Streese & Szabowski – Silhouette minuscule

Aux forges de Vulcain, 56 pages.

Streese & Szabowski - Silhouette minusculeCourt roman d’une sympathique originalité, ça se lit vite et bien. L’histoire de deux êtres qui n’ont rien à se dire mais voyagent ensemble dans le cadre du décès d’une amie commune. Les souvenirs, la mort, l’amitié, le tout est bien traité même si Le Tigre aurait souhaité quelque chose d’un peu plus consistant. Attention, ce n’est pas gai comme texte.

Il était une fois…

J’aime bien le quatrième de couverture, ça va droit au but en restant complet :

« Benoît et Marlene ne se connaissent pas et vont pourtant, sans comprendre tout à fait ce qui les y pousse, passer ensemble quelques jours à Calais, pour tenter de comprendre pourquoi leur amie commune s’est suicidée. Au gré de leurs pérégrinations, ponctuées par les photographies d’Anna Streese et de François Szabowski, réalisées à Calais lors de l’écriture de ce récit à deux voix, ils espèrent retrouver ainsi quelques traces de cette silhouette minuscule. »

Critique de Silhouette minuscule

Cet ebook est proposé par l’éditeur le Forges avec trois autres dans une clé USB. Joli petit exercice d’écriture à quatre mains, on croirait presque que ça a été écrit par une seule et même personne. Et quelle délicieuse idée, d’entrecouper le texte avec des photographies (de belle facture au demeurant) en noir et blanc.

Sur une cinquantaine de pages, nous serons tour à tour dans la tête de Benoît, parisien relativement associable au comportement parfois déroutant, et Marlene, Allemande pas vraiment ravie de partager ce voyage avec Ben. Les deux ont connu la suicidée et, en plus de leurs pérégrinations calaisiennes, donneront quelques souvenirs de cette personne. Si ça met du temps à démarrer, au bout de trois-quatre chapitres Le Tigre a été pris dans cet univers simple et sombre.

Si le Tigre a émis une note légèrement négative, c’est pour deux raisons éminemment subjectives. D’une part, Silhouette minuscule est déprimant à lire. Le voyage suite au suicide d’une fille dont on ne sait le prénom, Calais ville glauque, tout cela est trop triste. D’autre part, je m’attendais légitimement à une fin ponctuée de savoureuses révélations. Pas un retournement final certes, mais je suis arrivé à la fin de ce texte sans m’en rendre compte. Et on est gravement laissé sur sa faim.

Et c’est peut-être le but de nos auteurs : nous faire entrer dans l’intimité d’une personne, une morte dont on sait énormément de choses excepté la raison de son geste. Du coup, Le Tigre s’est mué en petit voyeur qui voulait toujours en savoir plus, or Streese et Swabowski ont sifflé la fin de la malsaine récré. Un sommet de frustration. Rien de méchant, en une demie heure le risque de perdre son temps reste infinitésimal.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

L’amitié qui s’effiloche. Les pensées de Marlene et Benoît (lorsque celui-ci ne peste pas contre ses contemporains) portent principalement sur leur amie : leur première rencontre, son comportement en général, son parfum, et finalement la distance et l’ennui qui progressivement ont raison de cette amitié. Silhouette minuscule ne parle même pas de deuil (les protagonistes s’en foutent un chouïa), plutôt de l’aspect périssable d’une relation amicale, et le décès de l’ex-amie ne semble pas créer un nouveau lien entre nos deux héros. Sinon les auteurs n’auraient pas terminé ce roman aussi sèchement.

Calais. Que l’office du tourisme de Calais puisse subventionner nos deux auteurs est la dernière chose qui pourrait arriver en bas monde, car l’image qu’ils rendent de cette ville du Nord est terrifiante. Venteuse, froide, dotée d’un solide ciel gris, peuplée de bars à moitié vide et d’une glauquerie sans nom, bienvenue dans un endroit qui a eu raison d’une pauvre fille ! Calais, ville de transit également, où les habitants semblent comme piégés lorsqu’ils regardent les trains et paquebots partir pour la perfide Albion. A ne pas lire l’hiver.

…à rapprocher de :

– Tigre a été ravi de voir que François S. maîtrise parfaitement le style « normal » et excelle dans l’art de la description. Après la légère déception de Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent, la suite Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur, est géniale. Tout comme Une larme de porto contre les pensées tristes a prouvé l’éclectisme dont l’auteur est capable. Pareillement, Il faut croire en ses chances est à ne pas rater.

– Dans la même clé usb, il y a Avec l’assentiment du reptile, de Mion (excellent). Et Le Spectateur, de Monti (superbe également).

7 réflexions au sujet de « Streese & Szabowski – Silhouette minuscule »

  1. Ping : DodécaTora, Chap.TS : 12 bouquins particulièrement déprimants | Quand Le Tigre Lit

  2. Ping : François Szabowski – Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur | Quand Le Tigre Lit

  3. Ping : François Szabowski – Il faut croire en ses chances | Quand Le Tigre Lit

  4. Ping : Jérôme Monti – Le Spectateur | Quand Le Tigre Lit

  5. Ping : François Szabowski – Les femmes n’aiment pas les hommes qui boivent | Quand Le Tigre Lit

  6. Ping : François Szabowski – Une larme de porto contre les pensées tristes | Quand Le Tigre Lit

  7. Ping : Grégory Mion – Avec l’assentiment du reptile | Quand Le Tigre Lit

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