Chaykin & Parel - Iron Man : Season oneVO : idem (se font pas chier chez Panini…). Iron Man est de retour, et avec Chaykin le reboot du héros en tôle n’a pas été franchement réussi. Mou, sans grande envergure, le réalisme a été un peu trop loin poussé à mon goût. Un héros qui reste certes dans l’esprit (frondeur, alcoolo), mais j’en attendais plus. Heureusement que les illustrations sauvent la mise.

Il était une fois…

C’est dingue comme le quatrième de couverture pourrait être apposé au dos du film Iron Man (premier du nom) : « millionnaire et fabricant d’armes aimant la belle vie et les femmes, Tony Stark mène une existence privilégiée. Du moins jusqu’au jour où, lors d’un voyage d’affaires qui tourne mal, il est grièvement blessé et fait prisonnier. Contraint de construire une arme par ses geôliers, Stark fabrique à la place une armure qui lui permet de survivre et de fuir. Mais les horreurs qu’il croyait avoir laissées derrière lui ont surface et le seul moyen de les vaincre est de devenir le héros Iron Man ! »

Critique d’Iron Man : Season one

Tigre lâche de temps à autre le vilain Batman pour aller chiner du côté de chez Marvel, et il arrive que ce ne soit pas une bonne idée. Ce n’est pas que ce héros me déplaît (au contraire), toutefois les auteurs auraient pu s’appliquer un peu plus.

Le scénario, voilà le problème. Tony Stark, en voyage dans un pays qui n’est pas sans rappeler l’Afghanistan, se fait pitoyablement capturer. Son ennemi, un Imam, s’avère être un de ses camarades d’université qui a mal tourné. Il mettra au point son costume, hélas il n’a pas complètement tué le vilain. Pendant ce temps, Stark Industries est sur le point de se faire arnaquer par quelques individus mal intentionnés au S.H.I.E.L.D. La vie de Pepper en personne est même en danger.

Voilà, c’est tout. Car l’histoire ne prend jamais un réel envol, on se traîne dans des dialogues assez légers et les flashbacks restent mal gérés. Plus d’une fois je me suis dit « quoi, c’est tout ? » alors que la suite arrive bien plus tard. En revanche, les illustrations de Gérald Parel méritent des applaudissements nourris : celles-ci sont réalistes (donc un poil fadasses, comme le scénar’) ; les traits m’ont rappelé quelques aquarelles de pure beauté où les personnages sont vivants à souhait, même si leurs expressions restent sobres.  Quant aux décors, Tigre a  presque cru à des photos retouchées. Pepper est mignonne tout plein en plus, ses longues jambes sont superbement esquissées…

Au final, Marvel qui a publié tout plein de « Season one » de ses héros m’a paru s’être correctement plantée sur cet album. Peu de prise de risques pour un résultat uniquement satisfaisant sur le plan visuel. A signaler les bonus de la fin, où on voit trois étapes d’une planche : l’esquisse (qui ne ressemble à rien), le noir et blanc (gros saut qualitatif), enfin la couleur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’antagonisme entre l’Occident et l’Orient est (encore) très présent. A la différence du Mandarin et de sa vision mystico-magique orientalisante, on est ici dans le fanatisme islamique (même si aucune référence au Coran n’est donnée) d’un homme qui connaît bien son ennemi. Abhorrant tout ce que l’Ouest a pu lui offrir, l’Imam tapera très souvent la discute à Iron Man (en plein combat, si si) à propos du modèle que celui-ci défend.

Tony Stark mérite presque le qualificatif d’anti héros : son premier affrontement avec l’ennemi a lieu pendant que son taux d’alcoolémie dépasse (de peu certes) celui d’Eltsine un soir de grande solitude. Contrairement à tout étudiant un lendemain de cuite, Tony verra sur les écrans le résultat de ses frasques (une ville au quart détruite). Ses collègues font même une intervention (ignorée par le héros), et Pepper ne sait plus vraiment comment le sortir de ses cocktails. Happy ending, ne vous inquiétez point.

…à rapprocher de :

Il faut savoir que Marvel ne s’est plus sentie pisser et a décidé de reprendre tous ses héros en leur attribuant le suffixe « Season One ». Fantastic Four(une vraie daube) ; Thor ; Spider-Man ; Hulk ; X-Men , Wolverine (horreur, malheur), etc…suis pas vraiment sûr de vouloir tous les lire. En fait si, il y a bien une pépite qui s’y cache.

– De ce très singulier héros, Tigre peut vous renvoyer vers Le diable en bouteille, de Michelinie, Layton & Romita (pas mal du tout pour l’époque) ou Au commencement était le Mandarin (Casey et Canete, j’ai bien aimé).

– Des reboot des héros, je préfère Batman avec Year One, de Miller et Mazzucchelli.

– Celui d’Oliver Queen est moins bon : Green Arrow : Année Un (de Diggle & Jock).

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Arnaldur Indridason - La voixVO : Röddin. Indridasson est la valeur sûre islandaise en matière de polar, et cette troisième œuvre des aventures du célèbre Erlendur tend à le rappeler. Point de départ : un meurtre dans un hôtel de haut standing. Point d’arrivée : un drame familial relativement original. Bien rythmé et d’une fluidité agréable, sombre et pessimiste au possible, c’est presque aussi déprimant qu’un dimanche en Angleterre.

Il était une fois…

Noël à Reykjavik, Un meurtre sordide est commis dans un hôtel luxueux envahi par les touristes. Aussi le commissaire Erlendur, dépêché sur les lieux, doit se montrer discret Avec son éternel inspecteur (le Sigurdur Oli) et assisté de la belle Elinborg (sérieusement, le traducteur ne pourrait pas franciser tous ces noms/prénoms nordiques ?), notre héros s’apprête à démêler plusieurs fils d’une trame historique qui remonte loin dans le passé.

Critique de La voix

Pour le troisième roman de l’écrivain islandais, on peut avouer qu’il ne perd pas la main. Je ne dirai pas que c’est sublime, mais presque. Un pur plaisir pour les fans du genre. Si l’histoire semble basique au début, lentement le héros tire des lignes complètes de vie brisées. Personne n’est aussi innocent qu’il semble l’être, et le voyage dans le passé est seul à expliquent le présent en exacerbant le sentiment d’injustice.

Sur le style, rien à redire : court, sec, pourtant le décor est admirablement planté. Tigre a cru sentir quelque chose d’encore plus sombre : il faut convenir que les journées sont très courtes à cette latitude et cela se ressent fortement chez les protagonistes du roman. Tristesse et désespoir sont les maîtres de ce bouquin. Si le mystère est résolu, ça n’empêche pas que Noël s’annonce plutôt pourri pour nos protagonistes.

En conclusion, un excellent roman qu’il ne faudrait pas lire dans le cadre d’un « read trip » de cet auteur : les intrigues sont très proches (enquête qui part dans tous les sens, fausses pistes, alternance présent avec le commissaire/passé lointain, etc.) et en lire plus de deux d’affilée pourra gaver plus d’un amateur de polars.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’enfance brisée par la starification à outrance. L’histoire tourne autour d’une catégorie particulière du show-biz que sont les des enfants stars. Comment souvent chez l’écrivain islandais, le sujet semble maîtrisé : les craintes de ces jeunes prodiges, la déchéance presque inévitable, et le terrible retour à une vie plus mesurée. Peut-on réellement retourner dans la normalité la plus triviale ?  Si a déchéance et le retour à la normale Drogues, parents idiots.

