Le Tigre est résolument moderne, et ne pouvait passer à côté des merveilles technologiques peuplant le fabuleux quotidien du lecteur. Et grâce à cet artefact de nombreuses choses qu’on n’aurait soupçonnées concernant le format numérique sont possibles. Voici donc 26 exemples pour se convertir au numérique.
Pourquoi ?
Depuis le temps qu’on me bassine avec les liseuses, j’en ai emprunté une pour le week-end à un ami. Tigre la lui a rendue dans le même état global que prêtée, de toute façon avec les daubes littéraires dedans je ne risquais pas de faire grand mal à celle-ci. Toutefois j’ai pu déceler quelques différences d’utilisation par rapport à mes bons vieux pavés.
Attention, ce Sutra n’est ni un billet sur les avantages comparatifs entre ces deux modes de lecture, ni un énième avis du style « pour ou contre l’e-book ? », article que je laisse volontiers au Parisien. Dans notre cas, juste un pot-pourri de moyenne facture sur la modeste expérience de votre serviteur. Avec quelques idées à l’intention des éditeurs et sociétés high-tech. Dans le désordre évidemment.
Ce qu’on ne peut faire qu’avec une liseuse
1/ Le gros plus, c’est qu’on peut mettre dedans l’équivalent de la bibliothèque de La Belle et la Bête. De quoi avoir besoin d’une bonne dizaine de vies pour tout lire.
2/ Basculer, dès qu’on le veut, vers un autre bouquin. Mais un livre relativement différent, comme je l’explique dans un autre Sutra consacré à la Polylecture.
3/ Retrouver un passage qu’on a particulièrement apprécié, et ce de manière rapide en cherchant par mots clés. Tigre a eu, pendant une année, un problème de cet acabit avec L’espace de la révélation. Une poignée de pages m’avait impressionné, et je souhaitais les relire. Sachant globalement de quoi il était question, impossible néanmoins de retrouver le fameux passage (caché dans un pavé de 1.000 pages) sur les voiles de Lascaille. Je cherche encore.
4/ De manière générale, c’est souvent moins cher (du moins pour les romans encore publiés en dur). Et si ce n’est point le cas, les vilains pourront toujours télécharger illégalement les versions numériques. Alors que pirater un livre papier, avec un sabre dans la main en attendant un camion de livraison de Gallimard, je m’imagine mal la scène. Et le poids du butin ne vaut pas son pesant en cacahouètes hélas.
5/ La possibilité de lire en pleine nuit, sans lumières. Beaucoup de liseuses ont une loupiote intégrée, ce qui est parfait pour déguster en catimini de la littérature X.
6/ Basculer vers un jeu ou un film. Cela varie les plaisirs, et c’est essentiel pour l’équilibre de tout lecteur qui souhaite s’aérer l’esprit. Mais faut avoir une device de compèt’.
7/ Avoir un dictionnaire ou un traducteur intégré. Voire un wiki. Lorsque je lis en anglais, il m’arrive souvent d’être totalement largué par un terme dont je n’arrive pas à saisir le quart du centième de signification, même dans le contexte. Cela peut arriver en français d’ailleurs, avec des auteurs de la trempe de Grégory Mion.
8/ Le mettre, de manière discrète, dans un sac à mains d’une finesse inversement proportionnelle à son prix.
9/ Changer la police d’écriture. Pourquoi donc ? Tigre voit une raison primordiale, c’est quand je rentre plus ou moins alcoolisé d’une soirée. Calé dans un transport en commun nauséabond, les mots dansent face à mes yeux et fixer les phrases relève de l’exploit (il peut m’arriver de lire la même ligne 12 fois avant de me rendre compte qu’il y a un os). Or, si je pouvais agrandir la police au lieu de coller mon pif au bouquin, ça se passerait beaucoup mieux.
10/ Gribouiller le livre avec de nombreuses notes, le surligner de partout et revenir, quand on le souhaite, sur ses interventions. Sur un livre papier, une fois que vous avez surligné, impossible de faire machine arrière hélas.
11/ Supprimer, à tout instant, certains titres qu’on ne veut pas montrer. Imaginez que votre rencart vous demande de jeter un oeil à votre ebook (dans le style « j’ai envie d’en savoir plus sur toi »). Pour faire bonne mesure vous avez pré paramétré une manipulation simple qui supprimera les BD pornos (version mec) ou un Bridget Jones (version fille) de votre bibliothèque. Plus simple que les cacher à la va-vite sous le lit non ?
12/ Partir en vacances prolongées avec de quoi lire tout le temps sans dépasser la limite de poids.
13/ Pendant ces mêmes vacances en mode « backpack », avoir des guides complet par régions sans se briser le dos avec les équivalents papier.
14/ Faire une sorte de sélection (des book notes, par exemple) des meilleurs passages. Et les envoyer à vos amis, comme on peut envoyer un morceau de musique sympa via Shazam.
15/ Faire de nombreux marques pages sans écorner l’objet.
16/ Ne pas flipper chaque jour, comme Le Tigre, que votre bibliothèque brûle. Vos bouquins peuvent être sauvegardés à tout endroit.
