Fred Vargas – L’Homme à l’envers

J'ai Lu, 317 pages.

Fred Vargas - L'Homme à l'envers300 pages qui se lisent laborieusement ; des personnages peu attachants et que je n’arrive pas à me représenter ; une intrigue autour de la bête du Gévaudan version Sud-Est un peu cheap ; une autre autour d’une vengeance après une interpellation qui a mal tourné ; mystère qui ne prend guère ; un final décevant car capillotracté, bref passez votre chemin.

Il était une fois…

J’aime bien le quatrième de couverture, c’est concis et ça illustre à la fois les problèmes de ce roman :

« Réintroduire des loups dans le Mercantour, c’était une belle idée. Évidemment, on n’a pas tenu compte de l’opinion des bergers et, quelques mois plus tard, la révolte gronde. Mais est-ce bien un loup qui tue les brebis autour de Saint-Victor ? Les superstitions ressurgissent, un bruit se propage : ce n’est pas une bête, c’est un homme, un loup-garou. Lorsque Suzanne est retrouvée égorgée, la rumeur devient certitude : les loups n’agressent pas les hommes. À Paris, devant sa télé, le commissaire Adamsberg guette les nouvelles de la Bête du Mercantour, d’autant plus intrigué qu’il a cru reconnaître Camille sur la place de Saint-Victor… »

Critique de L’Homme à l’envers

Tigre n’est pas forcément grand fan de thrillers assez basiques mettant en scène le même personnage (sauf exception). Si je connais un peu les titres de la mère Vargas, je m’en suis à nouveau jeté un derrière les mirettes pour voir ce qu’il en est. Le souci est que je n’étais pas assez familier du passif des héros pour pleinement savourer ce titre qui est un ouvrage pour les connaisseurs.

Le scénario, à savoir des meurtres sur fond de croyances ataviques néo-agricoles, aurait pu être épuré si Fred V. n’avait pas décidé d’impliquer le flic récurrent de sa série (qui habite pourtant Paris) et la belle Camille (mi-compositrice, mi-plombière). L’intrigue propre à Adamsberg ne sert à rien, et celle relative à Cam’ est gâchée par une poursuite de celui qu’on pense être le coupable au travers le Mercantour (et au-delà).

C’est certes correct dans l’ensemble (ai lu pire), néanmoins on est loin du big panard de lecture. Le style n’est pas toujours compréhensible, c’est même parfois lourd. Je soupçonne d’ailleurs l’auteure d’avoir voulu verser dans le genre « paysan », à savoir quelques maximes supposément bien senties mais qui tombent à plat : par exemple, les réflexions des protagonistes sur l’amour sont sans doute justes, mais souvent malvenues et tendent à rallonger inutilement la lecture (et si vous rajoutez des chapitres plutôt longuets…).

En conclusion, j’espère qu’il y a mieux chez cette écrivaine. Parce que la seconde partie m’a profondément ennuyé, et surtout j’étais vexé comme un pou par le dénouement. Sans spoiler, si je m’en doutais un peu, seul me manquait le mobile. Et le voilà qui arrive, aussi improbable qu’indevinable, dans les dernières pages. Scandâââle.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

Le titre est intéressant, au moins. Tigre a pu apprendre sur les croyances populaires du Sud de la France où les loups sévissaient à une certaine époque. Et comme on les a réintroduit, très vite la populace imagine des trucs fantastiques. Notamment les fameux loups-garous, hommes qui se transforment la nuit. Un « homme à l’envers » n’a aucune pilosité à l’extérieur, car tous ses poils seraient à l’intérieur de son corps. Imaginez la finesse logique que cela induit : pour le prouver, suffit de l’inciser de la bitte jusqu’au coup, et on verra tous ses poiluchons dans le corps. Bon, s’il n’en a pas, il est innocent (et mort au passage).

Ce que Tigre déplore, enfin, est la description des habitants, locaux ou non. Presque tous des taiseux, qui parlent par monosyllabes – surtout Lawrence, le nouveau p’tit ami de Camille). Franchement on ne croit guère à ces caricatures d’individus taciturnes et soi-disant sages. Ah oui, j’allais oublier : le name droping des villages environnants. Y’en a partout, on dirait un sketche des Inconnus (ou de Groland) : Bourg-en-Bresse (à la rigueur, j’en ai entendu parler), Voudouailles, Terres-Rouges, La Castille, Saint-Victor, etc. Merde, Tolkien avait au moins la décence de publier une carte des contrées où ses sagas se passaient. Trop compliqué de faire un copier/coller de la carte de la région en début de roman Fred ?

…à rapprocher de :

– De la part de cet auteure française, Tigre n’a pas lu grand chose. Sous les vents de Neptune ne m’a pas laissé non plus un grand souvenir.

– Sur une bête mythique qui fout le daroi au sein de la paysannerie rageuse, y’a le Kornwolf, version américaine. C’est dans le titre éponyme de Tristan Egolf. Pas le meilleur de l’écrivain.

– J’ai passé un meilleur moment à regarder le film pourri avec Cassel qui se passe au Moyen-âge, c’est dire…

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.

2 réflexions au sujet de « Fred Vargas – L’Homme à l’envers »

  1. Ahhh Tigre!

    Si tu n’as lu que deux opus de Vargas… saches qu’ils font partie des moins bons…

    Cela dit, au fil des années, la plume de l’auteure se fendille et le résultat sonne creux… pour ne pas dire caverneux! Un fond historico-mystico-légendaire ploum-ploum tralala…

    L’homme aux cercles bleus est, en revanche, de bien meilleure qualité…

  2. Ping : Tristan Egolf – Kornwolf | Quand Le Tigre Lit

Laisser un commentaire