Lorsque le bon Dieu et Satan font un pari à la con, forcément rien ne se passera comme espéré. Idée plaisante, hélas le déroulement de l’intrigue a été royalement foiré. Avec allégresse, je le crains. La pseudo rencontre entre deux êtres angéliques est pitoyable, j’ai cru à une vaste blague tellement c’était capilotracté. Un titre (encore) dispensable de Marc Levy.
Il était une fois…
Zofia est une charmante jeune femme qui bosse comme officier de sécurité au port de San Francisco.. Lucas, à l’inverse, est un parfait petit connard talentueux qui bouffe ses beignets par dizaines. Ces deux individus sont les agents que Monsieur (Dieu) et le Président (le diable) ont décidé d’employer pour leur dernier pari en date : pendant sept jours, chaque « soldat » luttera afin de faire en sorte que son camp l’emporte. Le prix à gagner ? Régner pendant le troisième millénaire.
Critique de Sept jours pour une éternité…
Après deux ouvrages unanimement applaudis malgré un style qui n’est point le genre du Tigre, l’écrivain français a continué dans sa lancée avec un roman à la fois comique et fantastique. Comique – disons plutôt mignon. Le résultat, qui se laisse parfois lire, verse cependant dans un grand n’importe quoi où les invraisemblances tirent la bourre aux clichés les plus éhontés.
Reprenons le fameux pari qui a tout de l’histoire biblique de ce pauvre Job. Déjà, le bien et le mal décident d’utiliser San Francisco comme champ de bataille – quel heureux hasard, il y a encore l’inspecteur Pilguez, fidèle au rendez-vous. Ensuite, les deux zigotos sur Terre commencent leur œuvre. Première inquiétude dans la mesure où le « plan machiavélique » de Lucas pour remporter la partie est risible comme tout – un truc entre des grèves aux docks et la chute de la Silicon Valley. Mais ce n’est rien face aux insignifiantes historiettes de l’héroïne qui s’occupe d’une ex-junky, Mathilde, et tape la discute avec la vieille proprio.
C’est lorsque les deux protagonistes se rencontrent inopinément que le roman prend une tournure Levyesque, c’est-à-dire que le lecteur pourra sans appréhension poser son cerveau près de lui. Car l’amour naissant entre nos deux loulous est autant improbable que gnangnan, je n’ai pas d’autres mots. Enfin, un des camps parvient à avaler l’autre, et le pari entre les deux puissances célestes se termine en eau de boudin – avec un gosse à la clé.
Tout ça pour dire que les premiers chapitres étaient plaisants (oui oui) la présentation des deux héros étant de qualité. Puis Marc Levy a irrémédiablement gâché un bon début en saupoudrant de romance écœurante son scénario, jusqu’à en faire une histoire d’amour bien niaise comme il faut. J’ai l’impression que c’est plus fort que lui : en fait, Marc me rappelle une vieille tante qui, lorsqu’elle faisait ses compotes d’abricot, foutait tout en l’air alors que c’était bien parti. En plein milieu de la préparation, elle trempait son doigt et disait « hum, c’est délicieux, parffffaiiit même ! Je vais rajouter du sucre » avant de lâcher dix kilos de cassonade – si tu me lis tati, sache qu’on refilait tes saloperies à l’hôpital de la ville.
Une dernière chose bizarre : dans les remerciements en fin de titre, outre Guillaume Gallienne, Marco salue au passage le Syndicat CGT des docks de Marseille. Je m’interroge sur l’utilité de cette organisation pour expliquer comment les ports fonctionnent, étant donné que ses représentants réussissent à consciencieusement couler tout port autonome où ils sévissent.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
L’auteur français tente tant bien que mal de présenter les protagonistes de chaque équipe. Zofia est une sainte nitouche de première qui trouve le temps de 1/ régulièrement aider un clodo 2/ rendre visite à un enfant malade 3/ s’occuper d’anciens drogués 4/ gérer la sécurité du port de Frisco et 5/ dîner avec Lucas. L’autre camp aurait pu être plus intéressant, sous l’égide d’un Lucifer rigolard, hélas Marc Levy est trop gentillet pour montrer ce que serait réellement le mal – ou alors il perdrait 98% de ses lecteurs.
La compèt’ décrite dans le roman part du constat qu’entre le bien et le mal, aucun ne peut définitivement l’emporter. L’Humanité a deux facettes, et depuis que Dieu a laissé les Hommes prendre en main leur destin, la balance ne penche jamais d’un côté – sachant que les actes bénéfiques sont moins visibles que ceux des dictateurs. Et, lorsque ces deux aspects de l’Humanité sont confrontés, ils s’attirent irrésistiblement : chez Marc L., ça finit forcément dans le bon sens.
