Alan Glynn – Champs de ténèbres

Pocket, 440 pages.

Alan Glynn - Champs de ténèbresVO : The Dark Fields. Parce qu’un film tiré de ce roman est sorti dans les salles, Le Tigre a débusqué le bouquin consciencieusement caché dans sa très grande bibliothèque. Et l’a relu rapidement : la littérature c’est comme le vélo en fait, tout semble être plus ou moins resté dans le cerveau. Un excellent souvenir de littérature, qui justifie l’envie de l’adapter sur les écrans.

Il était une fois…

Eddy Spinola n’est pas loin d’être un loser. Fric et fille, nada. Jusqu’à ce que son ex-beau-frère, ancien dealer au demeurant lui propose de tester une pilule miracle, le MDT-48. Vrai miracle en effet, Eddie va voir sa vie radicalement changer, trop radicalement pour que ce médicament soit innocent et sans graves effets secondaires.

Critique de Champs de ténèbres

Bon petit roman sans prétentions, qui se laisse lire facilement. L’écriture est assez fluide, sans lourdeurs et descriptions inutiles car centrée sur les effets du MDT et le désarroi du protagoniste. La narration, sous forme de testament rédigé par le narrateur, est bien trouvée et rajoute un aspect réellement dramatique au scénario. Quant au titre, il fait selon moi référence aux mystères entourant le cerveau, et comment on n’est peu avancé sur le sujet.

Dès l’instant où le héros reçoit son premier cacheton de drogue, le lecteur est très rapidement entraîné dans la spirale de l’histoire. Impression de rapidité, de confusion parfois, les blackouts du héros sont crédibles et ne sont pas sans rappeler ceux d’un coma éthylique. Tout va crescendo, jusqu’à la fin digne d’une apothéose qui est de pure beauté. Une fin pessimiste, sur fond de guerre régionale, c’est plus que rafraichissant.

Petit point sur Limitless, qui est l’adaptation de ce roman. Bien sûr les différences d’avec le livre sont relativement nombreuses mais de manière générale pour ce genre de titres, assez proche de la SF, il faut mieux lire d’abord le livre. Le Tigre pense notamment à la fin, assez heureuse dans le film (même si le personnage est gravement drogué), alors que le roman se termine bien mal. Des non happy ends, c’est rare et bon.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le médicament MDT est terrifiant, et montre en accéléré la descente aux enfers due à la drogue. D’abord Eddy prend quelques pilules, et là c’est le pied : il nettoie son appart’ comme jamais, apprend l’Italien en quelques heures, lis des romans dans cette langue en cinq minutes, se fait remarquer en société. Ensuite tout s’emballe : il fait des montages financiers que sobre il ne peut même plus comprendre, devient agressif, a des comportements à risque (dont il ne souvient pas bien), est obligé d’augmenter les doses,… Enfin c’est la cata : il est trop tard pour faire marche arrière, son cerveau a des lésions irrécupérables, il découvre que c’est un cobaye comme tant d’autres, on veut l’éliminer, et les hautes sphères du pouvoir sont également touchées.

Le monde de Wall Street, même par un auteur irlandais, est dans cette œuvre plausible et aisé à suivre. Le héros surboosté va entrer dans les arcanes de la finance internationale. Repéré puis rapidement testé (trier des dizaines de sociétés selon leurs bilans en vingt minutes), il propose un montage de fusion entre deux sociétés totalement novateur et se voit proposer une somme colossale : 3 à 4, non pas des millions, mais le pourcentage de l’opération à réaliser, soit des centaines de millions de dollars. Les personnages rencontrés sont de solides requins, qui ont de la bouteille mais sont réellement surpris par Eddy, qui n’a rien à voir avec les jeunots un peu intimidés issus de business schools.

D’autres protagonistes touchant à cette drogue semblent se diriger naturellement vers le monde des affaires, comme si le pouvoir et l’argent serait le summum à atteindre pour quelqu’un d’intelligent. Pas une seule fois un personnage a pour idée trouver un vaccin ou autre chose jugée par certains plus « utile » qu’une M&A.

…à rapprocher de :

L’Homme terminal, de Michael Crichton, sur le dérèglement généralisé du cerveau.

– Pour les fulgurances que le cerveau peut fournir, notamment trouver en un temps record des solutions à diverses problématiques, Le Tigre a tout de suite pensé à un passage des Tommyknockers, de Stephen King, lorsque des conducteurs ne passent pas loin du village envahi et sont touchés par la « grâce intellectuelle ».

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4 réflexions au sujet de « Alan Glynn – Champs de ténèbres »

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