Allan Folsom – L’empire du mal

Le Livre de Poche, 552 pages.

Allan Folsom - L'empire du malVO : The Day After Tomorrow (voui : c’est quoi cette putain de traduction en français ?!). Lorsqu’un Amerloque tombe par le plus grand du hasard sur l’homme qui a tué son daron, cela signifie un alignement d’étoiles suffisamment puissant pour  justifier une aventure aussi improbable que délirante. Bref, voilà du porn-thriller qui a légèrement gavé l’exigeant félin. 

Il était une fois…

Me suis tellement fait pipi dessus en raison de la présentation de l’éditeur qu’il me faut la reproduire de ce pas :

« Un chirurgien américain retrouve par hasard – à Paris – l’assassin de son père…Un détective génial et anticonformiste enquête pour Interpol sur sept cadavres sans tête, découverts en divers points du monde… Une organisation secrète, dirigée par un riche industriel d’origine allemande, vise à la restauration du nazisme sur fond d’expériences médico-chirurgicales inédites…
Quel rapport existe-t-il entre ces trois histoires ? C’est ce que le lecteur découvrira peu à peu, conduit par un suspense d’une exceptionnelle intensité vers un dénouement à couper le souffle. »

Non seulement ce quatrième de couverture est terriblement aguicheur, mais celui-ci gâche le plaisir de découvrir l’intrigue par soi-même. Chapeau les mecs – je ne peux imaginer que la stagiaire derrière ce crime soit une femme.

Critique de L’empire du mal

Dinguissime. Nul besoin de relire ce roman, m’en souviens comme si c’était hier – à quelques détails près certes. Si un producteur pas trop con se décidait de faire de L’empire du mal un film avec de beaux effets spéciaux, il y aurait de quoi réaliser un polar bien putassier (relents de paranormal compris) et rentrer dans ses frais en moins de temps qu’il n’en faut à un néonazi un peu con (pléonasme ?) pour gueuler un tonitruant « Sieg Heil! » en entendant parler allemand autour de lui.

Commençons par les bonnes choses. Le scénario, d’abord, part sur les chapeaux de roue : entre polar et road-trip européen (France, Suisse, Allemagne, etc.), les pérégrinations de notre héros chirurgien au douloureux passé et à la recherche de ce qui est arrivé à son père sont amenées avec un naturel bienvenu. Rajoutez un détective un peu jeté (McVey), l’énigmatique tueur qui sort quelques dossiers sur le papa du gentil (une histoire d’utilisation du scalpel), ou le méchant Van Holden (paye ton nom de vilain), voilà de quoi pondre des péripéties prenantes avec comme point commun de mystérieuses décapitations bien nettes. Le style, ensuite, est vif et le nombre de chapitres (une bonne centaine !) participent à une immersion satisfaisante qui fait de ce roman le compagnon de plage parfait.

Les aspects qui ont plus ennuyé Le Tigre ? La taille de l’œuvre qui ne semble nullement justifiée. Il y a de quoi retrancher un bon tiers des chapitres tout en obtenant le même résultat. En outre, tout comme bon blockbuster littéraire qui se respecte, laissez de côté votre cerveau qui pourrait être interloqué par 1/ les sauvetages de dernière minute à peine crédibles 2/ les scènes d’action qui s’enchaînent à un rythme indécent et 3/ le nombre excessif de protagonistes dont la moitié a autant d’utilité qu’une boîte de capotes dans un harem d’eunuques ottomans.

Je suis peut-être un peu dur vis-à-vis de l’écrivain américain qui a su faire nerveux et prenant, toutefois il y a comme un furieux air de déjà-vu dans ce titre qui emprunte à bon nombre d’auteurs. Et je ne vous parle pas du bouquet final, à bien y réfléchir je suis vexé de ne pas avoir pu le deviner plus tôt.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Il faut reconnaître à Folsom une certaine maîtrise dans le mélange des genres. Car son Empire du mal démarre tranquillou en petit roman d’aventure avec quelques éléments empruntés au polar (le génial détective qui en tient une couche). Puis on verse dans le thriller mâtiné d’organisation secrète qui tire les ficelles de l’intrigue. Au milieu de ce bordel, rappelons-le, un médecin qui était juste parti en villégiature. Progressivement, les chapitres ressemblent à un techno-thriller qui va jusqu’à dangereusement flirter avec la SF. Oui, la science-fiction, ou la dernière frontière d’un écrivain qui veut en mettre plein la vue.

Le fauve s’apprête à spoiler, et s’en fout. Grossièrement, il s’agit ici d’une (encore ?) conspiration nazie visant à bâtir un nouveau Reich millénaire – plus c’est gros, mieux ça passe non ? Il est notamment question d’un savant (ou quelque chose dans ce genre) qui élève deux beaux aryens (ses neveux) afin de recréer une race parfaite destinée à dominer le monde. Mais comment faire pour inculquer les « bonnes » manières à ces futurs chefs ? Simple : suffit d’y coller la tête d’Hitler – celui qu’on croyait cramé avant l’arrivée des Popovs. Presque une histoire de zombie. [punaise, et dire que je n’ai pas vu débarquer ce scandaleux twist]

…à rapprocher de :

– Je ne serai pas le premier à faire la comparaison avec Ludlum. Le nom du héros, Osborne, ne rappelle-t-il pas Bourne ? Et que dire des souvenirs qui rejaillissent, comme par magie, de l’esprit du héros ?

Pour l’instant, je n’ai aucune autre idée – honnêtement, ça ne me dérange pas plus que ça.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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