Souvenirs d’un éminent écrivain du début du siècle dernier qui a sévi en tant que juré dans la cour d’assises de Paris, voici quelques petites affaires où André G. a contribué à prendre une décision judiciaire. Plutôt instructif et passablement court, un des rares Gide que vous trouverez sur ce site. Profitez-en.
De quoi parle Souvenirs de la cour d’assises, et comment ?
En 1914 André Gide a fait publié, dans la Nouvelle Revue Française, ses expériences en tant que juré dans divers procès. Comptes rendus d’affaires communes (pas de grands procès) mais sordides, l’écrivain livre quelques analyses sur ce qui s’est dit dans le huis clos des délibérations.
Je préfère vous le dire tout de suite : malgré sa bibliographie impressionnante et l’aura dont il me semble que Dédé jouisse (c’est français comme tournure ?), je n’ai pas du tout choisi cet opus car il l’a écrit. Plutôt parce qu’en plus de faire une bonne centaine de pages, le sujet du livre traite de procès des années 10 en France (avant la der des der). Et ce n’est pas inintéressant de lire les menus accusations portées contre les contemporains de l’illustre écrivain : vols, affaires de mœurs, incendies, infanticides, rixes, et caetera.
Du coup, André Gide livre quelques réflexions sur la façon dont fonctionne la justice, voire sur la notion de justice en elle-même. Car il ressort qu’au final les pauvres hères au banc des accusés ne semblent pas si différents des jurés chargés de décider de leur avenir. Si certains prévenus paraissent franchement antipathiques, d’autres individus respirent plutôt le pathos et le désespoir d’une vie qui, dans la cour d’assises, leur échappe momentanément.
Sur le style hélas, j’ai tout personnellement trouvé l’écriture d’André à la limite de l’insupportable. D’une part, aucune pensée réellement constructive dont je me souvienne, les descriptions m’ont paru ternes et sans saveurs. D’autre part, j’ai souvent eu l’impression d’être en présence de lourds poncifs. Heureusement que les chapitres sont courts et qu’on passe d’une affaire à l’autre si rapidement.
Ce que Le Tigre a retenu
Du coup, ce que j’ai retenu vous semblera bien faible. Il y a bien sûr la manière dont fonctionne la prise de décision des jurés. Et il s’avère que c’est loin d’être professionnel : par exemple, les jurés à l’époque prononçaient souvent la culpabilité d’un innocent qui avait l’air désagréable, quitte à prononcer des circonstances atténuantes (et ce pour diminuer la peine). C’est sans doute le but de l’exercice de l’auteur, à savoir montrer que les peines conçues par des citoyens sélectionnés sont d’une inadéquation flagrante avec les principes de la justice.
Au final, ce qui choque est l’aspect « au doigt mouillé » des sanctions à l’encontre de gens qui soit on effectué un petit écart (avec de grosses conséquences) soit sont connus pour leur moralité douteuses et ont effectué le faux pas de trop. Les négociations entre jurés qui peuvent durer quelques secondes, et j’ai cru comprendre que jamais on aura jugé des personnes d’après leurs gueules. Mettre quelqu’un potentiellement (d’après l’avis d’une dizaine de jurés) hors d’état de nuire, même si on le sait innocent, pas très réglo à mon sens.
…à rapprocher de :
– Sur le monde juridique, Le Tigre peut vous renvoyer vers le recueil des Plaidoiries des grands ténors du barreau.
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