Chuck Palahniuk – Monstres invisibles

Folio Policier, 352 pages.

Chuck Palahniuk - Monstres invisiblesVO : Invisible Monsters. Palahniuk fait en général du bon boulot, ici on ne déroge heureusement pas à la règle. Humour noir, narration originale faite de flashbacks, nombreux retournements, les ingrédients habituelles de l’auteur sont présents. Hélas l’histoire, entre road trip délirant et vie quotidienne d’une famille plus ou moins heureuse, n’a pas la folie ou l’envergure d’autres œuvres.

Il était une fois…

Shannon avait tout pour être heureuse. Petit copain, meilleure amie qui est mannequin comme elle, tout va pour le mieux. Jusqu’à ce qu’à la suite d’un accident elle se retrouve défigurée et rejoigne ceux qu’on appelle « monstres invisibles », parce que tous font semblant de ne pas les voir. C’est un nouvel univers qui s’ouvre à elle, et par une connaissance rencontrée à l’hôpital, Brandy, Shannon va prendre la route (jusqu’au Canada) et tenter de trouver sa voie.

Critique de Monstres invisibles

Le Tigre voit en Palahniuk un auteur exceptionnel en qui sont toujours placées de grandes attentes. Alors autant le dire de go : ce titre est bon, très bon même, mais de la part de cet écrivain il y a mieux (A l’estomac ou Survivant par exemple).

Le scénario semble assez basique au premier abord, à savoir une jeune femme à la beauté irrémédiablement perdue qui se lance (avec deux individus plus que particuliers) fort dans un road trip effréné. Seulement Chuck n’écrit pas vraiment comme les autres, et la linéarité de l’histoire en prend pour son grade :

D’une part, les nombreux flash-back composant la trame du scénario constituent autant de petites histoires (en apparence anodines) mais qui assemblées donnent une terrible cohérence au roman. D’autre part, le style de l’auteur, toujours aussi déroutant, mélange name droping (ici des marques de luxe) et passages profondément glauques. Particulièrement le souvenir d’un dîner en famille où vous saurez tout sur les symboles de l’homosexualité (pour rester sage).

Pour conclure, encore un texte à ne pas rater, ne serait-ce que pour le revirement final et les petits passages (certains instructifs, d’autre choquants) qui feront parfois rire, parfois serrer les dents.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les thèmes présents chez l’auteur sont souvent redondants, mais un est ici particulièrement prenant : c’est la notion de l’apparence. Shannon, ses compagnons d’infortune, chacun a un détail (souvent conséquent) qui le rend extraordinaire (physiquement) et le regard des autres (compagnons comme étrangers) n’est pas forcément le bon. En outre, ces individus se cachent pas mal de choses entre eux, ce qui va rendre la fin du roman très excitante.

En outre, l’amour fait une apparition remarquée : le roman est émaillé de souvenirs de l’héroïne où elle est en famille ou avec son frère. Une famille heureuse au début. Puis tout part en sucette, Shannon se blesse, et vient la question de l’amour avec son compagnon de route, voire de l’estime que nos protagonistes se portent à eux-mêmes. La fin du roman, en traitant de ce thème, peut alors sembler moins déjantée que d’habitude (le retournement des dernière pages est à ce titre le bienvenu).

Dernier point, plutôt un coup de gueule. Gallimard fait en principe des efforts, mais ici leur quatrième de couverture est franchement foireux. Notamment la question de l’accident de Shanon (même s’il y existe quelques révélations à venir). Bravo. Soit on zappe l’histoire du livre et on s’arrête aux premiers chapitres (comme dans Mon CV dans la gueule), quitte à passer à côté du vrai scénario, soit le rédacteur de la couverture a tout lu et spoile sans vergogne le roman. Ne pas basculer dans ces deux extrémités, l’exercice semble si délicat ?

…à rapprocher de :

– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.

Survivant, A l’estomac, même combat ! Berceuse ou Peste sont à lire quand vous connaissez bien l’auteur.

– Sur un héros défiguré et dont on suivra les pérégrinations, Le Tigre s’est souvenu de La chambre des officiers, de Dugain. Rapport très léger j’en conviens. Mais le film est plus que correct.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

16 réflexions au sujet de « Chuck Palahniuk – Monstres invisibles »

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  4. Salut Tigre,

    Bon, autant, j’ai vraiment aimé Fight Club, autant j’ai eu du mal avec Monstres Invisibles… un peu trop déjanté pour moi, et les incessants flashbacks ont fini par me dérouter et même m’énerver.
    Je suis peut être un brin cartésien pour cet auteur, qui à n’en pas douter a -reconnaissons le- du talent et sait faire preuve d’une extrême originalité dans sa narration.
    J’ai refermé le bouquin en me demandant « Mais t’en penses quoi ? » Un des rares bouquins pour lequel je ne saurai dire au final s’il m’a plu ou pas, si je le recommande ou pas. Rien que pour ça, CP est hors norme !
    Bonne bourre
    A+
    V.

    • Et encore, je trouve ça plus compréhensible que Journal Intime ou A l’estomac. Et rien que pour le chapitre sur le diner en famille avec le flechting ou le twist final, je le recommande !
      @+

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