Grant Morrison – Batman T2 : Batman R.I.P.

Urban Comics, 310 pages.

Grant Morrison - Batman T2 : Batman R.I.P.VO : idem. Après un premier opus fort décevant, Le Tigre s’accroche et voit enfin ses efforts récompensés. En effet, je me suis régalé de cet ouvrage, autant pour le dessin (sombre) que le scénario hallucinant (la santé de Batman étant en péril). Grant a bien réinventé le héros, du moins une partie de son passé.

Il était une fois…

Batman vient à peine de se remettre de ses émotions précédentes que le boxon reprend. Notamment Le Gant Noir, un groupe de criminels mené par un étrange docteur qui semble bien décidé à détruire la psyché du Bat. Si on rajoute le Joker, prisonnier à Arkham mais ayant des liens avec cette mystérieuse organisation, et pareil à lui même (en pire peut-être ?), le Chevalier noir est plus mal parti que jamais.

Critique de Batman T2 : Batman R.I.P.

Enfin Grant Morrison m’a énormément satisfait dans la manière de repenser mon héros préféré, voire éveillé chez moi de l’admiration. Dommage que le premier tome soit en-deçà de ce à quoi je m’attendais et qu’il vaille mieux le lire pour suivre pleinement l’histoire. Mais le néophyte peut lire Batman R.I.P. seul.

En effet les personnages, réminiscences de protagonistes de l’histoire de l’homme chauve-souris, sont nombreux et je n’ai pas le savoir pour apprécier les clins d’œil faits au passé du super-héros. Bat-mite (une sorte de lutin qui aide le personnage), Doctor Hurt, Charlie Caligula, King Kraken, Pierre Lumière (vive la France), El Sombrero, Scorpiana,…autant d’individus gravitant autour de ceux un peu plus connus comme le Joker, Nightwing, Damian (le gosse du Bat) ou Jezabel, sa nouvelle copine.

Whatever, le scénario, certes parfois décousu, est tout bonnement superbe : à la suite d’une pseudo expérience sur le vide spatial, quelques ennemis de Bruce Wayne ont foutu dans son esprit une bombe à retardement : de déceptions en déceptions savamment calculées, on attend du chevalier noir qui pète les plombs. Bien sûr ce dernier a plus ou moins la parade.

Sur le dessin, Tony Daniels est un excellent illustrateur. Spécialement les très épiques scènes d’action ou les visages des protagonistes (certain étant terrifiants). Le Tigre a bien aimé les dominantes parfois rouge et noir des planches, qui en plus d’avoir une signification précise pour le Joker représentent l’amour et la mort, forcément indissociables. Bref, contrairement au premier opus, un petit plaisir qui permet de découvrir le héros sous un nouveau jour.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le mal ultime. On pourrait croire que l’organisation Le Gant Noir est l’ennemi final et déterminant du Bat, eu égard le machiavélique (et fascinant) plan mitonné pour l’abattre. Et en plus ceux-ci se permettent de faire des paris sur lequel (bien ou mal) va le remporter. L’erreur de ce club de riches est de se plaire à croire qu’ils utilisent le Joker, hélas ce dernier (à la suite d’une balle dans la tête) est encore plus timbré que d’habitude et mène la danse. Agréable retour aux sources en fait.

Le voyage intérieur. Pourquoi l’ésotérisme ? Parce que le lecteur sera entretenu au sujet de la préparation de Bruce Wayne au cas (exceptionnel il est vrai) où toutes ses barrières psychologiques pourraient sauter. Ce que le méchant a bien préparé. Heureusement, grâce à des exercices d’une violence psychique inouïe (pas très bien expliqués dans le comics néanmoins), le Batman a pu se construire un reliquat de personnalité, brute mais efficace. C’est le fameux Zu-En-Arrh, dont le nom renvoie à un épisode que Le Tigre ne connaît ni d’Eve ni d’Adam.

[Thème SPOIL Attention !] Le déclic final censé faire perdre la boule au héros est, et là je ne l’ai pas vu arriver, la petite amie de Wayne. L’amour contrarié dans sa splendeur, la cerise sur le gâteau de la manipulation mentale. Morrison est d’accord pour considérer que la perte de l’être cher, sa trahison (pire version comme ici) peut être ce qu’il y a de plus déstabilisant. Comme le dit Jezabel, « ne plus faire confiance à aucune femme », quoi de pire ? L’amour, base de l’intellect, voilà qui est séduisant. [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

– L’organisation secrète, celle à même (il paraît du moins) à faire s’écrouler le Batman, il y a aussi La cour des hiboux (tome 1 et tome 2), pas mal du tout au demeurant comme comics.

– Le premier tome Batman : L’héritage maudit ne semble pas si nécessaire pour apprécier ce second opus. Surtout lorsque celui-ci n’est pas génial.

– La suite est catastrophique : Batman : Nouveaux masques. Car il faut mieux la lire avec le quatrième tome (Le dossier noir) qui apporte de bienvenues explications. Ensuite, c’est Le retour de Bruce Wayne, très moyen. Puis vient Batman contre Robin, qui est superbe. Batman Incorporated est moins bon. Quant à Batman : Requiem, rien n’a été rattrapé. Dommage.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.