Jean Tulard – Joseph Fouché

Fayard, 496 pages.

Jean Tulard - Joseph FouchéFouché, pas si bien connu et pourtant quel parcours ! L’image de couverture représente un homme placide, à la limite du noble « fin de race » mais dont les actes furent souvent sans appel. Toutefois en plus d’une bio, c’est l’histoire de l’évolution de la police dans un environnement changeant qu’on découvre, avec une exhaustivité qui risque de perdre le lecteur.

De quoi parle Joseph Fouché, et comment ?

Joseph Fouché, entre autre grand flic de la fin du XVIIIème siècle, a eu une vie qui mérite largement un essai d’un demi millier de pages. Et oui, 500 pages, c’est beaucoup et à la mesure du travail exhaustif de Jean Tulard, historien plus qu’écrivain. Trop long et exhaustif pour Le Tigre, qui s’est vu obliger de lire ce pavé historique puisqu’offert.

Je ne vais pas vous faire un résumé du personnage, Le Tigre étant resté pantois devant la version wikipedia du livre, on ne peut lutter contre ce site. A décourager de créer des posts sur des œuvres de référence. Au menu donc, juste vous dire ce qui m’a marqué (chapitre suivant) et surtout comment je l’ai lu et apprécié. Je vous le dis de go, c’est un grand ouvrage, toutefois qui ne remplit pas les critères de contentement du Tigre (capter le lecteur et la dose d’humour notamment).

C’est en effet dans la critique, très personnelle certes, que le bât blesse. Le Tigre n’a rien contre les essais historiques, à part sans doute Les commentaires de la guerre des gaules du grand Jules qu’on m’a obligé de lire, dans la version originale de surcroît. Jean Tulard a fait un travail remarquable, et le résultat ressemble à un gros livre d’histoire, assez brut et sans la qualité narrative qu’un jeune homme pourrait attendre.

Ouvrage parfait pour tout chercheur / historien / gros curieux de cette époque, le lecteur basique (celui « seulement » curieux) va sans doute décrocher. Car l’attention de ce dernier peut vite se déroder lorsque c’est trop descriptif (« technique » ai-je envie de dire), surtout quand l’auteur s’attarde sur la création de la police moderne, avec tous les intervenants et leurs intérêts personnels.

Ce que Le Tigre a retenu

Le père Fouché était un sacré cas, à la limite du scandaleux qui serait vite grillé dans notre ère numérique.

Déjà, il passe pour un l’inventeur de la police politique, le suivi constant des opposants. Bref, dans la tradition française qui a de solides penchants à utiliser les moyens de l’État à des fins de servir le pouvoir. D’une part les crimes de droit commun semblaient l’ennuyer profondément ; d’autre part c’était un intriguant de premier ordre.

Intriguant sans arrêt en effet, trahissant dès qu’il le peut, régicide parce que c’était à un certain moment de bon aloi, anticlérical (Lyon en 1793 notamment) pendant la terreur, ayant fait l’objet de nombreuses disgrâces (1808 sous le Nap’), Fouché est l’exemple de l’homme qui, lorsqu’il ne peut créer les conditions menant à sa gloire, utilise à son avantage les évènements (comme le remarque si bien l’auteur).

En outre, à l’image d’un Talleyrand, Joseph F. fut un diplomate souvent frustré, particulièrement lors des guerres napoléoniennes avec ses prises de contact, inutiles au demeurant, avec l’Angleterre. Ayant une vision géopolitique correcte, le grand flic a fait montre d’une lucidité assez désarmante sur les enjeux de la France pendant cette époque trouble.

Au final, Fouché sera exilé à Prague puis Trieste, tout en jouissant d’une richesse immense (les titres qu’il a cumulés lui permettaient d’avoir droit à de nombreuses prébendes). Pour conclure, comme l’auteur le dit (à moins que ce ne fut-ce le principal intéressé), « l’histoire n’est jamais morale ».

à rapprocher de :

– A la limite, si le personnage vous intrigue, Le Tigre estime que Fouché, de Zweig, sera sans conteste plus abordable.

– Dans la catégorie « essais historiques », je me suis plus marré (façon de parler) avec L’année des quatre dauphins, de Chaline.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez le trouver sur Amazon ici.

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