Lee Child – Elle savait

Le Livre de Poche, 550 pages.

Lee Child - Elle savaitVO : Nothing to lose [le titre français est bien palichon à côté]. Énième histoire d’un ancien flic qui semble avoir une déveine de dingue, voilà un thriller qui se laisse dévorer (près de 600 pages pourtant). Nombreux retournements de situation, urban war, intrigues géopolitiques, ce n’est ni polar du siècle, ni un navet.

Il était une fois…

Jack Reacher, on ne sait par quel hasard, se retrouve dans un métro vers 6h du mat’ à NYC. Face à lui, une femme qui correspond parfaitement à un individu candidat à un attentat suicide. En effet, douze points (qu’il a appris en Israël) sont tous validés : transpiration, mains dans un sac, marmonnements, habits larges, etc. Jack, comme un boulet, met les pieds dans le plat. La nana se suicide. Bravo mec. Sauf qu’apparemment elle avait quelque chose sur elle, et pas mal d’organisations plus ou moins puissantes sont déterminées à récupérer cet objet.

Critique de Elle savait

Deux remarques. Déjà, pas besoin de lire les premières pérégrinations de ce héros. L’auteur britannique fait en sorte qu’on puisse débarquer dans ses romans comme de parfaits touristes prêts à être trimballés dans le scénar. Ensuite, gros coup de gueule contre l’éditeur qui a quasiment spoilé le sujet. Merde, on suppute que le héros est poursuivi par une jolie pétée de personnes, était-ce nécessaire de préciser qu’Al-Qaïda est de la partie ?

Ce titre démarre comme en 14, l’immersion est presque parfaite : notre héros fait superbement étalage de ses connaissances en matière d’anti-terrorisme et se retrouve aux premières loges, le cul coincé entre quatre chaises au moins. Un vrai détective à l’instar de Batman, Jack fait montre d’un sens de l’analyse assez poussé (hypothèses émises, démontées, nouvelles idées, etc.), quitte à avancer dans son enquête avec un cul excessivement bordé de nouilles.

Si Jack R. n’est pas vraiment seul (aidé du frère de la victime, Jacob Mark, ou de l’agent Lee), force est de reconnaître qu’il donne l’impression d’être un vieux dinosaure qui ne sait rien des nouvelles technologies et de ce que celles-ci peuvent offrir. Un gus qui laisse filer cet aspect-là ne m’a pas semblé logique, toutefois au fil des pages le héros parvient à s’en sortir avec sa bite et son couteau (ce n’est pas une image, il utilisera bien les deux).

Le style est plutôt simple et prenant, servi avec un chapitrage court et rythmé. Toutefois le lecteur attentif pourra être passablement gavé par certaines péripéties de cache-cache qui consistent à se faire choper (ou alpaguer) et à s’en sortir avec plus ou moins de succès. Au final, un auteur qui fait bien ses devoirs littéraires et donne envie de poursuivre avec son personnage principal, bien construit sur toute la ligne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Ce roman est un correct exemple de l’antagonisme entre l’intérêt politique et les libertés publiques. Le NYPD, le FBI, les militaires, un homme politique souhaitant devenir sénateur (Samson), beaucoup de flics, en fait tout ce petit monde pète de trouille car une information compromettante se balade dans la ville. Quelqu’un sait quelque chose, et cela pourrait foutre le feu (pas littéralement hein) dans la tanière de certains. Cette fameuse info se révèle progressivement, et d’un machin anodin au premier abord le lecteur finira par découvrir une vérité dérangeante (des deux côtés).

Le dernier thème m’a semblé être le « Grand Jeu », ou les évolutions géopolitiques de ce bas monde. L’Histoire s’invite, notamment la présence soviétique en Afghanistan dans les années 80. Par l’intermédiaire de Lila Hoth, un très crédible entraperçu de ce conflit (côté russe) est donné. S’il faut retenir quelque chose de ce monde interlope, c’est que vos amis peuvent devenir vos ennemis (exemple de la photo de Saddam H. avec le souriant Donald Rumsfeld), et inversement (quelques protagonistes dont on se méfie et qui, finalement, se révèlent utiles). Le citoyen lambda, à la mémoire de poisson rouge, n’est pas jugé digne de comprendre cela.

…à rapprocher de :

– Donc, faut pas confondre cet auteur avec Lincoln Child, qui avec son poto Douglas Preston fait aussi dans le thriller (certes moins polar). Par exemple Ice Limit ou La chambre des curiosités.

– Le héros vieillissant mais à qui il reste de beaux réflexes, c’est aussi L’hiver de Frankie Machine, de Don Winslow. Excellent, as usual.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce thriller via Amazon ici.

2 réflexions au sujet de « Lee Child – Elle savait »

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