17/ Lire dans le bain, si votre liseuse est imperméable. Mais pourquoi ? Je m’explique : lors de mes années de prépa j’optimisais tout le temps « perdu » (sauf le sommeil) que j’avais. J’avais ainsi installé dans la douche, sous plastique, la liste des premiers ministres japonais depuis 1954 ou les statistiques de production d’acier de l’URSS dans les années 70 (les chiffres officiels d’un côté, les réels de l’autre). Et ça m’a énormément aidé.
18/ Avoir un réel pourcentage d’avancement de lecture, sans avoir à le calculer soi-même. Quand je dis réel, je pense « selon nombre de mots restants ». Le nombre de pages (avec leur chapitre aléatoire) n’est pas assez reliable.
19/ Cacher la couverture des merdes qu’on lit. Sans plonger dans l’élitisme le plus fascisant, vous ne pouvez vous représenter l’œil torve du Tigre lorsqu’il croise le regard d’un usager du métro qui lit un Musso.
20/ Ne pas s’emmerder à devoir trier sa bibliothèque.
Les six prochains sont particulièrement destinés à mes amis éditeurs ou auteurs. Vous pourrez y trouver quelques idées qui feront de vous des institutions à la pointe de l’interaction et de la connectivité lecteur / entreprises à haut potentiel lucratif.
21/ Le lecteur peut signaler directement sur sa liseuse les fautes d’orthographe à signaler, et l’éditeur de procéder à une diligente correction. Sans devoir attendre une réédition.
22/ Pouvoir revenir sur passages qu’on a pas compris. Par exemple, un protagoniste qui débarque et dont on ne se souvient pas : si un petit signet est accolé sur le personnage et qu’il est possible de faire un rapide retour sur sa première apparition (voire les suivantes), alors le lecteur oublieux sera éternellement reconnaissant.
23/ En outre, il peut être extrêmement intéressant de disposer des statistiques de vitesse de lecture selon les passages. Le lecteur désireux de lire à toute vitesse pourra progresser. Y’en a bien qui font cela pour le jogging.
24/ A partir de ces stats, les acteurs du monde de l’édition pourront disposer d’un retour d’expérience souvent salutaire. Savoir notamment : quand le lecteur a pris plus de temps que d’habitude à terminer une page, s’il en a relu une ou deux, s’il en a zappé quelques unes, ou à quel moment il a arrêté de poursuivre la lecture du roman / essai / BD,…
25/ Et si la connectivité est poussée un peu plus loin, Tigre imagine un monde où tout lecteur peut donner des bons (ou mauvais) points par rapport à des lignes du roman. Et même expliquer sommairement pourquoi et comment tel ou tel morceau mériterait d’être amélioré (ou étoffé). Cela fait certes très Big brother, toutefois il y a bien pire aujourd’hui.
26/ Enfin, on peut penser à préparer une playlist musicale à déclenchement automatique, selon « l’ambiance » du roman. J’en ai déjà parlé dans un Sutra sur les écrivains et la musique, et même sur celui traitant de la lecture en écoutant des sons. L’idée est d’aller plus loin que certains éditeurs (Asphalte, dans ses romans en général) en proposant, « accroché » au roman, quelques titres musicaux qui sont ceux que l’auteur a écoutés en écrivant.
Conclusion en carton
Quand je parlais de ma « modeste expérience », vous aurez remarqué qu’il s’agit avant tout d’expériences de pensées. En outre, certains comportements vis-à-vis du livre numérique me sont totalement étrangers dans la mesure où je reste un fervent supporter du format papier doublé d’un incorrigible maniaque.
Enfin, Le Tigre n’acceptera ni remarques ni conseils d’ajouts de la présente liste. Je ne veux pas me risquer à devoir un jour changer le numéro du Sutra. Et oui, après avoir parlé des 27 choses qu’on ne peut pas faire avec un e-book (a contrario du livre « normal »), je me devais de pondre un Sutra comportant une idée (du moins sur le papier) de moins. Juste pour souligner mon attachement au livre papier.
He he, la stat de vitesse de lecture est peut etre la « feature » la plus cool des liseuses. C’est le combat de l’Homme contre la machine (du lecteur compulsif contre le lecteur du dimanche).
Ce serait divinement stressant surtout : on comparerait nos vitesses de lectures comme des ados la taille de leurs bites. Me connaissant, je lirai quelques chapitres en loucedé via le roman papier et ferait semblant de lire à un rythme stakhanoviste sur liseuse.
L’effet du Vestaire est en effet une derive possible… Je ne cherche qu’a contredire le calcul de la machine et me dire que je ne suis pas si previsible ! De toute facon, je prefere le papier
J’aime beaucoup la vision du pirate sabre à la main qui s’attaque au camion de livraison Gallimard!!
Dans le même esprit je n’ai jamais essayé non plus d’aller pirater un film en rentrant chapeauté sabre à la main dans une salle Pathé-Gaumont. Quoique que pour l’avant première de Pirates des Caraïbes 4 ça aurait pu marcher…
Chère pieuvre,
en volant la bobine de ce film dans la salle de projection, à part avoir un bel objet de déco pour tes WC je ne vois pas ce que tu aurais pu en faire…une idée ?
Mon but étant de me contenter de rentrer dans une salle de projection sans m’être acquitté de payer le sésame d’entrée afin de seulement visualiser ladite oeuvre sans aller jusqu’à dérober les bobines. Mais je ne suis qu’un pirate amateur après tout..
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