En outre, cette configuration peu commune pour le gamin impacte sérieusement la manière dont les parents gèrent l’éducation de leurs chiards. Y’en a qui se débrouillent bien, toutefois dans notre cas il y a de jolis cas sociaux. Et cette parentalité particulière fait écho à celle du héros. C’est un peu le fil d’Ariane des aventures du commissaire, sa fille fragile prête à se refaire une cure de piquouses d’héroïne. Aussi la situation des victimes résonne dans l’esprit d’Erlendur qui fait montre de culpabilité vis-à-vis de ses gosses, ce qui est un frein (pour ne pas dire un mur) pour avoir des relations normales avec eux.

…à rapprocher de :

– Ai beaucoup lu d’Indridason, en voici trois qui sont très bien passés : La femme en Vert, L’homme du Lac ou La cité des Jarres.

– Dans les thrillers nordiques, je signale rapidement Gunnar Staalesen (La femme dans le frigo). Rapidement alors, parce que c’est pas terrible.

– Sinon, en polar U.S., les affres de la parentalité se retrouvent avec le bon Keith Ablow (exemple ici ou ).

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Collectif - Sales Bêtes !Maison d’édition indépendante aux artistes aussi créatifs que subversifs, Tigre a dégoté quelques pépites de mauvais goût (au sens noble du terme) dans ce recueil. Bizarre, fantasque, corrosif, cela ne s’adresse pas à tous les lecteurs. Après avoir refermé ce bouquin, Le Tigre ne s’est jamais autant senti humain.

Il était une fois…

20 nouvelles qui tournent autour du thème de l’animal. Des textes très courts (La parole du rhinocéros, de Ana Minski) comme d’autres qui font office de mini romans (surtout un en fait). Chasse à la sirène ; nouveaux-nés difformes ; monstres de légende en pleine action ; beaucoup de ces petites bêtes sont présentées dans des configurations horribles, sinon malsaines.

Critique de Sales Bêtes !

Beaucoup de textes, je ne vais hélas pas pouvoir tous les évoquer. A peine si je signalerai mes petits préférés qui sont Pffuig, (traitant sous le prisme de l’anticipation sociale un sujet grave) et le bref Manger des rêves, de Romain d’Huissier, parce qu’il aborde une créature mythologique nippone avec une sensibilité certaine.

Au début de chaque œuvre, une petite présentation de l’auteur et le synopsis sont délivrés. Encore mieux, une illustration précède la nouvelle, et il y a parfois de quoi se remplir les mirettes. A signaler également le gross pavé de Herr Mad Doctor (président de l’édition), plus complet. Celui-ci me semble définitivement sortir du lot : presque 50 pages, des jeux de mots (même sur les titres des chapitres) à foison, une belle histoire douce-amère assez immersive, on sent que l’écrivain s’est donné un mal de chien.

Bien évidemment, sur vingt nouvelles, certaines pourront être zappées (par exemple le dernier, trop bref) tandis que d’autres m’ont laissé dans un état de frustration intense (La mélodie des bois, qui aurait mérité plus de pages). Au fil des chapitres Tigre s’est surpris à jouer avec les auteurs : comme autant de devinettes, je me demande souvent « Qui est le narrateur ? » (la liste des choix s’amenuisant progressivement), « Qu’a-t-il fait de si dégueu ? ».  Et pendant qu’on échafaude des réponses, celles-ci peuvent apparaître comme par magie, ou alors ne jamais réellement se montrer. Dans ce dernier cas, l’univers déjanté pourra laisser plus d’un lecteur pantois.

En conclusion, j’ai eu la sensation de lire tout ce qu’un éditeur « mainstream », voire normalement constitué, aurait censuré depuis belle lurette. Et c’est rafraichissant. En sus, toutes ces bonnes choses sont proposées en téléchargement, ce qui est malin : une fois lus plus d’un lecteur aura envie de se procurer la version papier. Juste pour le fun.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

C’est parti pour des thèmes tout en crescendo :

L’animalitude (Royal’s style) provoque souvent le rejet, d’où une solitude de l’individu qui est visé. Même si pas mal de héros sont issus de mythes ou légendes (la femme qui se transforme en sirène, le baku, le minotaure moderne), on ne les voit quasiment pas en agréable compagnie. Et c’est, paradoxalement, le corollaire de leur épanouissement : libérés du carcan du regard (et réactions) des autres, nos héros qui dévient de la trajectoire humaine semblent plus entiers.

Hélas, il faut avouer que l’aspect de quelques protagonistes ne joue vraiment pas en leur faveur. La monstruosité dont ils font montre m’a presque provoqué un haut-le-cœur, c’est dire. Et c’est à ce moment que le but de l’exercice de ce recueil m’a sauté aux yeux : comment avoir de la compassion pour ces individus quand l’auteur nous les brosse avec des termes et adjectifs repoussants ? En laissant ses phobies de côté. Des sales bêtes certes, mais des êtres vivants qui n’ont jamais demandé à en arriver là.

Pire que tout, nos écrivains d’un jour n’hésitent pas à s’adonner à la torture totale de leurs animaux littéraires (exemple du viol inter-espèces de La bête noire). La dépression du chat, de Gallinacé Ardent (ça ne s’invente pas, un nom pareil), amène à s’interroger sur la capacité de résilience de l’humain face aux tourments qu’une icône populaire peut endurer (avec une révélation finale mignonne comme tout). Torture de l’esprit enfin, avec en point d’orgue le texte de SF très dick/lovecraftien Jonas où un homme ne pourra jamais être sûr de la réalité du monde dans lequel il vit.

…à rapprocher de :

– De cet éditeur doux-dingue, Fin(s) du monde se laisse lire. Contes marron (premier volume) est une friandise à découvrir d’urgence (tout comme le premier opus des Contes Rouges), et Folie(s) est globalement correct. Quant aux Contes roses, petite déception. Même topo avec L’Homme de demain, mitigé.

– Le corps torturé, Chuck Palahniuk s’en tire très honorablement. Surtout A l’estomac.

– Autre éditeur indépendant, autres textes dérangeants, autres délices de tortures, bienvenu dans Chair et tendre, d’Amelith Deslandes. C’est mieux que Créatures, chez la même maison.

Enfin, si vous souhaitez juger de la chose par vous-même, c’est disponible en téléchargement (gratos bien évidemment) sur le site de l’asso (en lien).

René Barjavel - RavageIndirectement conseillé par un essai sur la métaphysique, Tigre s’est aperçu que Ravage est un classique. Roman français de SF écrit au début des années 40, y’a de quoi être circonspect. Et pourtant, en refermant le bouquin j’ai été relativement satisfait (malgré de nombreuses choses à redire).

Il était une fois…

France, 2052. Seita est un célèbre producteur de TV, et s’apprête à présenter à la populace admirative la belle Blanche Rouget à la voix inimitable. Ce n’est pas vraiment au goût de Deschamps, ingénieur agro un peu sur la paille (sans jeu de mots). Hélas un évènement inconnu au bataillon va détruire la planète : l’électricité disparaît, d’un seul coup ! A partir de ce moment, nos héros (François Deschamps et Blanche surtout) vont lutter pour survivre dans un monde extrêmement chaotique.

