Iegor Gran – L’écologie en bas de chez moi

Folio, 176 pages.

Iegor Gran - L'écologie en bas de chez moiL’écologie en bas de chez moi, c’est un peu l’illustration du Not in my own backyard à la française. Virulent pamphlet à l’humour corrosif où les figures vertes (Al Gore, Nico Hulot, Yann Arthus Bertrand) en prennent plein la gueule, en moins de 200 pages on sent l’auteur qui s’est fait plaisir en ne se posant aucune limite. On en redemanderait presque.

De quoi parle L’écologie en bas de chez moi, et comment ?

Comme le truc est à mi-chemin entre un roman (raconté sous forme d’une histoire avec des protagonistes qui mènent leur bout de chemin) et un essai (de nombreuses réflexions sur l’écologie et ses excès/déboires), Tigre a souverainement décidé de cataloguer cette oeuvre dans les essais biographiques (j’en manque un peu sur QLTL).

Tout commence lorsque le bon héros fait face à la projection du film « Home » du bon Arthus-Bertrand. A partir de là, il se met en mode « climatosceptique » et l’affrontement avec son ami de longue date Vincent prendra une tournure toute personnelle, presque tragique. Les questionnements de Gran vont l’amener à parcourir une France écolo assez gauchisante vis-à-vis de laquelle il livrera son acide avis.

Les chapitres, plutôt courts, mettront en scène un héros plutôt teigneux, qui souvent pousse l’exagération (lorsque ce n’est de la mauvaise foi toute politicienne) bien loin. Mais celle-ci se dispute à une certaine forme de lucidité où, avec une bonne dose d’humour, le narrateur parvient à mettre en exergue les contradictions de notre époque où l’on aimerait bien sauver la planète mais sans trop se départir de notre petit confort rassurant et individualiste.

En effet, ce titre réussit à être à la fois drôle (Le passage sur le salon « Planète durable » est à se taper sur les cuisses) mais infiniment triste lorsque celui-ci nous pointe à la gueule l’hypocrisie contemporaine. Le ton reste toutefois tendre, comme si Iegor, outre le fait qu’il ne cherche pas à retenir ses scuds savamment balancés, sait qu’il appartient à cette race d’Occidentaux prêts à donner des leçons mais sans se mouiller.

Au final, un ouvrage que l’on pourrait penser léger (je ne parle pas de sa taille) à cause d’un humour omniprésent et du sens de la formule de l’auteur, néanmoins ce dernier tape là où ça fait mal, et plus d’un lecteur pourra se sentir coupable (voire con) en refermant le livre.

Ce que Le Tigre a retenu

Iegor mord à peu près tout le monde, voici quelques victimes en vrac :

Le GIEC (le truc qui parle du réchauffement climatiques à cause de l’activité humaine) voit son arrière-train plutôt bien dérouillé ; les caissières de supermarchés Bio également ; les « big companies » dont le green washing est devenu leur honteuse spécialité sont mises à l’index ; le vocabulaire débilitant qui ne veut rien dire (« développement durable », comme si le développement ne pouvait pas l’être) est raillé à souhait ; les bobos aussi en général ; ceux bien médiatisés en particulier : Arthus Bertrand, le dictateur Hulot et Al Gore ont les oreilles qui doivent sacrément siffler, etc.

Au final, Iegor livre une critique plus insidieuse de la manière dont les bien-pensants, avec leurs apparats écoloufoques, peuvent faire mal à la société. On n’est pas loin d’une sorte de néofascisme consensuel où émettre une opinion inverse fait que tous vous tomberont à bras raccourcis (faut voir comment le narrateur est jugé).

Cette notion prend toute sa saveur lorsque nos gouvernements ont l’audace d’expliquer aux pays en voie de développement qu’il faudrait se calmer niveau pollution, sinon la planète ne sera pas jouasse. Or, ces pays ne veulent que nous ressembler (faut dire que nos médias donnent une fière image de notre société de consommation), et sans doute passer du sous-développement à une économie purement verte leur donnera l’impression d’avoir été salement floué.

…à rapprocher de :

– C’est marrant, de Gran, je me souviens surtout de O.N.G.!, alors que celui-ci semble moins bon. Guerre qui fait rage entre deux associations, tout le monde en prend pour son matricule.

– En plus sérieux, y’a l’édifiant (et terrifiant) Saison brune, de Squarzoni.

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