Joe Daly – Dungeon Quest, Tome 1

L'Association, 200 pages.

Joe Daly - Dungeon Quest, Tome 1VO : idem. Un auteur sud-africain qui ne fait rien comme les autres, un scénario délirant où la poésie la plus élaborée (et hilarante) est en collocation avec des scènes presque « hardcores », des illustrations plus que correctes, bref encore une magnifique découverte du Tigre.

Il était une fois…

Millenium Boy doit faire ses devoirs de mathématiques. Seulement ça l’emmerde profondément. Ainsi il décide de tout lâcher, prendre son polochon et partir à l’aventure. Mais pas seul, car notre jeune héros va secouer les puces de Steve, un ami glandeur sur les bords. Puis Lash Penis, grand plein de muscles aussi stéroïdé que le peloton du Tour de France. Enfin Nerdgirl, jeune femme aux indéniables talents à l’arc. De la banlieue proche à des endroits bien plus oniriques, les quatre amis vont mener une quête d’envergure qui ferait passer n’importe quel Final Fantasy pour une mission de courses au supermarché du coin.

Critique du premier tome de Dungeon Quest

Je n’étais pas loin de prendre une claque avec Dungeon Quest. Aucune idée en me le procurant de quoi il s’agissait, Tigre a fait confiance à un ami porté sur les romans graphiques à haut potentiel underground. Et on peut dire que Joe Daly excellerait presque dans ce domaine : dès le début on sent que quelque chose ne va pas, qu’il va mener le lecteur par le bout du nez vers une histoire peu commune. Attention, certaines scènes sont parfois malsaines (drogues, violence, nudité gratuite) pour les mineurs de 15 ans.

Millenium Boy n’est pas un gosse comme les autres. Âge indéterminé, tête exagérément grosse (comme s’il était atteint de progeria), « grand poète » il le dit lui-même) au phrasé sentencieux et délicieux, un joli cas qui m’a arraché de nombreux sourires. Mais les autres tiennent aussi un belle couche. Nerdgirl, prototype de la fille qui reste en retrait et qu’on n’entend jamais, des antagonistes toujours plus loufoques (des fachos du début à trois squelettes pirates), c’est une belle aventure comme on les voit dans Donjons & Dragons. Quoique…(cf. premier thème).

Le Tigre a eu un peu peur au début, le dessin (noir et blanc) me paraissait très minimaliste, pour ne pas dire aride question décors. Toutefois, au fil des pages et de l’aventure qui monte en puissance, le tout s’étoffe de manière appréciable. Le noir prend le pas sur le blanc grâce à un environnement riche (la forêt à la fin est un bel exemple) et finement travaillé. Si la perspective paraît largement respectée, on ne peut pas en dire autant des ordres de grandeur en général. Mais c’est séduisant.

Voilà le premier titre d’une trilogie qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Notamment parce que vers la fin les quêtes des quatre inséparables sont juste à mourir de rire. Du très bon donc, aussi bien sur le fond que la forme : car l’éditeur L’Association sait imprimer de beaux livres à couverture à rabats quasiment indestructible. Un bel objet à caler dans sa bibliothèque, en première ligne.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’héroïc-fantasy. Daly reprend les codes de ce genre littéraire (surtout de jeux vidéos en ce qui concerne ma culture, même si je suppute que les jeux de rôle grandeur nature sont plus concernés), mais en se foutant de la gueule de celui-ci. Les ennemis et embûches qui apparaissent un à une, les combats face à face avec une pétée de dialogues pour meubler, c’est édifiant. Jusqu’aux protagonistes : à chaque péripétie l’auteur propose une mise à jour de leurs capacités (défense, argent, magie, mana, vêtements, etc.) en fonction de ce qu’ils ont fait. Cette partie m’a légèrement déçu dans la mesure où les différences entre chaque état ne sont pas évidentes du tout (à part leur accoutrement).

La drogue. Joe Daly, s’il faut le répéter, est profondément subversif sur les bords. Quelques « vendeurs » croisés sur le chemin ne lâchent pas que des items classiques. A titre d’exemple, le « bunjy » avec sa pipe décuplera la clairvoyance des héros. Ben voyons. En outre, pour récupérer un grimoire (ou quelque chose dans ce goût là) qu’un clochard, la bite à l’air, tient entre les pognes, Millenium Boy le lui échange contre une bouteille d’un alcool non réellement identifié. Achetée avec sa fausse carte d’identité qui lui donne quelques décennies supplémentaires.

Dernière remarque sur les couvertures de la trilogie qui proposent une statuette (pierre, grès, argile ?) aux formes intrigantes. En fait il s’agit d’un des personnages du bouquin qui a été de la sorte reconstitué. Comme pour souligner l’aspect noble et ancestral d’une quête (qui n’est qu’un prétexte à l’auteur pour se faire plaisir).

…à rapprocher de :

– Dans cette série, on continue normalement avec le Tome 2 pour finir avec le Tome 3.

– A dire vrai, le dessin fait penser au génial Robert Crumb (il faut que j’en résume d’ailleurs).

Pour finir, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver cette BD sur Amazon ici.

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