Deloire & Dubois – Sexus politicus

Albin Michel, 400 pages.

Deloire & Dubois - Sexus politicusL’homme politique serait un gros queutard sans foi ni loi. En tout cas, il cache fort bien son jeu. Croustillantes anecdotes sur la vie sentimentale de nos élus, hélas le tableau paraît incomplet. A peine une ébauche d’analyse sur les relations intimes entre le pouvoir et le sexe, il y a comme un arrière goût d’inachevé dans cet essai – lequel, à tout bien réfléchir, reste assez sage.

De quoi parle Sexus Politicus, et comment ?

Un essai qui parle de cul en politique. Comprenez que je me suis jeté sur cet ouvrage comme la vérole sur le bas clergé anglican. Pédés d’Anglais, pour une fois que quelques individus tentent de faire comme eux, à savoir tout dévoiler de la vie très très privée de nos gouvernants, bah voilà que nos auteurs ont fait les choses à moitié. Dommage.

D’ailleurs, qui sont nos deux Christophes ? Mister Dubois a travaillé au Parisien (il s’occupait de tous les scandales politico-financiers) avant de rejoindre le journalisme TV. Quant à Cricri Deloire, il est issu du Point (personne n’est parfait) et est passé par un grand éditeur. Deux beaux journalistes bien propres sur eux, pas vraiment le profil de têtes brûlées, ce qui signifie deux gus ayant tout à perdre (à part vendre) et cherchant légitimement à ménager la chèvre politique et leur feuille de choux.

Sur 400 pages plutôt bien aérées (entendez : ça peut tenir en 300), Dubois et Deloire vont tenter de nous éclairer sur la propension des hommes de pouvoir à forniquer comme si leur quéquette leur grattait furieusement. Pour ma part, je m’attendais à tout plein de révélations qui auraient pu élargir mon esprit limité. Le style, fluide et plaisant à l’œil, ne cache cependant pas le manque de matière qui aurait pu constituer de beaux scandales. Nos écrivaillons, peut-être pour planter le décor (d’autres parleront de noyer le poisson), ont même profité de l’occasion pour établir une chronologie de l’Homme d’État hypersexué, et ce depuis la Renaissance.

Petite touche marrante pour terminer : les deux compères ont démissionné, en même temps, de leur job respectif. C’est rigolo comme tout, ils ont ensuite tenté de rejoindre un groupe de presse allemand désireux de poser ses pénates en France. Sauf que le projet ne s’est jamais fait. Depuis, sauf erreur de ma part, ils paraissent bien éloignés du journalisme politique. Est-ce une correcte mise au placard loin de tout ce qu’ils traitaient avant ?

Ce que Le Tigre a retenu

Il faut reconnaître à la paire d’essayistes d’avoir tenté de briser, à leur modeste niveau, un insupportable tabou qui habite l’Hexagone : la propension, de la part de la presse franchouillarde, à ne rien dire sur les affaires de mœurs de ceux qui nous gouvernent. A la différence des Anglo-saxons,  les journaleux distillent avec parcimonie (et avec toutes les pincettes de l’érudit bien introduit au sein de l’élite qui s’adresse à la masse idiote) des fragments d’informations sur un aspect fondamental de la politique. Car les sentiments et la passion (voire le coup d’un soir) sont souvent déterminants sur les choix d’individus qui, parfois, oublient qu’ils tiennent dans l’autre main (la première agrippant leur queue) la destinée d’une nation.

Néanmoins, Le Tigre n’a pu s’empêcher d’avoir encore faim, le repas des révélations des auteurs ne m’a point satisfait. Mitterrand qui parvient à rassembler, autour de son tombeau, femme et amante ; Chirac qui a taillé plus d’un coup de canif sur son contrat de mariage avec l’autre conne ;  VGE et sa bagnole pliée en charmante compagnie, etc. que des historiettes que le lecteur curieux ne peut ignorer, du réchauffé dont certains journaux s’étaient déjà faits les gorges chaudes – huhu.

Telle une vraie commère du 15ème arrondissement de Paname, le félin voulait de l’inattendu, des trucs à faire hurler de rage les intéressés. Du Raffarin qui plante son correct quintal sur le dos d’une de ses maîtresses, les aventures du Mitterrand (le neveu) ou de cette grande folle de Jack Lang en train de pourchasser de jeunes sodomites, du Sarko en threesome avec deux pouliches d’un quelconque J.T. national, du Président bandant comme un âne sur un scooter (ah non, ça c’est fait), bref une consciencieuse mise à nue de ces individus qui, pensant que tout leur est permis d’un point de vue politique, ne s’embarrassent pas de préliminaires.

Pour conclure, heureusement que la presse dite « people » (dans le sens de peuple, à savoir s’extirper de la consanguinité politico-journalistique), a commencé à ouvrir les hostilités depuis les années 2010. Ces personnages ayant décidé de mener une vie publique, le cul gouvernant le monde, il ne serait pas anormal d’être informé de leurs escapades – et puis, reconnaissons-le, ça nous éclate de voir qu’ils sont souvent pires que nous.

Voilà, trois heures de lecture de perdues.

…à rapprocher de :

Rien d’autre à rajouter, si ce n’est que nos deux amis ont poursuivi dans leur lancée avec des titres encore plus racoleurs :

L’Enquête sabotée : Comment l’assassin présumé du préfet Erignac a-t-il pu s’échapper ?

Les Islamistes sont déjà là.

L’argent et les politiques : Les enfants gâtés de la République (un essai de 1 000 pages n’y suffirait pas).

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