Moore & Bolland – Batman : The Killing Joke

DC Comics, 64 pages.

Moore & Bolland - Batman : The Killing JokeVF : idem, Souriez ! ou Rire et mourir (selon éditeurs). One-shot assez génial imaginé par le grand Alan Moore en personne à la fin des années 80, The Killing Joke reprend l’origine du Joker pour en faire un individu pitoyable et néanmoins terrifiant. Dessin passable malgré une nouvelle édition de qualité.

Il était une fois…

Le Joker s’est (encore, putain…) échappé, et cette fois-ci son plan semble plus retors que jamais : faire très très mal à Barbara Gordon, fille du commissaire du même nom, et rendre ce dernier fou en le faisant passer une « mauvaise journée ». Batman, qui ne souhaite en aucun cas tuer le Joker, va tenter de le raisonner.

Critique de Batman : The Killing Joke

Superbe. Très (trop ?) rapide à lire et plutôt captivant, on ne peut pas se plaindre. Le scénario est d’une rare profondeur (pour l’époque des comics) et outre la poursuite du Joker il existe de nombreux points de discussion. Le combat psychologique entre le Joker et le Chevalier noir, notamment, mérite des applaudissements. Sur le texte, en anglais, ça passe comme une lettre à l’US Postal.

Il faut signaler un Parental Advisory, ce qui signifie que certains passages peuvent être durs. L’hémoglobine, mais surtout les actes ignobles du vilain (il est sous-entendu que Barbara Gordon se fait salement violer) peuvent choquer, sinon surprendre. Quant à la fin, on n’a jamais été aussi loin de la claire antinomie entre les deux protagonistes : de manière assez troublante, le Joker raconte une blague finale au Bat qui se met à rigoler comme un demeuré. Le Tigre a adoré l’ironie de la situation. Qui est le plus dingue ?

Ce qui empêche Le Tigre de faire péter la meilleure note à ce comics tient en deux explications. D’une part le dessin n’est pas tout à fait pas mon genre : les personnages et l’architecture sont corrects, mais depuis 1988 d’immenses progrès ont été faits. Les cases sont classiques et il n’y a aucune illustration à couper le souffle. D’autre part, pour une quarantaine de pages ça ressemble plus à une BD franco-belge (ce que voulaient les auteurs) qu’à un comics.

En plus d’un nombre de planches peu élevé, les illustrations ne servent guère la quasi perfection du scénario. Le lecteur averti pourra néanmoins y trouver de très bonnes bases pour les Batman des années qui suivront : histoire plus sombre, caractères soignés, réflexions sur la mission du super héros. En sus des bonus habituels (préface des auteurs, esquisses de planches, etc.).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La relation entre le Bat et le Joker. Le comics commence par notre héros qui rend visite au Joker pour lui faire part de ses inquiétudes : leurs jeux de cache-cache se terminera forcément par la mort de l’un des protagonistes, ce que veut éviter Bruce Wayne. En outre, à la fin de l’ouvrage, Batman triomphant tentera de ramener le méchant à la raison en lui proposant son aide. Peine perdue évidemment.

Enfin, on apprend une nouvelle version de la création de l’ennemi intime de l’homme chauve-souris : comme le Joker le dit déjà, il ne se souvient que trop peu ce qui s’est passé (ça ne vous rappelle pas un film de Nolan ?) et délivre une histoire qui paraît assez classique. Un jeune homme sans le sou avec sa femme enceinte qui accepte un job. Femme décédée avant le casse, déguisé en Red Hood par des malfrats, l’homme se jettera (à cause du Bat) dans un bain d’acide. La suite, vous la connaissez. Y’a du Jack Nicholson dans l’air il est vrai.

La folie. L’objectif du Joker, c’est de « retourner » le meilleur flic de Gotham pour montrer que quiconque peut basculer vers la folie (comme dans le second film de Nolan by the way). Pour cela, Gordon aura droit à une vraie journée en enfer : fille diminuée et souillée, visite morbide dans un parc d’attraction, voyage dans un train fantôme avec des projections d’images de Barbara à l’agonie. Face à tous ces traumatismes, la philosophie du super vilain est simple : lâcher prise, tout prendre avec le sourire et se laisser sombrer dans l’irrationnel pour supporter la très glauque réalité.

…à rapprocher de :

– Si vous vous intéressez en particulier au personnage du Joker, il y a le sublime Joker, d’Azzarello et Bermejo.

– Snyder et Capullo ont fait un hommage à Red Hood/Jokerde dans la première partie de L’An Zéro – sympathique mais sans plus.

– Neil Gaiman livre une version toute personnelle mais séduisante de l’origine du Joker dans Qu’est-il arrivé au Chevalier noir ?

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

6 réflexions au sujet de « Moore & Bolland – Batman : The Killing Joke »

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