VO : The World of Null-A. Il y a des romans qui me passent allègrement au-dessus du ciboulot. Ce premier opus du cycle de van Vogt en est un douloureux exemple, je m’en désole. Pas vraiment de la SF, en fait c’est un curieux mélange presque ésotérique que Le Tigre n’a pas eu l’intelligence de finir. Voici donc la chronique de mon échec littéraire vis-à-vis de Van Vogt.
Il était une fois…
Voyons donc ce qu’en dit l’éditeur :
« XXVIe siècle. difficile de se faire une identité dans l’immensité anonyme de l’empire galactique… Surtout quand on est amnésique.
Car en prenant part aux jeux de la machine (qui permettent aux gagnants de rejoindre la caste des nantis sur Venus), Gilbert Gosseyn découvre qu’il n’est pas l’homme qu’il a toujours cru être. Ses souvenirs ne sont pas les siens, sa femme qu’il croyait décédée n’est pas mortes d’autant qu’il. n’a jamais été marié : il peut même ressusciter lorsqu’on attente à sa vie…[tiens, le synopsis de Total Recall…]
Mais malgré cette aptitude à se réincarner, il comprend vite qu’il n’est qu’un pion au sein d’un vaste complot dont la finalité lui échappe. un pion ou… la pièce maîtresse. »
Critique Du cycle du Ā
Tigre est grandement embarrassé. Bon nombre de mes connaissances ont adoré cette trilogie alors que je me suis arrêté au deux tiers du premier opus. Me suis arrêté quand le héros commençait à découvrir ses pouvoirs et à se téléporter comme un joyeux cabri.
Le plus dur fut de classer cet ovni littéraire, c’est à la fois la beauté et l’écueil principal de ce roman : est-ce de la science-fiction (ça se passe dans le futur), un essai philosophique (cf. partie suivante), un polar (plutôt de l’espionnage) ou même un conte religieux (nombreuses résurrections du héros, et ce dès le début) ? Van Vogt a fait plus qu’écrire un roman, à l’instar d’un Maurice G. Dantec c’est tout un monde qu’il a tenté de monter et démonter.
L’histoire, je ne m’en souviens guère. Et pour ce que j’ai lu, ce n’est pas si important. Il est question d’une menace E.T. contre la Terre, et le protagoniste principal se découvre de fabuleux pouvoirs, notamment la possibilité de « repartir de zéro » depuis Vénus, planète devenue carrément bizzare. Sauf que le père Gosseyn (go sane ?), impossible de me le représenter de façon satisfaisante, c’est bien le dernier homme auquel il est permis de s’identifier.
Un souci supplémentaire est le style de l’écrivain canadien. En fait, c’est comme s’il n’en avait aucun. Je suis sans doute excessif, néanmoins tout semble délivré brutalement et sans prendre de gants littéraires. Si le fond prime sur la forme, le texte a hélas très mal vieilli : Le Tigre a (entre autres) abandonné en plein milieu parce que les quelques références scientifiques que j’ai captées m’ont paru dérisoires.
Au final, le félin sait qu’il va se faire des ennemis, toutefois tentez de comprendre : je me pose pépère sur un fauteuil pour bouffer de la SF, doté d’une expérience en terme de bizarreries littéraires que j’estime relativement complète, et puis pouf ! Incapable de savourer une œuvre écrite à la fin des années 40 et qui fait appel à des notions que je maîtrise mal. S’acharner ne sert à rien.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Si j’ai correctement interprété le début du schmilblick, le conflit est en partie dû à quelques gus qui utilisent ce que l’on nomme la sémantique générale. Il s’agit d’une vision du monde non aristotélicienne qui prend comme axiome l’idée selon laquelle notre perception est autant incomplète que personnelle. Le monde tel que nous le visualisons ne correspond en rien à ce qui pourrait être tangible, et notre réalité s’appuie sur des mots qui ne façonnent que partiellement (quand ils ne nous trompent pas) notre entourage. Très franchement, c’est à partir de ce niveau d’explications (suffisantes lors d’un diner mondain) que mes connaissances en philo et en sémantique se font la malle.
Le résultat, dans le roman, est prodigieux. Déroutant puisque le lecteur assiste à un changement total de paradigme : non seulement les péripéties mobilisent des idées peu communes, mais en outre l’identité même du personnage principal n’est plus certaine. Le mec meurt, se réveille quelque part, clamse à nouveau, fait des choses de guedin avec son esprit unique, etc. Ce savant empilement d’incertitudes a contribué à perdre Le Tigre.
…à rapprocher de :
– Tigre ne vous parlera pas des suites, à savoir Les Joueurs du non-A et La fin du non-A. Pas avant quelque temps.
– L’histoire de la sémantique générale, ou le fameux « la carte n’est pas le territoire », me rappelle l’expérience de pensée d’Umberto Eco sur la manière de créer une carte de l’empire à l’échelle 1:1. On retrouve ce texte dans le recueil Comment voyager avec un saumon (au passage, me suis un poil emmerdé dans cette œuvre).
– Dans la catégorie « homme merveilleux qui s’affranchit des frontières de la bien-séance de la physique », je pense au héros d’Alfred Bester dans son roman Terminus les étoiles. Un must.
– Michel Houellebecq a repris le mot d’ordre de l’écrivain avec son excellent roman La Carte et le Territoire.
– Très sérieusement, les délires de cet univers me font rappeler quelques égarements du bon K. Dick, en particulier dans la gross tétralogie SIVA. Les deux auteurs devaient fréquenter le même dealer. Le successeur de ce dernier était sûrement le fournisseur de Dantec (qui vit au Canada).
Enfin, si vous avez plus de patience que Tigrou, vous pouvez trouver le premier opus du cycle en ligne ici.
Ping : DodécaTora, Chap.TP : 12 exemples de téléportation | Quand Le Tigre Lit
Idem, j’ai réussi à le finir mais j’ai été duper déçu, on ne comprend pas grand chose… Le Cycle de Dune qui est aussi très ardu et beaucoup plus captivant.
Ping : Michel Houellebecq – La carte et le territoire | Quand Le Tigre Lit
Ping : Jack Williamson – La légion de l’espace | Quand Le Tigre Lit
Ping : Nathan Larson – Le Système D | Quand Le Tigre Lit
Ping : Alfred Bester – Terminus les étoiles | Quand Le Tigre Lit
Voila qui ne me rajeunit pas, c’est un truc que j’avais lu ado (et qui doit trainer au grenier).
Le souvenir que j’en ai c’est que l’histoire était plutôt captivante sur le premier tome mais que ça tournait du plus en plus en grand n’importe quoi dans le second avec final imbitable dans le 3ème.
Par contre au niveau du style, écrit ou traduit avec les pieds.