Critique de Ravage

Un classique de la littérature, je dirais. Du moins pour appréhender la vision d’un homme sur l’avenir dans un contexte d’écriture assez mouvementé (la Seconde guerre mondiale). Pour tout avouer, j’ai eu peur au début du roman, la première partie fut autant longue que délicate à s’approprier. Puis dès la troisième partie (qui arrive certes tardivement) intitulée Le chemin de cendre, tout cela devient plus « vif » avec plus d’action et des chapitres bien plus courts. Et les quelques passages « fantastiques » (la visite d’un asile d’aliénés) tiennent correctement en haleine.

Barjavel a eu une idée fort originale : d’une part il présente un monde où la technique et la science offrent une situation quasiment parfaite. Voire en mode « foutage de gueule » dans la mesure où les artistes payés à ne rien foutre ou les ministres d’État aussi cons qu’inutiles (par exemple, le ministre de la guerre qui garde un stock de vieilles armes au cas où) ne présentent pas le pays sous son plus beau jour. D’autre part, la catastrophe qui va mettre à bas toute cette organisation. Et là ça mérite d’en parler dans la partie suivante.

Quant au style, et bah je craignais que ce soit trop désuet. En fait, à part le début avec des descriptions de nos jours improbables (la distribution de lait à l’instar de l’eau, l’absence de robots ni de vaisseaux spatiaux) qui m’ont laissé pantois, l’évènement déclencheur est l’occasion de revenir aux « basiques » : entendez, la lutte pour ne pas crever de soif ou de faim (voire se faire trucider) en dégageant illico presto de la capitale afin de créer une communauté idyllique avec quelques compagnons. Cela aurait pu bien se terminer si la dernière partie (Le patriarche) n’eut été aussi bizarre (cf. infra).

Pour conclure, un titre plus qu’intéressant à lire grâce à un vocabulaire et un rythme (seconde partie) qui ont su défier les décennies. Toutefois, le lecteur alerte s’attaquera à cette œuvre avec un esprit critique de premier ordre, notamment à cause de la société « parfaite » et équilibrée que propose l’écrivain.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’effondrement brutal de toute civilisation est, comme je l’ai précédemment évoqué, plutôt saisissant. Tout part vite en sucette : les avions qui tombent du ciel, les Parisiens perdus au milieu de nulle part, les morts entretenus dans des chambres froides chez l’habitant qui pourrissent, les antiques maladies qui repointent le bout de leur nez, les grands incendies du genre de celui de Londres en 1666, etc. Du coup, la nature humaine profonde reprend vite ses droits : chacun pour soi, la loi du plus fort prime. Ceux qui espèrent s’en sortir à coup de billets sont bien mal partis, le changement de paradigme étant aussi violent que soudain.

Face à cette déroute de grande ampleur, la solution apparaît rapidement comme étant le noble travail manuel. Déjà, les « credits » de l’auteur signalent un « A la mémoire de mes grands-pères, paysans ». Ça, c’est fait. Le héros Deschamps (le nom est lourd de sens) s’impose vite comme un Mac Gyver du futur avec un bon sens paysan (tiens tiens) qui fait toujours mouche. Le débrouillard du dimanche mais au milieu d’un parterre d’incapables. Gros succès garanti.

La dernière partie, hélas, pousse la logique un peu loin en présentant un monde utopique post-apocalyptique (et presque biblique) assez borderline : polygamie, repeuplement, gestion peu crédible sans monnaie (jusqu’ici ça va), mais avec une oligarchie de vieux sages qui ne veulent en aucun cas revivre la destruction, quitte à brûler tous les bouquins (sauf la poésie) du passé. Une bande d’arriérés en fait. La conclusion finale (y’en a bien une) s’illustre avec ce pauvre jeune homme qui, réinventant la machine à vapeur, se fait sévèrement tancer par le vieux patriarche. A la limite du luddisme, c’est plutôt dommage.

…à rapprocher de :

– L’essai qui m’a définitivement donné envie de lire cet ouvrage est Métaphysique et physique des mondes hors-science, de Quentin Meillassoux. L’auteur y explique, notamment, que Ravage est l’exemple parfait d’un monde de fiction hors-science à cause (ou grâce à) de cet évènement scientifiquement imprévisible.

– C’est marrant, mais la situation de « jouisseurs insouciants » des humains m’a rappelé ceux de l’univers d’Ilium (puis Olympos), de Dan Simmons. Surtout quand la technologie se retourne contre eux et qu’ils doivent se sortir les doigts du cul pour s’en sortir, du style « le couteau et la bite à la main ».

La Sortie est au fond de l’espace, de Jacques Sternberg. Soufflé par un internaute, c’est dans la PAL tigresque.

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Starlin & Aparo - Batman : Un deuil dans la familleVO : A Death in the Family. Batman #426-429. Suivi de quelques chapitres de The New Titans. Le deuxième Robin qui avale son extrait de naissance, le troisième qui s’élève, voilà un passage obligé pour tout batophile. Sombre et souvent étonnant, ce n’est hélas pas un must. Beaucoup de parlote, sans compter les dessins qui ont terriblement vieillis.

Il était une fois…

Jason Todd découvre, par inadvertance, que sa môman n’était sans doute pas sa mère biologique. Ni une ni deux, il file au Moyen-Orient où se trouvent trois femmes qui pourraient être l’heureuse élue. C’est sans compter le Joker qui vole une arme nucléaire en vue de la vendre à des terroristes islamistes… Le vilain tue le pauvre Robin, laissant Batounet au désespoir. Comble de l’insulte, le Joker devient ambassadeur et est intouchable. Le chevalier noir, tenté de zigouiller son ennemi de toujours, fera face à Superman, qui représente les intérêts du Président des États-Unis.

Critique de Batman : Un deuil dans la famille

Ce lourd comics de 300 pages est séparé en deux histoires, et Tigre va se concentrer sur la première, objet du titre. Publié en 1988, avant la saga Knightfall, ce titre a été l’occasion pour moi de mettre les choses au point concernant les petits amis de Bruce Wayne. Et là c’est lumineux : Dick Grayson = 1er Robin = Nightwing. Jason Todd = 2ème = mort. Tim Drake = 3ème = en cours.

Le scénar’ est plutôt basique (pour ne pas dire simplet), avec la présentation de nos petits héros. Notamment Dick Grayson qui est plus ou moins le boss des Jeunes Titans. Quant au second Robin, Todd, on le voit tout feu tout flamme et passablement imprudent. C’est presque naturellement que le Joker, qui en tient une sévère couche, va en profiter. Le pauvre petit meurt presque dans les bras de sa mère. La seconde partie m’a laissé de marbre, entre un Double-face manipulé et un Tim Drake qui tente de persuader Batman de reprendre Dick, alors que bien sûr c’est le petit Drake qui endossera le costume (puisque les symboles ne peuvent mourir).

Les illustrations ne sont pas de première fraîcheur hélas, par exemple le Batman n’a pas encore la noirceur et la crédibilité des années 2000. L’environnement et l’architecture fleureraient presque les années 70. Quant aux combats, nom de Zeus : pire que la série des années 60, ça fait très affrontement en carton. De surcroît, et sans doute à cause de Robin et l’intrigue au Moyen-Orient, la couleur jaune m’a paru faire une sorte d’entrisme agressif qui m’a plus d’une fois piqué les yeux.

