Chuck Palahniuk – Choke

Folio Policier, 384 pages.

Chuck Palahniuk - ChokeVO : idem. Le bon Chuck nous agrémente de titres dérangeants et profondément troublants, Choke en est un brillant exemple. Folie ordinaire, addictions sexuelles, familles totalement décomposées, les deux protagonistes du roman tiennent une sévère couche. Narration toujours aussi perchée, un vrai plaisir.

Il était une fois…

Victor Mancini est un sexoolique complet qui vit d’un boulot (avec son pote Denny) assez particulier. Affublé d’une mère folle qui ne le reconnaît plus comme son fiston, il a recourt à une technique plus que douteuse pour mettre du beurre dans ses épinards (payer l’hospitalisation de maman surtout). Deux héros, deux cas sociaux, Fight Club n’est que la version moderne de Quick et Flupke à côté de leur histoire.

Critique de Choke

Un titre délicieux, rien que le début met dans le bain : on y voit le protagoniste principal adepte du Choke, méthode consistant à s’étouffer afin de se faire secourir dans un restaurant. Ensuite, le héros d’un jour est régulièrement contacté pour aider notre simulateur dans ses déboires financiers (fausses factures, etc.). Si vous multipliez ça par cent personnes, les revenus sont là. Décrit avec le style propre de l’écrivain, c’est génial à lire.

Le scénario, comme toujours, est d’une rare originalité. Le lecteur va suivre les pérégrinations de Victor Mancini et son pote Denny qui sont tous deux des accrocs du sexe. Leur rencontre, les liens qu’ils ont avec leurs proches, leurs petites combines, les menues combinent qu’ils mettent chacun en place, tout est livré de manière totalement « achronologique ». Le Tigre a fini par ne plus vouloir distinguer les flashbacks du déroulement de l’histoire.

Pour moins de 400 pages (pages aérées de surcroît), Chuck nous régale à nouveau en s’attaquant à des sujets qu’il maîtrise plutôt bien : la folie, la dépendance, les cures, tout y est traité avec une incroyable pertinence et un humour acide et percutant. Une valeur sûre donc.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les addictions et les groupes de soutien. De la même manière que pour l’écriture de Fight Club, l’auteur a du passer un nombre scandaleux d’heures dans ces différents groupes pour trouver matière à écrire. Un aspect de la misère humaine à portée de main, pourquoi en effet se priver si c’est en faire une savoureuse fiction ? Ici, les « sexodépendants » qui s’autofélicitent de n’avoir pas tiré leur coup depuis trois heures, que du bonheur pour le lecteur.

La folie. Presque le corollaire des dépendances de nos héros. D’ailleurs la mère (et une autre femme, Le Tigre n’aime pas spoiler) d’un des héros ne possèdent pas l’intégralité de leurs facultés mentales. Je vous laisse imaginer les situations que Chuck peut décrire, c’est édifiant. Comme cette lubie de Denny de ramasser toutes les pierres qu’il trouve pour fonder un endroit d’accueil. Un Ferdinand Cheval contemporain et dérangé, en sus rejoint par les addicts du coin. Effet boule de neige formidable (dans le premier sens de ce terme), l’excès version Palahniuk.

Le dernier thème est bonus, quelque chose qui m’a bien fait rire au début du roman. Le héros travaille dans un type d’endroit qui n’a pas son pareil (ou alors corrigez-moi) en France : un « musée vivant » où les employés œuvrent constamment à la reconstitution historique de la période voulue. En cas d’anachronismes repérés sur un salarié, direction le pilori ! Et ce fameux pilori, c’est un peu le sport de prédilection de Denny qui fait tout pour y passer quelques heures. Devant une foule de curieux.

…à rapprocher de :

– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.

– De Palahniuk, il FAUT lire A l’estomac ou Monstres invisibles. Period. Voire Berceuse (et tant d’autres hélas, comme Peste).

– Le Tigre vous signale que ce roman a fait l’objet d’une adaptation cinématographique, avec particulièrement comme actrice la nénette qui joue la femme du héros dans No country for old men. Juste un signalement, hein. Parce que ce film est mauvais. Alors que Fight Club

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman sur Amazon ici.

9 réflexions au sujet de « Chuck Palahniuk – Choke »

  1. Ping : Chuck Palahniuk – Survivant | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Chuck Palahniuk – Peste | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Palahniuk & Steward – Fight Club 2 | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Catherine Millet – La Vie sexuelle de Catherine M. | Quand Le Tigre Lit

  5. Ping : Chuck Palahniuk – Berceuse | Quand Le Tigre Lit

  6. Ping : Chuck Palahniuk – Pygmy | Quand Le Tigre Lit

  7. Ping : DodécaTora, Chap.AS : 12 spécimens d’anticipation sociale | Quand Le Tigre Lit

  8. Ping : Chuck Palahniuk – Journal intime | Quand Le Tigre Lit

  9. Ping : Christopher Moore – Le lézard lubrique de Melancholy Cove | Quand Le Tigre Lit

Laisser un commentaire