Dernier roman du grand écrivain Jean-Patrick Manchette, hélas l’auteur n’a pas vraiment eu le temps de le finir. C’est donc une version incomplète, avec la suite du scénario rapidement écrite par Manchette, qui est publiée ici. On y retrouve toutefois les mêmes travers que Le Tigre reproche à cet auteur qui a souvent les yeux plus gros que le ventre.
Il était une fois…
Voilà ce que l’éditeur Folio Policier propose en couverture :
« 1950 : un commando de ravisseurs s’entre-tue autour d’une petite fille grièvement blessée. Six ans plus tard, la photographe Ivory Pearl, surnommée » la Robert Capa femelle « , épuisée de couvrir les multiples conflits de l’après-guerre, part pour Cuba s’isoler dans la montagne. Venue se reposer d’une vie de stress et d’horreurs, Pearl qui croyait se retirer des affaires va se retrouver dans une nature sauvage en plein coeur d’une impitoyable traque. Avec elle, un homme et une enfant. Deux inconnus dont elle aura croisé la route… »
Critique de La Princesse du sang
Le Tigre a eu sa période « Manchette », celle-ci n’a cependant pas duré bien longtemps. Jipé, c’est l’archétype de l’auteur qui écrit très « français », avec un style en sus qui lui est propre : assez épuré (le terme qui me vient est « halluciné »), sec, peu de fioritures stylistiques avec des termes précis, bref ce n’est pas censé être des pavés / sagas de 1.000 pages à fort potentiel immergeant.
Avec La Princesse du sang, j’avoue honteusement ne pas me souvenir de grand chose. J’ai des réminiscences d’un grand foutoir incroyable qui part dans tous les sens. Des personnages peu crédibles sortis de l’imagination d’un écrivain qui avait une idée précise où les faire évoluer et atterrir, des lieux divers avec une intrigue qui m’avait paru un peu lourde, Le Tigre s’est profondément ennuyé.
La partie « finie » du roman se termine avant 180 pages, mais je n’ai su aller au-delà de la centième. Puis suis rapidement allé voir ce que préparait Manchette pour la suite (cf. infra). Et n’ai encore rien compris. Une mauvaise expérience littéraire dont, à mon humble avis, il faut retenir deux points : ne surtout pas commencer par cette œuvre pour découvrir Jean-Patrick M. ; l’utilité de publier un tel titre à trous sans tenter (la famille n’a certainement pas voulu) de le faire terminer par un autre. Car l’idée de base restait séduisante.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
Le thriller à vocation internationale. Plein de pays (Allemagne, Cuba,…) ; une belle pétée de personnages (une photographe, une jeune fille, des vilains tueurs) ; des sujets où se mêlent vieux secrets de guerre, espionnage & Co, Manchette avait apparemment décidé de sortir l’artillerie lourde. Mais il n’en fut rien, Le Tigre (sans méchanceté aucune) a pensé que l’auteur ne semblait pas avoir les épaules pour produire quelque chose digne d’un chef-d’œuvre anglo-saxon à la Ludlum (par exemple).
Rare point positif dans La Princesse…, le lecteur pourra avoir un aperçu satisfaisant de la manière dont écrit Manchette. En fait ce dernier savait où il allait puisque de courts chapitres (qui suivent l’œuvre) sont comme des scripts de ce qui va advenir aux héros. Enfin, les ultimes pages sont des remarques plus personnelles de JPM sur sa façon d’écrire, apparemment le travail scénaristique préalable à l’écriture à proprement parler. Mais j’ai l’honnêteté de dire que je ne suis pas allé jusque là.
…à rapprocher de :
– De Manchette, Tigre a préféré Nada ou La position du tireur couché. Voire Fatale.
– Avec les mêmes critiques, je peux vous renvoyer vers L’affaire N’gustro.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman via Amazon ici.
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