Pour conclure, pas terrible même si c’est un moment charnière du Bat. Peu de bonus, cependant une interview éclairante sur les tenants et aboutissants de la mort de Todd. En fait, en pleine publication, il a été demandé aux lecteurs U.S. d’appeler deux numéros, suivant s’ils voulaient faire vivre Robin ou pas. Des milliers d’appels après, le résultat tombe (à peu de voix près). Ça a foutu un joli bordel dans le monde de l’édition, on reprochait notamment à Starlin d’avoir déjà prévu la mort du jeune garçon.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La violence exacerbée. Le Joker en tueur névropathe (la scène à l’ONU promettait aussi de grandes choses), Batman est à la limite de la dépression. Il va alors être plus dur que d’habitude, allant presque jusqu’à briser ses codes moraux. Faut-il occire le clown ? En outre, l’homme chauve-souris aura par la suite la main particulièrement lourde sur le menu fretin de la pègre. Enfin, on le voit frapper Superman (rooooo, heureusement que l’homme de fer a partiellement esquivé, sinon le poignet du Bat n’aurait pas tenu), et même Nightwing ! Encore soft, mais pour l’époque c’était inattendu.

Chose surprenante, les actualités nationale et internationale occupent une place de choix dans le bouquin : les terroristes un peu cons sur les bords, l’affaire des otages américain à l’ambassade en Iran qui est rappelée, le Joker en ambassadeur d’Iran déguisé comme un cheik saoudien, on frise la caricature paternaliste. Et puis Batman qui décide d’aller à New-York, alors que je pensais que Gotham était justement NYC ! Bref, loin d’être un achat indispensable pour le néophyte.

…à rapprocher de :

– On retrouve Jason Todd dans le tome 3 de Batman présenté par Grant Morrison (Nouveaux Masques), sous les traits de « Red Hood ». Ce chaperon rouge est aussi brièvement le Joker, avant qu’il ne se transforme (cf. The Killing Joke, de Moore et Bolland).

Justice League – Crise d’identité remet Tim D. dans le même cas que ses coéquipiers puisqu’il y perd ses parents.

– Plus récemment, Le deuil de la famille voit le Joker revenir, avec Snyder & Capullo. Décevant.

– Dans Batman : Silence, de Loeb et Lee, Jason Todd fait une brève apparition. Mais en dire plus serait spoiler.

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DodécaTora« Tigrou chéri, je suis encore invitée à une pétée de mariages cet été, et en tant que célibataire endurcie je l’ai très très mauvaise. Quelle bande d’enfoirés, à me jeter ainsi à la gueule leur pitoyable bonheur. Tu n’aurais pas une idée de cadeaux susceptibles de plomber l’ambiance ? Bridget J. ps : j’ai besoin d’un beau félin pour m’accompagner. Je te paierai. »

Des romans sur une liste de mariage ?

A la différence de ce que me demande cette lettre, je compte également donner des conseils sur des romans sympathiques qui ne vous feront pas passer pour des aigris de la première heure. Car le couple qui se marie, c’est LE jour inoubliable où tous les petits détails restent accrochés à la mémoire pendant de longues années. Sauf les dernières heures, parce qu’après une trentaine de toasts au champagne le black out n’est jamais loin. Et la chambre de la nuit de noces de ressembler à une paisible maison de retraite.

Gardez donc à l’esprit l’impact potentiel qu’aura votre présent. Si vous ne connaissez pas bien les heureux conjoints, vous risquez de laisser comme indécrottable souvenir celui d’un infâme sous-entendu littéraire à l’encontre de toutes les conventions sociales. Évitez de partager, avec l’abruti qui a lourdement dragué la petite sœur à peine majeure de la mariée, le podium des gros blaireaux qu’on n’aurait pas dû inviter.

Femme/homme, homme/homme, femme/femme, tigre/panthère, Tigre se fout complètement de la configuration de la nuit de noces. Certains titres se prêtent toutefois plus à un sexe en particulier, à vous de ne pas commettre d’impair. Voici donc une petite liste d’objets littéraires à discrètement ajouter à la liste de mariage.

Tora ! Tora ! Tora ! (x 4)

1/ Alexandre Jardin – Le Zubial

Tigre commence par du sérieux, du beau, du positif. Ce n’est pas qu’on est mariés que la situation est acquise. Le père de l’auteur, instable au possible, montre comment on peut toujours étonner. Le plus dur est de garder sa femme, qui dans ce roman est parfois volage (mais ça fait partie du jeu). D’autres titres de cet écrivain peuvent faire l’affaire.

2/ Douglas Kennedy – Piège nuptial

Le titre original est Cul-de-sac, seulement un piège nuptial ça en envoie plus. Surtout depuis qu’une BD a été adaptée du roman. Le seul roman potable de Douglas Kennedy, parce qu’il a versé dans l’humour noir et le thriller avec un héros bloqué au sein d’une communauté de doux dingues. Réveillé marié après avoir été drogué, c’est un peu le cas du jeune époux le lendemain de sa cuite de noces ?

3/ Gérard Zwang – Le sexe de la femme

Un gros classique des années 60, le père Zwang fut le premier à parler clairement de l’anatomie féminine et à évoquer certaines mutilations. Presque un livre de chevet pour les féministes. A offrir à un marié un peu gauche. Ou le bouquin de Sève Maël, au choix.

4/ V.-J. Pellissier – Conseils utiles pour le mariage

Sous-titre : à l’usage des jeunes filles et des jeunes gens. Guide pratique du bonheur en ménage, publié au début du 20ème siècle. Je ne sais pas si des rééditions existent, mais je peux vous assurer qu’il est quelques pépites dedans. Du genre à remettre toute épouse dans un droit chemin délicieusement désuet : obéissance au chef de famille, élever ses gamins,…bref à offrir à une mariée à forte tête.

5/ David Foekinos – Le potentiel érotique de ma femme

Bon roman sans prétention. Mais attention, il faut être clair dans sa tête avant de l’offrir. Parce qu’avec un tel titre, le marié pourra se demander ce qui se passe dans votre esprit.

6/ Stefan Zweig – La Confusion des sentiments

Un peu le cadeau pernicieux, le truc si vous avez quelque chose à régler. Si la fraiche épouse ne connaît pas Zweig, elle pensera « amour tellement débordant que je suis confuse ». En fait, le thème du roman est plutôt « ton mari, dans trente ans, il ira monter à la capitale une fois par trimestre pour baiser des petits jeunes. Mais vous vous entendrez bien ». Comme une grenade dégoupillée, soyez loin lorsque ce classique aura été terminé.

7/ Collectif – La Bible

Si la messe dure plus de trois quarts d’heure, si la mariée est en blanc de chez blanc, si le prêtre qui officie semble bien connaître vos amis, il y a de fortes chances qu’il y ait quelques grenouilles de bénitier qui rôdent. Alors dégotez une édition rare de ce bouquin, et puis zou ! Vous aurez les faveurs des parents des mariés.

8/ Steve Mosby – Un sur deux

Thriller de moyenne facture mais qui a l’heur de faire frisonner sur une ou deux scènes. De jeunes mariés sont enlevés, et chaque protagoniste devra se livrer à une sorte d’inventaire des mensonges et cachotteries qu’il a faits à son prochain. Torture tant psychologique que physique, offrez cet objet à des gens que vous ne portez pas dans votre cœur, l’air de rien. La langue de pute en matière littéraire, c’est moins vilain non ?

9/ Frederik Peeters – Pilules bleues

Beau roman autobio/graphique (du moins il me semble), c’est aussi triste que beau. L’amour face à l’adversité, l’intimité de deux êtres dont un est gravement malade, c’est une leçon d’abnégation qui est à portée. Et permettra à tout couple de relativiser, dans une certaines mesure, ses difficultés quotidiennes.

