Mark Millar – Superman Red Son

DC Comics, 144 pages.

Mark Millar - Superman Red SonJamais lu de superman auparavant, trop de héros dans les comics aussi je préfère me concentrer sur deux ou trois. Donc son histoire, ses films, à part Smallville (1ère saison seulement hein) je ne connais rien… Et là j’ai adoré. Pour toute personne qui a une idée vague de qui est ce personnage, ce comics est parfait et peut constituer le seul dédié au héros dans votre bibliothèque.

Il était une fois…

La capsule de superman, au lieu de s’écraser bêtement au milieu de nulle part aux Etats-Unis, a décidé ici de le faire en URSS, juste après la seconde guerre mondiale. Qu’advient-il concernant l’état du monde? On prend les mêmes et on refait tout : Lex Luthor devient plus ou moins le héros de l’ouvrage ; Superman, aidé par un ET verdâtre, fait de l’URSS son paradis, avec ses travers bien amplifiés. Les States, parallèlement, partent en quenouille et une guerre civile n’est pas loin. Luthor redresse la barre et par sa seule intelligence met finalement en échec le Red Son.

Critique de Superman Red Son

Mark Millar, une fois n’étant pas coutume, place la barre très haut. Un travail d’imagination phénoménal : créer un monde sous domination soviétique totale, à part une portion des États-Unis qui résiste tant bien que mal, repenser le rôle des protagonistes habituels, impliquer Staline et sa clique, chapeau !

Brainiac, les green lanterns, une super héroïne dont je n’avais jamais entendu parler, Le Tigre n’est pas du tout connaisseur de certains protagonistes. Heureusement cela ne gâche pas la lecture de l’œuvre, qui même en Anglais reste abordable.

Le dessin, plutôt ligne clair, illustre parfaitement l’histoire. Couleurs plutôt sombres, le rouge et le noir omniprésents rappellent forcément la rébellion des héros et l’environnement totalitaire.

Quant à la fin, après le happy ending bien sûr, l’auteur se fait plaisir et surtout nous fait plaisir, en produisant un auto référencement puissant et en bouclant l’histoire très élégamment. De la poésie dans un superman, c’est possible.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’URSS en pleine puissance, qui « aspire » superman et en fait un homme de pouvoir, représente un état totalitaire où tout le monde est heureux (on lobotomise les récalcitrants, ça aide). Vision d’un monde sombre, terne mais apaisé, assez crédible en fait.

D’où l’apologie du libre arbitre voire de la libre concurrence (même par la guerre) qui repoussent l’ingéniosité humaine. Lex Luthor en est le chantre, et seul arrive à redresser un micro état envers et contre tous. Superman, superprotecteur, trop même, n’est plus qu’un instrument idéologique qui le dépasse. A ce titre, la phrase finale de Lex Luthor contre superman est superbe et résume parfaitement l’ouvrage. 

Mais c’est surtout le noble art de l’uchronie qui est mis en œuvre par Millar de manière assez convaincante. Bon d’accord, l’uchronie à partir de la fiction qu’est superman, ce n’est pas vraiment dans la définition de ce terme, il n’empêche que l’effort d’imagination sur les conséquences politiques et sociales au niveau de la planète mérite d’être salué.

…à rapprocher de :

– De Millar, vous avez le droit de ne pas lire Kingsman : Services secrets.

– Autre comics qui a entièrement repensé Superman lu par Le Tigre est All-Star Superman de Grant Morrison.

– Sinon, Superman : Les Origines de Waid & Yu est passable. Sans plus.

– La capsule qui s’écrase en Russie soviétique plutôt qu’au pays de l’Oncle Sam me fait penser à la blague de Coluche : « qui est l’homme le moins chanceux au monde? Youri Gagarine : le mec s’envole d’URSS, fait une dizaine de fois le tour de la terre, et…atterrit en URSS »

– Dans le style déjanté et apportant un autre regard sur les superheros,  Batman de Neil Gaiman. Même fin un peu borderline, sans spoiler.

– Sur l’aspect « libérez l’humanité de ses carcans », on peut penser à La fin de l’éternité d’Asimov.

Enfin, si vous n’avez pas de librairie à proximité, vous pouvez trouver ce comics (en VF) en ligne ici.

8 réflexions au sujet de « Mark Millar – Superman Red Son »

  1. Ping : Millar & Gibbons & Vaughn – Kingsman : Services secrets | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : Waid & Yu – Superman : Les Origines | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : Seagle & Kristiansen – C’est un oiseau… | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Les Sutras du Tigre .02 – L’art de résumer un livre | Quand Le Tigre Lit

  5. Ping : Morrison & Quitely – All-Star Superman | Quand Le Tigre Lit

  6. Ping : Gaiman & Kubert – Batman : qu’est-il arrivé au chevalier noir ? | Quand le tigre lit

  7. Millar nous a habitué à des récits de rebellions violentes (nemesis, kick ass, wanted), quasi hollywoodiens (ultimate avengers, Superior), voir politiques (civil war, authority); Red Son est un savant inégale de ces 3 items.

    Même thème que dans Authority: la prise de pouvoir des super héros au bénéfice (ou pas) des humains; Mark Millar joue avec les plus grandes icones DC sans trop vouloir les bousculer.

    Si le principe du what if est très sympathique, je suis resté sur un arrière gout. Trop lisse, trop propre et sans réelle saveur à l’image de Superman en somme. Si le twist final justifie à elle seule la lecture de l’ouvrage, on se retrouve face à une oeuvre pop corn. Dommage tout était en place pour en faire un grand récit

  8. Ping : Azzarello & Bermejo – Joker | Quand le tigre lit

Laisser un commentaire