Straczynski & Ribic – Silver Surfer : Requiem

Marvel, 104 pages.

Straczynski & Ribic - Silver Surfer : RequiemVO : idem. Histoire mélancolique du surfeur d’argent mourant, Le Tigre a été soufflé face à un scénario complet servi par des illustrations oniriques et vertigineuses. Le lecteur tiendra plus entre ses mains un roman graphique qu’un comics, en plus d’avoir une sorte de revue de presse de ce qu’est ce personnage et les protagonistes qui l’entourent.

Il était une fois…

Norrin Rad, le premier (et principal) surfeur d’argent, se sent un peu patraque ces derniers temps. Aussi va-t-il rendre visite à ses potes sur terre (les quatre fantastiques) pour en savoir plus. Sans surprise, le bon docteur Richards lui confirme qu’il va mourir. Il lui reste un mois à peine. Un mois pour donner un sens à son existence, se rappeler les conditions de sa création, d’aller dire adieu auprès de ses proches, etc. [à signaler que le narrateur est un Observateur, allez savoir ce que c’est]

Critique de Silver Surfer : Requiem

En principe, Le Tigre est moyennement fana du monde de cet éditeur, toutefois il faut convenir que la collection Marvel Dark tient bien la route. Ce comics regroupe quatre chapitres de taille égale et aux noms délicieusement liturgiques dans la tradition chrétienne : Kyrie, Sanctus, Benedictus et Agnus Dei.

Joseph Michael Straczynski, le scénariste, a à partir d’un dénouement classique (le décès d’un super-héros) imaginé quelques péripéties bien foutues. Les interactions avec les protagonistes connus (les Quatre Fantastiques, Spiderman, Galactus) sont équilibrées, sans compter les éléments de biographie du Surfeur savamment dispersés : on y apprend (ou réapprend) que Norrin, natif d’une planète que Galactus voulait bouffer, s’est vu proposer par ce dernier de devenir son Héraut – une sorte d’éclaireur.

En outre, la complexité du personnage de Galactus semble avoir été bien traitée : de menace galactique à être profondément sage et magnanime, l’individu a quelque chose de divin et, étonnement, bienveillant. Quant aux illustrations d’Esad Ibric, celles-ci sont superbes, il y a un petit côté rétro que le trait (typé aquarelle) moderne a su sublimer. Quelques planches ressemblent à de petites œuvres d’art, notamment le héros qui parcourt l’espace en mode beach boys ou remet dans le droit chemin des civilisations. Ça m’a rappelé le travail de Gérald Parel dans Iron Man Season One – que vous trouverez sur ce blog.

Pour une fois, Marvel a publié un graphic novel de pure beauté, quelque chose qui se lit certes vite mais est porteur de nombreux enseignements. Et, tour de force ultime, le parfait touriste en la matière (ce dont j’estime être) sera autant ravi que le lecteur exigeant et habitué par ces héros et leurs passifs – retour d’un ami spécialisé de cet univers.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le titre est enivrant et renvoie à une forme de noble mortalité. Car le principe du requiem est une messe avant le décès de l’intéressé, une cérémonie du souvenir au cours de laquelle le mourant se rappelle ses hauts faits, et ce sous forme de flashbacks. Le recueillement a lieu sur la planète de Norrin Rad et dure des jours pendant lesquels les habitants de Zenn-La lui rendent visite – sous la protection de Galactus. Quant aux souvenirs de cet héraut/héros (hu hu, facile), leur mise en scène a tout d’une harmonieuse symphonie tendant à rendre celui-ci immensément attachant.

Derrière le constat de la mort à venir, il y a la question de faire son bilan, partir la tête haute, voire laisser le monde dans un meilleur état qu’on l’a trouvé. Après avoir été instrument d’apocalypse, la recherche de la paix est devenue une constante du Surfeur d’Argent, et il offre à l’Humanité quelques minutes de cet état de contentement béat – il sauve même quelques extraterrestres belliqueux en leur montrant la voie. Le testament du héros prend une tournure de profonds regrets sur ce en quoi l’Homme pourrait s’améliorer. Enfin, ces questions renvoient à la notion de l’immortalité, rendue possible que par le souvenir qu’on laisse par ses accomplissements dans le vaste univers – souvenir matérialisé, de manière poétique, par Galactus à la fin de l’histoire.

…à rapprocher de :

– Moebius (et oui), accompagné de Stan Lee au scénario, ont produit Silver Surfer : Parabole. Pas mal au demeurant.

– Toujours le Silver Surfer, le tome 1 de Slott & Allred  sorti en 2014 (en lien) est également bon.

– Cet opus me rappelle le décès d’un autre héros et les discussions de ses proches avant sa mise en bière. Imaginée par Neil Gaiman en personne, Qu’est-il arrivé au chevalier noir ? apporte des interprétations aussi diverses qu’intéressantes.

– Quant à l’univers gravitant autour des « Fantastic Four », le peu d’expérience que j’ai eu fut catastrophique, en particulier à cause de la série Season One (en lien avec Wolverine). Comme je le disais rapidement, le tome avec Iron Man est bien meilleur.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pourrez trouver ce comics en ligne ici.

4 réflexions au sujet de « Straczynski & Ribic – Silver Surfer : Requiem »

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