Alastair Reynolds – Pushing Ice

Ace, 592 pages.

Alastair Reynolds - Pushing IceVF : Janus. Après le grandiose Cycle des Inhibiteurs, voici un petit (600 pages quand même) one-shot de Reynolds. Et c’est magnifique : un roman d’une profondeur abyssale sur la notion de temps qui passe où règne une atmosphère de solitude sans nom. Avec en prime l’amitié et la relativité en général (des cultures, du temps). Miam.

Il était une fois…

Janus, c’est une des lunes de Saturne qui se met à gravement dévisser de son orbite. Nous sommes en 2057, et le seul vaisseau à proximité est le Rockhopper, chargé d’exploiter la glace des comètes proches de la Terre (d’où le titre en anglais). Ledit vaisseau accepte et se dirige vers le satellite, qui prend de la vitesse et tend à se barrer du système solaire. Bella Lind, capitaine du vaisseau, décide de s’accrocher au satellite, qui s’avère être un artefact extra-terrestre. L’aventure commence.

Critique de Pushing Ice

La langue française se meurt-elle ? Sorti en 2005 (petit format), Le Tigre n’a pas attendu 2012 pour la version française de poche. « 7 ans putain ! », comme dirait Chirac. C’est de la SF, mais assez facile à comprendre et on est très vite immergé dans le roman.

Le scénario est le suivant : en 2057 l’aventure spatiale n’est qu’à ses prémisses. Voilà qu’un satellite se fait la malle, le Rockhopper s’y accroche et l’équipage (en plus d’un Chinois qui passait par là) se retrouve très très loin. D’abord nos protagonistes vont tenter de survivre sur Janus qui est en fait une sorte d’hameçon, ensuite ils arriveront à une énorme structure où ils rencontreront différentes espèces E.T. (notamment une qui sera d’une grande aide), enfin tout va partir en quenouille.

Parallèlement, et ce dès le début du roman, l’humanité dans un futur lointain décide de rendre hommage à Lind, grâce à qui la technologie a fait un superbe bon en avant. En effet, en suivant Janus, y’a eu des retours d’informations qui ont bouleversé la physique telle que pratiquée par les Hommes. L’hommage est bien pensé (cf. infra). Comme toujours avec Alastair, les deux histoires vont s’unir au moment opportun.

Ce qui rend ce titre sublime, c’est le terrible huis clos de l’équipage en mauvaise posture sur Janus, scientifiquement et techniquement on y croit. Avec les luttes internes inévitables. Et l’histoire prend progressivement de l’ampleur une fois le satellite arrivé à bon port, avec des E.T. (certains caricaturaux, comme les Musk Dogs) qui entraînent nos protagonistes dans leurs différentes luttes. C’est grand, c’est beau, c’est généreux, bref Le Tigre a été transporté.

Certes les titres (anglais comme français) font montre d’une fainéantise à toute épreuve, mais le lecteur ne chipotera pas face à un tel roman. Chapitres longs, il ne faut pas avoir peur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié contrariée. Bella Lind & Svetlana sont amies, la première restant le capitaine du vaisseau, donc le chef. Déjà pas d’accord sur la marche à suivre quant à Janus qui dévie de son orbite, leurs relations vont se détériorer. Svetlana, dès qu’elle le peut, provoque une mutinerie et banni (sans la tuer) du vaisseau Bella. Cette dernière parvient à revenir en force, pardonne son ancienne amie, qui le vit plutôt mal. Et c’est loin d’être réglé. Avec Reynolds (et son idée de rajeunissement artificiel des protagonistes), l’histoire des deux femmes prend des proportions dignes d’une tragédie grecque.

Les paradoxes temporels. Dans un très lointain futur, un puissant congrès cherche à honorer Bella. Pour cela, ils envoient des millions de blocs noirs dans l’espace (tiens, ça fait penser aux Inhibiteurs) destinés à être activés en présence du capitaine. N’importe lequel de ces blocs, avec la relativité due au voyage de Janus, peut atteindre Bella qui est censée être encore vivante. N’ai pas tout saisi, car Reynolds est d’un pointilleux extrême (ce qui rend ces romans très réalistes).

[SPOIL attention] Le zoo galactique. Il semble que l’objectif de Janus est d’amener de nouvelles espèces dans une structure de la taille d’une planète. Cet immense objet comporte de multiples cellules cloisonnées, sûrement afin d’éviter que les civilisations se foutent trop rapidement sur la gueule. Bien sûr notre colonie humaine sera vite en difficulté, et devra prendre la poudre d’escampette. Reynolds, dans la fin de l’œuvre, nous laisse même l’espoir d’une suite grâce à une résurrection et la présence d’une autre colonie dans la superstructure. [Fin SPOIL]

…à rapprocher de :

— Rien que pour le plaisir, je vous refais reparle du meilleur de Reynolds : le cycle des Inhibiteurs : L’espace de la révélation, La Cité du Gouffre, L’Arche de la rédemption et enfin Le Gouffre de l’Absolution. Faut reconnaître qu’il sait choisir des titres qui en envoient. Essayez The Prefect, qui est un stand-alone de belle facture. Voire les nouvelles du cycle, comme Galactic North ou Diamond dogs, Turquoise Days.

House of Suns, encore le même auteur, est un petit bijou qui maltraite encore plus les échelles temporelles.

– Une autre saga, intitulée les Enfants de Poseidon, n’est pas mal non plus : Blue Remembered Earth, On the Steel Breeze, etc.

Century Rain est différent, et un peu en-deçà de mes attentes. La pluie du siècle, en VF.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici (en VF).

8 réflexions au sujet de « Alastair Reynolds – Pushing Ice »

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  2. Ping : Alastair Reynolds – On the Steel Breeze | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Alastair Reynolds – L’espace de la révélation | Quand Le Tigre Lit

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  6. Ping : Alastair Reynolds – Century Rain | Quand le tigre lit

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