Nicolas Gogol – Nouvelles de Pétersbourg

Folio, 320 pages.

Nicolas Gogol - Nouvelles de PétersbourgVO : Петербургские повести. Aaaah, Saint-Pétersbourg, imposante cité où grouille différentes populations aux histoires plus surprenantes les unes que les autres. Pour un auteur tel que Gogol, Le Tigre s’incline et soulignera les quelques pépites de ce recueil, en taisant respectueusement les textes qui m’ont profondément ennuyé – en fait, non.

Il était une fois

Ce recueil est composé des nouvelles La Perspective Nevski (sans plus) ; Le Portrait (grandiose !), Le Journal d’un fou,  (mouais), Le Nez (what the fuck ?) et Le Manteau (pardonnez-moi, je me suis arrêté au tiers quand Akaki Akakiévitch économise pour son manteau). Comme vous vous en doutez, tout ceci se passe dans la capitale des tsars.

Critique de Nouvelles de Pétersbourg

Autant vous dire tout de suite, j’ai eu extrêmement peur en attaquant cet ouvrage. Parce que La Perspective Nevski, avec les deux protagonistes qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, a été difficile à terminer. Il est question de deux belles déceptions, la première avec Piskariov (jeune peintre un peu trop fleur rose), puis Pirogov (militaire avec un balai dans le derche) : le couple d’ingénu voit ses amours naissantes brisées, et l’ironie de la situation ne m’a guère ému.

En revanche, les deux textes du Portrait, quel bonheur ! Du haut de ses glorieuses références culturelles, Le Tigre vous dira que cette superbe nouvelle pourrait inspirer (et est un mash up) de 1/ Ghosbuster, pour l’inquiétant regard de la peinture et le personnage qui sort du tableau, et 2/ Le Portrait de Dorian Gray, concernant la décadence d’un homme (un peintre ici) qui, en accédant trop vite à ses désirs, gâche irrémédiablement ce qu’il a de bon en lui – à savoir son talent. Les sentiments du héros, universels, sont livrés avec une acuité et m’ont laissé un certain pincement au cœur.

Quant aux trois dernières nouvelles, Le Tigre n’a eu ni le courage, ni la patience, ni l’ouverture d’esprit de les lire consciencieusement. L’écrivain, dans Le journal d’un fou, met un certain temps à livrer une intrigue compréhensible (même si décalée), les élucubrations du protagoniste principal partent dans tous les sens. Son interprétation des stimuli extérieurs, faussée, m’a plus d’une fois hélas gavé. Le Nez, de même, trop burlesque à souhait, ne m’a guère interpellé. Et Le Manteau a quasiment été zappé – désolé.

Passage obligé pour amateurs de la littérature russe, je suppute que n’importe quel lecteur trouvera ici son bonheur. Puisqu’on parle de félicité, le félin tient à signaler, à l’attention des élèves obligés de commenter ces textes, la lourde préface : celle-ci, plus longue que n’importe quelle nouvelle, est exhaustive et bien foutue. Tellement que je n’ai pas dépassé dix pages d’ailleurs.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le premier sujet est, évidemment, la ville de Saint-Pétersbourg. Le premier texte attaque fort, puisque les premières pages sont une savante description de la faune qui gravite sur la Perspective Nevski, équivalent d’un mini axe historique parisien. Dans les autres nouvelles, le lecteur sera introduit dans d’autres quartiers de cette ville qui ne paraît pas plaire plus que cela à Gogol – trop froide, impersonnelle. Devenue capitale impériale sur décision d’un souverain capricieux, Pétersbourg est un artifice peuplé de petits fonctionnaires et aristocrates qui passent le plus clair de leur temps à se regarder le nombril.

Malgré les irréelles situations qui tombent sur la gueule des protagonistes, ceux-ci restent parfois imperturbables et continuent de mener leurs petites existences. Plus que tout, au beau milieu de ce fantastique bordel (dans le Nez par exemple), le fonctionnaire russe reste attaché à ses titres et fronce plus d’une fois les sourcils lorsque la préséance n’est point respectée. Cette morgue de façade s’effrite progressivement, comme si l’auteur prenait un malin plaisir à tourner en ridicule des individus imbus de leur personne.

…à rapprocher de :

– Concernant les auteurs russes, Le Tigre confesse son inculture la plus totale et vous renvoie, très piteusement, vers le bon Tolstoï et sa Mort d’Ivan Illitch.

– Au risque d’être hors sujet, deux aspects m’ont fait penser à François Szabowski et les aventures du copiste (en lien) : les fonctionnaires qui recopient des documents, et certains individus peu engageants au cynisme éprouvé et qui restent à côté de la plaque.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce titre en ligne ici.

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