Dossiers du proc’, cote B : l’odeur sans le bruit

Le Tigre Editions, pas de pages.

Les textes du TigreFamille en décomposition (littéralement), époux qui cache trop bien son jeu, vieux couple qui s’autodénonce dans l’insouciance la plus marrante, voici trois courtes situations rencontrées par la justice de France et de Navarre. Bien évidemment que ces cas de figure son plus ou moins romancés. Ne vous fatiguez pas à chercher où tout ceci a bien pu arriver. Si vous trouvez, alors je devrais vous tuer.

L’odeur sans le bruit

Deux enfants provenant d’une même famille sentent très mauvais. Ils puent sacrément, n’ayons pas peur des mots. En tout cas, c’est ce qu’il ressort d’un signalement déposé auprès des policiers de la part d’une directrice d’école. Direction donc la maison où ils vivent avec leur mère, célibataire, au chômage. De l’aveu des flics pourtant habitués à débarquer dans des lieux où croupissent des cadavres depuis des jours, y’en a eu plus d’un qui a failli dégobiller dans l’entrée.

On a beau écrire la situation à l’aide de son clavier, ça ne remplacera jamais le quart d’une seconde d’un souffle d’air en provenance de l’intérieur de la baraque. Aucun radiateur ni autre instrument de chauffage. Des dizaines (quarante au bas mot) de chiens et de chats qui occupent la place. Câbles électriques qui pendent au plafond et tombent suffisamment pour qu’un gamin s’y accroche. Un carrelage recouvert par de la terre, des excréments et des traces de dégueulis de félins couverts de mouches en plein banquet. Des piles de vêtements, tous sales, déposés à même le sol. Cerise trop mûre sur le gâteau mal décongelé : les litières des animaux, qui n’ont pas été nettoyées depuis des mois, se trouvent dans la chambre des enfants – 10 mètres carrés à tout casser.

Enfants placés d’office dans un foyer (ou, pour le plus chanceux, en famille d’accueil). La mère, furieuse de cette décision, a balancé la moitié de sa vaisselle (pas lavée, bien sûr) en direction de l’assistante sociale et des forces publiques.

Disparition peu surprenante

Un samedi après-midi, une femme en panique appelle la gendarmerie pour rapporter la disparition de son mari. Celui-ci, en voyage d’affaires depuis vendredi, était censé rentrer en train le lendemain matin. Son épouse l’attendait sur le quai de la gare, toutefois nulle trace de son époux. Louche.

Les gendarmes ont résolu l’affaire en trois minutes grâce à la présence d’esprit d’un brigadier. Ce dernier a rapidement appelé quelques collègues qui opèrent dans la ville où devait aller le mari. Si l’époux n’est pas entré dans le train, c’est qu’on l’en avait empêché. En effet, il a été placé en garde à vue pendant 24 heures pour exhibitionnisme.

Garde à vue prolongée : en parcourant son casier, les gendarmes se sont rendus compte qu’il est en situation de récidive.

Le militaire qui est allé annoncer la nouvelle à l’épouse a été tiré à la courte paille. Comme par hasard, c’était le nouveau.

Un couple à problèmes

– Monsieur le Procureur, on a une question à vous soumettre. Une femme vient de nous appeler, elle était en pleine dispute avec son époux. Craignant que ça dégénère, elle nous a appelé pour calmer un peu son mari. On s’est pointé chez eux, elle nous a ouvert.

– Et donc ?

– Ça avait l’air plutôt calme chez eux, pas de traces de coups sur aucun des époux. Il étaient souriants comme tout. La cinquantaine bien tassée, des gens charmants en fait. Un peu trop peut-être, ils souriaient béatement et une odeur particulière nous a attiré vers la cuisine.

– Laissez-moi deviner : ils avaient allumé le calumet du pèt’ ?

– Encore mieux Monsieur le Substitut : leur cuisine était une vraie plantation de cannabis. Les placards en étaient remplis, avec tout le matos qui va avec : lumières hallogène, fertilisant, tableau de contrôle, ils ont même fait percer un arrosage automatique ! Que fait-on maintenant ?

[puisque c’est un occupant qui a accepté que les policiers entrent, la procédure reste valable. Du coup, on se permet même d’ouvrir une enquête de flagrance pour production, possession et consommation de stupéfiants si l’envie nous prend. Ici, on se contentera d’une confiscation de scellés et d’une ordonnance pénale avec grosse amende à la clé – couple strictement inconnu des services de police]

A la prochaine cote !

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