Chuck Palahniuk – Le festival de la couille

Folio, 368 pages.

Chuck Palahniuk - Le festival de la couilleVO : Stranger Than Fiction: True Stories. Un auteur que Le Tigre connaît bien, un titre qui va attirer des clics non mérités sur ce site, bref un essai que je ne peux me permettre de ne pas commenter. Ni un essai, ni des nouvelles, plutôt des chroniques hautement improbables mais caractéristiques d’un pays où tout est possible. Dont ledit festival. Et bien d’autres, non sans humour bien sûr.

De quoi parle Le festival de la couille, et comment ?

Chuck Palahniuk est un auteur à romans avant d’être essayiste. Mais c’est oublier que l’individu est aussi un journaliste, avec des événements au premier abord invraisemblables à couvrir et des personnages savoureux à interviewer.

Ici, une bonne dizaine d’histoires, sans réel lien entre celles-ci (en tout cas je cherche encore). Il y a de tout et n’importe quoi, aussi le lecteur n’hésitera pas à passer au chapitre suivant lorsque le thème (ou le style) ne lui plaît pas. Mais regardez d’abord combien de pages il reste, car la longueur des chroniques est variable.

Entre l’auteur qui prend avec ses potes un paquet de stéroïdes pour la musculation, une fête orgiaque dans un petit bled, une discussion avec le chanteur Marilyn Manson qui tire le tarot, quelques doux dingues qui construisent des châteaux en pierre, de titanesques combats de moissonneuses, son vol vers L.A. en vue de l’adaptation de Fight Club, il y a de quoi combler tout curieux sur le rêve américain.

Le style, du Palahniuk version « journaliste », donc ni grosses surprises sur une histoire ni flash-back renversant. Mais toujours déjanté et décalé. En outre, à la différence du journalisme gonzo à la Hunter S. Thompson, le détachement de Chuck P. rend le tout drôlissime et non sans une certaine acidité.

A l’inverse de Thompson, pour revenir sur ce journaliste, Le festival de la couille est à Palahniuk ce que Rhum express est au journaliste gonzo : un petit détour réussi qui brouille un peu plus la mince frontière entre la réalité et la fiction.

Ce que Le Tigre a retenu

Quelques chapitres ont spécialement attiré l’attention du Tigre, disons qu’on en apprend vite sur deux-trois sujets pointus : comment par exemple construire un château en pierre dans la lignée des seigneurs du Moyen-âge ? Et ben c’est bien plus duraille que prévu. Apporter les pierres, les tailler, gérer l’humidité et l’isolation sans qu’au-delà d’un étage tout se casse la gueule. C’est toute une communauté qui s’entraide, se file quelques tuyaux pour progresser dans leurs constructions.

Le voyage de l’auteur vers Los Angeles est cocasse, voire épique. Pour rencontrer les producteurs, acteurs (dont Brad Pitt) parce qu’un de ses romans va avoir la chance d’être adapté en film, Chuck décide de se raser la tête. Sauf qu’il ne s’y prend pas vraiment chirurgicalement (plutôt comme un boucher). Voilà comment une petite idée peut vous pourrir un séjour.

Je peux aussi vous entretenir du dialogue surréaliste entre Palahniuk et Manson (Marylin de son prénom), ou du meurtre de son père, mais sur ce coup là il vaut mieux le lire soi-même.

Au final, cet ouvrage nous rappelle que tout bon journaliste est un écrivain en puissance. Et vice-versa ? Le Tigre ne se prononce pas. La façon de conter la réalité, avec une prise de recul qui n’empêche pas l’humour voire la dérision (et auto-dérision sur quelques chapitres), voilà une recette efficace à l’écriture de superbes romans. Une base même pour cet auteur d’anticipation sociale dans la mesure où avant d’écrire ses œuvres inénarrables il lui arrivait d’effectuer le travail d’un journaleux.

…à rapprocher de :

– L’auteur est avant tout connu pour Fight Club (que je me dois de résumer) et sa suite sous forme de BD (en lien) avec Cameron Steward.

– Maintenant, imaginez que votre rédac’ en chef refuse certains de vos articles un peu trop glauques. Alors vous décidez d’en faire un roman. C’est A l’estomac, du même auteur. Glaçant.

Rhum express, d’Hunter S. Thompson, puisque Le Tigre en a parlé pour la comparaison a contrario. Gonzo Highway est meilleur, et retranscrit les correspondances de cet essayiste.

Enfin, si votre librairie est fermée ou que le titre n’est plus disponible (voire vous êtes trop connu dans le quartier pour demander un tel titre), vous pouvez le trouver sur Amazon ici. 

6 réflexions au sujet de « Chuck Palahniuk – Le festival de la couille »

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