Delphine de Vigan – No et moi

Le Livre de Poche, 256 pages.

Delphine de Vigan - No et moiBien renseigné, agréablement écrit, fort rapide à lire, disons que ça passe comme bouquin. La touchante rencontre entre une jeune femme SDF et une ado en avance sur son âge en émouvra plus d’un tandis que d’autres trouveront la matière littéraire un peu faible (longueur du roman oblige). Pas le meilleur de cette écrivaine, mais pas le pire.

Il était une fois…

Lou est une jeune fille lycéenne surdouée et très mature pour son âge. Faut dire que sa vie l’a obligée à grandir vite, entre une mère qui ne surmonte pas le décès brutal d’un bébé il y a quelques années et un père certes aimant mais très occupé. Un beau jour, le prof’ de français demande à sa classe de faire un exposé. Et Lou choisit tout à trac de parler des SDF femmes. Dans le cadre de ses recherches, elle rencontre alors No (pour Nolwenn), tout juste majeure, qui essaie de garder la tête hors de l’eau. L’aventure peut commencer…

Critique de No et moi

Bon, faut avouer que ce n’est pas l’ultime roman de la décennie. Néanmoins, sur la plage ou en attendant le train de 17h35 qui vous mènera à votre domicile, No et moi fera parfaitement l’affaire. Au passage, léger coup de gueule contre le titre qui aurait pu être éventuellement mieux pensé.

Sur la suite de l’histoire, je vous laisse imaginer l’intrigue qui reste assez prévisible : entre Nolwenn et la narratrice, une certaine amitié et solidarité naîtront entre les deux filles que quelques années à peine séparent. No s’installe chez Lou et ses vieux, se refait vite fait bien fait une santé, trouve un boulot, avant d’être reprise par quelques vieux démons. Tout ce petit monde se perd ou se retrouve, avec comme fil d’Ariane les parents de Lou dont le comportement change grâce à la présence de No.

Sur le style, la mère de Vigan (tu permets, Delphine ?) a pris le pari risqué de pondre un style tel qu’une gamine de 13 ans (très mature certes) aurait pu coucher sur papier. Et là, Le Tigre n’a pas été trop déçu par cette contrainte assez bien gérée. En prime, les chapitres et paragraphes sont aussi nombreux que dans un roman destiné à la jeunesse, facilitant de facto la lecture.

En conclusion, voici une œuvre tendre mais souvent pessimiste sur la solitude dans les grands ensembles (ici, la capitale française) et les paramètres qui font qu’il est possible de songer à une autre vie : le milieu social d’origine, la présence (ou non) de parents ou d’amis, etc. Mais pas sûr que je me souvienne de tout dans un an.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Les sans-abris. Je soupçonne la belle Delphine DV de s’être correctement documentée avant d’aborder un sujet si sensible. Nouvelle chance à ceux que la vie a malmenés, souvent un mix à doses variables entre alcool, licenciement/chômage, rupture familiale (dans le désordre), hauts et bas de cette éprouvante condition. En fait Le Tigre a cru retrouver dans ce titre quelques réflexions poussées et justes. Après, mon expérience dans ce domaine ne reste que littéraire, c’est le pur néophyte qui parle.

Parallèlement, il appert qu’en arriver à vivre dans les rues est souvent lié à la perte de proches (que ceux-ci décèdent ou vous abandonnent). On ne se dit pas du jour au lendemain « ça y est, je suis dans la dèche la plus totale », ça arrive progressivement. Comme la drogue. Et le manque de l’être cher se retrouve également dans la famille de Lou, en l’espèce la mère qui a perdu un de ses enfants en bas âge. L’auteure m’a semblé faire un subtil parallèle entre No à qui il manque une mère, et Lou qui grâce à la jeune SDF retrouve, à plus ou moins loin terme, la mère qui était grandement absente. Presque du glurge.

…à rapprocher de :

– De cette auteure, Tigre a bien aimé Les heures souterraines mais est resté pantois face à Un soir de décembre.

– Dans la catégorie « vagabondage et pauvreté extrême », je vous conseille de lire plutôt le bon McLiam Wilson et son Ripley Bogle. Une tuerie.

– Un film a été tiré de ce truc. Et comme un bon glandu, l’éditeur a cru bon changer la couverture du livre pour la faire correspondre à celle du film. Ne lisent-ils donc pas mes Sutras ?

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

8 réflexions au sujet de « Delphine de Vigan – No et moi »

  1. Ping : DodécaTora, Chap.TM : 12 romans qui finissent mal | Quand Le Tigre Lit

  2. Dans le genre rencontre en un ado et une jeune femme, je vous conseille « les rouleurs » de Madeleine Monette, une auteure canadienne, génial !

    Mais Delphine le Vigan, c’est pas mal non plus ! Les Heures souterraines, très bien, quoique profondément déprimant !

  3. C’est un titre que j’avais beaucoup aimé ! Par contre, contrairement à vous, j’ai moins apprécié « Les heures souterraines »… A voir ce que donnera ma lecture d’un troisième livre de cette auteure !

  4. Dans la catégorie « livres pour ados » que des profs de français peuvent conseiller à leurs élèves parce qu’ils se sentiront davantage concernés qu’avec Andromaque ou Le Cid, il y a aussi le « Kiffe Kiffe demain », de Faïza Guène, par ex. dans la collection du Livre de Poche Jeunesse qui a même prévu une séquence pédagogique … Pas plus indispensable que No, mais une collection -et un genre- qui s’étoffe. Non, je ne suis pas une ancienne prof de français ! 😎

    • D’autres blogs les référencent mieux que Le Tigre, j’attendrais d’avoir les neurones un peu plus grillés pour aller voir de ce côté. Même pas un tout petit prof ? On l’est tous 😉

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