Robert Heinlein – Sixième colonne

Folio SF, 310 pages.

Robert Heinlein - Sixième colonneVO : Sixth Column: The Day After Tomorrow. Dans un futur (enfin, maintenant, c’est le passé), une horde de vilains asiatiques a mis à genoux l’Amérique. Une petite bande de scientifiques, planqués dans une citadelle, s’apprêtent à sauver le monde. Idées intéressantes pour l’époque, hélas il fut impossible de terminer ce roman tellement ça m’a gavé.

Il était une fois…

Feignasse que je suis, voici ce qu’en dit l’éditeur :

« Les États-Unis viennent de tomber sous les attaques des forces Panasiates. La population qui n’a pas été massacrée se voit réduite en esclavage par les forces du Céleste Empereur. Le monde occidental semble perdu. Pourtant, quelques scientifiques survivants, réfugiés dans une Citadelle inconnue des envahisseurs, s’efforcent d’organiser la résistance. À leur tête, Whitey Ardmore, un ancien publicitaire. Grâce à une extraordinaire découverte et à une rare maîtrise de la « guerre psychologique », ce dernier va tenter de renverser l’ennemi et de redonner au pays sa liberté. »

Critique de Sixième colonne

Encore une œuvre dont la dernière moitié a été lue à la va-vite dans le style « une page/seconde ». D’une part, la légèreté globale de l’aspect scientifique est flagrante : lorsque des notions de physique quantique et des ondes radios se mélangent dans un sabir (un cache-sexe plutôt), zapper des paragraphes entiers n’est plus si grave.

D’autre part, le scénario ne m’a pas vraiment semblé crédible, même en apposant la mention « dystopie » à Sixième colonne. Pour faire simple, la Chine et le Japon se sont unis autour d’un grand empereur un peu pété du cerveau. Après avoir fumé dans les grandes largeurs l’Union soviétique, les forces panasiates ont tranquillement avalé l’Inde. Forts de ces glorieux succès, les Panasiates ont bombardé l’Occident (je ne sais pas trop ce qu’est devenue l’Europe) et l’Amérique est occupée.

Depuis une petite citadelle, Whitey Ardmore (ancien publicitaire), major et chef de facto de la dizaine de survivants, est en possession d’une arme assez particulière. En effet, celle-ci peut « discriminer » sa portée vers un groupe ethnique sélectionné – vous voyez le tableau ? Hélas j’ai arrêté la lecture lorsque nos amis découvrent comment régler la machine en mode « vilain jaune », et planchaient sur la nécessité de frapper juste et fort sans révéler l’étendue de leur force ni leur présence.

En guise de conclusion, je n’ai pas donné la pire notation à ce roman dans la mesure où il a été écrit au début des années 40 – ce qui explique beaucoup de choses, notamment pourquoi je me suis si vite ennuyé. De même, puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un roman de SF, mais plutôt d’un thriller post-apo pour ados, loin des genres que Le Tigre affectionne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

De manière sûrement involontaire, l’écrivain américain explique comment mener une guerre qui sera bien la dernière : effacer la civilisation de l’ennemi. Dans les premiers chapitres, le lecteur suivra un des membres de la team, Thomas, un ancien itinérant qui ira au contact de la population occupée. On y découvre un pays sous la sévère coupe d’une organisation déterminée à rayer la mémoire des États-Unis : suppression de l’école ; remplacement intégral de l’administration ; numérotation de tous les habitants ; extermination des forces vives du pays, en fait ça ressemble plus ou moins à ce qu’on subis d’autres populations indigènes dans le passé.

Face à cette guerre totale où les intentions de l’envahisseur font froid dans le dos, le titre renvoie aux forces qui agissent au sein même d’un pays. A l’aube de la seconde guerre mondiale, certains belligérants, par stratégie psychologique souvent, aimaient parler de leur « cinquième colonne », à savoir leurs partisans déjà présents au sein du territoire ciblé. Cette colonne, prête à soutenir et accélérer l’invasion à venir, créait alors une suspicion  généralisée dans un État alors fragilisé. A l’inverse, la « sixième colonne » serait, une fois le pays occupé, les patriotes désireux d’inverser le cours de l’Histoire en libérant leur nation. En plein conflit mondial, Heinlein décrivait-il déjà, dans une certaine mesure, ce que sera la Résistance en France ?

…à rapprocher de :

Étoiles, garde à vous ! reste la référence ultime de cet auteur, adaptée au ciné (Starship Troopers).

– Autre fable, même auteur : préférez la lecture d’Une porte sur l’été, bien plus prenante.

– Encore plus vieux et encore pire à lire, La Légion de l’espace, de Williamson, mérite tous les (dés)honneurs.

– Plus trivialement, il y a beaucoup de Sun Tzu et d’Art de la guerre dans les idées développées par les protagonistes.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

4 réflexions au sujet de « Robert Heinlein – Sixième colonne »

  1. Ping : Robert Heinlein – Une porte sur l’été | Quand Le Tigre Lit

  2. Tout à fait, ce roman a été écrit alors que la bataille de France était perdue. Il y a un appel à la Résistance et plus largement à l’engagement américain contre l’oppresseur. Les Panasiates sont une figure de l’Axe, une invasion japonaise étant alors en 1941 plus à craindre qu’un assaut allemand.

    • Quelques mois avant Pearl Harbor, le père Heinlein avait un pif assez fin.
      J’ai pris le soin d’éviter de parler de l’aspect « raciste » du roman, même si la « wunderwaffe » est largement sujette à caution.

  3. Ping : Jack Williamson – La légion de l’espace | Quand Le Tigre Lit

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