Maurice G. Dantec – Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute

Albin Michel, 210 pages.

Maurice G. Dantec - Comme le fantôme d'un jazzman dans la station Mir en dérouteOuvrage autonome (mais toujours aussi déjanté) du polémique Dantec, pour une fois ça peut se lire (relativement) vite. Assez plaisant, les ingrédients de l’auteur restent les mêmes : anticipation sociale SF dosée de cyberpunk, cerveaux surdrogués, considérations religieuses. Bon moyen pour démarrer avec Momo.

Il était une fois…

Un couple est en cavale (depuis un centre fermé en Europe) et cherche à se planquer dans une île perdue, en passant par l’Afrique. Les deux individus sont dans un sale état car atteints d’un mystérieux virus neurogénétique qui les connecte avec la station Mir où réside l’âme d’Albert Ayler, jazzman décédé en 1970. Le virus prend de l’ampleur et la cavale s’accompagne d’hallucinations toujours plus violentes.

Critique de Comme le fantôme d’un jazzman dans la station Mir en déroute

Ha, que cela est bon de résumer un Dantec qui n’affiche pas ses 500 pages sur la balance ! Deux heures de plaisir (quasi) gratuites, Le Tigre salue l’effort de l’auteur qui a, pour une fois, fait court. Effort ? Sans doute pas dans la mesure où ce titre est tiré d’une nouvelle écrite au milieu des années 90, puis « étoffé » pour arriver à Comme le fantôme…

L’histoire, une fois n’est pas coutume, se révèle extrêmement bizarre : un homme et une femme commettent un braquage et se font la malle. Porteurs d’une étrange maladie, leurs sens sont décuplés et ils sont au prise à de violentes hallucinations. « Connectés » à la station Mir, ils vont devoir aller jusqu’au bout de leurs êtres pour sauver les astronautes.

Comme dans tout roman de Dantec, il y a des passages proprement imbitables mais ici j’ai été rapidement immergé dans le roman. Je dirai même que grâce aux 200 pages la lecture a été fluide. Ça part bien sur dans tous les sens, l’écrivain franco-canadien nous agrémentant de ses classiques délires scientifico-religieux qui peuvent en transporter plus d’un.

En guise de conclusion, voici le titre parfait (avec Babylon Babies) pour s’initier à la prose inimitable du père Dantec. Pour le lecteur habitué, ça fait du bien de s’offrir un tel ouvrage si court, même si celui-ci n’est pas transcendant (ça reste relatif).

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

N’ayant pas lu ce roman hier (doux euphémisme), je vais encore passer à côté d’un paquet de thèmes passionnants. Calamitas.

La folie. Nos deux fuyards sortent en fait d’un centre de détention où certaines expériences peu recommandables ont eu lieu. Pire que V pour Vendetta. Résultat, l’ADN des héros a été profondément remanié, leur offrant de sympathiques délires. Rêves dignes des aborigènes, hallucinations que trois litrons de LSD seraient loin de procurer, le tout relatif au fameux ADN des protagonistes, au lecteur de décider ou non d’entrer dans le jeu.

Le sacrifice religieux. Le christianisme, la Kabbale, il appert que le couple représente une sorte de messie à deux têtes seul capable de délivrer Mir d’une menace / bénédiction sous la forme du fantôme d’un jazzman que Dantec semble bien connaître (le monsieur est féru de musique, s’il faut le rappeler). Hélas le puissant virus ne les laissera pas sauver le monde tout en restant indemne. Excessivement barré, mais légitimement attendu chez ce type d’auteur qui pourrait être le fils caché de K. Dick.

…à rapprocher de :

– De Dantec, il y a La sirène rouge, Les racines du mal, Babylon Babies suivi de Satellite Sisters (putain de déception, ce dernier). Tout ça dans l’ordre, chouette.

– Dantec a produit une autre saga qui a plus d’envergure : Liber Mundi : Villa Vortex, Metacotex, et un dernier dont j’ai oublié le nom.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

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