Boisserie & Pliquin & Brahy – Le temps des cités

Editions 12 Bis, 144 pages.

Boisserie & Pliquin & Brahy - Le temps des citésBD sans grosse surprise, ça se lit presque comme un documentaire touche-à-tout. Les auteurs, connais pas. Gangs à la française vs. caïds de banlieues, trahisons en tout genre, relation flics/délinquants avec leur familles respectives, tout ça ne casse pas trois pattes à un canard. Heureusement que le dessin n’est pas dégueu. Y’a pire certes.

Il était une fois…

Banlieue parisienne, cité des Mirabelles, début des années 80. Momo, Pap, Rachid et Patrick, quatre jeunes de la cité, vivotent de menus trafics. Ne manquant ni d’idées ni d’ambition, nos quatre amis vont progressivement élargir leur business jusqu’à traiter (et challenger même) la pègre française. De sauvageons (qu’est-ce que ce terme me fait marrer) un peu racailles sur les bords, les héros vont se transformer en puissants caïds qui vont attirer l’attention des mafias et de la police. A la Churchill, ce sera beaucoup de sang, de larmes et de sueurs froides.

Critique du Temps des cités

Une intégrale de moins de 15 boules en 144 pages, merci aux pigeons qui ont acheté les trois tomes séparément pour plus de dix sacs ! BD rapide à lire et dotée d’une fin qui n’en est pas vraiment une, la magie de l’achat compulsif a encore opéré. Le Tigre ne laissera personne sur le bord du chemin, que cela soit clair.

Le scénario m’a déçu, et c’est fort dommage : Le Tigre a eu l’impression que les auteurs souhaitaient placer un maximum de références de la criminalité des « téci » et des moyens pour les combattre : trahisons en tout genre, filatures policières, les go-fast sur l’autoroute, quelques scènes presque gores, il y a même les bourgeoises désireuses de se faire sauter par des racailles ! Hélas l’ensemble ne tient guère la route, et Le Tigre a cru déceler quelques raccourcis ici et là. Pas assez complet, le comble pour une intégrale. Mais pour moins de 150 pages, on ne va pas se plaindre.

Sur le dessin et l’harmonie générale des cases, c’est désespérément classique. Ligne claire, couleurs majoritairement ternes (quand ce n’est pas pourpre), à peine quelques effets de style (faire péter deux scènes d’action en alternant les cases) : le tout est plutôt morne en fait. Et ce à cause des expressions des personnages, j’ai eu la sensation de regarder des figurines du musée Grévin…

Vous l’aurez saisi, c’est loin d’être un chef d’œuvre. Si Le Tigre ne donne pas la pire notation à Le temps de cités (le jeu de mot sur les cerises est pitoyable), c’est parce que c’est un peu de ma faute : j’ai acheté ce truc au supermarché, et c’était la seule BD qui me semblait valable. Un bon point donc. Mais pour la grande surface en question, c’est gravissime.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La jeunesse déboussolée. Je ne vais pas sortir les poncifs politiques habituels, mais les auteurs décrivent bien le désœuvrement de ces jeunes, et l’attrait rapide de l’argent facile. Trois types : le délinquant, le jeune flic et l’avocat (évidemment véreux). Quelques figures tutélaires (la daronne, la grande sœur) essaient de cadrer nos protagonistes principaux, souvent sans effets. Et lorsque ces derniers offrent à la smala une belle maison en campagne, c’est qu’ils n’ont pas compris ce que veulent leurs proches.

Les caïds de la banlieue. Rongés par l’ambition, la bande des quatre (fallait que je la place) ne s’en tient pas qu’au trafic de quartier. Très vite ils pensent plus haut, plus loin, en s’approvisionnant directement en Espagne, quitte à doubler leurs fournisseur. Leurs méthodes sont plus expéditives, moins « fines » en quelque sorte et beaucoup de problèmes se règlent à la Kalach’. Le plus inquiétant dans tout ça, c’est la police qui met un certain temps à réaliser la menace de ce qu’ils croient être des voyous de seconde zone.

La police française, enfin. Œillères face à la réalité des banlieues, il y a du mauvais mais du positif : le flic-héros d’origine polonaise, l’antigang qui se bouge le cul à la fin. Vie ingrate (réveil à des heures indécentes), reconnaissance quasiment nulle, fugace impression de lire le story-telling d’un mix de Braquo et Engrenages. Avec la coopération européenne en sus.

…à rapprocher de :

– Jonquet a pondu une petite merveille de style sur l’ambiance des cités avec La vie de ma mère !

– Pour de vrais polars avec de zolis dessins, allez-voir du côté de Parker (Le Chasseur ; L’organisation ; Le Casse) ou un vilain Baron Samedi (ça se passe en France) de Dog Baker.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.

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