Stephen King – Ça

Le Tigre Editions, environ 3 x 650 pages.

Stephen King - ÇaVO : It [au moins c’est clair]. Si toute une génération flippe devant les clowns, ou trouve le surnom « Grippe-sou » pas si mignon, voilà le responsable. Trois romans où se mêlent, avec brio, les éléments préférés du bon Stephen King : l’amitié et l’enfance, la peur et la mort, le fantastique et l’horreur. Tigre l’a lu alors qu’il n’était qu’un adolescent boutonneux, et pourtant bien des détails sont encore imprimés dans le cerveau.

Il était une fois…

Tout commence (enfin dans le bouquin) par une vilaine soirée de l’automne 1957 à Derry, Etats-Unis, lorsque George Denbrough se décide à faire voguer son bateau en papier dans la rigole du trottoir. Une mystérieuse créature lui arrache le bras. Ce monstre semble s’attaquer aux gamins, et Bill (le frangin de Georges), Ben Hanscom (le quota gros tas du groupe), Richard (l’amuseur public), Eddie Kaspbrak (le fragile de la bande), Beverly Marsh (la bonasse de la clique) Mike et Stan (cautions minorités ethniques) ont été, de près ou de loin, confrontés à Ça.

20 ans après, Ça est de retour. Nos amis (que je vous ai gentiment présentés) ont, dans leur jeunesse, prêté serment pour en finir avec lui s’il se mettait à revenir. Il est temps de retourner à Derry.

Critique de Ça

Voici le genre de pavé dont Le Tigre repousse sans cesse le résumé : se sentant dépassé par une telle œuvre, le félin n’ose pas attaquer la critique d’un tel monument responsable de quelques nuits blanches de ma tendre enfance. Je n’étais pas plus impressionnable que cela, toutefois il faut reconnaître que l’auteur américain sait parler au réceptacle de la peur de tout cerveau reptilien.

Cette lourde trilogie n’est pas livrée par ordre chronologique, l’auteur américain se faisant un plaisir d’effectuer quelques flashbacks dans les péripéties de nos héros, qu’ils soient tous ensemble ou pris séparément. La cohérence globale du récit n’est guère atteinte, même si sur 1.500 pages il m’est arrivé de trouver que l’écrivain commet de belles longueurs.

Cela dépend certes de l’âge auquel Ça est lu, toutefois les exactions du super-vilain font froid dans le dos, que ce soit du dépeçage d’homosexuels ou de nombreuses transformations au moment opportun. Pour ma part, le summum est atteint lorsqu’on apprend, certes tardivement, ce qu’est cette chose et comment celle-ci nous considère. Quant à l’affrontement final, à part le délire ésotérique dans une autre dimension, j’ai été relativement déçu.

Le style, du pur King : descriptions parfois interminables (avant 15 ans, je ne crois pas que ça passerait), immersion totale, l’Amérique des années 50 et 80 est au bout des doigts, une vraie magie. Au final, il faut au moins commencer ce titre, sachant que le dernier tome est très certainement le meilleur.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

J’ai la sensation de gravement me répéter avec les romans du bon King, cependant les thèmes autour de la jeunesse sont plus que présents. Le lecteur assiste à la constitution du « club des ratés », membre par membre, avec bien évidemment les étapes qui font que de tels branquignoles peuvent, réunis, faire face à la menace extra-terrestre qui ronge leur ville. L’amitié entre les protagonistes est aussi indéfectible que terrible, ce serait presque une malédiction.

King, à sa façon, imagine un (très tordu) éloge du stade pré-pubère : le méchant ne s’attaque qu’aux enfants dans la mesure où leurs peurs sont plus aisément identifiables et peuvent être mises en forme. Comme le truc dans Harry Potter, mais en plus puissant, plus malin et impitoyable. C’est également, par la magie des croyances de ses gamins, qu’ils réussiront à latter la gueule de la grosse araignée (ultime avatar présenté pour se défendre). Si l’araignée semble d’un commun, c’est également le dénominateur commun de la forme horrible que peut prendre un monstre qui préfère s’attaquer aux individus plutôt qu’aux groupes.

Les souvenirs et la mémoire, en outre, restent en filigrane de ce roman. La population de Derry, déjà, est intimement liée au monstre qui semble être son réel « centre ville ». Parce que la chose laisse passer quelques décennies entre deux attaques, l’intelligence collective de la ville ne fait pas le rapprochement. Il en sera différemment grâce à Mike, le bibliothécaire, qui reste dans la cité et se tient prêt prêt à convoquer ses amis (une sorte de gardien, en fait). Tous oublieront Ça après l’avoir tué, comme un histoire d’enfance coincée dans le subconscient.

…à rapprocher de :

– Il faut savoir qu’un téléfilm (deux épisodes si j’ai bonne mémoire) est paru sur cette histoire. Le clown est moins flippant que prévu, mais surtout quelques passages ont été zappés. Notamment la jeune Beverly (pas aussi belle que je me l’imaginais) qui, dans le film, ne se fait pas sauter par ses potes dans les égouts afin de leur redonner du courage. Si si.

– Je ne vais pas vous faire la liste des romans de Stephen que Le Tigre s’est calé dans l’estomac. Au hasard donc : Les Tommyknockers (un peu trop long), Carry, Dreamcatcher (le thème de la jeunesse est aussi prégnant), La tempête du siècle (en fait un scénario destiné à la télévision), Shining (long mais suffisamment horrible), Cujo (pas mal, mais peu flippant), etc.

– Dans le même style de pavé fondateur que je n’ose pas résumer, il y a le cycle de La Tour sombre. Génial.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce cycle (premier tome) en ligne ici.

7 réflexions au sujet de « Stephen King – Ça »

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  3. Bonjour Tigre
    Stephen King a de l’imagination , de bonnes idées de romans , mais trop souvent se perd dans des explications filandreuses.Un de mes meilleurs (et pire souvenir) c’est Simetierre, peut-être parce que je le lisais la nuit à une époque où mon fils avait l’âge du petit garçon de l’histoire. Mais , si tu lis en anglais , c’est plus rapide et je soupçonne les traducteurs d’en rajouter, alourdissant encore le style: par exemple , It tient en un seul tome , alors que la traduction Ca s’étale sur trois bouquins . Cherchez l’erreur.

    • Jamais lu en Anglais du King, sans doute par crainte d’y perdre. Concernant la longueur des traductions, il n’y a qu’à voir comment les romans de Peter F. Hamilton ou Dan Simmons (en SF) sont publiés en France, une vraie saloperie également.

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