Jean-Pierre Andrevon – Le travail du Furet

Folio SF, 272 pages.

Jean-Pierre Andrevon - Le travail du FuretUn auteur français, né en 1937, qui fait de la bonne SF. Waow, Le Tigre ne peut passer à côté de son œuvre phare. Ici l’aspect purement futuriste est délaissé au profit de l’anticipation sociale et du roman noir. Violent et sans pitié, histoire certes peu originale mais avec un dénouement intéressant, ça passe très bien.

Il était une fois…

21ème siècle bien avancé, France. Le pays va plutôt bien, et ce grâce à 400.000 personnes supprimées par hasard par an (par le Grand Ordi) afin de maintenir l’équilibre au sein de la population. Pour ça le héros, grand amateur de roman noir, est chargé de supprimé lesdites personnes. Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’il remarque qu’il doit tout simplement éliminer Jos, l’amour de sa vie…

Critique du Travail du Furet

Le Tigre est très porté sur la SF, et sur le conseil d’un ami a acquis Le travail du Furet, et ne l’a point regretté. Malgré quelques défauts, une très bonne note est attribuée puisqu’écrit dans les années 80 par un Français, seul à l’époque dans ce domaine (enfin presque).

Le travail du héros en question, c’est zigouiller quelques personnes par jour pour le compte de l’État. Afin de stabiliser la population près d’un demi million de citoyens doivent mourir chaque année. Plus de 1.000 personnes choisies au pif chaque matin par un ordinateur surpuissant, et hop à la morgue ! Au lieu d’appeler les malheureux, on les shoote par surprise et pas forcément de manière propre. Dictature ? Meuh non, tout le monde il semble d’accord.

Le style est à mon goût : chapitres pas trop longuets ; descriptions limitées à la compréhension du monde imaginé par l’auteur ; vocabulaire violent et parfois vulgaire qui sied bien au polar noir ; bref on entre rapidement en phase avec le héros malgré son métier discutable. Quant à sa petite amie, celle-ci semble insaisissable, à moins que son personnage soit moins bien travaillé par l’auteur…

Pour conclure, il ne faut pas passer à côté de ce polar noir d’anticipation sociale dans la mesure où, écrit par un vieil auteur français, l’acuité et le réalisme violent de l’œuvre restent terriblement d’actualité.

Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)

La société futuriste plus ou moins cauchemardesque. Pays qui pour promouvoir la paix sociale élimine le « surplus » d’habitants, et laisse les Furets s’en charger, c’est invraisemblable mais pourtant Andrevon présente une société où c’est non seulement possible mais accepté semble-t-il. Un peu comme dans 1984. Toutefois, l’environnement politico-social n’est pas assez travaillé pour qu’on puisse pleinement adhérer à la logique malsaine de l’univers décrit.

L’amour, la mort. Pour paraphraser Dan Simmons. Comment concilier travail et vie privée lorsqu’on doit tuer celle qu’on aime ? Déjà le fait que l’Ordi donne au héros cette mission est tiré par les cheveux : bizarre que les programmeurs n’aient pas fait en sorte de croiser les informations pour qu’un nettoyeur n’aie à s’occuper que d’un inconnu. Le reste, vous le découvrirez (je ne peux faire qu’une alerte spoil par titre).

[Attention SPOIL]. Choisir au hasard les gens à tuer. Pour que les citoyens acceptent le processus, il faut que cela touche toutes les strates de la population. Vraiment ? Ici les riches ne peuvent se dérober à la mort programmée. Toutefois il appert, à la fin du roman, qu’en fait le Grand Ordi choisit ses « victimes » qui à terme coûteront le plus à la société. Renseignée par les diagnostiques médicaux automatisés, la machine sélectionne surtout ceux atteints d’une maladie incurable. Logique économique compréhensible mais socialement inacceptable. De quoi faire sauter le système. [Fin SPOIL].

…à rapprocher de :

Sukran, du même auteur, est le deuxième roman lu par Le Tigre. Aussi sombre, plus bizarre. Puis Le monde enfin, qui est tout simplement génial.

– La description de la société, à la limite du cyberpunk, n’est pas sans rappeler Blade Runner ou quelques romans de Pierre Bordage (pour l’aspect FR), par exemple Porteurs d’âmes. En comics, avec en sus le doute quant à la légitimité de sa mission, il y a le premier volume de Rai, de Matt Kindt et Clayton Crain.

Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce roman en ligne ici.

4 réflexions au sujet de « Jean-Pierre Andrevon – Le travail du Furet »

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