Robert Charles Wilson – La cabane de l’aiguilleur

Folio SF, 272 pages.

Robert Charles Wilson - La cabane de l'aiguilleurVO :A Hidden Place. Robert Charles Wilson a toujours les faveurs du Tigre. Ce premier roman, écrit en 1986, plongera le lecteur dans l’Amérique puritaine des années trente. Et porte déjà les qualités romanesques de l’auteur : narration simple, bonne dose de mystère pour des révélations au compte goutte, protagonistes attachants dépassés par les événements, que du bonheur.

Il était une fois…

États-Unis, années 30. Le jeune Travis Fisher vit chez sa tante, Liza Burack, depuis le décès de sa mère. Hébergée par la tante, il y a aussi Anna Blaise, jeune fille mystérieuse dont Travis se demande qui elle est vraiment. Pourquoi sa chambre est toujours fermée, qu’est-ce qui ressort donc de si beau de sa personne ?

Critique de La cabane de l’aiguilleur

Un vrai petit bijou, à la limite de la nouvelle de taille conséquente. Pour un peu plus de 270 pages, le lecteur passe un bon moment même s’il faut garder à l’esprit que c’est un des premiers jets de l’auteur. A ce titre, n’ayez pas peur si certains passages peuvent paraître fades, ça ne dure jamais bien longtemps.

Le scénario se passe dans les USA des années de crise (années 30 donc). Nous suivrons l’histoire de deux voyageurs bien à part (le quatrième de couv’ n’en parle pas, quelle honte) qui doivent se réunir pour une raison qui progressivement se révélera. Os, le vagabond, et Anna, la belle inconnue, viennent d’un endroit indéfini, et semblent avoir des pouvoirs bien particuliers.

L’histoire d’Anna occupera le gros du roman, et ce à travers le regard d’un jeune garçon qui vit avec sa tante et son oncle. La vie, l’ambiance même au sein de la bourgade est très bien rendue, en outre Wison gère superbement le mystère en distillant chichement ses clefs. Pire qu’un Stephen King, c’est dire. King parce que les événements extraordinaires de la jeunesse, voire le roman d’apprentissage pour Travis sont des aspects chers à ce dernier auteur dont Wilson s’est sans doute inspiré.

Le style, plus que correct, annonce déjà le génie de l’auteur. Quant à la fin, émouvante sans déplacer des montagnes d’imagination, celle-ci fait de ce titre un amuse gueule de qualité avant le plat principal qu’est Spin suivi de Axis.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Certains thèmes (le mystère, les individus pris dans une histoire trop complexe à leur niveau,…) sont récurrents chez R.C. Wilson, Le Tigre vous renvoie amicalement vers d’autres ouvrages de l’auteur (cf. infra). Dans La cabane de l’aiguilleur, deux nouveautés. Attention, la dernière est en partie un spoil.

Wilson est bon conteur, et est parvenu à bien raconter la vie au sein d’une petite bourgade du Midwest pendant la crise de 29. Assister aux incessants sermons religieux, la misère ambiante et les vagabonds qui voyagent incognito dans les trains, économiser quelques sous pour s’acheter une petite bande dessinée, l’immersion est OK. En plus, dans le puritanisme ambiant, l’auteur a distillé un parfum de scandale, avec l’oncle et son attitude « déplacée » avec la jeune femme qu’il héberge. Pourquoi d’ailleurs une telle attitude ?

|Thème SPOIL] La séparation masculin/féminin. Nos deux héros sont en fait une seule personne, chacun étant la part masculine et féminine de cette personne. C’est pourquoi Os est d’une violence sans nom, et Anna attire autant les hommes (100% femme, imaginez un peu). Provenant d’une dimension étrangère, ils doivent se reconstruire en se rencontrant afin de parachever leur fusion. Tiré sans doute par les cheveux, mais Wilson apporte lentement ces explications, donc on finit par y croire.

…à rapprocher de :

– Sur l’opposition masculin / féminin, il y a une nouvelle dans le recueil Aztechs, de Lucius Shepard, qui traite de ce sujet (de manière plus grandiose sans doute).

– Dans les petits one shots de Wilson, Blind Lake ou (encore mieux) Mysterium valent le coup d’être découverts.

– Du même auteur, Spin et Les Chronolithes, que du bon. Le vaisseau des Voyageurs se défend bien au demeurant (moins de SF). Quant à Julian, c’est certes plus long, mais un peu en deçà de ce qu’on peut attendre de Wilson.

– Le vagabondage pendant la Grande Dépression, c’est exactement Des souris et des hommes de John Steinbeck. Un classique.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

9 réflexions au sujet de « Robert Charles Wilson – La cabane de l’aiguilleur »

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