…à rapprocher de :
– Le Tigre est un animal curieux, et a lu quelques Marc Levy pour savoir ce qu’il en est. Du moins j’ai tenté : Et si c’était vrai…, Où es-tu ?, Mes Amis mes Amours (pas pu le terminer), etc.
– Je crains qu’une BD ait été pondue à partir de cette horreur. Ne comptez pas sur moi.
– A tout hasard, j’ai essayé d’imaginer à quoi pourraient ressembler ses prochains romans (en lien ici).
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce truc en ligne ici.
VO : The kill machine. Publié sous Green Arrow #17- 24 + 23.1 : Count Vertigo. Oliver Queen, alias Green Arrow, a une famille décidément pleine de surprise, et ses ennemis ont de la suite dans les idées. Illustrations de Sorrentino qui ne déplacement pas des montagnes, scénario digne d’un moteur diesel en panne, ce n’est pas le pied.
Sous-titre : Comment détruire le monde avec style. Qui sont les fameux vilains déterminés à pourrir le monde ? Comment le Commandeur Bond en vient à bout ? Non sans prendre partie, Kevin Collette nous invite dans un univers qu’il connaît bien, et serait presque parvenu à transmettre son enthousiasme – s’il n’y avait pas tant d’erreurs de fond et de forme.
Sous-titre : Cosmique fric-frac. Thriller science fictionnesque (mais sans hard SF) plutôt déconnant et résolument novateur, l’auteur français est parvenu à imaginer un monde, Hermopolis, avec des lois qui semblent bien obscures. Quand une poignée de bras cassés doivent s’immiscer au centre de cet univers, les ingrédients sont là pour lire une petite pépite fort sympathique.
Lorsqu’un homme alerte nous entretient de ce qui ne va guère dans notre civilisation, sans pour autant balayer comme un vieux con ce qui fait la modernité, ça promet d’être divertissant. Après un début délicat, Le Tigre s’est progressivement régalé de la prose d’un homme qui écrit comme on parle à un ami, sans chichis ni tournicotage effréné autour du pot de la langue de bois.
Roman partiellement épistolaire entre deux lovers que rien ne semble pouvoir séparer, lutte d’une femme contre les catastrophes naturelles dans le tiers-monde, héros le cul entre deux chaises amoureuses : l’auteur a sorti l’artillerie lourde. S’il y a un petit (tout petit hein) saut qualitatif dans ce deuxième roman de Levy, hélas ce n’est pas encore le pied littéraire.
Sous-titre : Prince de l’océan. Voici le cycle de la vie d’un fort sympathique cachalot, de sa naissance à l’accouplement, en passant par le retour triomphant dans son groupe après avoir été chassé par un vilain mâle dominant. Oui, c’est le scénario du Roi Lion, et alors ? Bien dessiné et scénario qui tient la route, cette BD didactique remplit confortablement ses objectifs.
Un jeune ouvrier plus ou moins contraint de partager l’intimité de deux personnages atypiques, un métier abrutissant sans début ni fin, une campagne froide traversée par une autoroute qui charrie ses monstres de métal, de la musique jazzy inopportune en ces lieux, bienvenu dans le nord de la France. Écriture sucrée accessible et mal-être persistant sans espoir de rémission, un roman à ne pas lire seul le soir.
Dans un village insulaire, un être issu de temps immémoriaux prend en otage la populace pour lui faire faire l’impensable. La peur n’est pas vraiment présente car ce roman est loin d’être comme les autres : celui-ci se présente sous la forme d’un script pour un feuilleton télévisuel. C’est une expérience littéraire bien différente où le lecteur, qui n’est pas spectateur, pourrait être déçu.
Une histoire fantastique mettant en scène un spectre doté d’un joli petit cul, fallait y penser. Marc Levy a pondu un roman qui se lira relativement vite, charge au lecteur de pardonner quelques réflexions générales fort bien fumeuses sur la vie et la manière d’en profiter. C’est certes moins pire que je craignais, néanmoins ce premier roman est loin d’être fameux.
Pendant qu’Hitler fraîchement installé au pouvoir commence à faire de la merde, certains auteurs allemands tentent, envers et contre tous, de s’opposer au cours de l’Histoire. Parmi eux, il y a Thomas Mann qui s’apprête à publier une lettre condamnant le régime en place. Roman/essai ambitieux et bien rédigé, hélas ce n’est guère la came du Tigre.
VO : World’s Finest [oh yeah]. Dans le cadre de News 53, (reboot de l’univers DC Comics), Batwoman a affaire à de très gros vilains issus de la mythologie. Lorsque les demis-dieux (et plus encore) s’invitent dans un comics, les planches promettent d’être aussi grandioses qu’excessives. L’intérêt pour cette série s’en trouve partiellement relancé, alléluia.