Ennis & Robertson & Larosa – The Punisher : Au Commencement

Panini Comics, 300 pages.

ennis-robertson-larosa-the-punisher-au-commencementVO : idem. The Punisher, c’est un tout : un héros qui ne possède pas de superpouvoirs, un soldat seul contre le système mafieux, un gars avec un cul bordé de nouilles tellement les balles ne semblent que l’effleurer, bref un homme extrêmement dangereux investi d’une mission qu’il s’est assignée. Et ce reboot est plus que satisfaisant – histoire et illustrations.

Il était une fois…

Dans la première partie de ce comics, Frank Castle est une machine de guerre qui, presque seule, fait la nique à pas mal de méchants au Vietnam. Difficultés sur le front, usage de drogues, vagues d’ennemis encore et encore, ça vous change un homme. Dans la seconde partie, la famille de Frank se fait massacrer (on ne sait pas pourquoi) à Central Park. Depuis, il s’est juré de tuer tous les criminels responsables – de près ou de loin. Enfin, dans le numéro spécial The Cell, le Punisseur s’arrange pour rencontrer les derniers boss de la mafia.

Critique de The Punisher : Au Commencement

D’habitude, Le Tigre n’est guère porté sur cet éditeur considéré d’un œil torve. Toutefois, Marvel Deluxe a produit une intégrale que j’ai lue d’une traite et adorée – n’ayons pas peur des mots. Noir, moderne, violent, sans pitié, je ne fus pas déçu.

Garth Ennis, l’auteur, a su reprendre la légende du Punisher et recadrer celle-ci dans un univers définitivement contemporain. Même dans la « construction » du personnage lors de sa période vietnam war, il y a quelque chose qui rappelle les effets de toute guerre en plus de faire le lien avec ce qui suivra : la longue association avec une connaissance de l’époque, en l’espèce Microchip. Celui-ci, face aux massacres commis par le héros à l’encontre des mafiosi, tentera de retourner sa force contre des individus jugés plus dangereux pour l’Amérique – genre, un gros barbu qui a cassé deux tours. Manipulations, criminels de hauts vols, armée, CIA, voilà pour le mélange explosif.

Ce qui m’a également plus est l’humour noir omniprésent, avec des dialogues parfois étonnants et des situations cocasses (un mec qui se balade ses burnes dans un gobelet). Au dessin, Lewis Larosa s’est attaché aux premiers chapitres, vite rejoint par l’excellentissime Darick Robertson. Le trait est droit et réaliste, avec néanmoins quelques belles planches plus oniriques. La couleur claque bien, grâce à un encrage de qualité et des passages sanguinolents en veux-tu en-voilà. Bref, du bonheur pur sucre sur toute la ligne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les syndromes post-traumatiques de guerre s’invitent dès le début de l’œuvre, avec Frank qui a une réaction assez différente des autres soldats – plus de la moitié sont devenus accroc à l’héroïne là-bas, sauf erreur de ma part. En fait, au cours de situations particulièrement intenses, une petite voix (matérialisée par un fond noir) apprécie ce qui se passe, et en redemande même. C’est comme une malédiction qui accompagne l’ex-soldat, et dès son retour au pays le lecteur sait que le mauvais œil est en lui, qu’il perdra famille et proches à cause de ce qu’il a fait en Asie.

Le résultat est un individu ivre de rage qui fait passer n’importe quelle vendetta corse pour une brouille entre deux sœurs à peine pubères. On détruit la famille de Castle, le Punisseur fera de même avec la famiglia – la tuerie lors d’un anniversaire marque le pas. Hélas, sa légitime (mais infâme) quête n’est pas dénuée d’effets pervers : en dégageant les pontes de la mafia du monde des vivants, une autre catégorie de vilains apparaît. Pas des super-vilains comme avec Batman, mais des individus encore plus dérangés qui n’ont rien à envie au diable en personne – Pitts, par exemple, est flippant à souhait.

Tout au long de ce comics, le lecteur pourra déceler une forme de « bourrinitude » dans le héros qui tire dans le tas sans se préoccuper du reste. Heureusement, dans le chapitre The Cell, le monsieur fait montre d’astuce : il ne sert à rien d’arriver dans une prison où la mafia fait ce qu’elle veut, mais plutôt mettre en place une stratégie aussi fine que culottée. Bizarre, c’est comme s’il poussait subitement une paire de couilles au héros de la série Prison Break.

…à rapprocher de :

– Dans la collection Marvel MAX, les aventures du Punisher ont été plutôt bien reprises. S’ensuivent Kitchen irish (pas mal), puis Mère Russie, qui envoie du très lourd. Et la série MAX est loin de se terminer…

– Garth Ennis a également imaginé la petite tuerie qu’est Preacher : Livre 1, Livre 2 (lien aussi), Livre 2 (ici), etc.

– Avec Darick Robertson au dessin, il y a Happy ! (Grant Morrison au scénario), très sombre. Mais le meilleur reste, à mon sens, Transmetropolitan.

– On retrouve rapidement notre badassissime héros dans le second tome (lien) des aventures de Daredevil, de Frank Miller.

– De temps à autre, je vous avoue que le personnage principal me rappelle un protagoniste secondaire de Vierge de cuir, de l’incontournable Joe R. Lansdale. Même rapport à la violence, même personnalité borderline.

7 réflexions au sujet de « Ennis & Robertson & Larosa – The Punisher : Au Commencement »

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