Lee Bermejo – Batman : Noël

Urban Comics, 112 pages.

Lee Bermejo - Batman : NoëlVO : Batman Noël Deluxe. Batman objet d’un conte de noël, voilà qui est intéressant. A la manière du Scrooge de Dickens, le chevalier noir va recevoir la visite de trois individus qui vont l’éclaircir sur le sens de son combat dans Gotham City. Dessin sombre et parfaitement détaillé, scénario fluide et prenant, une vrai confiserie de fête.

Il était une fois…

Un homme pauvre, devant seul s’occuper de son fils malade, accepte pour s’en sortir un petit boulot de la part du Joker. Hélas le Bat veille, déroute l’homme et le laisse partir en tant qu’appât. Il fait grand froid, Noël approche et Bruce Wayne déguisé a attrapé un très mauvais rhume. C’est à ce moment qu’il fera, en compagnie de gens plus ou moins proches de lui, un voyage dans le passé, le présent puis l’avenir.

Critique de Batman : Noël

Encore un excellent Batman, et ce grâce à Lee Bermejo qui cette fois-ci s’est attelé seul au scénario du comics. Il reprend en effet le conte de noël de Dickens, avec Bruce Wayne dans le rôle d’Ebenezer Scrooge.

La mythologie du héros est ainsi exploitée sous un jour nouveau, avec Gotham ressemblant au Londres du 19ème siècle. Sur fond de traque de l’ennemi originel (le Joker), Batman utilise un homme qui s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Les trois visions de Dickens, l’ambiance miséreuse d’une famille monoparentale et démunie, le décor victorien, ça change définitivement de ce que Tigre a lu chez DC Comics.

Tout se passe de nuit, et malgré la référence à l’auteur anglais notre héros est résolument moderne : ni artifices ni super pouvoirs, juste un doux dingue surentraîné (avec une armure très « militaire ») et passablement énervé. C’est sur le dessin que le travail est réellement phénoménal : réalistes à souhait, les personnages sont travaillés comme rarement. Quant à l’architecture et autres menus détails, c’est un travail d’orfèvre qui a du prendre du temps.

Petit bonus final, les quelques indications en fin d’ouvrage sur les étapes « dessinatoires », avec d’instructives remarques de l’auteur sur ce qu’il a voulu faire, et comment il appréhende certains protagonistes.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

En fait de thèmes, je vais vous parler des visions de l’homme chauve-souris. Alors si vous préférez garder la surprise lors de la lecture de cet opus, ne continuez pas [SPOIL].

Le passé, avec Catwoman. La jolie chatte commet encore un cambriolage et annonce qu’elle a un renseignement sur le Joker. Le Bat est pressé et la brusque plus que de raison. Selena, mécontente, lui rappelle les années passées, comment il « s’amusait » à lui courir après. Avec Robin, c’étaient les maîtres de Gotham et nos héros se régalaient de leurs aventures, rieuses et joueuses en fait. La référence aux comics et films des années 80 à 90 est très juste. Hélas, plus de jeu aujourd’hui, Wayne est en très petite forme.

Le présent, avec Supeman (je n’arrive pas à m’y faire, de ces cross-overs). Le superhomme, s’inquiétant de la santé du Bat, le prend dans ses bras et lui montre deux choses : le « criminel » à la solde du Joker, en fait un brave gars qui ne pense pas à mal contrairement à ce que « Scrooge » pense de lui. Et puis un de ses plus fidèles alliés, Gordon, qui doute constamment de notre super-héros. Wayne s’aperçoit qu’il n’est pas si reliable, son combat contre le crime en faisant un individu pas forcément digne de confiance.

Le futur, enfin, avec le Joker. Ce dernier vient cueillir notre héros, et en profite pour présenter une vision du futur sans le chevalier noir : vision pessimiste, une anarchie sans nom où les gangs de « gentils » sont encore plus amoraux que Batman. Quant à Gordon, il est emprisonné pour avoir offert, à de multiples reprises, son aide à l’homme en cape noire. En passant l’arme à gauche, Gotham est laissée dans un pire état que pouvait s’imaginait Wayne. La question finale étant : que vais-je laisser au monde en partant ?

…à rapprocher de :

– La même idée a déjà été imaginée par Tim Sale et Jeph Loeb, dans Des Ombres dans la Nuit, qui est pas mal du tout – surtout grâce à Catwoman.

– Pour revisiter l’histoire du héros sous un œil neuf, Le Tigre vous propose de lire Qu’est-il arrivé au chevalier noir ? de Neil Gaiman.

– De Bermejo, avec Azzarello comme scénariste, il y a l’excellent Joker.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce comics via Amazon ici.

4 réflexions au sujet de « Lee Bermejo – Batman : Noël »

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