement barrés qu’il rencontre existent-ils autrement que dans l’imagination de Ian ? Pour ma part, au bout de la moitié du roman j’ai abandonné l’espoir de déterminer où commence le délire, Le Tigre s’est en effet rapidement laissé emporter dans un univers fantasque et souvent sombre.

Mon idée du plaisir (du fun en fait). Je suppute que quelques personnes aimeraient savoir d’où vient ce foutu titre. En fait au début du roman, lors d’un diner plutôt mondain, une personne demande à ses invités quels seraient leurs idées respectives du plaisir. Or  Wharton est de la partie, et ce qui lui passe par la tête est si déguelasse, si ignoble qu’il doit, vis-à-vis du lecteur, se justifier. Ainsi commence près de 400 pages de témoignage. Si je parle de ce début, c’est que Will Self est familier de ce type d’introduction. Dans Vice-versa, c’est un homme dans un train qui se voit conter une histoire particulière.

…à rapprocher de :

– De Self, commencez plutôt par Vice-versa. Court et excellent. Si vous vous sentez en forme, alors Dr Mukti (la novella) ou Les grands singes devront vous ravir. En VO, The Sweet Smell of Psychosis est une surprenante friandise, toutefois Umbrella est excessivement difficile à suivre. Ainsi vivent les morts, très que correct. ; La théorie quantitative de la démence (deux nouvelles OK, le reste bof).

– En mieux dans le domaine quasiment autobiographique, de la part de Palahniuk, il y a le déjanté Peste, avec son héros Rant Casey.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

T. Lobsang Rampa - Le troisième oeilVO : The Third Eye. Sous-titre : L’initiation secrète d’un enfant-moine au Tibet. Lu il y a très longtemps, voici peut-être la raison de l’orientalisme assumé du Tigre qui a a été amené par ce court texte à sérieusement cogiter sur les croyances. Si le statut de l’auteur prête largement à contestation, il faut lire cet essai avec un esprit bienveillant et ouvert. Sinon c’est la cata.

De quoi parle Le troisième oeil, et comment ?

Tuesday Lambsang Rampa, qui es-tu donc ? Cyril Henry Hoskiins de son vrai nom et Anglais de son état (bien plus grave), ne semble pas avoir posé le pied au Tibet. Il excipe donc d’une mystérieuse réincarnation justifiant ses dires pour le moins extravagants. Fabuleux destin ou canular éhonté ? Tigre applique le doute pascalien pour cet individu qui a un certain talent pour créer une histoire presque crédible et au demeurant assez belle.

En effet, pour quelque chose qui a été écrit dans les années 50, on se surprend à le relire sans déceler de grosses rides dans la structure du texte. Rampa nous conte son enfance, et comment à sept ans on l’a destiné à étudier dans une lamaserie (un temple rempli de moines tibétains bouffant des galettes peu ragoutantes et buvant du lait de yak) où il a fait des étincelles. Car le petit Lobsang (le nom qu’on lui attribue) est très doué, et entre ses capacités cognitives extraordinaires et les contrôles de connaissances (enfermé quelques jours dans une cage en bois), il invite le lecteur à croire que l’être humain est capable de grandes choses.

Le style est si limpide que c’en devient désarmant. On ne saura jamais faire la différence entre le vrai du faux, et aux sceptiques il rétorquera qu’au Tibet il paraît tout aussi magique de tourner un robinet et voir de l’eau claire en sortir. Quoiqu’il en soit, ce témoignage pourra en bouleverser plus d’un.

Enfin, si je n’ai pas classifié Le Troisième Œil en fiction, c’est pour de triviales raisons : cette catégorie est assez remplie comme cela et l’élévation de l’esprit proposée par l’auteur mérite qu’on aborde son texte comme une vérité, du moins la sienne. Parfois digne d’un ésotérisme de bonne femme certes, mais à l’époque ça a légitimement eu son petit succès.

Ce que Le Tigre a retenu

Le fameux « troisième œil », qu’est-ce donc ? C’est une compétence, chez certains individus qui ont reçu l’entraînement adéquat, de lire dans les gens grâce à l’aura qu’ils dégagent. En fait Lobsang Rampa a tendance à frustrer Le Tigre puisqu’il acquiert cette capacité à la suite d’une opération où on lui fore une partie du crâne. Et là, abracadabra, il voit l’aura des personnes face à lui ! Un tel est en colère, un autre malade, telle femme est enceinte, notre héros voit tout. Un peu léger comme explication.

Et cette très utile aptitude sera utilisée lors des premières négociations entre le Dalaï Lama et les vilains maoïstes. Lobsang aurait été caché derrière un paravent lorsque les émissaires chinois venaient rendre des visites de courtoisie à la lamaserie. Ces derniers, à l’aura rouge de violence (pas parce qu’ils sont communistes, ne nous égarons point), avaient dès le début des intentions peu nobles vis-à-vis du Tibet. Ce que Rampa aurait bien évidemment deviné, la suite on la connaît.

…à rapprocher de :

Tintin au Tibet est totalement indiqué dans le cadre de cet essai. Lévitation, apparition d’un yéti, à se demander si Hergé ne se serait légèrement inspiré de Rampa.

– Chez le même éditeur, j’avais bien aimé Le guerrier pacifique de Dan Millman. La suite, Le voyage sacré du guerrier pacifique, moins.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.