Hugleikur Dagsson – Et ça vous faire rire ?

Pocket, 192 pages.

Hugleikur Dagsson - Et ça vous faire rire ?VO : should you be laughing at this ? Il y a des ouvrages qu’on trouve par hasard. Et dans ce cas, qui feuillète, achète ! Nombreux dessins au texte percutant et violent, comment un si petit pays peut produire cela ? Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Islande. Qu’est-ce que j’ai pu me marrer. Et oui, ça a fait rire Le Tigre toujours en quête de scandale littéraire.

Il était une fois…

Hugleikur Dagsson est Islandais. Né à la fin des années 70, avec un certain passif dans les journaux locaux. L’Islande. Pays magnifique où l’hiver les nuits sont longues. Très longues même. Muni d’un stylo et d’un cerveau dérangé, le fils de Dags (c’est bien comme ça que leur nom est créé ?) nous livre quelques pages où son humour troublant s’exprime dans toute sa majesté.

Critique de Et ça vous faire rire ?

Depuis le temps que Le Tigre prend claques sur claques question BD dérangeantes, sa fourrure a un peu terni tel un tapis trop longtemps exposé au soleil. Mais d’où sort cet auteur, sinon du trou du cul du diable en personne ? Excusez le vocabulaire.

D’abord le style, presque inimitable. Plus minimal comme coup de crayon, jamais vu ! C’en est même enfantin, ce dessin, alors imaginez l’impact lorsque les traits, représentant quelque chose d’immensément sordide, sont assortis d’un court texte encore plus violent. Ou alors une image simple (prenez un jeyser islandais avec le père et sa fille autour) et une seule phrase, drôle et terrible (genre « regarde, ma chérie, c’est le diable qui éjacule »). Rien que ça.

Hugleikur ose tout, son imagination débordante ravira le lecteur en quête d’humour borderline. A ce titre, ce n’est pas parce que les illustrations semblent gentillettes qu’il faut laisser cet ouvrage dans n’importe quel main. Avant 17-18 ans, il y a des références qui ne passent tout simplement pas.

Bref, près de 200 pages qui se liront à vitesse grand V, avec certaines blagues qui vous laisseront un peu sonné, il y a aura au moins une que vous trouverez de très mauvais goût. Pour Le Tigre, c’est le petit sur son lit, entouré de seringues et répondant à sa mère qui lui demande de venir à table : « pas tout de suite maman, je fais une partie d’échecs avec Han Solo ». Aïe.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les interdits. L’auteur les brave tous, non sans un certain brio. Blagues homophobes ? Check. Racisme délirant ? Done. Inceste, enfance brisée ? Voilà. Meurtres et usage de drogues ? Suffisait de le suggérer. Religion, sciences, folie ? Et hop. Même le satanisme s’invite… Bref, tous les domaines en prennent pour leur grade. A mon sens, voici la liberté de ton, décomplexée et sans limites, de ce que peut produire la culture nordique.

L’humour glauque et violent. Jusqu’à l’insoutenable parfois. D’une part, les sujets de mister D. sont éclectiques. Le lecteur ira de surprises en surprises, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre en tournant la prochaine page. D’autre part, contrairement à une liste de blagues, voire une BD un peu plus « recherchée » qui laisse le temps de gentiment reprendre son souffle, la simplicité du trait et du texte fait qu’on prend cases sur cases très vite dans la figure. Ça se lit trop vite, on déjà la dernière page est atteinte.

…à rapprocher de :

DJ set, la suite, est trop courte mais bonne.

– Dans le style très vilain, reprenons Paf & Hencule (French Doctors suivi de Deux hommes en colère) d’Acnéique et Kadabra. Avec plus de classe, je pense plutôt à Nicholas Gurewitch et sa Perry Bible Fellowship Almanack.

– Des dessins grossiers (mais avec des couleurs) au service du pire, nous pensons tout de suite aux Sales blagues de l’Echo, de Vuillemin.

– En plus gentil, il y a les Idées noires de Franquin (l’intégrale bien sûr).

Enfin, si votre librairie est fermée ou n’ose pas commander un tel ouvrage, vous pouvez trouver cet illustré en ligne ici.