Gary Shteyngart – Absurdistan

Random House, 352 pages.

Gary Shteyngart - AbsurdistanVF : idem. Une erreur de casting comme il en arrive parfois. A la décharge de l’auteur américain, à partir de la centième page je me suis mis en mode « à quoi bon putain ? ».  Personnage principal un peu concon qui ne voit pas son membre quand il pisse ; histoire qui traîne en longueur, et ce au-delà des limites de l’acceptable (à mon humble niveau) ; nombreux passages que je n’ai pas saisis à leur juste valeur, arf.

Il était une fois…

Tiens, je vais recopier le quatrième de couv’ de l’édition française. Cela me fera une bonne base pour ma critique :

« Citoyen russe héritier d’un baron de la Mafia, Micha Vainberg végète à Saint-Pétersbourg, entre soirées arrosées avec son complice Aliocha-Bob et repas gargantuesques. En quittant New York (où il avait émigré dix ans plus tôt), il s’est éloigné de sa fiancée, la belle Rouenna, une prostituée qu’il continue d’entretenir. Malheureusement, elle s’est laissé séduire par Jerry Shteynfarb, auteur suffisant du Traité de branlette à l’usage des jeunes arrivistes… Micha décide de partir pour l’Absurdistan, un petit pays colonisé par les compagnies pétrolières américaines. Enrôlé dans une guerre civile montée de toutes pièces par les dirigeants sans scrupule de l’Absurdistan, Micha découvre le cynisme économique et ses conséquences catastrophiques pour l’avenir de l’humanité. Cette fable politique, dont le héros est un avatar moderne du Candide de Voltaire, règle, sur le mode loufoque, leur compte au capitalisme et à la mondialisation. »

Critique de Absurdistan

Si je ne me souviens plus comment je me suis procuré ce titre, les difficultés à le terminer sont bien gravées dans ma mémoire (pourtant digne d’un piaf alzheimerisé). Je me perds encore en conjecture pour désigner le responsable : l’auteur, son style, son histoire, ou mon déplorable niveau d’anglais qui fait que souvent la compréhension de la prose du bon Gary m’a posé un gros lapin ?

L’histoire, parlons-en : globalement, c’est celle d’un immigré juif new-yorkais (à l’instar de l’auteur dont je n’ose écrire le nom) dans un pays fictif du Caucase. Sauf que le quatrième de couv’, cet idiot, veut en raconter trop et semble oublier l’essentiel : si le gros Misha ne peut pas retourner aux States, c’est que son daron y a fait de la merde (genre, tuer quelqu’un). L’Absurdistan, c’est juste la destination idoine pour récupérer un passeport belge et pouvoir taper à nouveau la bise à l’Oncle Sam.

A partir de là, l’intérêt du roman se réveille un tantinet grâce au fameux pays imaginaire du Caucase qui tient une sévère couche. Je ne compte pas totalement cracher sur cette œuvre dans la mesure où j’ai pu la finir et que ce ne fut pas excessivement douloureux : les péripéties, souvent kafkaïennes, sont marrantes comme tout (je ne tiens pas compte des longueurs) et on sent que l’auteur est rompu aux délires administratifs de ces contrées. Je l’annonce tout de suite, un gros spoil sera fait (dans la partie suivante) sur le fin mot du scénario.

En guise de conclusion, après avoir tourné la dernière page de ce roman, Le Tigre s’est dit, benoitement, « je vais attendre la traduction et le relire, pour voir si c’est si mauvais ». Sauf qu’il appert que maintenant, je n’en ai aucune envie. N’hésitez pas à me dire si j’ai commis une erreur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le libéralisme triomphant. L’Absurdistan ressemble à toutes ses républiques libérées d’un certain joug soviétique, et la transition vers la liberté économique et politique est exacerbée dans ce que ça peut donner de pire : capitalisme sauvage où une poignée de richards enfilent soigneusement le reste de la populace ; corruption savamment entretenue par une administration incompétente ; et surtout l’exaltation des luttes entre groupes ethniques dans un esprit tout ce qu’il y a de plus yougoslave (dans notre cas, « seulement » deux ethnies).

On se rend vite compte que cette soudaine fête du slip ne s’accommode guère des mœurs locales…disons orientales. La guerre civile fait rage, et pour financer les combats certains ont rien trouvé de mieux à foutre que dire qu’il y a beaucoup de pétrole sous leur pays. Sauf que c’est faux. Peut-être le seul moment sympa du roman : voir l’intérêt des puissances extérieures intervenant en Absurdistan s’évanouir comme une miss France dès qu’on fait appel à ses connaissances géographiques. L’hypocrisie des deux côtés est relativement savoureuse.

Qui peut sincèrement aider ce presque pays, à part lui-même ? Les États-Unis sont un peu loin et ne s’intéressent qu’aux tunes. C’est l’eldorado par défaut. Quant à l’Europe, merde la quasi-fédération ne semble servir à rien. A peine si ce boulet de narrateur la cite. Et encore, il fait référence à la « Yi-You » (EU, voui), un truc vaguement identifié qui s’apparente plus à une passoire qu’à un espoir (oh, c’est joli cette expression, je dépose la paternité). L’ONU ? C’est quoi ?

…à rapprocher de :

– Sur la mentalité orientale, je vous renvoie gentiment vers Limonov, de Carrère. Superbe.

Franchement, je n’ai aucune autre idée. Échec.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici (en VF, car je suis bon).

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