Frédéric Beigbeder – Vacances dans le coma

Le Livre de Poche, 150 pages.

Frédéric Beigbeder - Vacances dans le comaJ’ai un certain respect pour Beigbeder qui a réussi à sortir de sa condition de chroniqueur parisianiste pour produire quelques beaux titres, hélas Vacances dans le coma n’en fait pas partie. Une heure pour lire les délires d’un odieux connard (c’est un compliment chez QLTL) dans un pétulant nightclub, y’a mieux à lire dans le vaste monde.

Il était une fois…

Marc Maronnier est chroniqueur mondain dans la capital française. Grâce à ses relations avec Joss, DJ de talent, il est invité à la première soirée d’une boîte de nuit savamment nommée « Les Chiottes ». Sexe, drogues, musique électro, Marc nous conte, par le menu, ses pérégrinations le temps d’une nuit, jusqu’à 7 heures du mat’.

Critique de Vacances dans le coma

Ce bouquin est, apparemment, le deuxième opus d’une trilogie qui commence par Mémoires d’un jeune homme dérangé (pas lu, tiens !) et se termine par L’amour dure trois ans (qui se laisse lire). Pourtant, le héros du présent titre, Marc Maronnier, est le boss d’Octave dans un autre roman, 99 Francs. Comprenne qui voudra.

Ces fameuses vacances, c’est un énième délire de Frédéric qui crache gentiment dans un univers qu’il ne connaît que trop bien : il a dû prendre le meilleur (je vous laisse juge) de ce qu’il a vécu dans ses nombreuses parties en vue de mettre en place une sorte de huis clos (le titre qu’il aurait souhaité d’ailleurs) d’où il ne sortira pas indemne. Il n’a oublié aucun poncif ni aucun cliché afférent à cet univers, même si certains passages paraissent sublimer (le vocabulaire aidant) nos pires fantasmes.

Si l’auteur annonce qu’il ne souhaite pas faire de la littérature, j’ai eu souvent l’impression du contraire : Beigbeder tente (l’air de rien) de faire rire et choquer avec des descriptions crues agrémentées de jeux de mots plus ou moins savoureux. Sauf que dans mon cas, c’est salement tombé à l’eau. Le mec qui répète à quel point il est mauvais, qu’écrire n’est pas son but ultime, tout en balançant des termes savants pour raconter une beuverie, bref ça peut courir sur le haricot.

Le roman se lit le temps de faire la queue pour récupérer son manteau au vestiaire, et le dénouement final censé nous ravir a à peine fait hausser mon sourcil gauche. Au final, une œuvre légère et que certains lecteurs jugeront insupportable. Fredou fait son show et se fait plaisir avant tout, ses potes se sont très certainement marrés, seulement tout ceci vieillit mal.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La petite décadence d’une soirée unique. Inutile de tout vous raconter, y’a du gros name droping  : les différentes drogues prises (coke, cachetons d’ecsta surtout), les prénoms des pétasses bouche à bites, mais aussi les tubes qui passent. Bizarrement, l’avancée de Marc M. dans la nuit et son pif qui se remplit bien ne s’accompagne d’une évolution stylistique qui aurait consisté à ne rien écrire à la fin. Dommage, le roman aurait pu perdre un ou deux chapitres.

Ce qui est particulièrement « dénoncé » est la décadence des esprits, à savoir l’hypocrisie ambiante dans le nightclub. Ça balance à Paris, comme dirait la mère Gall, et la vanité mâtinée d’un mépris des contemporains serait presque à gerber. Sauf que ce roman semble avoir été écrit au mauvais moment : Beigbeder était pleinement intégré à ce petit monde et était plus un chroniqueur qu’un écrivain. Aussi il est possible de distinguer, derrière la révolte de façade, les clins d’œil et autres connivences de caste par rapport à ces individus déconnectés de la réalité.

…à rapprocher de :

– Ce titre bas de gamme peut être lié à Nouvelles sous ecstasy, également dispensable. Tout comme L’égoïste romantique.

– Tigre a largement préféré 99 Francs, plus « intelligent », mais surtout Un roman français, plus littéraire et abouti.

– Sur une soirée qui se passe pas comme prévu, les auteurs anglo-saxons ont fait mieux, notamment le bon Will Self dans The Sweet Smell of Psychosis.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

9 réflexions au sujet de « Frédéric Beigbeder – Vacances dans le coma »

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  6. Bonjour le Tigre.

    Je sais que cela ne se fait pas et ne se dit encore moins.

    Pour avoir « parcouru » d’un majeur distrait (pas sur la tête on avait dit!) 34 pages prises au hasard de « Vacances…. », , j’ai eu l’impression de relire le « 13 minutes » de N.Rey. Enfin, quand je dis relire…

    Ces  » Jeunes talents » tardent à nous offrir autre chose que: « Fifilles, coco, bibine et baisouille facile.

    « 99 francs » fut considéré comme « une-courageuse-dénonciation-d’un-système-qui-…etc. Un acte spontané, apparemment sans véritable calcul carriériste, voire suicidaire, qui a fait de Beigbeder  » un desesperado mondain qui va tout casser ». « Un roman français » fut également une « réaction » suite à ses démêlés avec la justice. Percutant même si je ne lui donne pas raison.

    Les commérages nocturnes parisiens n’épatent plus grand monde. Beigbeder doit trouver une source moins tarie pour que lors de ma prochaine visite dans cette charmante librairie biarrotte je ne me contente plus de « parcourir » (la tête: non!) mais d’acheter avec gourmandise.

    • En effet, Beigbeder semble travailler que par « réaction », de toute façon ce ne sera guère un auteur dont j’achèterais avec gourmandise un titre, entre lui et un Chuck P. je n’hésite pas.
      « Je sais que cela ne se fait pas et ne se dit encore moins », je n’ai pas vu le problème ou ai-je mal compris ?

      • Tu as raison: le terme gourmandise concernant F.Beigbeder n’est pas approprié.
        La première phrase exprimait ma désolation d’utiliser le terme « parcourir » qui en général provoque des:
        _Parcouru? Tu n’as donc rien à dire qui puisse apporter un éclairage digne d’intérêt!
        Ce à quoi il m’arrive de répondre (ou de penser très fort par lâcheté, flemme ou convenances ):
        _On parcoure les Beigbeder & Co à l’oeil, et on achète les Ecrivains avec gourmandise.

        Merci le Tigre.

      • Ah, j’ai compris ! Ne t’inquiète donc pas, Tigre parcourt des titres plus « littéraires » avec une très blâmable légèreté, et il dort sur ses deux oreilles. Pour tout avouer, c’est presque en diagonale que j’ai lu ce truc.

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