Will Self – Mon idée du plaisir

Points, 392 pages.

Will Self - Mon idée du plaisirVO : My Idea of Fun. Un des textes préférés du Tigre concernant le sieur Self. Si l’humour est moins présent que d’habitude, la presque biographie d’un jeune homme doté d’une mémoire spectaculaire sera l’occasion pour l’auteur londonien d’aller très très loin dans le délire. Vocabulaire riche à foison, c’est dense et exceptionnel.

Il était une fois…

Ian Wharton a un don particulier, à savoir il a une mémoire eidétique. Il va nous conter l’histoire de ce don et comment, depuis sa plus tendre enfance, cette aptitude a plus tendance à l’emmerder qu’à le servir. Surtout lorsqu’on vient d’une famille dont les hommes sont, pour la plupart, considérés comme des moins que rien. Sauf que Ian va faire une étrange rencontre qui va irrémédiablement changer le cours de sa vie…

Critique de Mon idée du plaisir

Je crois bien que c’est un de mes premiers contacts (j’ai l’impression de dire cela à chaque billet) avec Will Self, et pour le coup ce n’est pas forcément une bonne chose. Car à la différence d’un Chuck Palahniuk qui sait faire drôle et court, Mon idée du plaisir paraît long et fait moins ricaner que d’autres titres de l’auteur anglais.

Le lecteur sera rapidement mis en relation avec Wharton, la trentaine, qui bosse dans une obscure boîte en tant que marketeur. Le récit se décompose en deux parties, avec Ian W. qui nous conte ses souvenirs de gosses relatifs à son don de mémoire. Ensuite, on quitte la narration à la première personne pour être plongé dans une sorte de reportage (il ne faut pas oublier que Self est avant tout journaliste) sur les pérégrinations de notre héros.

Là où le texte devient franchement dérangeant est lorsque le protagoniste, délaissant temporairement la caravane miteuse où il vit avec sa mère, s’acoquine avec « l’Obèse Contrôleur », individu fantasmagorique qui le guide dans la ville et commet des actes qui franchissent allègrement la ligne de la légalité (l’exemple du meurtre avec la canne m’a scié). Il en ressort un roman immensément bizarre, parfois glauque et potentiellement dérangeant.

Quant au style, Will Self fait montre d’une richesse de vocabulaire incroyable. Entre les digressions (souvent longues) et nombreuses métaphores, c’est presque de la musique pour les yeux et rien que pour cela cette œuvre mérite d’être lue.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les hallucinations. Tout au long des chapitres, il est difficile de faire la part des choses entre ce qui est réel et ce qui l’est moins. Car notre jeune ami, de par sa mémoire instantanée, se mélange souvent les pinceaux. Les individus totalement barrés qu’il rencontre existent-ils autrement que dans l’imagination de Ian ? Pour ma part, au bout de la moitié du roman j’ai abandonné l’espoir de déterminer où commence le délire, Le Tigre s’est en effet rapidement laissé emporter dans un univers fantasque et souvent sombre.

Mon idée du plaisir (du fun en fait). Je suppute que quelques personnes aimeraient savoir d’où vient ce foutu titre. En fait au début du roman, lors d’un diner plutôt mondain, une personne demande à ses invités quels seraient leurs idées respectives du plaisir. Or  Wharton est de la partie, et ce qui lui passe par la tête est si déguelasse, si ignoble qu’il doit, vis-à-vis du lecteur, se justifier. Ainsi commence près de 400 pages de témoignage. Si je parle de ce début, c’est que Will Self est familier de ce type d’introduction. Dans Vice-versa, c’est un homme dans un train qui se voit conter une histoire particulière.

…à rapprocher de :

– De Self, commencez plutôt par Vice-versa. Court et excellent. Si vous vous sentez en forme, alors Dr Mukti (la novella) ou Les grands singes devront vous ravir. En VO, The Sweet Smell of Psychosis est une surprenante friandise, toutefois Umbrella est excessivement difficile à suivre. Ainsi vivent les morts, très que correct. ; La théorie quantitative de la démence (deux nouvelles OK, le reste bof).

– En mieux dans le domaine quasiment autobiographique, de la part de Palahniuk, il y a le déjanté Peste, avec son héros Rant Casey.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Will Self – Mon idée du plaisir »

  1. Ping : Will Self – La théorie quantitative de la démence | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Will Self – Ainsi vivent les morts | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Will Self – Dr Mukti | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Will Self – Umbrella | Quand Le Tigre Lit

  5. Ping : Will Self – The Sweet Smell of Psychosis | Quand Le Tigre Lit

  6. Ping : Will Self – Vice-versa | Quand Le Tigre Lit

  7. Ping : Will Self – No smocking | Quand Le Tigre Lit

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