10/ Molière – Le mariage forcé

« Et moi, je vous dis que je suis résolu de me marier, et que je ne serai point ridicule en épousant la fille que je recherche ». Sganarelle à Géronimo. Si le titre peut faire froncer les sourcils de vos jeunes mariés, laissez-les découvrir de quoi il retourne. Pas le meilleur Molière certes, mais il y a un ultime clin d’œil à l’époux : la pièce est sortie en 1664. Disponible dans la page Ebooks gratuits d’ailleurs.

11/ Blandine Le Callet – Une pièce montée

Je pensais avoir affaire à un roman de bonne femme, il n’en est rien. Blandine change de narrateurs à chaque chapitre le temps d’une journée censée être heureuse. Attention, roman acerbe sur l’institution du mariage et les faux-semblants qui tournent autour de celle-ci.

12/ Piven & Borgenicht & Worick – The Worst-Case Scenario Survival Handbook: Dating & Sex

Tigre aime terminer sur une blague de très mauvais goût. Les premiers RDV, comment faire face à un mari qui ronfle, il y a dans ce guide de survie quelques astuces pour des problèmes bien contemporains. Fin du fin, quelques conseils pour se faire sa maîtresse (ou son amant) de manière discrète. Ou The Game, de Strauss. Nettement moins classe.

…mais aussi :

– En version plus « trash », évitez d’offrir Les Apparences, de Flynn. C’est dur.

Je n’ai pas d’autres romans qui me viennent à l’esprit, aussi Tigre va se rabattre sur les films. Y’en a une floppée, ceux que je retiendrais sont : les Very Bad Trip, Quatre mariages et un enterrement, Very Bad Thing, Mariages ! (le seul français, un navet hélas), Le mariage de mon meilleur ami, etc.

Brugeas & Toulhoat - Chaos Team, Tome 1.1Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont de retour, cette fois-ci dans une BD d’anticipation / SF avec des méchants E.T. Sauf que dans ce premier tome (d’une première saison apparemment) on n’en voit que très peu. Scénar’ pas vraiment génial mais dessin correct, Tigre en attendait mieux de la part de ces auteurs.

Il était une fois…

Il y a 4 ans, une attaque extra-terrestre a anéanti les forces armées des grandes puissances de ce monde. La Terre a pris très cher, et le plus marrant est que les E.T., après s’être payés un tir de canards, sont remontés en orbite et n’opèrent que des frappes légères. Il n’en fallait pas plus pour que les gouvernements tombent et que le globe ne soit qu’un terrain de jeux pour les mafias, cartels, ou fanatiques de tout poil. C’est dans cet environnement chaotique qu’opère la Chaos Team, une unité de mercenaires de la société Blackfire et dirigée par John Clem, chef tout puissant de la section.

Critique de Chaos Team, Tome 1.1

Pas terrible, dommage. A la décharge des auteurs, dans une interview en guise de postface ils disent à quel point cela est délicat de verser dans un univers post attaque d’aliens sans avoir l’impression de produire quelque chose de déjà imaginé. Ici, l’idée originale est que Mister Grey (l’E.T. en chef) détruit toutes forces armées, puis laisse les humains s’entre-tuer. Quelle bande de cons (tous).

L’histoire m’a paru excessivement complexe, notamment à cause des nombreux personnages émaillant la BD. Alors certes une présentation de chacun est rappelée au début des chapitres, mais suivre leurs missions et luttes internes n’est pas évident. Sûrement que les morts vont agréablement continuer dans les prochains opus, le temps de se concentrer sur les principaux intervenants. Quoiqu’il en soit, le scénario tient relativement bien la route, et les auteurs laissent le lecteur dans un cliffhanger de bon aloi à la dernière page.

Heureusement les illustrations tendent à rattraper ce décevant ensemble. C’est plus fin, moins « sale » par rapport à ce que Toulhoat faisait avant, et les protagonistes sont d’une crédibilité satisfaisante. Si on ajoute quelques beaux tableaux d’ensemble avec de vertigineuses perspectives, on pardonne largement les couleurs un peu fades (sauf quand les E.T. débarquent). Deux clins d’œil : Nicholas Young ressemble terriblement au héros de Block 109 ; et l’impitoyable Raul, chef d’un cartel, a des airs de Dany Trejo (le vilain Mexicain dans les films de Robert Rodriguez).

Rien que pour le visuel, je me dis qu’avoir les titres suivants ne serait pas inutile. Et il se trouve que je pourrais avoir de bonnes surprises. Disons que si on en apprend plus sur les motivations des petits hommes verts et que les luttes intra-terriennes se décantent, alors potentiellement ça peut devenir très sympathique.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

On est presque dans l’apocalypse, et il est intéressant de connaître la vision de Brugeas sur ce sujet. Contrairement à La Stratégie Ender (de Scott Card) où l’Humanité se reprend en main et parvient à s’unir, dans Chaos Team l’absence d’armées nationales précipite la chute de tous les États. Les nouvelles puissances émergent soit grâce à leurs armes et fric qu’elles brassent, soit par leurs idéologies. L’Europe déchirée entre les islamistes déjantés et la reconquista version futuriste par les forces du Pape donne pas mal de taf’ à la Chaos Team, sans compter les cartels sud-américains.

Dans un tel foutoir où les frontières, abolies, ont laissé la place à un fossé entre ceux qui ont le pouvoir et la populace non armée (un membre de la Team est particulièrement concerné), la confiance occupe une place de premier choix. Comment s’intégrer à l’équipe de mercenaires, ne pas perdre la boule et se faire accepter par le boss ? Quelle cause embrasser dans un monde où rien n’est fixé en plus des factions présentent qui ne sont guère reluisants (extrémistes ou trafiquants, choisi ton camp camarade !) ? Les retournements vont au gré du fric que la Chaos Team se voit proposer, et les croyances (ou problématiques personnelles) de ses membres peuvent fissurer l’entente d’un groupe qui se doit d’être efficace.

…à rapprocher de :

Le tome 1.2 rattrape l’histoire, et ça donne envie de continuer la lecture. Tant mieux, car le 2.1 (en lien) n’est pas mal non plus.

– De ces deux auteurs, Tigre vous conseille plutôt Block 109. Le roman graphique original est toutefois mieux que les quelques BD qui traînent autour de l’univers : Étoile rouge (mon préféré), Opération soleil de plomb (correct), New York 1947 (chouette), Ritter Germania (mouais).

– Islam vs. Chrétienté dans le futur, y’a un peu de Maurice G. Dantec dans l’air. Ou alors Sukran d’Andrevon, pour faire dans le français.

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Jim Thompson - EliminatoiresVO : Wild Town. Poursuivant ma lancée dans le noble genre du hard-boiled, il est tout normal de s’intéresser à Jim Thompson. Hélas ce titre, bien que globalement correct, est en-deçà des plaisirs habituels de cet auteur. Un gars bourru plus ou moins pris entre quatre feux dans un bled paumé, Tigre l’a parfois été (paumé, pas pris entre quatre feux).

Il était une fois…

MacKenna, Dingo de son prénom (pas vraiment crédible), est ce qu’on appellerait de nos jours un vagabond au casier judiciaire gros comme un président de région en fin de mandat. Ses pérégrinations l’amènent à Loqueville, une ville champignon grâce aux gisements de pétrole. Ceuilli par la maréchaussée locale (le shérif Ford), il se voit très vite proposer un job comme détective privé dans l’hôtel Hanlon. Le vieux Hanlon, de sa chaise roulante, avec sa femme Joyce (jeune et bandante), a-t-il réellement besoin de Dingo dans ce cadre ?

