Umberto Eco – Le Cimetière de Prague

J'ai Lu, 576 pages.

Umberto Eco - Le Cimetière de PragueVO : Il Cimitero di Praga. Le Tigre s’est tardivement mis à Umberto Eco, à la limite du sacrilège. Son sixième roman, longue odyssée au long du XIXème siècle, est mitigé : à destination d’un lectorat cultivé, certes quelques petites touche d’humour mais fort exigeant et passablement complexe. L’exercice est louable, pas ma came hélas.

Il était une fois…

Simon Simonini habite le Paris de la fin du XIXème siècle. Se réveillant sans vraiment savoir qui il est, le journal de bord qu’il trouve sur une table va l’aider à mettre en place ses souvenirs. Surtout qu’il semble qu’un autre personnage, l’abbé Dalla Piccola, ait aussi des choses à raconter. De l’Italie à la France, ces deux individus très voyous sur les bords vont vivre et faire l’Histoire : l’unification de l’Italie, la fabrication de faux documents (notamment les fameux Protocoles), la guerre franco-prussienne, la Commune, les sectes en tout genre, les attentats et autres espions, tout est vrai, tout y est.

Critique du Cimetière de Prague

Depuis le temps que j’entends parler de cet auteur, que même j’ai vu le film (avec Sean Connery) tiré d’un de ses (longs) romans, il fallait faire quelque chose. Direction une librairie. Calamitas, ses œuvres dépassent généralement 500 pages. Allez hop on prend la moins longue disponible.

Le sujet est ambitieux et séduisant, c’est le moins qu’on puisse dire. Signor Eco a pondu une fresque historique et politique d’une partie de l’Europe du XIXème siècle. Avec la précision et le rendu de l’historien à qui on ne la fait pas. Complots, luttes en tout genre, falsification à grande échelle, arnaques, meurtres, tout ça avec des protagonistes bien connus.

En effet, à part le(s) narrateur(s), tous les individus rencontrés sont des personnages historiques ayant existé. Les actions des héros (faux et usage de faux, espionnage,…), certes fictionnelles, vont néanmoins être le fil rouge de l’Histoire. Pour Le Tigre, pas forcément calé sur cette période, ce fut un petit plaisir d’apprentissage bien que j’ai été bien en mal de démêler la fiction du réel.

Hélas, le style n’a pas été, selon moi, transcendant : d’une part, la structure de narration m’a un peu déboussolé. Pour lire de l’anticipation sociale ou de la SF, j’ai pourtant l’habitude. Mais ici, le journal écrit par deux personnes différentes qui s’entrecroisent, avec un narrateur plus ou moins omniscient qui n’hésite pas à interpeller le lecteur, ça gâche un peu la lecture. D’autre part, même si Umberto a une écriture pas désagréable agréée d’un certain humour, on peut trouver le temps très long.

Bref, si vous aimez les épopées historiques, avec des clins d’oeil et références multiples, allez-y. Pour les autres, bien que le style soit agréable, vous serez content que ça se termine. Pour ma part, c’est toujours bon à lire, concentrer autant de connaissances est assez rare.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’odyssée historique. Comme je le disais, l’auteur italien est fin connaisseur, et la bibliographie qu’il a du compulser est impressionnante. Les gens rencontrés par le capitaine Simonini, ça respire le réalisme. Les méthodes exposées par certains individus pour créer une bombe, dignes d’un cours de chimie. Les nombreuses sectes et leurs pratiques, presque la bible satanique de Cromley. Quant à l’espionnage entre pays, avec les agents et agents doubles de partout, Ian Fleming n’a qu’à bien se tenir.

L’antisémitisme naissant. Les héros ont, par leur environnement familial notamment, nourri une haine féroce contre les juifs. Les Francs-Maçons également. Et les Chrétiens de temps à autre, tant qu’à faire. Les documents (le premier étant le rendez-vous de dignitaires judaïques au cimetière du titre) sur lesquels travaille l’abbé du roman, mis bouts à bouts, vont tout simplement constituer les Protocoles des Sages de Sion, dont le Tsar n’osera se servir tellement leur création ex nihilo semble évidente. Dans l’ouvrage, tout sera bon pour enfoncer le peuple élu, que ce soit en propageant folles rumeurs ou en faisant accuser un certain Dreyfus, officier stagiaire de l’armée française. La suite, vous la connaissez.

…à rapprocher de :

– D’Umberto, Le Tigre s’est surtout rappelé Comment voyager avec un saumon ? Pas si drôle que ça en fait.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

2 réflexions au sujet de « Umberto Eco – Le Cimetière de Prague »

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