Andreas – Rork l’intégrale, Tome 1

Les Editions du Lombard, 256 pages.

Andreas - Rork l’intégrale, Tome 1Retour aux sources, enfin Rork s’offre une intégrale ! Le Tigre avait découvert quelques traces ici et là du héros, le voir évoluer sur plus de 200 pages permet de mesurer le génie d’Andreas. Magie, suspense, intelligence, mais surtout imposantes fresques qui font de cet album un quasi objet d’art.

Il était une fois…

Longiligne, chevelure dense et blanche, Rork est l’enquêteur du bizarre. Magicien dont l’origine et l’éducation sont exceptionnelles, notre héros va faire face à des évènements magiques, paranormaux qui ne seront pas sans dangers.

Critique de la première intégrale de Rork

Dans cette première intégrale, nous retrouvons en guise d’introduction quelques pages écrites sur les thèmes, influences et dessins du génial auteur allemand (de naissance au moins). Et le pavé commence par le tome 0 (Les Fantômes), suivi des trois premiers albums de la série, en plus de quelques planches supplémentaires.

Le (léger) problème avec Andreas, c’est que quand je tombais dessus enfant, ça me paraissait partir dans tous les sens et sans réelle logique. C’est un peu ce qu’avoue l’auteur, dans la mesure où ses premières histoires (1978) ont été conçues comme autant de one-shots, et c’est seulement après que tout a été lié. Et plutôt bien au demeurant.

Venons-en au fond du tome : les histoires racontées par Andreas, ce sont plus que des aventures, c’est une odyssée. Naissance, apprentissage de Rork, poursuite d’un ennemi qui vient des étoiles (la « tâche »), découverte d’un cimetière de cathédrales en pleine Amazonie, et j’en oublie. C’est grandiose, toujours bien trouvé et tellement à contre-courant de ce qu’on peut voir d’habitude (surtout dans le journal de Tintin !).

Y’a un peu de Blake & Mortimer dans le mystère et le paranormal, avec plus de magie ; du Lovecraft (voire K. Dick) dans les « glissements » de réalité ; du Moebius dans la quête personnelle (très ésotérique) de Rork et lorsque les éléments de compréhension n’arrivent pas vraiment dans l’ordre. Peu importe, Andreas permet de créer un univers bien à lui, unique.

Le dessin, aaaah. Bon, à part le premier chapitre en noir et blanc, il n’y a rien à dire sur la gestion des couleurs. Quant au tracé, c’est sur ce point qu’on peut applaudir à deux mains Andreas. Les personnages, certes pas très expressifs, restent « racés » et de caractère. Mais l’environnement, quel boulot d’orfèvre. Des pages entières de bâtiments, paysages, c’est si beau que Le Tigre a décidé d’en faire un thème (cf. partie suivante).

BD qui plairait à l’amateur de belles planches, et le lecteur en recherche de scénarios poussés et novateurs (malgré ses trente ans au compteur).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La magie à son comble : manipulation du physique, du psychique, rien à voir avec deux magiciens qui se tirent la bourre, plutôt un homme contre les grands ensembles. Un E.T. qui ne ressemble à pas grand chose mais place sous sa coupe des êtres humains, une maison hantée, un doux dingue qui découvre le point faible de la Terre,…mais avant tout l’accès à l’univers parallèle qu’a appris notre héros. Ce passage, on ne l’utilise qu’une fois, après un sombre chaman est censé vous le faire oublier. Et si par mégarde on repasse dans cet univers, le retour en une seule pièce n’est pas assuré. Je vous laisse imaginer ce que va faire Rork.

L’architecture. La spécialité du dessinateur. Des planches entières de bâtiments, des sphères en puzzle détaillées à l’extrême, même les fresques des édifices sont sublimes ! L’art des formes d’un building est à l’honneur, et ce à de nombreuses reprises. Je me souviens de 1/ la maison « hantée » au bord de la mer, au quart détruite et dont les formes torturées étaient magnifiquement rendues. 2/ Le chapitre « le cimetière des cathédrales », avec des planches entières de subtils mélanges entre majesté de la nature et monuments gothiques à côté desquels la cathédrale Notre-Dame mérite à peine la moyenne dans un concours d’entrée à une école d’architecture grolandaise. Le Tigre, pourtant peu expert dans le domaine, a grandement apprécié.

…à rapprocher de :

– Qui dit tome 1 dit tome 2. Joie ! Je l’ai. A lire dans la foulée, sinon on est vite perdu.

– Le félin vous renvoie vers Les Cités obscures, de Schuiter et Peeters (notamment les Murailles de Samaris), autres monuments de BD avec de la belle architecture.

– Assez rare les BD dans ce genre avec un tel impact. Le Tigre, du haut de sa petite expérience, a eu le même genre de révélations avec Phil Hester et son (ses plutôt) Days Missing.

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD en ligne ici.

5 réflexions au sujet de « Andreas – Rork l’intégrale, Tome 1 »

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