Encycatpedia Vol.LXXXVI : mon chat essaie de me tuer, comment réagir ?

Le Tigre Editions, pas de pages.

L'encyclopédie des félinsLes chiens n’attaquent que les étrangers menaçants. Les chats, heureusement, sont infiniment moins cons. Ils savent que les chances sont maximales en ne s’en prenant qu’aux personnes qu’ils voient tous les jours. Si cela est certes amusant à constater, toutefois il serait dommage que votre nom (avec une photo de votre cadavre copieusement déchiqueté) apparaisse en première page d’un tabloïd.

Pourquoi votre chat veut votre mort ?

Selon moi, les réponses sont multiples et nécessiteraient un autre volume de l’encycatpedia. Au débotté, quelques raisons :

1/ La faim.
2/ La curiosité.
3/ Réaction d’un(e) mâle/femelle dominant(e) qui ne veut pas partager votre compagne(on).
4/ Envie de changer un maître trop possessif.
5/ Le jeu, le plaisir de voir quelqu’un plus gros qu’une souris paniquer.

Love me tender, love me true (lies)

Love me tender, love me true (lies)

On s’en bat un peu les roubignoles des raisons de la criminalité atavique (sinon latente) des félins. Ici compte le comment et la façon de gérer son chatueur.

Comment votre chat cherche à vous tuer ?

Après la très fumeuse théorie, je vais vous proposer quelques exemples concrets. Non seulement Le Tigre posera les bases de situations connues de toutes et de tous, mais en plus l’intellectuel félin vous instruira sur ce qu’il ne faut pas faire…et la façon de correctement réagir pour remettre l’indélicat à sa place.

Puisque les chats ne distinguent pas les couleurs, je profiterai de ce billet pour en mettre un peu façon feu vert. Enfin, parce que je suis en forme, je vais même attribuer à votre minet un prénom différent pour chaque cas abordé – et ce en fonction des édifiantes circonstances. A vous de retrouver les références – ce n’est pas vraiment difficile, mes clins d’œil sont plus appuyés que ceux d’une péripatéticienne qui vous dit que vous être le premier. C’est parti pour les leçons :

  • Tyson mordille la main qui le caresse

La situation : Tysonou est gentiment contre vous, voire présente son ventre en vue d’éventuelles flatteries de son poil. Sauf que pendant que vous vous exécutez, il agrippe votre quenotte et la mord. Il semble même labourer le reste de son corps avec ses pattes.

La réaction à ne pas avoir : vous vous dites que les réminiscences de tétées de sa maman sont de retour et trouvez ça mignon. Sauf que Tysonou cherche juste à vous bouffer, du moins à transmettre les mauvaises bactéries accumulées dans la journée.

La réponse adéquate : faut lui montrer que vous n’êtes pas dupe, tout en rappelant qu’il a les yeux plus gros que le bide. Pour cela, enfoncez deux doigts dans sa gorge en tenant fermement sa tête avec votre autre main. Et ce jusqu’à ce que le volume ses yeux augmente d’environ 24%. Ça le calmera pour les prochains mois.

  • Michael dort sur votre tête

Le problème initial : au milieu de la nuit, un truc vous pèse sur le visage. C’est Michael qui vient ronronner sur l’endroit depuis lequel, vous aussi, vous ronflez. Comme c’est chou.

La réaction suicidaire : être attendri face à un tel amour et se mettre le visage dans l’oreiller. C’est exactement ce que recherche votre compagnon à quatre pattes. Il attendra que vous vous endormiez pour vous étouffer.

Ce qu’il faut faire : lui cracher à la gueule et émettre un sifflement strident. Cela devra l’éloigner de quelques mètres pour le reste de la nuitée.

  • Bruce essaye de se jeter sur vous

Le conflit qui éclate : vous roulez du derch…euh vous baladez tranquillement dans votre appart’ jambes nues. A ce moment, Bruce gambade, le pas alerte, derrière vous. Et oui : il veut se jeter sur vos jambes.

Votre réflexe de pseudo-survie : descendre votre tee-shirt le plus bas possible, jusqu’à irrémédiablement le déformer. Puis courir dans tous les sens comme un poulet fraîchement décapité. Bruce n’en sera que plus excité.

Ce qu’il faut faire : faire preuve de dominance. Vous êtes l’individu alpha dans la zone, Bruce doit en être conscient. Pour cela, écartez les bras et prenez une position digne d’un orang-outan en rut. Gueuler un bon coup et s’approcher de Bruce devrait lui faire réaliser qu’il n’est pas de taille pour les attaques – lorsque vous êtes debout, couché c’est une autre paire de manche.

  • Guantanamo miaule pendant votre sommeil

La situation : à la porte de votre chambre, ça demande à entrer. Trente minutes après, voilà qu’il veut sortir. Puis revenir. Ressortir. Pour faire bonne mesure, un petit coup de gueule dans la cuisine parce qu’il n’y a pas de croquettes. Une autre plainte parce que sa litière n’est pas nettoyée. Un énième miaulement pour sortir de la piaule – comme dans le roman de Christie, vous pourriez avoir deux chats identiques que ça ne vous étonnerait pas.

La réaction à la con : vous imaginer les raisons ci-dessus à l’origine de ces bruits stridents. Que dalle, Guantanamo veut simplement niquer votre cycle de repos. Et vous rendre, lentement mais sûrement, fou à lier.

