Brubaker & Phillips – Fatale Tome 1 : La mort aux trousses

Delcourt, 127 pages.

Brubaker & Phillips - Fatale Tome 1 : La mort aux troussesVO : Fatale: Death Chases Me [traduction tout à fait correcte]. Titre, image de couverture, même le quatrième de couv’, le marketing est astucieux. Et à juste titre, puisque c’est un savoureux appetizer (c’est souvent le cas pour les séries) classique sur le dessin mais au scénario porteur. Démons, femme éternelle, jeune premier impliqué dans une aventure sanglante, ça passe.

Il était une fois…

Nicolas Lash est chagrin, son parrain Dominic Hank Raines (ami de son père qui est devenu dingue) vient de décéder. Et lors de l’enterrement, il fait la courte rencontre de Jo, qui ne le laisse pas indifférent. Comment peut-il tomber si vite sous le charme d’une telle brune ? Ça devient encore plus bizarre lorsque, en se rendant dans la bicoque du vieux clamsé (où il découvre un de ses vieux textes), des individus semblent lui vouloir du mal. Et Jo revient comme par magie, le sauve avant qu’un terrible accident ne survienne dans leur fuite. Amputé d’une jambe, Nicolas va lire le manuscrit de son parrain. Et c’est parti pour des révélations qui vont mettre à mal le monde logique de Nicolas.

Critique de La mort aux trousses

Très sympathique. J’ai survolé ces 120 pages avec un plaisir non feint. Sean Phillips et Ed Brubaker ne sont pas des touristes dans le monde des comics (j’ai préféré classé, eu égard le format, dans la catégorie « BD franco-belge), et ça ce ressent. Car le scénario est clair, vif, et balance entre le monde contemporain (avec notre jeune ami) mais surtout une vieille histoire qui a de terribles répercussions pour Nicolas.

Ce « vieux » scénario commence au milieu des années 50, avec le journaliste (je ne vous ai pas évoqué son métier ?) Hank Raines qui lève une affaire de corruption impliquant Walter Booker. Ce dernier, qui est avec la grand-mère de Jo (à moins que ce ne soit elle…), fait face à une enquête sur des meurtres rituels. Or la belle paraît vite impliquée dans une saloperie où un inquiétant Monsieur Bishop (qui a tout du contraire d’un évêque) la recherche activement. Le dessin m’a paru basique : aucune planche d’anthologie, couleurs normales, ligne pas totalement claire, ça glisse sans heurts.

A ce titre, heureusement qu’en fin d’ouvrage nous avons droit à quelques belles couvertures de épisodes de ce premier tome (6 en tout). En guise de conclusion, voilà un premier opus (qu’on m’a vivement conseillé) qui tient ses promesses. Et j’hésite à me procurer les suites, parce qu’en termes de séries Le Tigre a les yeux bien plus gros que le bide. A voir donc…

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amour qui dévore. Nicolas, mais surtout Raines et Walter, sont tombés dans une embuscade amoureuse. Est-ce le quasi statut d’immortelle de Jo, ou son insondable beauté, quoiqu’il en soit la somptueuse brunette envoie du très lourd. Dans la rue, tous se retournent lors de son passage, et la jeune (pas tant que ça en fait) femme sait se servir de ses charmes. Fatale certes, mais fragile : capable d’aimer, souvent dos au mur, ce n’est pas la manipulatrice un peu salope sur les bords qu’on pourrait imaginer, loin de là.

Enfin, Le Tigre a su apprécier la subtile mise en abyme de cette œuvre. Je m’explique : Nicolas, en lisant le manuscrit (premier roman écrit d’ailleurs) de son parrain, s’aperçoit qu’il ne s’agit pas d’une fiction. D’ailleurs, les passages qui semblent « normaux » (par exemple, le décès tristement banal de la femme de Raines) sont le signe de la fiction tellement le reste est fantastique mais étonnamment cohérent. Le lecteur suit alors l’histoire de Raines à l’aune des dires du précieux manuscrit. Parallèlement, les péripéties contemporaines de Nicolas font étrangement écho au roman non publié, et la fiction rejoint rapidement la réalité du héros.

…à rapprocher de :

– De Brubaker, Le Tigre a lu Scene of the Crime (en anglais). Bof. Ou les Catwoman (exemple, Dans les bas-fonds), qui sont dans l’ensemble assez sympas à lire.

– C’est drôle, la gueule du méchant sur la fin, ajouté aux visions du jeune héros, m’ont furieusement rappelé Hector Umbra, d’Uli Oersterle. Un petit chef d’œuvre de glauquerie.

– Sinon, Manchette a écrit un court polar au titre éponyme (en lien). Un tantinet décevant sur la fin. Heureusement que la version dessinée, avec Cabanes (encore en lien), est meilleure.

Enfin, si vous n’avez pas de « librairie à BD » à proximité, vous pouvez trouver ce thriller en ligne ici.

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