Critique d’Éliminatoires

C’est fort dommage, je me suis presque emmerdé. La fin a rattrapé le coup, cependant je ne peux m’empêcher d’avoir un souvenir négatif de ce titre. Sans doute suis-je trop demandeur vis-à-vis de l’écrivain américain.

L’histoire est quasiment abracadabrantesque (c’est dingue, cet adjectif n’est plus souligné en rouge) : notre ami débarque, sans le sou, dans une ville. S’ensuit des situations les plus confondantes pour lui (job sympa, femmes plutôt mystérieuses), avec comme point d’orgue un accident dont il est le responsable en plus d’un chantage dont il sera l’objet. On sent bien qu’il ne maîtrise pas du tout ce qui l’entoure, y’a quelque chose de pourri dans la ville sans qu’on sache totalement qui est derrière tout ça.

Le problème a en fait deux sources. Un, il existe de nombreux flashbacks et scènes inopportunes qui gâchent de temps à autre la cohérence du récit. Plus d’une fois j’ai dû retourner en arrière pour vérifier de qui sont les dialogues. Deux, les descriptions (certes savoureuses) ne sont pas toujours nécessaires. 270 pages assez aérées, on aurait pu en retirer 70 sans souci. Pas le meilleur titre pour commencer avec Thompson, il a fait bien mieux dans le hard boiled.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’anti héros. Dingo est un vilain bougre : le gars usé, méfiant, chiant sur les bords, agressif mais pas totalement idiot. Ses réactions font montre d’un individu à la fois cyclothymique et qui a du mal à déterminer qui lui veut du bien de qui est prêt à lui chier royalement dans les bottes. Un personnage difficilement saisissable, j’ai eu du mal à m’approprier ses péripéties. Son succès avec les femmes (il doit bien s’en taper trois dans le roman) est plus qu’étonnant, Tigre n’a pas totalement compris ce qui les prenait.

Les rôles et faux-semblants. Difficile d’en dire plus sans spoiler comme un sagouin. Le vieux qui possède tout dans la ville, le flic ripoux, les nanas qui cachent fort bien leur jeu, le comptable plus escroc qu’un homme politique, le concierge alcoolo comme on le rencontre rarement en littérature, Jim Thompson nous présente des individus hauts en couleur. Mais, derrière les caricatures la complexité s’avère de mise : sont plus profonds et fins en fait, pour peu qu’on finisse le roman. Le gentil, en fin de compte, n’est pas vraiment celui qu’on croyait.

…à rapprocher de :

– De Jim Thompson, Tigre a lu beaucoup. En vrac : 1 275 âmes, Le démon dans la peau, etc.

– Y’a pas mal de femmes fatales dans ce titre, ça me rappelle bien Pas d’orchidées pour Miss Blandish, de Chase. Voire Vipère au sein (même auteur).

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Quentin Meillassoux - Métaphysique et fiction des mondes hors-scienceTigre aime la SF, je crie assez souvent sur les toits de Paname. Alors quand un normalien s’attaque à un de ses sous-genres bien particuliers, ça vole extrêmement haut. Trop pour mon esprit étriqué qui a mis du temps à apprécier cet essai à sa jute valeur. Les exemples de fin et la nouvelle d’Asimov ont aidé.

De quoi parle Métaphysique et fiction des mondes hors-science, et comment ?

Cet essai est séparé en deux parties : une conférence donnée par Quentin Meillassoux à la prestigieuse École Normale Supérieure (60 pages) ; puis la nouvelle La boule de billard d’Isaac Asimov. A ce propos, le quatrième de couv’ parle de « mouvement perpétuel », ce qui est à mon sens un presque spoil dans la mesure où on ne découvre cette propriété qu’à la fin. Remarque toute personnelle enfin, j’imagine que lire la nouvelle avant la conférence serait préférable. A vous de voir.

Quentin M. est un jeune philosophe (né au milieu des années 60) fringuant et à la bibliographie prometteuse. Une sorte de BHL mais avec l’humour et la crédibilité, Tigre a eu presque peur de résumer ce court texte qui n’a de lien avec moi que le terme « science-fiction ». La fiction des mondes mondes hors-science (FHS) est un sous-genre littéraire de la science-fiction qui propose des mondes où en apparence la science n’a plus la continuité qu’on connaît.

Après les 10 pages de description de la nouvelle d’Asimov au début, l’essayiste sort l’artillerie lourde, la Gross Bertha du philosophe en quelque sorte : David Hume, Karl Popper ou le vilain Kant. Et là j’avoue avoir été largué, quand j’ai lancé un appel à mon cerveau sur ces illustres personnes, trop peu de neurones ont répondu présent. Heureusement que l’auteur rappelle et cite quelques passages de ces vieux philosophes, il parvient à être relativement abordable.

Quant à la nouvelle, c’est du pur Asimov. Histoire d’un terrible antagonisme entre deux scientifiques qui prend des proportions démesurées.  Edward Bloom est riche de ses succès en matière d’applications concrètes de découvertes fondamentales faites par James Priss, un ami (doté de deux prix Nobel) mais seulement reconnu du monde savant. Edward fait le pari de fabriquer un dispositif anti-gravité en améliorant les travaux théoriques du père Priss qui sent venir l’humiliation. Humiliation en effet car Bloom convoque les journalistes et son « ami » pour une démonstration en utilisant un billard. L’honneur revient à Priss qui, en tapant une boule, provoque le décès accidentel de Bloom. Accident ou assassinat ?

Le texte n’a pas pris une ride, à part peut-être quelques explications scientifiques (au demeurant sans réelle importance dans le texte) qui fleurent bon les années 60. La conférence en elle-même est plutôt courte, et sans doute. Personnellement, c’est à partir de la page 40 que j’ai vraiment accroché.

Ce que Le Tigre a retenu

C’est là que je suis attendu au tournant et que je balise si Quentin venait à me lire. J’ai donc fait d’intenses efforts afin que les Normaliens de tous les pays ne me regardent point d’un œil torve.

L’empirisme. L’expérience marche selon des postulats scientifiques bien établis, seulement ceux-ci peuvent être plus complexes que prévu et rien ne dit que l’expérience peut être à l’avenir refaite et apporter des résultats totalement différents. Car il n’est pas improbable qu’une théorie plus « globale » vienne mettre en pièce nos croyances scientifiques d’aujourd’hui. Par exemple, un scientifique du XVIIème siècle qui souhaite calculer le nombre d’accidents de calèche aura quelques soucis : si on lui annonce que ce nombre est presque de zéro au début du XXème, il va prendre de mauvaises conclusions en imaginant que ce transport sera toujours plus sûr. L’analyse statistique à venir est juste, mais la réponse scientifique totalement foireuse (a ‘pus de calèche).

En conclusion, il existerait trois types de FHS : 1/ Une seule rupture qui fout le bordel, illogique au possible mais qui reste ponctuelle. 2/ Plusieurs ruptures, un délitement autant contrôlé que joyeux, comme un running gag où tout part en sucette. 3/ Le réel partirait en morceaux, l’inconstance s’élève en un maelström où rien n’est prévisible. On sort de tout univers connu. Ces trois genres sont à mettre en lien avec la bibliographie présente dans la partie suivante.

…à rapprocher de :

Chose promise, chose due : Meillassoux donne pour chaque FHS un exemple ici reproduit (même numérotation) :

1/ Darwinia, de Robert Charles Wilson. Faudrait que je le résume un de ces quatre.

