Ennis & Dillon – Preacher Livre 2

Urban Comics, 424 pages.

Ennis & Dillon - Preacher Livre 2VO : idem. La quête vers Dieu du révérend Jesse Custer est semée d’embûches, une puissante organisation se dressant face à lui. De l’Amérique déjantée à un petit village perdu en France, l’histoire est toujours aussi plaisante malgré quelques passages nettement plus verbeux. Illustrations sans reproches, ça donne envie de continuer la saga.

Il était une fois…

Jesse Custer, sa nouvelle camarade de jeux Tulip (son ex, d’ailleurs) et le vampire Cassidy continuent leur road trip pour connaître les raisons de la démission de Dieu – rien que ça. A la suite de nombreux quiproquos et péripéties sans lien apparent entre elles, la situation se complique un peu plus : Cassidy est retenu par un psychopathe dépourvu de bite qui se plaît à le cribler de balles pour le plaisir de le voir ressusciter (et sur autorisation d’un homme d’église), Custer entreprend de le délivrer tout en sauvant ses fesses face aux assassins qu’on lui envoie (même s’il est plus utile vivant que mort). Face à lui, une congrégation de tarés aux moyens colossaux.

Critique du second livre de Preacher

Après un premier opus qui avait troué un second trou de balle au félin, il était difficile d’imaginer comment Garth Ennis et Steve Dillon allaient entreprendre d’en creuser un troisième. Heureusement pour moi, ce comics n’a pas la même puissance de son prédécesseur (la surprise passant) même si celui-ci perpétue la délectation qui habitera tout lecteur normalement constitué.

Il y a encore beaucoup à dire sur l’évolution de la situation d’un modeste pasteur habité par une créature mi-ange mi-démon qui affole les hautes autorités célestes et spirituelles. Les premiers chapitres sont correctement bordéliques, composés de circonstances improbables et hasards du destin déconcertants : Staar, nouveau personnage aux trousses du héros, se fait sodomiser par erreur puis retrouve deux dealers devant approvisionner le plus grand organisateur de soirées perverses de l’Amérique (j’y reviendrai), où Custer est attendu. Fusillade évidemment, suivie d’un coup de bluff où Cassidy se fait passer pour le pasteur et est emmené, à ce titre, à Massada – dans le sud de la France, pas en Israël hein. En effet, le pouvoir de Jesse, à savoir se faire obéir par sa voix seule, en fait bander plus d’un.

Le chapitre suivant comporte une petite pause émotion avec Custer qui se fait conter (putain de hasard encore) l’histoire de feu son père au Viet-Nam par un ex-camarade de guerre, pendant ce temps le vampire (Cassidy) est percé à jour par ses ravisseurs qui appartiennent au Graal, sorte d’organisation de fous furieux préparant depuis des siècles la venue du Christ – et dirigée par l’éminemment obèse Archipère d’Ardonique. Si Custer veut libérer son pote, il n’entend pas emmener sa copine dans le traquenard, et les discussions entre les tourtereaux (des States à Paris) m’ont apparu très ennuyeuses même si la profondeur des deux protagonistes s’en trouve renforcée. Toutefois, le dernier assaut sur la forteresse de Massada est un spectacle de qualité avec des intervenants hauts en couleur (rien que le jeune héritier du Graal, fini à la pisse) et un satisfaisant bain de sang final – sans compter l’apparition fugace du Très-Haut.

Sur les illustrations, rien à déclarer : le trait naturel est mis en valeur par des couleurs franches qui savent rester sobres par rapport aux savoureux dialogues qui peuvent survenir. En revanche, et c’est tout à l’honneur d’Ennis, le félin a cru remarquer que la narration se faisait parfois lente, comme un temps de repos avant la tempête. Car il en faut pour parvenir à faire une saga composée de six tomes de près de 250 pages chacun. Or, Tigre n’aime pas se reposer.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Comme à leur habitude, les auteurs mettent en scène quelques perversions dont il est souvent question dans le courrier des lecteurs (avec réponses des intéressés). Avec cette lancinante question : jusqu’où aller sans risquer de se prendre une claque par son éditeur ? En effet, quelques scènes pourront en faire tousser plus d’un, même si la violence et l’humour tordant sont souvent plus suggérées que véritablement illustrées. En vrac : quoi de plus normal qu’un gosse déclamant « chatticaca » parce qu’issu d’une lignée pure (donc débile) ; comment s’étonner des tortures subies par Cassidy lorsque le commanditaire est un énorme écclésiastique à l’esprit dérangé ? A ce titre, Seigneur Jésus n’est pas là pour rien : ce grand albino malingre représente parfaitement la décontraction dans la dégueulasserie avec cette pincée de bon goût qui fait de Preacher un comics d’exception (enculer tous les mammifères de la création, organisation d’infâmes orgies où se faire pomper par un mouton est la norme).

Il convient de garder en tête l’esprit « western » mâtiné de road trip de cette BD. Western à la Tarantino avec des gueules qui ne doutent que rarement de leurs missions respectives, à l’image du tueur envoyé par le Ciel et déterminé comme jamais. Road trip, dans des paysages époustouflants, parsemé de discussions à bâtons rompus au sein de couples (collègues, amants) qui se livrent réellement. Notamment Cassidy qui, sur un chapitre entier, raconte (de manière désabusée) son existence de vampire dans une Irlande du début du XXème siècle (sa transformation en vampire également) avant son émigration aux U.S.A. Et de jouer les sentimentaux avec une vision touchante de New York vers laquelle il revient toujours.

…à rapprocher de :

Le premier tome est sur le blog (en lien), bonne éclate. Quant au troisième, ce n’est pas le meilleur.

– Tigre a découvert Garth Ennis grâce à son impressionnante maîtrise du Punisher, héros renversant s’il en est : Au Commencement (somptueux redémarrage du perso) ; Mère Russie (putain de claque) ; Kitchen irish (sobre et un poil décevant).

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics en ligne ici.

5 réflexions au sujet de « Ennis & Dillon – Preacher Livre 2 »

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