Ben Elton – Amitiés mortelles

Le Livre de Poche, 444 pages.

Ben Elton - Amitiés mortellesVO : Past Mortem. Lorsqu’un individu a en tête de butter tous ceux qui harcelaient leurs petits camarades à l’école, certains doivent s’inquiéter à juste titre. L’auteur anglais n’est pas dénué de talent, Tigre a passé un bon moment – entre ricanements et légers tremblements. Voici un petit polar bien amené, sans prétention, qui remplit parfaitement son office.

Il était une fois…

La population londonienne flippe grave sa race :y’a un mec qu’est en train d’occire des individus qui, dans leur passé, s’amusaient à martyriser leurs petits camarades pendant leurs études. Et il revient au jeune inspecteur Edward Newson, petit nouveau de son service, de s’occuper de cette affaire. Or, les meurtres qui ne s’arrêtent pas (et son de plus en plus terrifiants) résonnent curieusement avec l’histoire de Newson, lui-même objet des moqueries dans son école à Shalford.

Critique de Amitiés mortelles

Ne vous fiez point au titre français qui fait terriblement cheap sur les bords. En effet, le Past Mortem est une coquette double référence à l’état d’un macchabée et aux affres d’un passé qui rattrape certains personnages.

Le premier protagoniste, l’inspecteur Edward Newson, est un gus attachant comme tout : certes bon flic, mais tristement à la ramasse sur sa vie amoureuse, en plus ce couillon est amoureux de sa partenaire de taf, la belle Natasha – ce prénom devrait être interdit dans les polars. Pour revenir à l’affaire qui occupe Eddie, le mystérieux tueur semble choisir ses victimes parmi un site internet où anciens élèves se retrouvent, sélectionnant ceux qui ont particulièrement brillé en se moquant de leurs petits congénères. Parmi les potentielles victimes, la somptueuse Christine Copperfield, que Newson a bien connu jeune.

Ben Elton est parvenu à imaginer une histoire où le lecteur sera tour à tour submergé (confronté, plutôt) à un humour pince-sans-rire efficace (la situation du héros arrache souvent un sourire), à des ébats torrides (rien de bien méchant) ou à des scènes gores – 2-3 sur l’échelle de Stephen King. La manière dont sont trucidées les victimes, notamment, est fandarde au possible. Entendez : c’est tellement dégueulasse que ça en devient cocasse.

Même si c’est loin d’être le polar du siècle, le félin s’est bien marré à dévorer ce roman assez original et, au surplus, rapide à lire – nombre de chapitres conséquents. Avec des  passages marrants pour un suspense bien entretenu, peu de risque d’être déçu. En ce qui concerne le mot final, à moins que Le Tigre n’aie aucune imagination le nom du coupable reste inattendu.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le sujet principal de ce bon polar est le harcèlement à l’école. Ce thème, original il est vrai, est finement traité par Ben E. qui s’attache avant tout à faire parler les anciennes victimes. En outre, la position de l’inspecteur, qui connaît intimement une des victimes, est l’occasion de revenir en arrière et développer ses souvenirs de jeunesse. Notamment ses premiers émois sexuels qui…[j’en dis trop là]. Quoiqu’il en soit, lorsque Helen Smart, une autre de ses anciennes camarades de classe, se met à révéler des choses pas très nettes sur une femme adorée de tous (Christine), beaucoup tombent des nues.

Corollaire de ces gros tracas de jeunesse, la vengeance fait une entrée fracassante. C’est là que Elton nous prend par les sentiments : qui n’a jamais eu envie de voir le (ou les) bourreau(s) de son enfance en prendre plein la gueule ? Qui n’a jamais éprouvé une haine pure contre ses persécuteurs ? Néanmoins, le plaisir de contempler le bourreau devenir victime s’efface vite face à ce que ce dernier subit. Car le tueur, qui se pose en justicier contre l’impunité dont jouissent les brutes à l’école, a des méthodes d’une rare violence : non content de les buter, il emploie les mêmes moyens utilisés, jadis, par les brutasses. En rajoutant quelques réflexions sur la manière dont ces expériences peuvent forger une personne, tout ceci donne à réfléchir sur la sourde violence que subit tout jeune à un moment ou à un autre

…à rapprocher de :

– De cet auteur, le roman Devine qui vient dîner ce soir ? a eu pas mal de bonnes critiques. Ai toutefois la flemme de le lire.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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