2/ Le guide du voyageur galactique, de Douglas Adam. L’ai pas encore lu, sacrilège.

3/ Ubik, de Philip K. Dick. Trop barré, je ne suis pas allé jusqu’au bout.

Enfin, et en vue de proposer un parfait exemple de FHS, Meillassoux invoque Ravage, de René Barjavel. Un exemple très à propos, en effet. Un poil vieillot cependant, mais pour de la SF version FR je n’ai pas fait la fine bouche.

– Si vous souhaitez faire péter la culture dans tous les sens à Noël grâce à ce même éditeur, Noam Chomsky, activiste de Jean Bricmont ; Le Jardin des singularités de Jesús Sepúlveda ou le classique de Thomas Paine (Le Sens commun) peuvent être signalés.

Fenec & Malafaye - Propagande noireSais plus trop pourquoi je l’ai acheté. Sûrement la couverture attrayante. A moins que ce ne fût pour offrir. Quoiqu’il en soit, je me suis surpris à aligner les chapitres à une vitesse fort correcte. Un juge contre une secte qui a de solides connections un peu partout, un style plutôt simple et direct, une belle claque de pessimisme. 

Il était une fois…

Le quatrième de couv’ est bien trop long, ce n’est pas bien de la part de l’éditeur. Voici un résumé écourté made by Tiger :

C’est l’histoire du juge d’instruction Ronan Le Goff, à l’indépendance redoutable (il instruit le trésorier du parti au pouvoir pour corruption je crois bien, imaginez le malaise) et au talent certain qui lutte contre la secte des survivalistes, alter ego de la Scientologie de notre triste monde. Cette secte aurait poussé un homme au suicide, et notre bon juge va devoir dérouler un fil plus gros que prévu.

Critique de Propagande noire

Georges Fenec était un magistrat, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) et député (sous une couleur bleue). Alexandre Malafaye est un auteur porté sur les romans où la réalité pointe très souvent le bout de son nez. Alors quand les deux se mettent d’accord pour écrire un titre sur les liens entre une secte bien connue et les pouvoirs publics, l’expérience d’un des auteurs s’exprime pleinement.

Sujet maîtrisé de bout en bout, nous suivrons l’implantation d’une vilaine secte dans le paysage français et le juge lyonnais va s’y attaquer. Sauf que les soutiens de l’organisation vont bien au-delà de ce qu’il pouvait imaginer. Hommes politiques, services secrets, en fait Ronan se retrouve presque victime. Imaginez, les contacts qu’il a avec le président de l’organisme de lutte anti-sectes se font en loucedé…

Le héros est tout ce que j’aime : magistrat brillant, une cinquantaine bien sonnée et assumée, coureur sur les bords et aimant les bonnes choses (notamment l’alcool). Aidé de sa fidèle greffière, il va lutter bien seul. Les chapitres sont relativement courts, et ces 350 page ont été parcourues à une folle vitesse. Sans doute l’effet « grand format ». Un thriller judiciaire de bonne facture, rien à redire.

En conclusion, c’est plus qu’un roman, presque une « dodufiction » qui emprunte énormément à la réalité. Quitte à faire dans le factuel qui ne sera sans doute pas intemporel. A titre d’exemple, le gourou qui n’est pas sans rappeler Raël ou l’acteur US fer de lance de la secte, Tim Cross (franchement, c’est à peine s’ils se sont foulés à changer le nom). De même, le mystère de la suppression « accidentelle » de la dissolution comme sanction pour une association (un mot changé dans un projet de loi) est rapidement abordé. Dans tous les cas, glaçant à souhait.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Sujet principal, bien évidemment les sectes et comment elles tapent là où ça fait mal pour ne pas être inquiétées. Et c’est plutôt violent, notamment la manière dont, pour affaiblir le gentil, on tente de s’en prendre à sa fille en « baisant » avec son esprit. A force de « sessions » ou d’intimidations, la jeunette est dans une bien mauvaise posture. Quant aux moyens en France de lutte contre celles-ci, c’est d’un triste. On sent que Fenec en a bavé dans son poste à la Miviludes.

En effet, la solitude des bons est plus qu’inquiétante. Le protagoniste principal voit un gros paquet de ses alliés s’éloigner de lui. Flics intègres mutés, une amie de la fille de Le Goff (Blandine) retournée par les survivalistes, pour une fois le dénouement du roman est loin d’être heureux. D’ailleurs, je trouve que le titre est plutôt mal choisi. Quand on dit propagande noire au Tigre, je pense aux provocations d’agents secrets dans des organisations d’extrême gauche (ou droite) en vue de basculer vers un régime un peu plus autoritaire. Ici, c’est juste une énorme machine qui tente de casser un homme et le système qu’il représente.

…à rapprocher de :

– Concernant les liens incestueux entre les protagonistes aux sommets du pouvoir, On les croise parfois (de Citharel) est aussi sombre et amoral.

Sur les sectes, Tigre a peu de références (à part celle que je compte monter autour de mon personnage) :

– J’ai honte, toutefois Anges et Démons de Brown est la première chose qui daigne me venir à l’esprit. Je vais rectifier.

– Enfin, Aleister Crowley a été un gourou d’exception, l’éditeur Camion Blanc a quelques essais à son sujet. Notamment Le Livre de la loi qu’il a écrit.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici. Version grand format.

Jenkins & Finch - Batman : Le chevalier noir 1Sous-titre : Terreurs nocturnes. VO : Knight Terror. Batman, The Dark Knights #1-8. Un presque stand-alone du justicier masqué, une nouvelle ennemie à la croupe accueillante ; des super-vilains super en forme ; superman, flash et quelques autres justiciers plus ou moins à la rescousse ; des illustrations délicieuses. Vous l’aurez saisi, ça a plus au Tigre.

Il était une fois…

Allez hop, voici le quatrième de couv’ livré in extenso. Tigre est une grosse feignasse :

« Attaqué par une nouvelle et redoutable ennemie, Batman aura également fort à faire avec la lie d’Arkham. Double-Face, Poison Ivy, l’Épouvantail et Bane, se succèdent pour mener le Chevalier Noir au bord de la folie… Superman, Wonder Woman et Flash ne seront pas de trop pour lui apporter leur aide ! »

Critique du premier tome de Batman : Le chevalier noir

J’ai attendu quelque temps avant de lire cet opus, en effet malgré l’indication d’un tome 1 il ne semblait pas certain qu’un second opus daigne montrer le bout de son nez. Alors à quoi bon ? Sauf que le scénar’ et la qualité du comics en général valent largement le coup de se pencher dessus.

Sur l’histoire, Jenkins (assisté de Finch) a fait à la fois classique et innovant. Le lecteur ne sera point perdu avec un héros enquêteur de talent qui a affaire à ses antagonistes habituels (Joker, Double-face, Bane, etc). Toutefois, ces derniers ne semblent pas dans leur état normal, il semblerait qu’ils aient ingéré un poison qui les rend surpuissants. Si on ajoute les interaction avec la ligue de justice (Wonder Woman qui a trop de taf de son côté, Superman obligé de flanquer une raclée à Bruce, Flash contraint de faire 8 fois le tour de la terre pour ne pas mourir), on est en présence d’un savoureux méli-mélo qui se lit d’une traite (même si le dernier chapitre est en-deçà).