La réponse adéquate : des boules quiès. La tête dans l’oreiller (mauvaise idée en fait). Non, la solution est plus triviale. Il faut considérer Guantanamo comme un moustique, mais en plus gros et porteur de plus de maladies. Ainsi, avoir un spray rempli de flotte à proximité convient parfaitement. Si miauler pendant que vous êtes allongé est associé à une mini-douche sans autre forme de procès, y’a moyen que Guantanamo n’ait plus rien à apprendre de cet alcoolique de Pavlov – le mec à l’origine du réflexe éponyme. Si vous n’avez pas de spray, chopez Guantan’ dès le premier son et laissez-le sur le palier.

  • Carl court comme un dératé dès que vous vous approchez de lui

Dans les starting blocs : vous êtes en train parcourir votre maison/appartement/taudis gaiement en récitant quelques vers lorsque, soudain, une vous voyez Carl qui se transforme dans la seconde en une fusée faite de poils. Impossible de savoir d’où il vient ni où il va, c’est la magie des félidés.

Le mauvais départ : l’erreur première serait de prendre ce petit tour de passe-passe pour un jeu en vous amusant d’une telle vivacité. En vérité, Carl avait tendu une embuscade qui a été trop tôt révélée. Il s’apprêtait à vous faire un coup de pute et en a été empêché car il a mal assuré son camouflage. Il est donc temps de sévir.

La bonne ligne d’arrivée : il ne faudrait surtout pas que Carl s’en tire à si bon compte. Montrez-lui alors que vous êtes plus fort que lui : coursez-le jusqu’à ce qu’il soit acculé contre un mur/sous un meuble. Cela étant fait, prenez-le par le gras du coup et faites lui subir mille tourments – pour ma part, je lui chatouille le bide jusqu’à ce qu’il se pisse dessus.

  • Norman vient de chier dans votre douche/bain

Le script : au lieu de tirer le rideau de la douche pour vous asséner une dizaine de coups de couteau dans le bide, votre félin a laissé quelque chose de long, souvent sec mais étonnamment odorant. Vous êtes colère. En fait, ce caca judicieusement placé est l’équivalent d’une peau de banane dans un film à petit budget. Norman, très au fait des statistiques sur les accidents domestiques, veut que vous vous rétamiez dans les grandes largeurs. Si votre tête heurte un rebord est son but premier, Norman saura se contenter d’un coccyx en vrac.

La réaction attendue par les spectateurs : nettoyer la merde et s’arrêter là. Franchement, c’est ainsi que vous répondez aux tentatives d’assassinat ? On ne vous demande pas d’être un saint homme.

Le twist attendu par les mélomanes : je l’ai déjà développée dans un autre volume (en lien). C’est autant simple que courtois. Trouvez d’abord où votre chat se cache. Prenez-le fermement par le colbac, puis augmentez le son dans ses oreilles – peu importe ce que vous direz, l’idée est d’être progressivement menaçant. Puis amenez-le sur le lieu de son forfait. Face à son égarement coupable, Norman fera sûrement semblant de ne rien remarquer. Aidez-le en écrasant sa tête dans sa merde. Frottez en particulier le nez. [j’en profite pour vous suggérer de fermer votre chambre. Une fois, Norman s’est essuyé sur mon oreiller. J’ai dû le changer – pas le coussin.]

  • Ripley se positionne sur votre ventre et semble très contente

La situation : que vous soyez allongé dans le pieux ou avachi devant la télé qui met en scène six tassepépées tournant en rond dans un loft de banlieue parisienne, voilà-t-y pas que Ripley se colle à votre bide avec insistance. Il se peut même qu’elle éprouve, du bout de ses griffes, la qualité de votre tee-shirt – souvent, ça se termine par un accrochage en bonne et due forme.

La réaction lolilol : se réjouir d’une telle tentative de massage et profiter d’un eye-to-eye privilégié avec son animal d’amour. Hélas, et vous ne le savez sûrement pas, Ripley entreprend de puiser votre énergie interne. Tel un démon sorti des pires cauchemars du jaïnisme le plus antique, elle se positionne sur un point de chakra particulièrement puissant de votre organisme. Le plexus, point de jonction de la sexualité et le l’esprit, est un endroit critique d’où votre énergie interne est la plus décelable.

La réaction responsable : quand on essaye de pomper ainsi mon fluide vital, je pose la main sur la tête du responsable pour attendre qu’il termine – pas vous ? Si vous craignez que votre énergie se dissipe trop, le mieux est de laisser faire Ripley, puis lui rouler un patin dès qu’elle a fini avec vous. Vous récupérez ainsi votre dû. Ce geste porte un nom spécifique dans les milieux autorisés, mais j’ai oublié lequel.

Conclusion

Ce volume s’enrichira à mesure des conneries que mon petit cousin fera. Il est en outre fort probable que vous avez vécu de pires situations, aussi je décline toute responsabilité si, par ma faute, vous n’avez su être réactif. Soyez donc sur vos gardes, tout en restant bien évidemment correct avec mes congénères.

Au fait, pourquoi ce numéro énorme au volume ? Car en 86 était publié Le Horla, un texte court qui n’est pas sans rappeler mes pires moments de paralysie du sommeil. Toutefois, le chat qui se pose sur mon ventre est infiniment pire que la saloperie décrite par Maupassant.

3 réflexions au sujet de « Encycatpedia Vol.LXXXVI : mon chat essaie de me tuer, comment réagir ? »

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    • C’est bien ce que je cherche : il n’y a que moi pour attaquer les hommes. Les chats, par leurs ridicules corpulences, me mettent gravement en difficulté (question crédibilité) en essayant de faire de même.

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