Paul Auster – Le Livre des illusions

Le Livre de Poche, 384 pages.

Paul Auster - Le Livre des illusionsVO : The Book of Illusions. Lu en 2003 (ça remonte), Le Tigre n’a eu nul besoin de relire cet ouvrage qui a laissé une marque assez conséquente. Histoire dense et à multiples entrées, style fluide et agréable, il y a beaucoup à discuter sur ce roman. Un très beau spécimen d’Auster, grand auteur US s’il en est.

Il était une fois…

David Zimmer a mal. Très mal. Décès de femme et enfants dans un accident d’avion, il se réfugie dans l’alcool. Jusqu’à ce qu’il se décide à écrire un livre sur Hector Mann, homme aux multiples talents ayant œuvré dans le noble art du cinéma. Deux histoires vont alors progressivement se rejoindre : celle de David, qui sortira progressivement de sa torpeur et se concentrera vers un nouvelle objectif ; celle d’Hector Mann, de ces débuts à la fin de sa vie.

Critique du Livre des illusions

Le Tigre le confesse aisément, ce livre n’a pas été lu de mon plein gré. Un terrible professeur de prépa nous y a obligé. Et il faut avouer que ça n’a rien à voir avec les chiantises lues au collège ou au lycée. Pas du tout.

Tout ce qu’on peut dire de ce roman, c’est que celui-ci est très profond. A un tel point qu’on ne peut facilement saisir toute les implications de l’histoire et les multiples références culturelles de l’écrivain. Le Tigre a du passer à côté de pas mal de clins d’œil, tout en remarquant certains thèmes auxquels l’auteur n’a pas forcément voulu insister.

Les deux histoires sont fort prenantes, en particulier celle d’Hector Mann, star des films muets qui n’est parti de presque rien et dont la majeure partie de son existence est très bien contée. Quant à la partie sur l’écrivain qui se rétablira (dans le domaine amoureux tant de sa dépression), sa description très juste et émouvante laisserait croire qu’il y a un peu de biographie dans tout cela.

Sur le style, c’est presque parfait. Le lecteur sera vite emporté, malgré un petit retard à l’allumage sur Zimmer, l’écrivain dépressif. Chapitrage bien choisi et en phase avec le rythme qui ne laisse pas le lecteur s’ennuyer. Un excellent Paul Auster, approprié pour débuter par cet auteur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le Tigre le confesse (ça fait beaucoup de confessions dans ce post), il n’est pas aisé de pondre une analyse un tant soit peu pertinente et utile d’un roman mille (non, cent mille !) fois résumé. C’est sans doute pourquoi le ratio roman très connu / moins connu est si faible.

La référence biblique. Si le mot-clef « religion » a été choisi pour ce post, c’est parce que le titre même du roman suggère une vision biblique : le Livre d’abord, renvoie évidemment au Livre, traduction du terme Bible. Illusions, enfin, car ce livre porte une histoire sur un personnage qui n’existe pas malgré la présentation réaliste qu’on en fait. Il n’est donc pas étonnant que certains lecteurs cherchent ensuite sur internet pour en savoir plus sur Hector Mann, croyant que ce dernier était réellement un acteur d’un genre vite oublié (le cinéma muet).

Personnage disparu qu’on cherche à faire revivre par le texte, avec son parcours romancé et porteur de bonheur (du moins pour David Zimmer), on n’est jamais loin d’un personnage chrétien de premier plan.

L’art éphémère. La demande du vieil acteur est pour le moins surprenante : l’écrivain aura le droit de visionner une unique fois les opus de Mann, après quoi ceux-ci seront détruits. Jouer dans tant de films pour les savoir à terme disparus, le « transfert » artistique du cinéma à la littérature peut surprendre, voire correspondre à une conception du « beau » renforcée par la précarité des œuvres destinées à n’être vues que par un public plus que restreint. La représentation unique, comme une pièce de théâtre inconnue jouée une fois devant un individu qui sera chargé de donner ses impressions, l’idée est séduisante.

A l’art éphémère se mêle l’amour qui ne l’est pas moins, avec un parallèle troublant entre les pellicules progressivement brûlées et la femme aimée qui en même temps semble « renaître de ses cendres ».

…à rapprocher de :

– Les autres romans d’Auster, aussi lourds de sens mais pas forcément autant accrocheurs. Le Livre des illusions est vraiment un de ses meilleurs romans.

– Dans le domaine de l’anticipation sociale, il y a l’histoire d’une actrice particulière racontée par Chuck Palahniuk dans Tell All (roman en Anglais que je n’ai pu finir). Le monde du cinéma dans la littérature, la comparaison s’arrête là.

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