Quant au dessin, à part le Bat qui saigne plus que de raison c’est très onirique : vilains monstrueux (à cause de la drogue), couleurs vives, c’est presque cartoonesque. Cependant j’ai particulièrement aimé la sensualité qui jaillit du comics : la femme-lapin qui nargue le chevalier noir est bandante à souhait, la voir ainsi s’accrocher aux super-vilains ou tortiller du derrière m’a profondément ému. Sérieusement, c’est limite érotique. Ou alors je suis un obsédé.

Au final, pas mal de passages peu crédibles et délirants, mais Tigre s’est vite laissé porté. La logique narrative ne m’a point paru si présente, et sans doute ce n’est pas le but. Plutôt un hommage au Bat et à ce que son univers peut apporter comme délires et adaptations contemporaines.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La peur. Il y a de nombreuses remarques, in petto, du chevalier noir inscrites dans des cases de la même couleur. Le rappel de l’assassinat de ses parents, les erreurs (par rapport aux différents Robin) qui hantent notre héros, tout cela est mis en exergue grâce à l’arme inoculée aux méchants : il s’agit d’un mélange qui supprime toute peur pour celui qui le reçoit. Appliqué à des dingues, imaginez le bordel… Si Batman n’a pas peur de la mort, en contact avec le fameux produit on voit bien la différence.

L’originalité dans ce comics, ce sont les alliés du Batounet qui contribue plus ou moins à prêter main forte au héros. Alfred, Poison Ivy (une gentille ici), Robin et Nightwing, mais aussi le gros Superman (déterminant quand Bat a inhalé le poison) sont toujours à la rescousse tandis que d’autres semblent avoir d’autres chats à fouetter. Finch mélange tout en fait, des références à d’autres albums (Knightfall pour Bane qui veut encore écraser le dos du héros) jusqu’à faire des cross-over en apparence sans queue ni tête.

Enfin, si la vie sociale de Bruce Wayne est bien différente des escapades nocturnes de l’homme chauve-souris, les deux mondes sont plus que poreux, avec notamment un flic qui suspecte Wayne de complicité en soutenant financièrement le justicier. Il n’est pas loin du compte.

…à rapprocher de :

– Pour ne pas s’emmerder, je vous propose de lire la saga dans l’ordre. En guise de « tome zéro », Batman : La Nouvelle Aube (bof, vous pouvez la zapper). Après le tome 1, le deuxième (Cycle de violence, très légère déception légère). Mais ce qui suit, à savoir Folie furieuse, est assez bon.

– Sur de vrais nouveaux ennemis qui font bien peur, il y a évidemment La Cour des hibouxTome 1, tome 2 et même le troisième sur QLTL, joie !

– La belle Jai qui semble plus trouble que prévu m’a furieusement rappelé une histoire de Grant Morrison dans Batman R.I.P., deuxième opus des pérégrinations de Wayne vues par un auteur d’exception. Attention au spoil au passage.

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Brunschwig & Servain & Guth - L'esprit de WarrenTétralogie sensée provoquer un effroi et un insupportable suspense, du moins faire peur, je me suis bien emmerdé. Le scénario a peiné à m’intéresser, et à moins de lire les quatre tomes à la suite comme si Warren en personne contrôlait votre rythme de lecture, bah on ne retient pas grand chose. Faible envergure, Tigre espérait mieux. 

Il était une fois…

Quatre BD d’une soixantaine (à peine) de pages dont les titres sont les suivants : La Dix-neuvième victime, La Légende de nouvel homme, L’Enfant au fond du jardin, Encore quelques heures à vivre. Tout ça publié de 1996 environ jusqu’à 2005 (le dernier tome a mis du temps à sortir, et le résultat est inversement proportionnel à l’attente). Warren, c’est tour à tour un Indien maltraité, un tueur psychopathe, un réalisateur qui tourne un film sur Warren Wednesday, etc. Warren, c’est surtout un esprit vengeur qui saute de génération en génération pour trucider les responsables des exactions qu’il a subies (souvent à raison).

Critique de L’esprit de Warren

Quelle déception, mon dieu. J’avais cru que Servain et Guth (un illustrateur différent s’est occupé du dernier tome toutefois) étaient relativement bien cotés, hélas j’espère que ces opus ne sont pas ce qu’ils ont fait de mieux. Je dois être trop habitué à lire des Batman, parce qu’en 200 pages je me suis sévèrement ennuyé.

Comme le disait un ami du Tigre, le scénario est « mou ». Ça ne dépote pas vraiment dans les foyers. Dès le premier album l’action peine à se développer, sans compter les flashbacks et références dont je n’avais rien à fiche. L’esprit du vilain Warren qui occupe différents corps, chaque protagoniste « infecté » qui y va de sa petite tuerie, dès la moitié du second tome Le Tigre en avait marre. Tout m’a semblé confus, peu cohérent et surtout mal délivré de manière générale. J’ai du m’accrocher dès le début, et j’espère que d’autres lecteurs n’ont pas eu cette fâcheuse impression.

Quant aux illustrations, ce n’est pas fameux non plus. A la rigueur, si l’histoire suivait, la ligne pseudo claire et les approximations sur le rendu des protagonistes auraient pu passer. Mais là ça m’en a touché une sans faire bouger l’autre. La lecture est laborieuse, passer d’une case à l’autre n’est pas franchement réjouissant, surtout qu’il manque de grands tableaux qui auraient du occuper une planche entière. Couleurs fadasses et individus peu propices à l’empathie tellement ils m’ont paru « faux », je me demande encore comment j’ai pu acquérir le coffret.

Au final, un achat de curiosité qui m’a laissé de marbre. Sans doute ça a prématurément vieilli, ou alors en termes de thriller je suis trop habitué aux comics ou BD de SF pour apprécier L’esprit de Warren. Quoiqu’il en soit, Tigre n’était pas du tout dans l’esprit.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La vengeance est au centre de cette saga, et grâce à ce thème Brunschwig s’en est donné à cœur joie. Sauf qu’entre les différents protagonistes censés incarner Wednesday Warren, je me suis largement paumé en chemin. Le gars qui est exécuté et renaît illico en un enfant qu’une femme accouche en même temps, je peux saisir. Mais le gus qui pète un câble dans le quatrième album en dézinguant à tout va dans une salle de siné comme les héros à la fin d’Inglorious Bastard, j’ai eu beau relire la trame générale, le temps que ça arrive plus d’un lecteur aura été perdu en chemin.

La malédiction des Amérindiens. Derrière ses vilains psychopathes, c’est comme toute l’histoire du peuple noir qui se balance entre l’amour…euh merde, rien à voir avec France Gall. Plutôt la double humiliation : celle de leur terrible histoire, faite de tueries, discriminations et menus viols des femmes locales. Ensuite un producteur cinématographique qui, en souhaitant rendre hommage à cette population, ne véhicule (selon les Navajos) que des poncifs et une image peu flatteuse de ce peuple. Après, Tigre n’a pas poussé l’analyse plus loin, un tas de choses ont dû m’échapper. Et pour une saga qui a pris 10 piges à sortir de terre ce n’est jamais bon signe.

…à rapprocher de :

– Dans le même « esprit » avec un méchant qui se réincarne dans un autre corps, il y a Les Enfants du rasoir, de Joe R. Lansdale. C’est un roman, achtung. Décevant aussi, c’est presque une malédiction.

– Dans la catégorie je-veux-faire-du-lourd-mais-la-bd-française-ne-va-pas-bien-loin, j’ai souvent pensé au Temps des cités.